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Respect du couvre-feu à Ouagadougou : 4 heures de terrain avec les pandores de Paspanga

Publié le dimanche 31 mai 2020 à 20h01min

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Respect du couvre-feu à Ouagadougou : 4 heures de terrain avec les pandores de Paspanga

Dans le cadre de la lutte contre le Covid-19 au Burkina Faso, des mesures ont été prises par les autorités pour rompre la chaîne de transmission de la maladie. Parmi ces mesures, il y a l’instauration du couvre-feu, qui est actuellement en vigueur de 21h à 4h du matin. Pour constater le respect du couvre-feu à Ouagadougou, Lefaso.net et d’autres organes de presse ont effectué, dans la nuit du 30 au 31 mai 2020, une sortie de terrain avec les hommes du capitaine Mamadou Millogo de la gendarmerie, de 21h45 à 1h du matin. L’objectif de cette excursion était de toucher du doigt le travail exécuté par les différentes équipes pour le respect de la mesure sur le terrain.

Peu avant 21h, nous sommes devant le camp de gendarmerie de Paspanga, pour prendre part à cette virée nocturne de contrôle du respect du couvre-feu. A la guérite, nous sommes priés d’éteindre la moto, de présenter un document d’identité et de baisser le cache-nez pour les vérifications. Après cette étape, nous voilà à l’état-major de la gendarmerie. De ces lieux, nous sommes conduits au camp Paspanga dans une salle de la section mobile de la gendarmerie.

Nous assistons à l’arrivée du capitaine Mamadou Millogo, chef de la mission. Sans perdre de temps, il nous fait le briefing de la sortie, en indiquant l’itinéraire. Il informe qu’il y a deux secteurs : un secteur réservé à la police nationale et un secteur pour la gendarmerie nationale. En ce qui concerne la gendarmerie, il y a quatre sous-secteurs : Baskuy, Boulmiougou, Sig-Noghin et Nongr-Massom. Les sous-secteurs sont appuyés par les brigades de ville qui se trouvent directement sur place. Et quand les équipes sortent, elles vont directement au niveau de ces brigades pour prendre les consignes et continuer sur le terrain. Dans chaque sous-secteur, on a des patrouilles de deux à trois équipes composées de 15 personnes.

Le chef de la mission, le capitaine Mamadou Milliogo briefant les journalistes

Il est 21h45. Les journalistes s’engouffrent dans un minibus de la gendarmerie. Nous prenons la direction de l’échangeur de l’Est. A l’arrivée, nous remarquons plusieurs usagers en discussion avec les pandores. Si certains tentent de convaincre les gendarmes que leur présence dehors à l’heure du couvre-feu est liée à la pluie et au vent, d’autres en revanche expliquent qu’ils sont allés chercher des produits pharmaceutiques pour des malades. « Mon petit-frère est à l’hôpital. Et donc, quand je suis allé pour donner la nourriture, j’ai trouvé que l’un des accompagnants de notre malade était sorti. Et je l’attendais. Quand il est arrivé, il était déjà tard mais j’ai démarré pour rentrer. Malgré mes explications, ils ont pris la carte grise de ma moto. Donc je suis en train de négocier », a relaté Souleymane Kaboré.

L’usager, Souleymane Kaboré en attente après négociation

En dehors de ces usagers qui semblent avoir une bonne raison d’être dehors, d’autres donnaient l’impression d’être juste sortis pour profiter du beau temps après la pluie.

Les cartes grises des contrevenants sont confisquées par les gendarmes. Et ils sont priés de repasser le lendemain pour les récupérer, contre le payement de la contravention.

De ce premier check-point, les équipes mobiles de la gendarmerie se mettent en place. L’adjudant Salifou Onadja de la brigade ville de Nongr-Massom, superviseur de la patrouille de la soirée, rappelle certaines consignes à ses éléments qui doivent aller dans les zones de contrôle. « Nous allons sortir pour superviser le couvre-feu, si un élément arrête un usager, demandez-lui d’abord d’éteindre sa moto. Il faut le saluer et lui demander s’il a un laissez-passer. Au cas où il possède le document, on le laisse partir. Mais s’il ne possède pas de laissez-passer, on demande les documents. Puis, il faut l’informer de passer demain matin à la brigade pour être verbalisé avant de prendre ses documents. Pas de course-poursuite, ni de sévices corporels », a expliqué l’adjudant Salifou Onadja.

Des usagers en négociation

Après ce rappel, l’équipe de l’adjudant Salifou Onadja met le cap sur le rond-point du centre médical Schiphra. A ce rond-point, les quelques passants contrôlés présentent des ordonnances ou expliquent qu’ils sont sortis du centre médical pour chercher des produits pharmaceutiques. D’autres, en revanche, possèdent le laissez-passer.
De ce check-point, l’équipe se met encore en route pour Boulmiougou, vers l’échangeur. Et c’est le même constat. Il y a ceux qui possèdent des documents et ceux qui utilisent des subterfuges. De Boulmiougou, on se dirige vers le point de contrôle de Pissy.

Un pandore en contrôle

« Nous faisons ce que nous pouvons pour faire observer la mesure gouvernementale. Dans l’exercice de cette mission, des difficultés existent. Surtout la sollicitation du personnel qui est de service le matin à qui on demande encore des services, la nuit venue. Concernant les usagers de la route, certains refusent d’obtempérer et cela peut entraîner souvent des réactions tendues. C’est pour cela que, à chaque départ, le chef insiste sur les consignes », a souligné le chef de la mission, le capitaine Mamadou Millogo.

Le chef de la mission, le capitaine Mamadou Milliogo après la tournée

Après quatre heures de tournée avec les pandores, nous constatons que, dans l’ensemble, le respect du couvre-feu est une réalité dans la capitale, même si, par endroits, on observe souvent des brebis galeuses. C’est aux environs de 1h du matin que les journalistes ont pris congé des équipes mobiles de la gendarmerie.

En rappel, les équipes de la gendarmerie sont déployées sur le terrain de 21h jusqu’à 4h du matin. Dans la première partie de la soirée, de 21h à 23h, les équipes travaillent avec des check-points ; et le reste de la soirée, l’activité se mène par le renseignement.

O.I.
Lefaso.net

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  • L'équipe l'adjudant Salifou Onadja de la brigade ville de (...)
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Vos commentaires

  • Le 31 mai 2020 à 20:04, par lefaso va mieux En réponse à : Respect du couvre-feu à Ouagadougou : 4 heures de terrain avec les pandores de Paspanga

    C’est très bien mais il y a des quartiers à Ouaga qui ne respectent pas. Faites un tour à Saaba vous verrez. Courage à vous car ce n’est pas facile quand on a à faire avec une population incivique que nous avons de nos jours.

    • Le 1er juin 2020 à 07:54, par kwiliga En réponse à : Respect du couvre-feu à Ouagadougou : 4 heures de terrain avec les pandores de Paspanga

      Si les pouvoirs publics avaient pris la peine d’expliquer en quoi le couvre feu, participait effectivement à la lutte contre le covid19, la population se montrerait sans doute plus réceptive.
      Malheureusement, on a l’impression que les deux choses ne sont pas forcément connectées et que dès lors, le couvre feu et ses chicoteuses conséquences, n’ont servi qu’à renforcer l’autorité d’un pouvoir en désarroi sur de nombreux autres fronts.
      Au final, mouton ou "brebis galeuse", on se retrouve malgré nous classifiés dans les ovins.

    • Le 1er juin 2020 à 08:14, par Jack En réponse à : Respect du couvre-feu à Ouagadougou : 4 heures de terrain avec les pandores de Paspanga

      Si ce couvre-feu avait toujours un sens, les gens l’auraient respecté.

  • Le 31 mai 2020 à 21:47, par blais En réponse à : Respect du couvre-feu à Ouagadougou : 4 heures de terrain avec les pandores de Paspanga

    choquant.pourqoi extenuer nos FDS pour des futilites. je suis maintenant convaincu que le gouvernement profite de la maladie ... Decidement ils veulent maintenir le couvre feu jusquen 2021..!

  • Le 31 mai 2020 à 22:25, par Quartier Nossin En réponse à : Respect du couvre-feu à Ouagadougou : 4 heures de terrain avec les pandores de Paspanga

    Merci à la Gendarmerie et aux journalistes.
    Le quartier Nossin (côté Sud du Barrage N°1, et la zone située à l’ouest du Maquis le MÉTRO en allant vers le barrage), ne connaît pas de COUVRE-FEU. Des fois, on dirait que le quartier s’anime réellement après 21h, et cela dérange les honnêtes citoyens.
    Pour plus de précisions, le Maquis LE MÉTRO se trouve juste avant l’ Echangeur du Nord, en venant DU STADE DU 4 AOÛT.

    Merci à la Gendarmerie de nous soulager en y faisant un tour un de ces jours.

  • Le 1er juin 2020 à 10:53, par Mogo En réponse à : Respect du couvre-feu à Ouagadougou : 4 heures de terrain avec les pandores de Paspanga

    A défaut d’avoir des équipes partout chaque nuit, ce qui est impossible, lever simplement ce couvre-feu sinon, on dira après que la population est incivique. Il y’a beaucoup de gens qui gagnent leur vie la nuit, et honnêtement, mais ils sont réduits au chômage. D’autres personnes parmi elles sont décédées faute de quoi vivre ou nourrir leurs familles. Par ailleurs, les bandits ont profité de ce vide la nuit pour accomplir allègrement leurs forfaits. Je connais beaucoup de gens qui ont vu leur commerce pillé la nuit, à la faveur de ce couvre-feu. Si la population est asphyxiée, elle va réagir et c’est pas bon pour le pouvoir. Quelle est la pertinence actuelle de ce couvre-feu si toutes les activités se mènent correctement dans la journée (maquis, bars, restaurants, marchés, lieux de culte, etc.).

  • Le 1er juin 2020 à 12:22, par Le Faucon En réponse à : Respect du couvre-feu à Ouagadougou : 4 heures de terrain avec les pandores de Paspanga

    bonjour, pour nous permettre d’avoir une idée, vous pourriez nous dire combien ont été arrêtés, combien avaient des laisser-passer, combien avaient des ordonnances et combien utilisaient des subterfuges ! Aucun chiffre et vous concluez que le couvre feu est une réalité !
    Merci.

  • Le 1er juin 2020 à 16:16, par KABORE En réponse à : Respect du couvre-feu à Ouagadougou : 4 heures de terrain avec les pandores de Paspanga

    L’Etat du Burkina Faso se trompe d’adversaire et capitule devant le vrai combat ! Au lieu de jeter la poudre aux yeux des habitants de Ouaga et de Bobo avec un couvre-feu qui n’est plus pertinent après deux mois de Covid19, il ferait mieux de garantir la paix aux frontières du pays. le triste constat de la situation sécuritaire à l’Est et au Nord du pays aurait dû faire réfléchir notre gouvernement pour qu’il ne distrait pas le peuple avec un couvre-feu qui n’a plus sa raison d’être pour raison de Covid19. S’il lui reste encore un peu de discernement, il se devait de mobiliser tous ces moyens pour combattre franchement le terrorisme et garantir l’intégrité de son territoire en assurant la tranquillité aux populations de ces zones sensibles. La plupart des pays qui entourent le Burkina ont levé leur couvre-feu mais chez nous, le Covid est devenu un subterfuge pour capituler devant le vrai problème de ce pays. Que d’espoirs déçus !

    Le bien suprême d’un pays, c’est la paix ! Quand on ne peu pas l’assurer aux personnes et aux bien dans un Etat, tout le reste est faussé...

    Les Burkinabè devraient comprendre qu’avec ce couvre-feu qui se maintient indéfiniment pour la seule raison de Covid19, c’est du trompe-l’oeil.

    En disant cela, nous ne cherchons pas à tirer un quelconque profit d’un couvre-feu levé puisque nous ne vivons pas sur le sol du Burkina mais nous estimons qu’il y a gravement de la manipulation de masse avec cette mesure toujours en vigueur à certains lieux du pays. Si l’on nous disait que ce couvre-feu participait de la lutte contre le terrorisme, nous l’aurions compris mais, hélas !

  • Le 1er juin 2020 à 16:42, par jeunedame seret En réponse à : Respect du couvre-feu à Ouagadougou : 4 heures de terrain avec les pandores de Paspanga

    On couvre le feu la nuit pour se faire applaudir et financer devant corona ; et que fait la police devant les terroristes en plein jour de marché de bétail ? Elle ronfle et conspire à tout.

  • Le 1er juin 2020 à 17:13, par ya ana En réponse à : Respect du couvre-feu à Ouagadougou : 4 heures de terrain avec les pandores de Paspanga

    Un couvre-feu sans aucune pertinence, s’agissant de lutter contre la maladie.
    Dès lors que les marchés sont ouverts (hauts lieux du désordre), ce n’est pas les quelques 1% de la population noctambule qui peuvent réellement être vecteurs de la contagion.
    Cette mesure ne fait que pénaliser et affamer nos frères qui tirent leur pitance des activités de nuit.
    De grace, lever ce couvre feu svp

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