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Sécurité alimentaire et nutrition : Des organisations de la société civile interpellent le gouvernement et prônent une coordination unique

Publié le jeudi 18 juin 2020 à 23h05min

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Sécurité alimentaire et nutrition : Des organisations de la société civile interpellent le gouvernement  et prônent une coordination unique

C’est visiblement avec peine que le consortium d’organisations de la société civile (OSC) intervenant dans la sécurité alimentaire et la nutrition a décidé d’interpeller les dirigeants sur les méfaits de la multiplication des structures et politiques publiques dans le domaine. Le mercredi, 17 juin 2020 à Ouagadougou, la faîtière a animé une conférence de presse pour soulever des inquiétudes par rapport à une structure en gestation, dénommée Conseil national de nutrition (CNN) ou Conseil national multisectoriel de la nutrition (CONAMUN).

Composé de treize organisations de la société civile, le consortium a engagé depuis 2016, un plaidoyer pour l’amélioration de la coordination de la sécurité alimentaire et la nutrition au Burkina. Son diagnostic de la situation n’est pas reluisant avec la multiplicité des structures et des politiques en la matière. Ce qui crée un conflit de leadership, un achoppement entre les acteurs (chaque ministère voulant tirer la couverture sur lui aux fins de gérer les fonds alloués).

Par la présente sortie de presse, ces organisations soulèvent des inquiétudes par rapport à l’existence d’un projet de décret en gestation portant création d’un Conseil national de nutrition (CNN) ou Conseil national multisectoriel de la nutrition (CONAMUN) avec pour point d’ancrage la présidence du Faso. Une structure qui viendra s’ajouter aux deux institutions de pilotage de la sécurité alimentaire et de la nutrition que sont le Conseil national de concertation en nutrition (CNCN) logé au ministère de la Santé et le Conseil national de la sécurité alimentaire (CNSA) placé sous la tutelle du ministère de l’Agriculture.

Outre ces structures, le Burkina dispose d’une politique nationale de sécurité alimentaire et nutritionnelle (PNSAN) et d’une politique nationale multisectorielle de nutrition (PNN), apprend-on.

En dépit de ces structures et politiques, les efforts déployés par le gouvernement et ses partenaires au développement n’ont pas pu empêcher l’insécurité alimentaire et la malnutrition de sévir. « Cette situation s’explique par l’absence de coordination et l’insuffisance de synergie entre les politiques et les institutions de pilotage existant dans les deux ministères (Agriculture et Santé) », justifie Marc Gansonré, porte-parole de la coalition à la conférence de presse.

A l’en croire, il y a une situation d’ambivalence qui limite la mise en œuvre d’actions synergiques sur le terrain, créant ainsi des difficultés de coordination dans le domaine, et ce, du niveau central à l’échelle déconcentrée. « Certains acteurs importants, tels que le ministère de l’agriculture et les organisations paysannes n’ont pas été suffisamment impliqués dans le processus d’élaboration dudit décret. Or, ce nouvel organe, pour nous, n’est rien d’autre qu’une version améliorée de l’actuel Conseil national de concertation en nutrition (CNCN) qui n’a rien montré en terme d’efficacité, à la différence que cette fois-ci, son ancrage n’est plus au ministère de la Santé, mais envisagé à la présidence du Faso », dénonce M. Gansonré, précisant que le décret portant création d’une nouvelle structure n’a pas pris toute la mesure de l’efficacité recherchée.

Marc Gansonré, secrétaire général de la Confédération paysanne du Faso, porte-parole à la conférence de presse

« Soyons ce que nous sommes, soyons ce que nous voulons être, malgré nos moyens »

« Ce qui n’est pas acceptable de notre point de vue, car nous devrions avoir le souci de l’efficacité, de l’efficience et de la cohérence dans nos actions, si nous sommes réellement soucieux du développement de notre pays. Ce qui n’est pas le cas, malheureusement, de ce projet de décret », soulignent Marc Gansonré et ses co-conférenciers pour qui, cette structure annoncée va créer davantage un conflit de leadership, mettant à mal l’intérêt des populations.

« Malgré la volonté des dirigeants, notre souveraineté alimentaire est mise à mal. (…). Soyons ce que nous sommes, soyons ce que nous voulons être, malgré nos moyens », ont-ils appelé.

C’est fort de l’importance de la question, que ces organisations de la société civile ont opté de monter au créneau pour dénoncer ce projet de décret et interpeller le président du Faso et le Premier ministre à opter pour un modèle de coordination unique dans laquelle, tous les acteurs vont se reconnaître.

« Notre vision s’arrime parfaitement avec celle de la sous-secrétaire des Nations unies en charge de mouvement scaling up nutrition (SUN) qui appelle régulièrement les gouvernements à plus de synergie et d’intégration entre la sécurité alimentaire et la nutrition. De même, la plupart des pays travaillent à cela. C’est le cas du Bénin, du Sénégal, et du Niger. Le Burkina y gagnera également en avançant dans ce sens », plaident les responsables de la coalition.

Ceux-ci sont persuadés que l’adoption d’une politique et une coordination unique permettra sans doute, l’amélioration de plusieurs dimensions de la sécurité alimentaire et nutritionnelle par la mutualisation des informations, l’approfondissement des diagnostics, l’analyse des expériences et propositions innovantes, l’optimisation des projets, l’appropriation des décisions, l’implication des composantes du corps social, la reconnaissance des contributeurs, le partage des succès collectifs, etc.

Marc Gansonré avec à sa gauche, Félicité Somé et Athanase Birba

Pour eux, la sécurité alimentaire est une question de souveraineté nationale et aucun partenaire technique et financier ne devra décider pour le Burkina.
C’est armé donc de cette conviction que, la coalition d’organisations de la société civile a formulé plusieurs recommandations. Ainsi prônent-ils que le leadership de l’Etat soit affirmé dans la réforme des institutions de sécurité alimentaire et de nutrition, en invitant les partenaires à s’aligner sur les options du gouvernement et pas le contraire ; la mise en place au sein de la Primature, d’une commission composée des parties prenantes pour une gestion efficiente de la question. Ces organisations recommandent également la prise en compte des organisations paysannes (telle que la Chambre nationale d’agriculture dans le dispositif décisionnel) et, enfin, l’élaboration d’un document-cadre dans lequel, les rôles, les responsabilités et les attentes de chaque acteur seront clairement définis, précisés afin de permettre de se préparer à contribuer effectivement au processus.

O.H.L
Lefaso.net

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