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Rapport d’étude sur « Les femmes dans la crise au Burkina Faso, survivantes et héroïnes » : Seulement 3% du financement humanitaire sont alloués à l’eau et à l’assainissement

Publié le jeudi 4 juin 2020 à 23h05min

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Rapport d’étude sur « Les femmes dans la crise au Burkina Faso, survivantes et héroïnes » : Seulement 3% du financement humanitaire sont alloués à l’eau et à l’assainissement

Le vendredi 4 juin 2020, à Ouagadougou, le ministre de la femme, Laurence Ilboudo/Marshall, a parrainé la cérémonie de lancement du rapport d’étude d’Oxfam intitulé : « Les femmes dans la crise au Burkina Faso, survivantes et héroïnes ». La rencontre a réuni une trentaine de participants constitués, entres autres, des partenaires d’Oxfam, des représentants du gouvernement, du système des Nations unies au Burkina, des professionnels de médias ainsi que des membres de l’AJB et l’Association des bloggeurs du Burkina.

Au Burkina Faso, la dégradation de la situation humanitaire touche particulièrement les femmes et les enfants qui représentent 84% des déplacés internes. Fort de ce constat, Oxfam a mené une étude sur « les femmes dans la crise au Burkina Faso, survivantes et héroïnes », avec l’appui de l’Agence danoise pour la coopération internationale (Danida). Intervenue entre le 9 et le 19 mars 2020, cette étude a fait appel à une méthodologie mixte.

Les participants

L’approche a constitué en une revue et analyse documentaire, 16 entretiens semi-directs avec des représentants des associations féministes, organisations humanitaires, institutions et des acteurs de la société civile, chercheurs, leaders religieux et traditionnels. Egalement, 24 groupes de discussion ont rassemblé 227 femmes déplacées internes issues de six localités situés dans les régions du Sahel (Djibo, Dori), Centre-Nord (Barsalogho, Kaya, Pissila) et du Nord (Ouahigouya).

Les femmes ont un rôle essentiel à jouer dans la construction d’un monde juste et sans pauvreté

Par cette étude, « Oxfam a voulu mettre en exergue l’impact de la crise sécuritaire et humanitaire doublée désormais d’une crise sanitaire, sur les femmes dans l’espoir de susciter une réponse humanitaire de qualité en adéquation avec les besoins de cette frange de la population. Oxfam a voulu également mettre en relief la place prépondérante que les femmes doivent occuper dans le processus de consolidation et de construction de la paix », selon Konaté Sosthène.

Afin de communiquer les résultats de l’étude et recueillir les impressions et réflexions sur le rapport, Oxfam a initié un atelier de restitution le mercredi 4 juin 2020, à Ouagadougou. En effet, d’après les résultats de la recherche, les besoins fondamentaux des femmes ne sont pas couverts. Il s’agit notamment de la sécurité, la nourriture, les abris, la santé, la prise en charge psychologique mais aussi et surtout l’accès à l’eau potable. Sur ce sujet, des femmes doivent parcourir de longues distances pour rejoindre un point d’eau.

Une société paciifique passe par la participation des femmes, la justice de genre

Les résultats de l’étude…

Elles sont ensuite confrontées à un temps d’attente qui se compte en heures puis reçoivent une quantité d’eau insuffisante pour satisfaire l’ensemble des besoins. Aux besoins hydriques non satisfaits s’ajoutent également un nombre insuffisant de récipients, de bidons notamment chez les personnes déplacées ; l’absence ou l’inadéquation des latrines notamment à Dori et Kaya ; l’absence ou l’inadéquation des kits hygiéniques ou encore l’impossibilité de se doucher et de laver ses vêtements.

Tous engagés pour la cause de la femme

« Au titre des besoins non couverts, il y a aussi le volet éducation. Parce que le fait de changer de localités, les enfants n’ont plus de repère. Les écoles sont fermées. Outre cela, il y a le besoin de financement des AGR. Les femmes ont besoin d’une autonomie financière pour pouvoir contribuer à la paix », a renchéri Naomi Ouédraogo/Bicaba du réseau de femmes de foi pour la paix au Burkina.

Au regard de ce qui précède, des recommandations ont été formulées à l’attention du gouvernement et des acteurs humanitaires pour une meilleure prise en compte de ses femmes. « Ces recommandations consistent vraiment à répondre aux besoins clés des femmes que nous avons cités. Egalement, nous avons recommandé l’implication des femmes dans le processus de paix et dans les résolutions de conflits parce que si les femmes sont impliquées, je pense que nous pouvons avoir des solutions durables », a indiqué Mme Ouédraogo.

La ministre de la femme remercie Oxfam pour ce travail remarquable

Le ministre Laurence Ilboudo Marshall a, de son côté, remercié Oxfam Burkina pour le choix porté sur sa personne pour parrainer la présente cérémonie. Pour elle, la situation des déplacés internes est un sujet capital pour son département qui, faut-il le rappeler, a en charge des questions liées à la femme et celles humanitaires. « Il était bon pour nous de venir écouter ce qui est fait dans plusieurs provinces et surtout écouter les recommandations pour mieux orienter la réponse humanitaire plus spécifiquement sur les cibles, les femmes et les enfants (…) », explique-t-elle.

Puis de rassurer que le gouvernement à travers son département mettra tout en œuvre pour que la situation de ces femmes soit au mieux.
Au cours de la cérémonie, une femme, ressortissante de Dablo, a fait un témoignage émouvant. Mariée et mère d’une fillette, elle a fui à pied les exactions des groupes armées non étatiques avec sa famille pour se réfugier à Kaya.

Une rescapée des attaques terroristes

Si aujourd’hui, elle est saine et sauve, elle décrit cependant des conditions de vie difficiles sur une terre étrangère. « Avoir de l’eau potable sur notre site, c’est la croix et la bannière. Avant, je participais aux dépenses de la famille à travers des petites activités que je menais. Mais avec l’apparition de la maladie à coronavirus, la vie est devenue encore plus difficile pour nous ».

Aïssata Laure G. Sidibé
Lefaso.net

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