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Journée de l’enfant africain : La problématique de l’accès à une justice adaptée aux enfants au cœur de la 30e édition

Publié le mardi 16 juin 2020 à 21h10min

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Journée de l’enfant africain : La problématique de l’accès à une justice adaptée aux enfants au cœur de la 30e édition

Le Burkina Faso a sacrifié à la tradition en commémorant la Journée de l’enfant africain le mardi 16 juin 2020, à Ouagadougou. A l’occasion, un bon de construction et d’équipement d’un espace socioéducatif pour les jeunes enfants a été offert à la Maison d’arrêt et de correction de Ouagadougou.

Pour l’Union africaine, l’accès à un système judiciaire mieux adapté aux enfants est un droit fondamental en soi et une condition préalable pour la protection et la promotion de tous les autres droits de l’homme. Toutefois, il ressort des multiples constats à travers le monde, que des enfants sont régulièrement mis en détention et sont traités comme des adultes. Ce phénomène est encore exacerbé là où il existe des crises humanitaires, des conflits armés.

C’est le cas du Burkina Faso qui est éprouvé ces cinq dernières années par des attaques terroristes et des conflits intercommunautaires entrainant un déplacement massif des populations avec un nombre important d’enfants (921 471 personnes déplacées internes dont plus de 55% d’enfants à la date du 7 juin 2020).

Les enfants magnifiés

Au regard du contexte sécuritaire, le Burkina Faso a commémoré la 30e édition de la Journée de l’enfant africain et le 30e anniversaire de la Charte africaine des droits et du bien-être de l’enfant sous le thème : « Assurer l’accès à une justice adaptée aux enfants dans un contexte de crise sécuritaire au Burkina Faso ». C’était, le mardi 16 juin 2020, à Ouagadougou. Prestation musicale, danse, sketch, allocutions ont constitués les temps fort de cette célébration.

De l’avis de la présidente de cette commémoration, la ministre de la femme, Marie Laurence Ilboudo/Marshall, le Burkina Faso fait partie des pays où l’accès à la justice des mineurs est adapté. Mais, poursuit-elle, « nous pouvons la parfaire parce que aujourd’hui, nous voulons éviter l’incarcération des enfants surtout dans un contexte où ils sont recrutés dans les rangs de groupes armés non étatiques. Ça aussi ça nécessite vraiment des études approfondies ».

La question de la protection des enfants est un demeure une préoccupation du gouvernement, dixit le ministre de la femme

C’est dans cette optique que le ministère de la justice a mis en place un nouveau système de justice pour mineur, en 2019. Tout en réitérant son engagement à œuvrer aux côtés de son collègue de la justice, le ministre de la femme a plaidé en faveur d’une plus grande vulgarisation de cette ambitieuse réforme auprès des acteurs afin qu’ils se l’approprient.

Le plaidoyer des enfants du Burkina Faso

Auparavant, Célia Ouédraogo a, au nom des enfants du Burkina Faso, émis des doléances aux acteurs de la protection de l’enfant. Il s’agit de l’appui à la promotion des mesures alternatives à l’emprisonnement des enfants en conflit avec la loi, la dynamisation du bureau de Parlement des enfants à travers le financement de son plan d’action. A cela s’ajoute la promotion des activités d’encadrement au profit des enfants pendant les vacances.

Célia Ouédraogo invite ses camarades à respecter leurs parents et à la loi du Burkina Faso

A son tour, le parrain, le ministre de la justice, représenté à la cérémonie par son directeur de cabinet, a remercié les PTF et invité tous les acteurs de la protection de l’enfant à une synergie d’actions afin de prévenir le phénomène des enfants recrutés, exploités par les groupes armés d’une part et, d’autres part trouver des réponses pertinentes à cette problématique émergente en vue d’une protection judiciaire et sociale adaptée aux enfants concernés.

« L’incarcération n’est pas une solution adaptée pour les mineurs »

De son côté, la représentante des PTF, Dr Anne Vincent, a salué la pertinence du thème de cette année parce que, selon elle, « on ne parle que très rarement de la justice juvénile au Burkina Faso ». Puis de souligner qu’un enfant n’est pas un adulte : « Un enfant même s’il a fait quelque chose qui est répréhensible par la loi, il doit être considéré différemment d’un adulte. C’est ce qu’on appelle, la mise en place de la justice juvénile ». En attendant l’application effective de la justice sensible aux droits de l’enfant, Dr Anne Vincent a rappelé quelques progrès enregistrés par notre pays.

L’enfermément ne peut permettre à un enfant de sa situation sans séquelles physiques et psychologiques, selon Dr Anne Vincent

« Par exemple, aujourd’hui, dans toutes les prisons du Burkina Faso, les enfants sont séparés des adultes du fait de l’existence de quartiers de mineurs dans les centres de détention. Ensuite, ce qui est mis en place, c’est une prise en charge de ses enfants. Il y a des programmes d’alphabétisation et de formation professionnelle qui permettent à ses enfants d’abord de s’occuper, ce qui est fondamental mais aussi qui leur donnent une chance de réinsertion sociale une fois sortis du système carcéral. Une troisième action extrêmement importante, c’est l’existence des deux centres de rééducation (le centre de Laye et le CERMICOL) qui sont des alternatives à la prison (…) », a-t-elle indiqué.

Malgré tout, des efforts restent à fournir y compris pour l’accès à une assistance médicale et sociale pour les femmes et les mères incarcérées avec leurs enfants et la présence systématique d’un conseiller auprès du mineur en conflit avec la loi.

Aïssata Laure G. Sidibé
Lefaso.net

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