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Droit de réponse à M. Talardidia THIOMBIANO « Faux, usage de faux, manœuvres frauduleuses et hold-up coutumier à Fada N’Gourma », clame la famille du défunt roi Kupiendéli.

Publié le dimanche 7 juin 2020 à 22h30min

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Droit de réponse à M. Talardidia THIOMBIANO « Faux, usage de faux, manœuvres frauduleuses et hold-up coutumier à Fada N’Gourma », clame la famille du défunt roi Kupiendéli.

A la suite d’une interview que nous a accordée le Pr Taladidia Thiombiano le 25 mai 2020 sur la situation confuse qui entoure la succession du roi du Gulmu, nous avons reçu ce droit de réponse.

Nous sollicitons l’indulgence du lecteur pour la longueur du document qui a pour seul but d’apporter un éclairage quasi exhaustif sur la situation de la chefferie coutumière dans le Gulmu.

Suite à l’interview de M. Taladidia THIOMBIANO parue dans Lefaso.net du 25 mai 2020, nous, descendants du Roi YENTIABRI , par ma voix, usons de notre droit de réponse en vue d’apporter des éclairages sur la situation qui prévaut au niveau de la Royauté du Gulmu, même si par pudeur et par noblesse, nous ne nous nourrissons pas de cette propension à nous répandre dans la presse à chaque levée du soleil, préférant la discrétion légendaire des Palais royaux.

En guise d’introduction, nous voulons remercier notre grand frère l’éminent Professeur d’Economie pour sa contribution au débat. Cependant, il y a lieu de noter que cette interview contient des narrations intentionnellement tronquées, des contre- vérités malsaines, et est d’une inélégance perfide, d’un manque de respect dû aux morts, le tout dans un ton volontairement arrogant indigne de tout prince.

En effet, avec beaucoup d’approximations, d’incohérences, vous vous êtes évertué à travestir l’histoire de ce grand royaume et nous nous interrogeons à quel dessein ?
Les faits sont sacrés, les commentaires sont libres. Rétablir la vérité et les faits dans leur contexte, relève d’un devoir à la fois moral et historique pour nous.

Fondamentalement, il y a lieu de savoir que nous ne parlons pas le même langage car pendant que vous évoquez le nombre de familles (chiffre variant selon votre inspiration) qui revendiquent leur droit au trône perdu depuis 128 ans, nous répondons qu’il n’y qu’une seule et unique famille, c’est celle de la dynastie des THIOMBIANO qui règne depuis plusieurs siècles et qui règnera encore par la grâce du Tout Puissant. Sa Majesté HAMPANLI, 32ème roi légitime du Gulmu quant à lui, se réclame de cette dynastie et ne renie personne. Il est simplement le dernier maillon de cette chaîne, de cette dynastie, car le temps n’avance pas à reculons. La sagesse qui l’habite malgré son jeune âge ne lui fait pas oublier que tous les protestataires de l’ordre préétabli depuis huit siècles sont tous, autant qu’ils sont ses cousins, ses oncles et grands- parents. L’histoire est une science, tout comme l’Economie l’est. Elle a pour but de répondre à trois questions essentielles : Qui sommes- nous ? D’où venons-nous ? Où allons-nous ? L’histoire n’est donc ni la manifestation bruyante de nos égos démesurés, ni la sommation de nos frustrations longtemps refoulées, encore moins la résultante de nos lubies et envies.

Cependant, que l’on se comprenne bien. Personne n’a ni la prétention, ni le droit de renier à un prince quelconque son statut car nous sommes tous frères, issus de la même souche, à l’image de l’arbre qui a des racines, un tronc et porte plusieurs branches les premières plus âgées et plus robustes que les dernières plus jeunes et plus frêles. Toutefois, il est évident que tout prince n’est pas éligible du fait de la disqualification naturelle au fur et à mesure de l’avancée du temps.

Nul n’ignore que les princes dont le père n’a pas accédé à la royauté sont appelés des « Nakomsé » chez les mossé et « tcha tcha pién bila » chez les Gulmancé, traduit littéralement par enfants de « gens aux chaussures blanches » et cela depuis la nuit des temps et nous n’inventons rien.

Pendant que nous autres parlons de coutumes et de traditions, les imposteurs parlent de changement, de démocratie, d’alternance etc. Quel sacrilège dans le domaine coutumier ! Même si l’on voit que dans le Burkina post insurrectionnel, chacun se croit tout permis. Cette confusion des genres quand elle est faite à dessein par un professeur d’université de surcroît, laisse le lecteur de bonne foi pantois et médusé.

Qui ignore la définition basique de la démocratie qui est une forme de gouvernement dans lequel tous les citoyens participent aux décisions par le vote, et donc la souveraineté appartient au peuple. Ce qui fait dire que si nous étions en démocratie, on ne parlerait pas de désignation mais de vote populaire et à travers la marée humaine qui a accompagné l’intronisation du souverain HAMPANLI, ce serait tout simplement un plébiscite sans appel !

Mieux, même les Ministres de la Cour auraient été élus au suffrage populaire local et ne seraient retenus que ceux qui défendent des valeurs de probité, de droiture et non ceux qui n’ont pour repère que l’argent, jetant leur dévolu sur des prétendants en raison du poids de leur poche. Si ce n’est pas la tradition et la coutume, nous ne voyons pas par quelle alchimie certains pouvaient continuer de se gausser du titre de Ministre du roi alors que de valeureux et dignes fils du Gulmu pleins de grandeur et de décence auraient pu jouer le même rôle.

Relativement à l’ingérence politique qui aurait été faite en faveur du roi HAMPANLI, vous voulez cacher le soleil avec une main car tout Fada sait que par opportunisme et nomadisme politique, après avoir combattu vainement le MPP à la Mairie en 2016 au profit de l’UPC, Mindiérba dont l’activisme politique est connu de tous, a fini par prendre la carte de ce parti et a exigé l’insertion de ses larbins dans les instances locales de ce parti. Ne préparait- il pas ce que nous vivons aujourd’hui ? Nous affirmons que si une main politique devait porter un choix, la levée de la mesure de suspension n’aurait jamais été en faveur de Mindiérba.

Enfin, à la lecture intégrale de votre diatribe, certains passages constituent une inversion des rôles par l’inversion de la charge et de la preuve ! Les arguments que vous avancez pour tenter de justifier l’imposture sont bien évidemment ceux que les légitimistes que nous sommes auraient dû utiliser si nous nous étions spécialisés dans la manipulation de l’opinion, à travers réseaux sociaux et presse..
Avant de parler de contestation d’un candidat désigné par le collège des sages, il faut d’abord savoir comment se fait la passation de pouvoirs après le départ d’un roi.

Selon le Professeur Y Georges MADIEGA, historien et chercheur de renom, dans son ouvrage « Contribution à l’histoire précoloniale du Gulma » il écrit : « Il n’y a pas de rigidité dans les règles de succession. Celle- ci ne semble pas s’être établie de PERE EN FILS AINE comme l’ont écrit d’autres chercheurs Davy et Chantoux………..Diaba LOMPO (fondateur du royaume) lui-même a préféré son troisième fils Tidarpo dont le fils Ountani lui a succédé ».
Puis, à la mort de Ountani, une querelle de succession s’ensuivit et c’est le troisième fils, Banyiroba qui lui succédât » Déjà à l’époque, nulle part, il n’est question de petit fils.

Ce qui lui fit dire que tout prince qui se sent capable (donc sans forcément être l’ainé de la fratrie) pouvait faire acte de candidature. N’importe quel lecteur, sans être un juriste chevronné sait qu’il bâtit son argumentaire sur la filiation avant tout autre chose !

Nous ne disons pas le contraire et n’inventons rien puisque les 8ème , 10ème ,17ème , 19ème , 25ème et 26èm Roi ont chacun eu deux de leurs fils qui ont régné tandis que le 16ème roi a vu trois de ses fils régner. Si le passage de témoin se faisait de père en fils ainé, il est évident qu’aucun roi n’aurait pu avoir deux enfants rois après lui.

Puis, plus loin dans le même ouvrage, l’historien MADIEGA précise que « ce sont les membres proches du pouvoir qui ont plus de chance d’être choisis s’ils se portent candidats. Ceux des autres branches restent à Nungu et se confondent à la longue avec les gens du commun ou s’en vont tenter leur chance ailleurs » ! Que ceux qui ont des yeux lisent ou ceux qui ont des oreilles entendent. Dès lors, qui peut encore douter de notre bon droit à raisonner les égarés ? En quoi sommes- nous responsables de cette affirmation lorsqu’elle vient d’un chercheur ?

Autre repère historique, Pierre Claver HIEN et Moustapha GOMGNINBOU dans « Histoire des royaumes et chefferies au Burkina Faso post colonial » disent que les règles de succession varient d’une région à une autre du pays gulmancé. Si dans le Nord Gulmu, la succession ne se fait pas automatiquement de père en fils, par contre à Nungu et à Gobnangu, seuls les princes dont les pères avaient régné pouvaient se porter candidats. Qui peut soupçonner tous ces historiens d’avoir écrit pour faire plaisir à un groupe de personnes ou pour effaroucher telle autre groupe ?

Du reste, l’arbre généalogique du royaume du Gulmu disponible et vérifiable l’indique et toute personne qui s’intéresse à la question peut le consulter. Nous mettons au défi quiconque de prouver en le citant nommément, le Roi qui s’est frauduleusement incrusté dans les rangs alors que son père n’avait pas régné. Même le 28ème roi (Yentangou 1974-1990) qui a été retenu après un vote populaire prouve que la population a toujours fait de ce principe sacré, son crédo.

Nul n’a donc jamais dit que la succession au trône de Nungu se fait de père en fils ainé, en tout cas pas les princes qui connaissent leur histoire, à moins comme indiqué précédemment de vouloir travestir l’histoire. Tous les rois l’ont été de par leur père qui fut roi. Il n’a jamais été question même de grand père, encore moins d’un lointain arrière arrière grand- père.
Des contre- vérités et affirmations sans fondement

Affirmer péremptoirement sans n’en apporter la moindre preuve que « généralement, tous ceux qui sont princes, notamment les THIOMBIANO, peuvent prétendre à la succession » est une hérésie inqualifiable. Sinon, pourquoi alors la prétention d’un THIOMBIANO au trône du Nungu fut récemment rejetée au motif qu’il n’est pas de Fada, mais de Kikidéni. Il y a des THIOMBIANO à Diabo, Kikidéni, Koardéni, Matiacoaly, Madjoari, Dapaong au TOGO, au nord du BENIN et même au Soudan etc…Est-ce que tous ceux-ci pourraient selon votre logique prétendre au trône du Gulmu ? Surtout quand on sait que leurs aïeux seraient également des princes qui auraient refusé de prêter allégeance au nouveau roi intronisé et qui auraient alors choisi l’exil quelque part pour fonder à leur tour leur royaume selon la tradition orale et selon le Professeur MADIEGA.

Peut-on alors savoir ce qui fonderait à renier le titre de prince à un individu, s’il suffit juste qu’il affirme qu’il est lui aussi un descendant d’un lointain aïeul qui aurait régné ?
Sur quels critères l’on douterait de la lignée, voire de la filiation d’un individu pour lui refuser sa candidature ?

Mû par la haine difficilement contenue, vous affirmez que deux lignées ont usurpé et monopolisé le pouvoir. Cependant, les lecteurs de ce pamphlet savent tous que nul ne peut usurper durablement un pouvoir encore moins le monopoliser.

Dans des arguties débridées, en manque de courtoisie élémentaire vis-à-vis de Sa Majesté KUPIENDIELI et de Victor Y. THIOMBIANO (Paix à leurs âmes) l’intellectuel dans un relent revanchard tente de salir la mémoire de nos illustres disparus en affirmant qu’ils ont signé un tract. Au vu de son statut, le Professeur devrait éviter de souffler sur les braises incandescentes en se départissant de propos perfides et cyniquement distillés. Dans un lyrisme plein de contradictions il affirme plus loin ceci : « Si historiquement, certaines lignées ou familles ont perdu le pouvoir, c’est tout simplement que les rois ayant souvent beaucoup d’enfants, celui qui succède à son père a tendance à favoriser ses enfants pour la succession. Ce dernier à son tour se comporte de la même manière jusqu’à ce que les frères et suivants se retrouvent éloignés de ce trône ».

Après cette explication, on a simplement envie de dire : Alea Jacta est ou le sort en est jeté ! Justement, si vous ne le savez pas, c’est bien cela la tradition et la coutume. En effet, si c’est cette pratique qui avait cours dans le Gulmu depuis le fondateur du royaume (1204- 1248) jusqu’à nos jours comme vous le dites vous-même, doit- on alors considérer comme un crime de lèse- majesté le fait que dans une lettre ouverte datée du 6 juin 2002 et cosignée par feu Victor Y. THIOMBIANO et feu Idrissa A. THIOMBIANO (devenu sa Majesté KUPIENDIELI), ils rappelaient simplement aux dignitaires de la Cour royale leur devoir et responsabilités en ces termes :
1. « La coutume doit être respectée par tous parce que c’est la raison de votre présence à la Cour et des fonctions qui vous sont confiées ;
2. Les initiatives personnelles en vue de modifier les règles qui ont régi le Gulmu depuis des siècles doivent être proscrites ;
3. Chacun de vous a le devoir de s’en tenir à ses attributions, faute de quoi, nous assisterons à un pouvoir désorganisé. »

Pouvez-vous donc dire que nos illustres regrettés que vous accusez aujourd’hui, étaient là depuis plus de 8 siècles pour imposer des conditions de dévolution du pouvoir coutumier ? Et donc les ancêtres des princes qui n’ont pas régné et ont naturellement accepté le principe « ne peut prétendre au trône que le prince dont le père a été roi » ont également été influencés par des personnes qui sont venus au monde huit (8) siècles après ?

Non, il faut simplement leur rendre un hommage mérité et accepter que de manière prémonitoire, ces deux visionnaires avaient ainsi pu éviter au royaume une forfaiture en 2002 car les mêmes tentatives de changement des règles se faisaient déjà sentir, notamment par le DIEBADO de l’époque, père de l’actuel. Tel père, tel fils est-on tenté de conclure.

En conséquence, nous assumons entièrement le contenu de cette lettre devenue un tract puisque les limites de nos connaissances ne nous permettent pas de savoir qu’un document signé peut devenir un tract comme vous l’affirmez.

De la contestation de l’imposteur Mindierba désigné par DIEBADO

En fait de collège de sages, il n’en a rien été. Un seul Ministre s’est arrogé le droit d’organiser le hold-up. Le collège de désignation est composé de quatre(4) principaux Ministres qui sont selon les recherches du Pr MADIEGA et la pratique observée également jusqu’au 31èm roi à savoir : ODAANO, TEIDANO, TAMBADO et DIEBADO.
Nous sommes formels, ils sont quatre (4) piliers à décider discrètement du choix de l’heureux élu et non six (6) comme vous l’affirmez. Toutes les autres familles que vous citez, sont des passages pour les rites et/ou pour recevoir leurs bénédictions.

A la date du 6 mai 2020, le premier rappelé auprès de ses ancêtres depuis plusieurs mois n’avait pas été remplacé. Le deuxième répudié de la Cour depuis 2001 n’était donc plus en fonction depuis lors.

Le troisième du haut de son expérience d’environ une cinquantaine d’années a été contourné et ignoré par DIEBADO. Ainsi donc, la pièce théâtrale pouvait commencer.

Vous comprendrez alors qu’une correspondance adressée au Gouverneur, signée par un mort (ODAANO), un autre inexistant à la Cour (TANDAMBINDJOA) et de DIEBADO lui-même pour introniser un individu, est un FAUX et nous allons y revenir.
Chronologie de la pièce théâtrale qui s’est jouée à Fada

Il y a lieu de noter tout d’abord qu’après le départ pour la patrie céleste le 16 aout 2019 de sa Majesté KUPIENDIELI après 17 ans de règne, le Ministre de la Cour, NABA Laurent nommé DIEBADO par KUPIENDIELI, lors d’une interview dès le 17 août 2019 au JT de 20h de la RTB, déclarait déjà que « le trône de Fada est une mosaïque ». Ce qui présageait de son intention malsaine d’ouvrir la boîte aux pandores aux inéligibles, en changeant les règles du jeu.

Dès lors, les intrigues vont alors commencer et on a entendu parler d’alternance, de changement comme si on était en démocratie, un schisme dans le domaine coutumier, même si dans le Burkina post insurrectionnel, chacun se croit tout permis. C’est ainsi que nous assistons tous les jours impuissants, à des comportements de défiance des Institutions, de non- respect des règles et d’irrévérence envers les aînés.

Puis, le premier à entrer en scène fut Pascal THIOMBIANO (à ne pas confondre avec le journaliste Pascal Yemboini THIOMBIANO), cousin de DIEBADO qui a initié une rencontre de toutes les branches princières, disait- il à la demande du Gouverneur, en vue de les sensibiliser sur la nécessité d’accepter le futur choix du collège de désignation, afin que l’intronisation se passe dans le calme et la sérénité. Cet objectif apparemment était noble, mais selon toute vraisemblance n’était que l’acte 1 de la pièce théâtrale qui allait se jouer puisqu’aujourd’hui cet argument est brandi afin de l’opposer aux prétendants légitimes pour prouver leur insoumission et leur imputer cyniquement le désordre qui a cours actuellement.

Effectivement, tous ceux qui ont accouru vers l’argent au lieu de respecter la tradition ne se privent pas pour dire qu’il ne devrait pas avoir de contestation en vertu de ce pacte. Soit, mais cela aurait été le cas si les conditions préalables et suspensives étaient respectées ! En l’espèce, nous vous demandons d’avoir un minimum d’honnêteté pour avouer que non seulement le chronogramme fixé pour enclencher le processus a été volontairement écourté pour surprendre tous les autres prétendants auxquels on n’a pas donné le temps de confirmer ou d’infirmer leur candidature, mais plus grave, aucun collège ne s’est réuni. Un seul Ministre a pris sur lui l’initiative de faire du FAUX et USAGE DE FAUX pour légitimer son forfait et ouvrir la voie à l’imposture.

Il est à noter que voyant évoluer les choses pendant l’inter règne, par courrier adressé au MATDCS, le 07 février 2020, nous attirions l’attention de l’autorité administrative sur le fait que les legs, la coutume, la tradition devenus Droit coutumier relatif à la procédure de succession au Trône du GULMU risquait malheureusement d’être bafoué par ceux- là même sensés le respecter à savoir nos frères, nos oncles, qui font du changement et de l’alternance, leur cheval de bataille, comme si on était en démocratie, créant ainsi une confusion des genres savamment défendue et entretenue par des pseudo- intellectuels, aux desseins inavoués. A ce jour, nous attendons encore la réponse à ladite lettre.

Si le politique devait intervenir, dès cet instant, il aurait réagi en faveur du roi HAMPANLI car il a largement eu le temps d’influencer le collège. Nous vous invitons à chercher les raisons de votre déconvenue ailleurs car vous n’aviez pas prévu ce scénario, vous contentant du fameux pacte qui allait clouer le bec aux légitimes. NON, nous répétons l’imposture ne passera jamais.

Cependant, que l’on se comprenne bien et nous le répétons que personne n’a ni la prétention, ni le droit de renier à un prince quelconque son statut car nous sommes tous frères, issus de la même souche. Toutefois, il est évident que tout prince n’est pas éligible du fait de la disqualification naturelle au fur et à mesure que les années s’écoulent.

C’est la raison pour laquelle, même dans les deux branches régnantes actuellement, tous les princes ne sont plus éligibles.

C’est la remise en cause de ce principe intangible qui vient d’être faite par un membre du collège de désignation, NABA Laurent (DIEBADO) avec la complicité de certains intrigants notoirement connus, mais également avec la bienveillance incompréhensible de l’Administration qui a pourtant toujours prôné sa neutralité. Nous sommes dans une savane où tout le monde connait les accointances et les liens familiaux qui unissent les uns et les autres, mais également les relations amicales forcées avec les puissants du moment.
Comment s’est joué le reste de la pièce théâtrale ?

Il faut savoir que dans le principe, c’est le TEIDANO qui a pour rôle de recevoir les candidatures, mais en l’absence de ce dernier pour cause de répudiation, c’est la famille de ODAANO qui devait le faire. Les funérailles de leur chef rappelé auprès de ses ancêtres étaient prévues du 24 avril au 8 mai 2020. DIEBADO avec la complicité d’une partie de la famille ODAANO, ont enclenché dès le 6 mai 2020, le processus d’intronisation avant même la fin desdites funérailles, dupant ainsi tous les prétendants qui eux en étaient aux préparatifs de leur dossier de candidature car les premières démarches faites n’étaient que des intentions. C’est à cette étape, que les prétendants devaient faire réellement acte de candidature.

Donc naïvement, tous les prétendants ont été abusés car attendant tranquillement le déroulement de ce chronogramme. Pensez- vous bonnes gens que les candidats légitimes pouvaient accepter cette manœuvre dolosive ? NON et NON.

Comme vous le voyez, il a fallu faire du faux et usage de faux pour opérer le hold-up coutumier afin de pouvoir introniser Mindiérba. C’est ce qui explique qu’il a été le premier à s’être frauduleusement fait introniser au mépris de toute dignité et de toute morale. Toutes ces contorsions ont été obtenues à quel prix ? Jugez en vous-même.

Donc, ayant ignoré tous ses collègues en fonction, surtout le TAMBADO, le plus ancien dans les fonctions à la Cour, que leur restaient-ils à faire ? Surtout que les princes légitimes grognaient ? C’est ainsi que le roi HAMPANLI fut intronisé. Nous profitons ici pour rendre un hommage appuyé au doyen TAMBADO qui n’a jamais caché sa détermination de ne pas déroger aux règles préétablies héritées de ses ancêtres, depuis qu’il est au service des quatre derniers rois d’une part, mais à l‘ensemble des Ministres de la Cour (Madali, Koadali, Tankpabado, Tonssiédou, Folbado, Moarbado) d’autre part, qui malgré les pressions de toutes sortes et les provocations n’ont pas cédé.

Pour mieux parfaire la forfaiture, comme nous le disions plus haut, une lettre a été adressée au Gouverneur le 6 mai 2020 pour l’informer de ce que « Nous piliers du collège successoral……….au terme de nos concertations, avons arrêté d’entamer le processus d’intronisation d’un nouveau Souverain au trône le jeudi 7 mai 2020 ». Cette lettre est cosignée par DIEBADO (Ministre chargé de la propreté de la Cour royale) d’un soit disant chef coutumier ODAANO KARMA dont on célébrait les funérailles et d’un certain chef coutumier TANDAMBINDJOA qui n’a rien à voir dans ce processus et qui n’existe même plus à la Cour depuis plusieurs décennies.

Le Gouverneur, par lettre n° 049 datée du 7 mai 2020 répondait en ces termes « …… au regard des risques de troubles à l’ordre public et avec, en toile de fond, cette situation d’insécurité rampante, je vous instruis de vouloir bien suspendre ce processus d’intronisation jusqu’à nouvel ordre ».

Puis, coup de théâtre, quelques heures après, toujours le 7 mai 2020, et par lettre N° 051, le même Gouverneur écrit « …..après un entretien avec les représentants des familles princières, je procède à la levée de cette suspension en vous permettant de poursuivre toutes les activités en lien avec la désignation du Nunbaado ».

De quelle famille princière s’agit-il ? Certainement pas celles des lignées YENTOUGLI et BANTCHANDE d’où sont issus les 09 derniers rois du GULMU. Ces deux lignées royales n’ont pas été associées à ces prétendues entretiens évoquées par le Gouverneur pour justifier la reprise du processus.

C’est donc ainsi que Mindiérba THIOMBIANO, opérateur économique a été désigné par DIEBADO tout seul et non par le collège de désignation. L’histoire se répète ; déjà en 2002 le défunt père de l’actuel DIEBADO avait lui aussi tenté d’introniser un autre imposteur, opérateur économique également. Mammon (Dieu de l’argent quand tu nous tiens !) et dire que ce sont ces mêmes individus qui parlent aujourd’hui de corruption !!!

C’est alors qu’à notre tour, par lettre datée du 09 mai 2020, nous avons manifesté au Gouverneur notre mécontentement quant au non- respect de la procédure d’intronisation car le désigné n’est pas éligible. En réponse, le Gouverneur en date du 12 mai disait entre autres ceci : « L’Administration ne maîtrise pas le processus d’intronisation d’un roi du Gulmu, n’a pas la prétention d’y interférer et ne peut aucunement se prononcer aussi bien sur la régularité que sur la crédibilité dudit processus De ce point de vue, il est hautement souhaitable que cette contestation naissante puisse rapidement trouver une solution à l’amiable en faisant recours aux mécanismes traditionnels de régulation et à la jurisprudence coutumière ». Voici une réponse diplomatique après le forfait. Pourquoi alors avait-il cautionné la démarche et chargé Pascal de rencontrer les familles princières ?

Quid de celui qui a été désigné ? Il se prévaudrait de ce que son aïeul, le 18ème roi de la généalogie des rois du Gulmu, à savoir YENKILMA (1820- 1849) ait régné alors que nous sommes au 32e roi. Il y a donc 200 ans que son aïeul aurait accédé au pouvoir !

De plus le TEIDANO que vous citez en référence comme premier responsable du collège a été chassé depuis 2001 des cours royales pour manque de loyauté ! Pour information, cet individu s’était alors juré de travailler à ce que le trône ne revienne plus jamais dans les deux branches royales légitimes. Alors pourriez-vous nous expliquer comment il a pu être réhabilité, et par qui, pour prendre part à cette mascarade ?

Il a simplement été exhumé pour l’occasion afin de venir en renfort à DIEBADO dont le jeu favori est la délation sur les réseaux sociaux, celui-là a été selon les indiscrétions du palais de sa Majesté KUPIENDIELI, plusieurs fois suspendu de ses fonctions pour escroquerie dans les villages et rétabli après avoir juré de ne plus recommencer. Hélas, à beau chasser le naturel il revient au galop ! Voilà le vrai visage de NABA Laurent (DIEBADO).

En résumé, plutôt que d’accuser le politique qui aurait jeté de l’huile sur le feu, il serait juste de reconnaître que c’est seul le sieur DIEBADO qui est le véritable pyromane de cette comédie qui se joue en ce moment à Fada N’Gourma, avec bien évidemment ses complices actifs ou passifs.

Ainsi, face à la rocambolesque intronisation orchestrée par NABA Laurent alias DIEBADO, tous les autres ministres en fonction à la Cour, ont décidé de prendre leurs responsabilités, en respectant et rétablissant l’ordre coutumier normal par l’intronisation de sa Majesté HAMPANLI, tout simplement parce qu’il répond au principal critère, à savoir fils du 30ème roi du Gulmu YOABLI.

La preuve que cet acte posé rencontre l’agrément des populations, est qu’elles sont sorties massivement pour dire NON à cette mascarade et machination orchestrées par des assoiffés de pouvoir qui ont pensé pouvoir transgresser allègrement la coutume.

De tout ce cirque, l’on est en droit de se poser plusieurs questions :
  Est-ce simplement bienséant ou possible ou normal de revenir en arrière de plusieurs siècles dans une succession digne de ce nom ?
  Est-ce qu’en 2220, les descendants de ceux qui règnent actuellement pourront encore se prévaloir d’une quelconque légitimité si la branche s’éteint d’elle-même ?
  Pourquoi le Gouverneur qui a toujours dit qu’il ne voulait pas se mêler des affaires coutumières, à défaut d’être taxé d’avoir un parti pris, est à minima soupçonné de favoritisme envers un camp au regard des lettres contradictoires envoyées le même jour pour permettre l’intronisation. ?
  Pourquoi n’a-t-il pas pris toutes les précautions pour s’assurer de la légalité et de la légitimité des actes que les personnes qu’il ne connait que trop bien s’apprêtaient à poser ?
  Pourquoi le Gouverneur qui clamait à qui voulait l’entendre qu’il n’admettrait pas deux rois à Fada s’est ainsi fait complice ne fut ce que passif d’une telle forfaiture ?
  Quel rôle Pascal joue au Gouvernorat pour recevoir mandat du Gouverneur en vue d’inviter les familles princières à une réunion ?
  Faut-il le rappeler, eu égard aux risques de troubles sociaux en raison des querelles byzantines entre les différents candidats, le trône de la royauté du Gulmu est resté vacant de 1962 à 1972, du fait de la suspension par les autorités administratives de l’époque. Celles-ci étaient prévoyantes. Ceci aurait pu inspirer les actuelles qui auraient évité au royaume cette souillure en permettant l’insertion d’un inéligible.

En guise de conclusion, cher grand frère, étant donné que vous prétendez connaitre bien l’histoire que vous dites restituer, nous trouvons bien curieux et dommage que ce ne soit que maintenant seulement, alors que vous avez été témoin de la destitution de SIMANDARI en 1952, que vous vous permettez de prôner la démocratie et l’alternance dans un système monarchique !!! C’est tout simplement hallucinant et potentiellement dangereux.

En ces périodes de troubles de la chefferie de notre grand royaume, vous contribuez ainsi à augmenter les tensions par vos graves accusations à l’endroit de personnes qui ne sont plus de ce monde. Vous profitez de votre notoriété pour déformer l’histoire au gré des machinations dont vous semblez avoir le secret.

Pour faire passer votre message, vous avez feint de vous intéresser au sort du Gulmu en parlant de l’insécurité qui y règne et du retard de développement de la région, ce dont tous les ressortissants du Gulmu sont conscients. Permettez-nous de vous rappeler que vous faites partie des valeureux cadres de la région dont nous sommes fiers, et qu’à ce titre, vous avez eu l’occasion de jouer votre partition en transmettant à la jeune génération vos idées et concepts de développement. La noblesse de votre métier et la transmission du savoir devraient être une vraie récompense et constituer votre satisfecit. Mais hélas ! Nous constatons que derrière ce satisfecit, se cache une grande amertume dévorante, celle engendrée par votre éloignement du pouvoir coutumier.

Nous vous reconnaissons votre droit de revendication mais sachez que les us et coutumes ainsi que la tradition que vous-même avez eu l’honnêteté de reconnaître ne pas maitriser, ne peuvent être déformés, ni être transgressés pour assouvir des fantasmes et prendre ainsi votre revanche sur le passé.

A la frustration causée par la falsification de l’histoire face au hold-up, s’ajoute donc la colère justifiée des princes légitimes parce que tout cela se passe dans un déni, une arrogance et une insolence indigne d’un prince.

Nous ne pouvons donc adhérer au culte de la suprématie intellectuelle qui ne donne aucun droit de manquer de respect non seulement aux morts mais également à des doyens dont l’un fut le 31ème roi auquel tous les sujets doivent respect et considération.

Nous lançons un appel aux populations du Gulmu, de l’intérieur comme de l’extérieur, afin de nous serrer les coudes et avancer avec notre roi légitime, HAMPANLI, qui a un programme très ambitieux de développement de la région adossé aux coutumes, qu’il ne pourra réaliser que grâce à chacun de nous. Les enjeux sont énormes pour notre région et il est grand temps d’empêcher les fauteurs de troubles de s’associer à l’insécurité qui gangrène déjà notre région pour semer le chaos total ! Disons NON ! Préservons notre peuple, notre culture, notre territoire et ses richesses pour que vivent en paix les descendants de DIABA LOMPO dont nous sommes tous aujourd’hui les héritiers.

Enfin sachez que même si la mondialisation qui tend vers une standardisation fade des valeurs, les traditions et les coutumes de nos jours, reposent encore sur des socles suffisamment fermes qui finissent par dévoiler les imposteurs et autres usurpateurs.

Godefroy THIOMBIANO
Chevalier de l’Ordre National

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