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Mesures sociales liées au Covid-19 : Le transport aérien burkinabè oublié, selon le Collectif des syndicats de l’aéronautique civile

Publié le dimanche 7 juin 2020 à 14h30min

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Mesures sociales liées au Covid-19 : Le transport aérien burkinabè oublié, selon le Collectif des syndicats de l’aéronautique civile

Le Burkina Faso fait face au Covid-19, tout comme les autres pays du monde. Pour faire face aux effets pervers de la maladie, le chef de l’Etat, Roch Kaboré, a pris une série de mesures fiscales et sociales. Seulement, le Collectif des syndicats de l’aéronautique civile (CSA) trouve que le transport aérien a été oublié dans ces mesures. C’est en substance le contenu de cette lettre adressée au ministre des Transports. Lisez !

Monsieur le Ministre,
Jamais dans l’histoire contemporaine, une pandémie comme celle du Coronavirus n’a ébranlé les fondamentaux de l’économie mondiale et plus particulièrement l’économie du secteur du transport aérien qui demeure le secteur le plus durement éprouvé.

En un mois d’occurrence seulement, l’Association du transport aérien international (IATA) a estimé une perte exponentielle de revenus de soixante-seize milliards (76 000 000 000) de dollars américains, soit quarante-quatre mille quatre-vingts milliards (44 080 000 000 000) FCFA pour les compagnies aériennes avec une baisse du trafic aérien mettant en péril environ 5,6 millions d’emplois et 378 milliards de dollars de produit intérieur brut (PIB).

Face à cette situation difficile, le Collectif des syndicats fait les constats suivants :

A. Besoins de soutien du secteur du transport aérien par les gouvernements.

A la suite d’une analyse socio-économique qui a abouti à des conclusions diverses sur l’impact négatif de la Covid-19 sur le devenir des activités du transport aérien, les organisations internationales expertes du transport aérien ont fait des recommandations fortes :

− L’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI) et l’Association du transport aérien international (IATA) ont interpellé les gouvernements sur l’urgente nécessité de consentir des appuis financiers « robustes » et conséquents pour un nouvel envol du transport aérien, surtout pour l’Afrique où ce secteur est très stratégique ;

− L’Association des compagnies aériennes africaines (AFRAA) « a exhorté les gouvernements africains à envisager la compensation des pertes inévitables, l’allègement des coûts d’exploitation exogènes et la subvention des compagnies aériennes africaines afin d’assurer la viabilité de cette industrie » ;
− La CAPA (Centre for aviation) a averti qu’en l’absence d’une action coordonnée des gouvernements, « d’ici la fin mai, la plupart des compagnies aériennes dans le monde seront en faillite ».

B. Nécessité d’appliquer effectivement les mesures économiques au Burkina Faso

Au Burkina Faso, Son Excellence Roch Marc Christian Kaboré, lors de son adresse à la nation le 2 avril 2020 a pris une série de mesures sociales et fiscales pour soulager les populations des effets néfastes de la pandémie du Coronavirus.

Une loi de finances rectificative devrait être adoptée pour revoir les priorités, avec pour objectifs de soutenir l’offre de soins de santé, d’assurer la relance économique du pays et de garantir la soutenabilité budgétaire. Cette loi de finances rectificative devrait prendre en compte quatorze mesures d’urgence dans plusieurs secteurs vitaux de la vie nationale tels que l’eau, l’électricité, les hydrocarbures, l’alimentation, le transport, le tourisme la culture, etc.

Nous saluons et apprécions à leurs justes valeurs ces dispositions, malgré certaines difficultés que traverse le pays actuellement.

C. Transport aérien du Burkina Faso abandonné

Contrairement au Burkina Faso, où le transport aérien très durement touché est relégué au second plan, nonobstant les appels insistants des organisations internationales (OACI, IATA, AFRAA, CAPA), dans certains pays africains, ce n’est pas le cas. Ainsi,

− le Ghana a décidé de reporter de six mois les échéances de remboursement des emprunts bancaires octroyés aux compagnies du secteur de l’aviation civile ; pour soutenir le secteur de l’aviation civile ;
− le Sénégal a débloqué 77 milliards de FCFA ($128 millions) et suspendu la TVA dont 45 milliards pour Air Sénégal ;

− l’Egypte a annoncé le report de six mois le paiement des factures des services publics en faveur des compagnies aériennes du secteur privé ;
− Des mesures similaires ont été prises par d’autres pays comme le Rwanda, le Cap Vert et l’Angola.

Si l’ambition du Burkina Faso est toujours de faire de l’aéroport international de Ouagadougou un hub dans la sous-région, eu égard au montant de plus de 300 milliards de FCFA prévus pour la réalisation de l’aéroport de de Donsin, c’est dès maintenant et sans tarder que le gouvernement doit apporter son soutien au secteur de l’aviation civile qui court le risque de sombrer dans un chaos total avec l’immobilisme dû à la Covid-19.

En effet, la plupart des structures régaliennes ou indispensables du secteur de l’aéronautique du Burkina Faso (ANAC, ANAM, ASECNA, DAAN, RACGAE, Air Burkina et les autres sociétés telles que SERVAIR, OILYBIA, AVISEC, SECURICOM, les Agences de voyage et de tourisme, etc.) ainsi que les travailleurs, surtout ceux du secteur de l’économie informelle (porteurs de bagage, taximen, petits commerçant, etc.) vivent une situation financière chaotique dont l’une des conséquences est le drame social sans précédent (chômage technique, chômage de fait, etc.)

Les cessations d’emploi s’observent parfois sans respect des procédures prévues par la réglementation. Dans une telle situation, il convient que le gouvernement prenne des mesures urgentes pour : contraindre certaines structures à respecter les procédures règlementaires de droit du travail ; apporter aux entités de l’aviation civile des appuis financiers conséquents pour une relance économique.

Si toutes les branches du secteur de l’aéronautique croulent sous les conséquences de la pandémie de la Covid-19, le cas particulier d’Air Burkina inquiète à plus d’un titre. Rappelons que plusieurs experts hors pair ont maintes fois démontré, qu’il n’y a pas de développement du transport aérien dans un pays sans l’existence d’une compagnie nationale forte.

Et quand on se rappelle que Air Burkina a fait pendant plus de 53 ans la fierté du Burkina Faso, alors le devoir de patriotisme et la fibre nationaliste doivent conduire le gouvernement à prendre des mesures financières et organisationnelles fortes pour relever cette compagnie qui est inéluctablement en train de sombrer. Si ces mesures de sauvetage de Air Burkina ne sont pas décidées à temps, c’est-à-dire maintenant, alors le gouvernement actuel aura à répondre devant l’histoire et devant le peuple de ses actes pour n’avoir pas su préserver l’un des patrimoines phares qui a traversé tous les régimes politiques au Burkina Faso.

D. Réouverture des frontières aériennes : une nécessité

Après deux mois de crise de la pandémie de la Covid-19, nous sommes bien loin, et heureusement, de la prédiction apocalyptique faite par l’OMS pour ce qui concerne l’Afrique ; la résilience des Africains et la clairvoyance des gouvernants qui ont su prendre des décisions courageuses telles que les mesures de confinements, les couvre-feux, la fermeture des marchés, des lieux de culte etc., ont permis de déjouer tous les pronostics macabres. Aujourd’hui, l’Afrique reste le continent le moins affecté par la pandémie avec un peu plus de 160 000 cas confirmés et moins de 5 000 décès.

Sur les autres continents, après avoir traversé les moments de pic avec des dizaines de milliers de cas et de décès, l’heure est au déconfinement et à l’assouplissement des mesures drastiques. On note l’ouverture progressive des aéroports pour les vols domestiques et l’ouverture des frontières aériennes dans les espaces communautaires (cas de certains pays d’’Europe).

Le Burkina Faso et certains pays africains sont aussi dans cette nouvelle dynamique avec la réouverture des écoles et universités, des maquis et Bars, des marchés et yaars, des lieux de culte, la levée du couvre-feu, etc.

Il est clair que les conséquences et les effets de la pandémie sur le secteur de l’aviation civile perdureront encore pendant des années. Il demeure ainsi également clair qu’il faut apprendre à vivre avec cette nouvelle donne en intégrant dans le quotidien la sensibilisation, le respect strict des mesures barrières et la désinfection régulière dans tous nos espaces de travail.

C’est pour ces raisons que le Collectif des syndicats de l’aéronautique civile :
− félicite les ministres en charge du Transport au sein de l’espace UEMOA pour la tenue le 28 mai 2020 de leur réunion sur l’évaluation de l’impact de la Covid-19 et les besoins subséquents dans le secteur des transports ;
− les encourage à mettre en application les recommandations formulées à cette réunion ;

− recommande fortement la réouverture des frontières aériennes dans les espaces communautaires intégrés tels que l’UEMOA, la CEDEAO, la CEMAC, la CEEAC et autres ; en concertation avec les organismes techniques nationaux et internationaux de l’aviation civile.

Monsieur le ministre, le Collectif des syndicats de l’aéronautique civile s’est toujours caractérisé par sa maturité et son sens élevé de la responsabilité face à toutes les situations, c’est pour cela qu’il exhorte encore une fois de plus le gouvernement à la vigilance afin d’anticiper les éventuelles décisions pour la résolution de certains problèmes majeurs qui pourront naître de cette crise dans un futur proche.
Tout en vous souhaitant une bonne réception de la présente, veuillez recevoir, Monsieur le ministre, l’expression de nos salutations distinguées.

AMPLIATIONS :

-  Excellence Monsieur le Président du Faso
-  Excellence Monsieur le Premier Ministre
-  M. le Président de la commission de la CEDEAO
-  M. le Président de la commission de l’UEMOA

-  Confédération Générale des Travailleurs Burkinabè (CGTB)
-  Confédération Nationale des Travailleurs Burkinabè (CNTB)
-  Organisation Nationales des Syndicats Libres du Burkina (ONSL)
-  Confédération Syndicale Burkinabè (CSB)
-  Fédération International des Ouvriers du Transport (ITF)

Ont signé :

C-CGTB

Salam NYAMPA

SUMAC
Ahmed LAMIZANA

SYNAPAB
Gilles Alain YAGO

SNTA

Aïssata BANDE

C-ONSL

Salifou ZANGA

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Vos commentaires

  • Le 7 juin 2020 à 20:08, par Sacksida En réponse à : Mesures sociales liées au Covid-19 : Le transport aérien burkinabè oublié, selon le Collectif des syndicats de l’aéronautique civile

    D’abord, il faut que ce Collectif Syndical dise a l’opinion publique ou est ce qu’ils en sont avec le bradage ou le projet de bradage de notre Aeroport de Donsin au Groupe Francais de Marseille ? Ce dossier d’un interet national avait defraiye la chronique et l’opinion publique avait soutenu les travailleurs et qui ont eu des concertations avec le Premier Ministre pour negocier des clauses tout a fait favorables aux travailleurs et au Burkina Faso. Depuis lors l’on constate un silence total sur cette question tout aussi national ? Mr Lamizana devrait situer l’opinion sur cette affaire de privatisation dans laquelle le projet de contrat de privatisation contenait des dispositions leonines. Ou en etes vous ?

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