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Covid-19 : La galère des sportifs burkinabè

Publié le mardi 9 juin 2020 à 22h30min

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Covid-19 : La galère des sportifs burkinabè

Depuis début mars, le Burkina Faso, à l’instar du monde entier, est touché par la pandémie du coronavirus, entraînant la fermeture des frontières, la mise en quarantaine de certaines localités, etc. Une situation qui réduit les mouvements et les interactions des sportifs. Les fédérations sportives ont donc été contraintes de reporter, voire d’annuler leurs compétitions. Arriérés de salaires, non-paiement de primes de matchs…, sont le lot des difficultés auxquelles les fédérations font face. Si l’annulation des compétitions et ses conséquences au niveau du football font la une des journaux burkinabè, les autres disciplines sportives telles que l’athlétisme, le volleyball, le judo, le handball, etc., subissent également de plein fouet les conséquences du coronavirus dans l’ombre. Difficultés financières et d’encadrement sont entre autres les problèmes que rencontrent ces fédérations que nous avons interrogées.

Depuis l’apparition du coronavirus, qui a contraint les organisations sportives burkinabè à annuler leurs compétitions, les inconvénients se sont vites présentés. Il y a notamment les arriérés de salaires, l’absence de primes de matchs, etc. au niveau du football. Mais qu’en est-il de la situation dans les autres disciplines sportives ? Dans ces disciplines, les joueurs et les encadreurs techniques ne sont pas des salariés et comptent sur les compétitions pour décrocher des récompenses, des primes de matchs, des primes de sélection, des primes de rendement qui leur servent de salaire. Alors, pas de compétitions, pas d’argent.

« C’est un véritable casse-tête chinois au niveau de l’athlétisme ! »

La première conséquence du Covid-19 à la Fédération burkinabè d’athlétisme, c’est l’annulation de certaines compétitions et le report d’autres, au cas où la situation s’améliorerait. Un lot de compétitions annulées qui constituent un manque à gagner pour la structure, selon les dires du secrétaire général Amadou Diallo.

Sur le plan national, les compétitions reportées sont entre autres le championnat U18 (minimes et cadets) qui était prévu à partir du 9 avril, les championnats nationaux séniors, le meeting de la ville de Ouagadougou, le marathon des échangeurs de BF1, Altitude Nahouri, etc. « Néanmoins, pour les championnats nationaux, nous espérons que la fin de la pandémie et la levée des mesures restrictives seront annoncées d’ici le mois d’août par les autorités sanitaires, et nous pourrons reprendre quelques activités », a confié Bassédona Yanou, secrétaire général chargé à l’organisation à la Fédération burkinabè d’athlétisme.

A l’international, les athlètes burkinabè devraient faire preuve de patience pour participer à des compétitions telles que le tournoi de la solidarité au Togo, le championnat junior au Nigéria et les championnats d’Afrique d’Alger auxquelles les professionnels comme Hugues Fabrice Zango, Bienvenu Sawadogo, Marthe Koala, Laetitia Bambara… devraient prendre part. Il y a surtout les Jeux olympiques de Tokyo.

Sur le plan financier, c’est la croix et la bannière, car la fédération manque de véritables sponsors et vit grâce aux subventions de l’Etat et de quelques mécènes. « L’athlétisme n’est pas la discipline où les contrats d’argent circulent comme dans le milieu footballistique. Les gens se débrouillent avec les moyens de bord. Il n’y a pas d’athlète véritablement au niveau national qui soit payé ; ce sont juste des aides provenant de la fédération, des clubs, de la famille même des athlètes et des personnes de bonne volonté », a indiqué Bassédona Yanou.

« Seuls les professionnels tels que Hugues Fabrice Zango, Marthe Koala, Bienvenu Sawadogo, Laetitia Bambara, bénéficient de bourses octroyées par l’Etat. Malgré cette période difficile, on nous a rassurés qu’ils vont toucher leurs bourses et aux dernières nouvelles, c’est chose faite », a souligné Amadou Diallo, secrétaire général la faitière de l’athlétisme burkinabè. Il a ensuite précisé que les subventions sont bloquées au niveau du ministère, à cause du manque d’activités.

Pour aider les jeunes athlètes dans leurs carrières, la fédération en charge de l’athlétisme a soumis des demandes de bourses au ministère des Sports et des Loisirs, pour une allocation mensuelle de 50 000 F CFA en leur faveur. Il appelle par ailleurs les autorités sportives à s’occuper des encadreurs techniques qui, selon lui, risquent de faire valoir leurs talents ailleurs. Selon Bassédona Yanou et Amadou Diallo, classé 9e aux derniers Jeux africains, l’athlétisme burkinabè mérite mieux et ils espèrent que les nouvelles réformes en cours au ministère des Sports contribueront à faire rayonner le sport burkinabè en général et l’athlétisme en particulier.

Le volleyball et le coronavirus

A la Fédération burkinabè de volleyball, les compétitions étaient déjà entamées, mais ont été par la suite reportées à cause de la pandémie du coronavirus. Dès lors, constatant les difficultés rencontrées par les différents acteurs du volleyball, la fédération a procédé à la distribution de masques de protection aux joueurs des clubs de D1 et aux arbitres de tous les districts et ligues, selon son premier responsable Casimir Sawadogo.

Il reconnaît que sur le plan financier, rien n’a été fait pour soulager les clubs, car sans compétions, les subventions ne sont pas accordées par le ministère. Toujours selon Casimir Sawadogo, les joueurs sont à la charge des clubs et non de la fédération, ni de l’Etat. Il admet avoir reçu des informations selon lesquels les clubs continuaient à payer les joueurs, mais n’arrivaient plus à supporter les charges sans compétitions et avaient commencé donc à libérer les joueurs.

Au niveau du volleyball, les joueurs devraient patienter avant de pouvoir participer à une compétition internationale car la crise est mondiale et de nombreuses compétitions à l’international sont donc reportées.

Sur la question des élections des présidents de fédération, Casimir Sawadogo attend l’accord du bureau exécutif avant de se lancer à la conquête d’un nouveau mandat à la tête de la Fédération burkinabè de volleyball. Tout en remerciant le ministère des Sports, il appelle les personnes de bonne volonté, les mécènes et les sponsors à les soutenir financièrement ou matériellement pour développer le volleyball à la base et avoir dans le futur une équipe nationale forte et compétitive sur le plan international.

Saison blanche chez les judokas à l’international !

La Fédération burkinabè de judo n’a pas échappé aux reports et annulations en cascades des compétitions, à cause de la pandémie du coronavirus. Dans cette fédération, toutes les compétitions ont été reportées, selon le président de ladite fédération, Pinbi Nikièma. Ce dernier espère reprendre les compétitions si la situation redevient favorable. Et actuellement, pour maintenir la forme, chaque judoka se débrouille comme il peut.

« Depuis le début de la maladie, nous n’avons plus de compétitions, nous ne nous entraînons plus. Les athlètes sont chez eux à la maison et chacun essaie de maintenir la forme à la maison en s’entraînant seul. Nous avons même raté des compétitions internationales qui ont été annulées », a constaté Pinbi Nikièma. Une situation qui ne favorise pas les judokas, d’autant plus que ces derniers vivent des primes de sélection, de matchs et de médailles remportées. Concernant les subventions du ministère des Sports et des Loisirs, tout comme dans les autres fédérations, le manque de compétitions ne favorise pas le déblocage de ces subventions.

Sur la question de la participation des judokas burkinabè à des compétitions internationales dès que les activités auront repris, le président Pinbi Nikièma soulève deux problèmes majeurs. « On parle de reprise des compétitions internationales en novembre ou décembre si la situation à l’échelle mondiale s’améliore. Maintenant, le problème est que les athlètes n’ont pas eu le temps de s’entraîner et n’ont pas fait de compétitions. Alors que c’est généralement à l’issue des compétitions nationales qu’on choisit les meilleurs pour représenter le Burkina Faso. Donc cette année, ça sera difficile et nous allons penser à la saison prochaine. C’est saison blanche pour les judokas burkinabè à l’international », a conclu l’actuel président de la Fédération burkinabè de volleyball.

Mamadou ZONGO (stagiaire)
Lefaso.net

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