LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

Jeunesse burkinabè, une seule abeille ne produit pas de miel !

Publié le mercredi 10 juin 2020 à 22h35min

PARTAGER :                          
Jeunesse burkinabè, une seule abeille ne produit pas de miel !

La jeunesse burkinabè est une force et devrait travailler et agir dans la même d’action. En effet, pour Bernard Zongo et Jean Yves Kiettyetta, les auteurs de la réflexion ci-dessous, la jeunesse burkinabè ignore la force qu’elle représente et devrait revoir son mode d’action. Lisez !

Notre pays est riche… de sa jeunesse. Une jeunesse qui peut mais ne sait pas ! Une jeunesse talentueuse qui ne sait pas qu’elle est une force qui s’ignore. Devant l’immensité du défi à relever pour notre développement, il serait trivial de vouloir démontrer le besoin de sang neuf à insuffler dans toutes les sphères décisionnelles afin d’accélérer la marche de notre histoire. L’adversité farouche de certains aînés contre le renouvellement générationnel est indéniable et son ampleur est telle que si les jeunes ne s’organisent pas, s’ils ne se font pas confiance, ils auront du mal à bousculer les lignes pour s’imposer et proposer de nouvelles et meilleures perspectives.

Conscients de la nécessité d’un sursaut de la jeunesse dont les rapports sont minés par des dissensions et une adversité allant crescendo depuis l’insurrection d’octobre 2014, nous appelons ici, avec humilité, cette frange majoritaire de la population burkinabè à être le ferment d’une solidarité agissante au service du pays. La sève de notre message découle de l’organisation sociale des abeilles, basée sur la coopération et le sacrifice pour la communauté.

Les abeilles…

Elles sont différentes, remplissent des fonctions différentes mais travaillent ensemble en parfaite harmonie pour produire du miel. Le monde des abeilles ne connaît pas l’individu mais le collectif. C’est un monde qui ne se conjugue pas en “je”, en “moi” mais en “nous”, en “tous ensemble”. La contribution individuelle de chaque abeille s’insère parfaitement dans la structure sociale de la ruche. Tout est synchronisé et harmonisé.

Que dire de nous, jeunes du Burkina Faso ?

Nous semblons incapables d’actions collectives… Nous avons rarement ou pas suffisamment l’intelligence de conjuguer nos efforts et nos talents pour rêver grand, imaginer ce qui n’existe pas et le réaliser. Chacun veut être « tête de rat » et non « queue de lion ». Résultat, nous sommes éparpillés, isolés, chacun croit avoir la bénédiction des dieux pour réussir seul… (je suis le seul ci, je suis le seul ça, sans moi rien ne devra marcher, etc.).

Nous sommes une jeunesse dont les égos surdimensionnés nous empêchent de construire des projets monumentaux, de lutter ensemble par nous-mêmes pour des causes communes plus grandes que nos personnes et nos intérêts égoïstes. Le succès ou la réussite individuelle pour nous est un mythe surtout dans un pays comme le nôtre. Dès lors, il n’y a qu’une seule issue pour les jeunes qui rêvent de changer le destin du pays : la coopération à l’image des abeilles.

Jeunesse du Burkina Faso, à l’image des abeilles récolteuses, le don de soi tu devrais apprendre !

Les abeilles récolteuses ont le sens du sacrifice. Elles ne vivent que trente jours qu’elles emploient à récolter le nectar servant à la production du miel à travers un processus qui dure soixante jours. Les récolteuses ne verront donc pas le fruit de leur travail. Leur sens de la générosité et du sacrifice sont nécessaires à la survie de la ruche.

Qui de nous jeunes, sera prêt à se sacrifier pour sa communauté, pour son pays ? Si Thomas Sankara ne s’était pas sacrifié pour son peuple, si Norbert Zongo ne s’était pas sacrifié pour défendre la liberté d’expression et la liberté d’opinion chères à tout Etat de droit et à toute véritable démocratie, où serait le Burkina Faso aujourd’hui ? Si ces deux illustres personnes avaient opté pour le camp des silencieux et des indifférents, quels repères aurions-nous aujourd’hui et demain ?

Jeunesse du Burkina Faso, à l’image de la reine mère des abeilles, serviable tu devrais être !

Elle est reine, mais son pouvoir n’est pas pour commander les milliers d’abeilles de l’essaim mais pour les servir. Elle est au service du groupe. Elle pond des œufs pour donner vie à la nouvelle génération… Sortons de cette « monarchisation » de notre vie professionnelle ou militante et allons à l’école du leadership collectif. Être chef pour se servir, se faire servir ou pour éviter de servir sa communauté n’a ni de lendemain, ni de rendez-vous avec l’histoire.

Jeunesse du Burkina Faso, à l’image des abeilles butineuses, avec les talents de la diaspora, tu devrais collaborer !

Les abeilles butineuses quittent le groupe pour aller à la recherche de pollen, de nectar, de propolis sur les fleurs autour de la ruche. Pour trouver coûte que coûte leur précieuse récolte, elles peuvent parfois parcourir jusqu’à cinq kilomètres. Dans cette quête, certaines meurent en chemin, sans pouvoir regagner la ruche, mais qu’importe. Nos butineuses, c’est aussi les jeunes de la diaspora. Ils sont allés loin, bravant moult adversités pour cueillir ce que le monde extérieur a de mieux à offrir et certains y laissent la vie.

Ils ont parcouru le monde, ont découvert d’autres cultures, d’autres méthodes de travail et d’autres systèmes de valeurs. Ils démystifient le monde, et participent pour certains à sa gouvernance. Ces jeunes de la diaspora ne demandent qu’à se mettre au service de leur pays. Mais hélas, ils sont parfois stigmatisés ou discriminés. Jeunesse du Burkina Faso, nous avons plus que jamais besoin du pollen et du nectar de notre diaspora pour féconder notre ruche nationale. Il y a et il devrait y avoir de la place pour tous dans l’effort de construction nationale.

Jeunesse du Burkina Faso, à l’image des abeilles gardiennes, « unus pro omnibus, omnes pro uno », telle devrait être ta devise !

Une seule abeille ne peut défendre la colonie. Cette tâche incombe aux abeilles gardiennes. Leur mission : protéger la communauté en défendant son territoire, sa ruche et sa reine. Si un prédateur attaquait une seule abeille, les autres viendraient en renfort pour une riposte collective.

C’est du « un pour tous, tous pour un » ! Isolés et éparpillés, nous sommes faibles et vulnérables. Unis, nous sommes forts et invincibles. Comme les abeilles gardiennes, soyons des remparts les uns pour les autres face à l’adversité.

Jeunesse du Burkina Faso, « si l’abeille disparaissait de la surface du globe, l’homme n’aurait plus que quatre ans à vivre : sans d’abeilles, pas de pollinisation, pas d’herbes, pas d’animaux, pas d’hommes », disait Albert Einstein. Si les jeunes du Burkina Faso restent inertes, silencieux et indifférents, s’ils disparaissent du débat public, notre pays sera condamné à végéter dans les ruines de l’immobilisme et de l’obscurantisme : sans jeunes conscients de leur rôle historique, capables de s’organiser et de travailler ensemble autour d’un projet, il n’y aura point d’audace dans l’action, d’imagination, d’énergie créatrice, encore moins d’innovation ou de rêve.

Jeunesse du “pays des hommes intègres”, les abeilles nous apprennent que ce n’est pas l’individu qui compte mais plutôt la capacité d’organisation, l’intelligence d’action collective pour un but commun. Alors tirons-en de la graine et soyons bâtisseurs d’un nouvel ordre au service de notre pays.

Bernard Zongo
Barkbigazongo@gmail.com

et

Jean Yves Kiettyetta
Kiettyetta@gmail.com

PARTAGER :                              

Vos commentaires

  • Le 11 juin 2020 à 07:45, par victor En réponse à : Jeunesse burkinabè, une seule abeille ne produit pas de miel !

    Merci.
    Tout est dit ici. Au lieu de se mettre ensemble et de se fixer des objectifs on prend son temps pour s’entre vilipender.

  • Le 11 juin 2020 à 08:19, par desperado En réponse à : Jeunesse burkinabè, une seule abeille ne produit pas de miel !

    Beau texte qui n’intéresse personne malheureusement !
    Notre jeunesse cherche s’en sortir par tous les moyens, c’est sûr mais comment ? Pendant plus de 27 ans (période d’éclosion de cette jeunesse), on nous a appris qu’il y a de l’argent en politique, beaucoup d’argent. Evidemment, le fer de lance émoussé ira là où il y a de l’argent à se faire. Il faut un travail d’ensemble comme vous le dites si bien mais pas des jeunes seuls, il faut que les aînés arrêtent de partager l’argent en politique. Je connais un candidat, par exemple qui peine à payer à recruter des agents se contentant de stagiaires payés à moins de 30 000/ mois mais qui sort des millions pour des désœuvrés qui trouvent leur salut dans la politique.
    Chacun cherche à accrocher son habit là où sa main arrive. l’individualisme économique à fond est notre soucis. J’aimerais savoir ce que vous, écrivains du jour, avez fait dans le sens votre écrit.
    Ces abeilles gardiennes dont vous parlez, elles défendent leur territoire au prix de leurs vies. Une fois qu’elle pique un ennemi, elle meurt immédiatement. Dites-le à nos officiers, habitués au champagnes, les business, les celibatoriums, les élevages...
    Félicitation pour cet écrit qui n’ira pas plus loin qu’ici malheureusement, pas plus qu’aucun jeune ne viendra le lire

  • Le 11 juin 2020 à 10:19, par Sowthierryjosuésiyè@gmail.com Sow En réponse à : Jeunesse burkinabè, une seule abeille ne produit pas de miel !

    Salut grand frère je suis très heureux pour ton immense contribution pour la nation Burkinabé et de surcroît j’admire ton idée et bon vent

  • Le 11 juin 2020 à 10:37, par Kader K. En réponse à : Jeunesse burkinabè, une seule abeille ne produit pas de miel !

    Message très pertinent et interpellateur ! Félicitations Bernard et Jean Yves !

  • Le 11 juin 2020 à 20:52, par jeunedame seret En réponse à : Jeunesse burkinabè, une seule abeille ne produit pas de miel !

    Beau message intelligent enchanteur instructeur. Sauf que les abeilles font seulement le bruit au vol et à l’action. Pas derrière un écran de ruche. « Les abeilles butineuses quittent le groupe pour aller à la recherche de pollen, de nectar, de propolis sur les fleurs autour de la ruche. Pour trouver coûte que coûte leur précieuse récolte, elles peuvent parfois parcourir jusqu’à cinq kilomètres » Sauf que la reine mère des abeilles n’a aucune région d’appartenance, ni aucun dossier de charbon fin, ni aucun esprit de partage par filiation ni aucun dossier de dossier pendant. Elle participe comme les autres abeilles sans complexe de pouvoir ou de supériorité.
    Bravo Bernard et Yves ! Que les jeunes dépêchent leurs entreprises personnelles comme style de communication à l’égard du message de Yves et Bernard !!!!

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique