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Entreprenariat des jeunes : Quand le gâteau nourrit son homme !

Publié le mercredi 27 mai 2020 à 22h00min

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Entreprenariat des jeunes : Quand le gâteau nourrit son homme !

Il est arrivé de sa Gambie natale en 2016 avec l’objectif de poursuivre sa route pour la Tunisie ou le Maroc, afin de rejoindre l’Europe. Quatre ans plus tard, Mohamed Camara est toujours au Burkina et surtout, il s’est lancé dans la friture et la vente de gâteaux appelés pastels. Un travail dans lequel il s’épanouie depuis maintenant deux ans et qui lui permet de subvenir à ses besoins et même de construire une maison dans son pays.

Du haut de ses 32 ans, Mohamed Camara a l’aventure dans le sang. Après ses études, il quitte son pays pour la Libye. Il y trouve du travail, mais avec la guerre, il est mis en prison pour trois mois. A sa sortie, il tente la traversée pour l’Europe, sans succès. Il se retrouve en Tunisie où il travaillera pendant huit mois. N’arrivant pas à tirer son épingle du jeu, il retourne en Gambie. Mais, c’est sans compter son envie de toujours bouger, d’être toujours parti. Alors, ses amis lui suggèrent de tenter à nouveau l’aventure. Et c’est comme ça que Mohamed se retrouve au Pays des hommes intègres avec l’objectif de se rendre en Libye.

Au Burkina Faso, le Gambien ne connait personne. Il est réduit à dormir dans une mosquée pendant deux semaines, attendant vainement que ses amis lui envoient de l’argent pour poursuivre son voyage. Alors, il décide de chercher des compatriotes qui pourront l’héberger. Il tombe sur des Sénégalais qui l’accueillent pendant trois mois. « Mais je suis un homme et je ne peux pas rester à la charge de quelqu’un, aussi il fallait que je lutte pour me prendre en charge », nous confie-t-il. Il trouve un boulot dans son domaine de formation : le bâtiment. Il travaille sur les chantiers. Mais, Mohamed voit grand, il veut travailler à son compte.

En 2018, il a alors le déclic de se lancer dans la friture et la vente de pastels. C’était le métier de sa mère. Mohamed l’a appris auprès d’elle pendant ses temps libres.
Avec le peu d’argent qu’il a mis de côté, il achète trois kilos de farine et le matériel nécessaire au démarrage de son business. Un homme frire des gâteaux à Ouagadougou ! Ce n’est pas commun.

Les débuts sont difficiles, mais Mohamed ne baisse pas les bras et la mayonnaise finit par prendre. « Au début, il y a des gens qui venaient juste pour me regarder, pas pour payer. C’était étrange pour eux de me voir. Il y a des clients qui venaient de loin pour acheter mes gâteaux et m’encourager. C’est ce qui me donnait de la motivation pour continuer », relate-il.

Ses gâteaux sont appréciés et peu à peu, sa clientèle augmente. En plus du bon goût de ses gâteaux, ce qui plait le plus, c’est l’hygiène, nous confie l’une de ses clientes.

Aujourd’hui, Mohamed est passé de trois kilos de farine à plus de 15 kilos et peut vendre plus de 15 000 F CFA par jour. Il livre certains de ses clients à leurs bureaux. Avec ce qu’il gagne, il paie les études de son frère resté en Gambie et est même en train de se construire une maison dans son pays.

Mais Mohamed voit encore plus loin. Il souhaite se lancer dans le commerce international. Pour cela, il prévoit d’achever sa maison, fonder une famille et s’installer définitivement en Gambie, où il pourra s’adonner au commerce.

Aux jeunes comme lui, qui hésitent à entreprendre, Mohamed conseille de ne pas avoir honte de se lancer dans une activité qui peut leur permettre de se prendre en charge et ne dépendre de personne, car dit-il, « il n’y a pas de sot métier. »

Justine Bonkoungou
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 27 mai 2020 à 16:10, par DF En réponse à : Entreprenariat des jeunes : Quand les gâteaux nourrissent leur homme !

    Je frisonne à la lecture de cet article...Beaucoup de courage et cela m’encourage dans la logique de l’éducation que je suis entrain d’inculquer à mes enfants. Autant que c’est possible, il faut permettre aux enfants d’apprendre pendant leurs tendre enfance, c’est sur la base des gâteaux qu’il a apprit à faire auprès de sa mère qu’il s’en sort. Ne négligeons pas certaines choses. Ecole de blanc seulement ce n’est plus suffisamment..Encourageons les enfants à apprendre les petits métiers pendant les vacances, en plus de l’éducation classique, ils apprendront à faire qq chose avec leurs 10 doigts et cela leur sera utile dans la vie.

  • Le 27 mai 2020 à 19:07, par OUEDRAOGO En réponse à : Entreprenariat des jeunes : Quand les gâteaux nourrissent leur homme !

    Bon de courage mon frère.

    Sachez qu’au Maroc, en Algérie, en Tunisie, en Egypte ce sont des hommes qui préparent les gâteaux communément appelés "Bof roto" ou "bourmassa" en langue moré ou Farni en langue Dioula.
    Ils trempent après les gâteaux dans du sucre en poudre et c’est délicieux.

    Tu atteindra tes objectifs inchallah.
    Il est dans quel quartier ? je veux goûter à son cadeaux made in Burkina.

    Il n’ya pas de sot métier

  • Le 28 mai 2020 à 10:42, par TANGA En réponse à : Entreprenariat des jeunes : Quand les gâteaux nourrissent leur homme !

    Des gens venaient spécialement pour le voir travailler.
    Nous Burkinabè sommes comme comme ça ; on dénigre certaines choses puis on applaudie un qui ose chez nous.
    Il faut que les jeunes qui pensent aller en europe sachent que labas, ils peuvent âtres amenés à faire tout type de boulot. De toutes les façons, si tu ne le fais pas, tu retourne chez toi ou tu meurs de faim.
    Au lieu de dépenser des millions pour obtenir de faux papiers et aller êtres sans papiers en Europe, il faut trouver des choses simples à faire au Faso.

  • Le 28 mai 2020 à 15:33, par NONGMA En réponse à : Entreprenariat des jeunes : Quand le gâteau nourrit son homme !

    Félicitation et courage à toi ! aujourd’hui pendant les vacances ,les enfants ne font que s’amuser !
    Quand nous étions enfants,pendant les vacances ont menaient des activités(vente de gâteau et cirage de chaussure) ce qui nous permettaient de préparer la rentrée et aider nos parents ;
    Apprenons les petits métiers à nos enfants en plus de l’école

  • Le 30 mai 2020 à 12:56, par jeunedame seret En réponse à : Entreprenariat des jeunes : Quand le gâteau nourrit son homme !

    « Il livre certains de ses clients à leurs bureaux. » huummm…. c’est vraiment la gamme des vrais clients qui achètent sans marchander ou qui s’abonnent sans discuter. Mais à quelle heure cette livraison ? Avec quelle permission ? Nous sommes au Burkina Façon.

  • Le 4 juin 2020 à 06:05, par Mme Diagne Maguette Diakhaté En réponse à : Entreprenariat des jeunes : Quand le gâteau nourrit son homme !

    J’ai les larmes aux yeux connaissant Mohammed Camara que j’ai croisé en Gambie. A l’occasion de mes multiples voyages un matin j’ai croisé Mohammed qui vendait des « Pastels » Voyant son courage et ses ambitions....nous avons eu à travailler ensemble dans une société multinationale ! Jusqu’au jour où j’ai appris son aventure qui m’a fait trop mal car sa famille n’avait plus de ses nouvelles j’en ai tellement souffert... et comme magie Mohammed qui est comme un fils pour moi s’est débarqué à Dakar avant de rejoindre sa Gambie. Vu Courage et honnêteté...il ira très loin fonce fiston que Dieu te garde bonne continuation💪🏿 Un exemple à suivre et je peux en témoigner encore et encore ❤️💪🏿

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