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Journées économiques du Burkina en Malaisie : Des motifs de satisfaction

Publié le lundi 19 septembre 2005 à 07h13min

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Du 9 au 15 septembre dernier, le Premier ministre Paramanga Ernest Yonli, accompagné de cinq membres du gouvernement, a conduit en Malaisie une mission d’une cinquantaine d’hommes d’affaires de notre pays pour prendre part aux journées économiques du Burkina dans ce pays d’Asie de Sud-Est.

La Malaisie est un pays qui compte près de vingt cinq millions d’habitants. Au plan mondial c’est la 18e économie. Et localement c’est après Singapour et Bruneï, la troisième puissance économique. Normal donc que le pays abrite de grands immeubles, compte des échangeurs et des autoroutes et ressemble à un vaste chantier.

Kuala Lumpur, la capitale, est une ville "clean". C’est ce pays, ce paradis économique qui donc, sept jours durant, a accueilli des hommes et femmes d’affaires burkinabè. Après les cinq heures de vol Ouagadougou-Paris, et les douze heures Paris-Kuala-Lumpur, il faut s’adapter aux huit heures de décallage horaire entre le Burkina et la Malaisie. Toutes ces étapes franchies, il reste peut-être la langue. L’anglais pour les Malaisiens et le français pour les Burkinabè.

Mais comme l’avait souligné un membre de la délégation, en "affaires, ni la langue, ni la distance", ne sauraient être un frein à un partenariat. Il est donc aisé de comprendre pourquoi la cinquantaine d’hommes d’affaires a pu en une semaine nouer environ deux cents contacts. Déjà le lundi 12 septembre après l’ouverture solennelle présidée par le chef du gouvernement et le patron malaisien de MATRADE, les contacts directs sous forme de face-à-face et sans interprètes étaient la preuve que désormais nos hommes d’affaires veulent se donner les moyens, tous les moyens de nouer des contacts fructueux pour le plein épanouissement du Burkina.

De la Chambre de commerce à l’ONAC, en passant par la SONABEL, la SOFITEX, les travaux publics, les hydrocarbures, le froid, les Nouvelles technologies de l’information et de la communication tous étaient là et espéraient s’en sortir avec des perpectives heureuses.

Mieux, le bilan va au-delà des contacts noués entre hommes d’affaires des deux pays. Le Premier ministre qui tirait les premiers enseignements de cette sortie parle de la "mise en place d’une commission mixte qui va permettre de suivre au quotidien notre coopération, mais aussi de donner une impulsion des pouvoirs publics à la coopération économique et commerciale" (lire bilan du chef du gouvernement).

Pour l’heure donc, il ressort que la cinquantaine d’hommes d’affaires qui ont fait le déplacement de Kuala Lumpur ont pu opérer près de 200 contacts. En attendant de voir se concrétiser ces contacts, le président de la Maison de l’entreprise, M. Alain Coeffé résume au mieux ce que ce genre de sortie doit poser comme démarche pour sceller "définitivement" une forme de partenariat entre opérateurs d’un même domaine d’activité, même si l’effet distance est là. Selon lui, "ce sont des contacts à bonifier par la suite en faisant venir les opérateurs économiques malaisiens au Burkina".

On a même envie de dire "si ce n’est que ça". Car en effet, le ministre des Infrastructures, des Travaux publics et de l’Habitat M. Hyppolite Lingani a "obtenu" de ses homologues malaisiens en charge des travaux publics et de l’habitat de faire le déplacement de Ouagadougou. Ainsi donc les projets, aéroport international, chemin de fer Ouagadougou-Accra Via Kumasi, l’autoroute Bobo-dioulasso-Ouagadougou etc. intéressent au premier chef les Malaisiens. Les premiers bénéfices des quatrièmes journées économiques du Burkina ? Pourquoi pas. Ce qui confirme qu’il faut garder le cap et ouvrir d’autres horizons.

L’ambassadeur du Burkina Faso en Arabie Saoudite, M. Omar Diawara présent de bout en bout à Kuala Lumpur estime que ce genre de sortie "permet de toucher du doigt les relations du monde". Car a-t-il dit "c’est une autre façon de penser, de voir l’économie". De toutes les façons, les hommes d’affaires eux-mêmes manifestent toute leur joie d’avoir ce genre de rencontres directes se perpétuer.

A l’image de Mme Patricia Badolo, gestionnaire du Village artisanal de Ouagadougou qui, bien que n’ayant pas eu de "contact", avoue avoir beaucoup appris en visitant la structure malaisienne chargée de la Promotion des produits de l’artisanat. A l’image également de M. Paul Simporé, PDG des établissements Simporé S.Paul, heureux d’avoir eu des partenaires et qui n’attend plus que la concrétisation de tous ses contacts.

Mais à côté, il y a ceux qui, bien que saluant ce genre d’initiatives, estiment qu’on peut les améliorer. M. G. Adama Nikièma, PDG de la Société image et froid (SOIF) est de ceux-là. Il indique avoir noué des contacts mais au passage souligne qu’on pouvait mieux faire. Le moins "gâté" pourrait être M. Jacques Sebego, "patron" du Garage du Golf. Parti en prospection, il découvre que les véhicules automobiles en Malaisie ont leur volant à droite. Contrairement donc au Faso. "Ça ne nous arrange pas" avoue-t-il.

Tout est bien donc qui finit bien. Cap sur les cinquièmes Journées économiques, en prenant bien sûr en compte les avis "avisés" de ces hommes et femmes qui depuis ont compris qu’il faut arpenter les routes des destinations qui peuvent apporter un plus à l’essor de leurs activités.

Jean Philippe TOUGOUMA (jphilt@hotmail.com),envoyé spécial à Kuala-Lumpur


Visite de terrain

En Malaisie, les grandes sociétés ont accueilli la délégation burkinabè conduite par le chef du gouvernement burkinabè, M. Paramanga Ernest Yonli. De l’Office de commerce de Malaisie (MATRADE) le premier jour à PETRONAS, le géant Malaisien du pétrole le dernier jour, des institutions ont ouvert leur porte à la délégation avec en tête leurs principaux responsables. Si la répétition est le gage d’un meilleur apprentissage dans l’éducation, on peut dire que les exemples de visu dans les affaires peuvent servir de tremplin pour amorcer de véritables "révolutions".

C’est certainement cette quête de voir, toucher du doigt, discuter qui a poussé la délégation à opérer ces multiples sorties. Sur ces grands groupes malaisiens sont de ceux-là, le Malaisia Palm Oil BOARD, l’unité malaisienne productrice de l’huile de palme. Quand on sait que le palmier à huile a été introduit en Malaisie à partir des plants pris dans des pays comme le Cameroun, la Côte d’Ivoire, la Tanzanie, le Ghana etc, on reste interloqué devant cette unité industrielle par son gigantisme.

Aujourd’hui, la Malaisie est le premier producteur mondial de l’huile de palme. En 2004, elle a produit près de 13,1 milliards de m3 et sa production cette année attendue est de 14,9 milliards. Une huile commercialisée dans le monde entier, sauf en Afrique où le marché reste pour l’instant limité à l’Afrique du Sud. Interrogé sur la possibilité d’importer cette huile dans notre pays, Paramanga Ernest Yonli a sans ambages indiqué que "le Burkina est venu s’inspirer de la manière dont fonctionne cette unité. Nous pensons utiliser l’approche malaisienne plutôt que d’en importer", a-t-il dit.

Autre temps fort, la visite de la société PETRONAS. Cette structure a pignon sur rue dans les deux plus grandes tours du monde. Ces tours font partie du plan de réaménagement du Centre-ville de Kuala Lumpur "Wawasan 2020". Ces tours de 88 étages pour 451,9 m ont débuté en 1991 et achevé en 1998. L’escale du MSC qui abrite le système informatique malaisien. C’est à juste titre que le chef du gouvernement a indiqué que le choix de cette structure repose sur le fait que "le développement des technologies de l’information et de la communication sont une condition à remplir pour réussir le développement économique de notre pays".

J. P. T.


Au terme du séjour malaisien, le chef du gouvernement Paramanga Ernest Yonli tire les premiers enseignements

Quelles sont les premières conclusions que vous tirez de ce séjour en Malaisie de quelques membres du gouvernement et de près d’une cinquantaine d’opérateurs économiques de notre pays.

Paramanga Ernest Yonli : Le bilan des différents contacts que nous avons eus impose plusieurs remarques. Que ce soit donc au niveau officiel ou à celui des hommes d’affaires entre eux. Avec les hommes d’affaires, les rendez-vous au nombre de deux cents que nous avons négociés avant de faire le déplacement de la Malaisie ont tous été honorés. A côté de ces contacts formels, il y a eu un certain nombre de contacts informels qui montrent qu’il y a eu un véritable engouement de la part des hommes d’affaires malaisiens.

Les hommes d’affaires burkinabè, près d’une cinquantaine ont indiqué avoir eu des contacts promoteurs qui, pour certains, vont déboucher à la signature d’un certain nombre de contacts. Ces contacts couvrent plusieurs domaines agricoles avec les angrais chimiques, le commerce, la santé. Au plan officiel, en l’absence du Premier ministre malaisien qui se trouve à New York pour l’assemblée générale des Nations unies, j’ai eu l’honneur et le plaisir d’être reçu par le vice-Premier ministre malaisien. Nous avons saisi cette occasion pour réaffirmer la nécessité pour nos deux pays de renforcer le cadre de notre coopération politique et diplomatique de façon à soutenir les actions en cours dans le secteur privé. Nous avons reçu un écho favorable.

Ensemble donc, nous avons convenu d’accélérer le processus de mise en place d’une commission mixte qui va permettre de suivre au quotidien notre coopération, mais aussi de donner une impulsion des pouvoirs publics à la coopération économique et commerciale. De façon simultanée, le secteur privé et les officiels gouvernementaux que nous sommes, ont été reçus par un certain nombre d’institutions qui incarnent le développement et la "révolution" malaisienne au plan économique. Nous avons été au Centre national de Technologie de l’information qui est le cœur névralgique de ce qu’on peut qualifier la deuxième révolution malaisienne.

Nous avons pu également voir de grandes multinationales comme Erickson, DHL, BMW etc. Nous avons été à PETRONAS, une entreprise qui porte l’ensemble des activités dans le domaine des hydrocarbures et de gaz naturel. Les responsables de cette structure nous ont informé qu’ils sont en train de pénétrer l’Afrique. Ils sont présents au Tchad, en Afrique du Sud, au Soudan avec des activités concrètes d’exploitation et d’exploration des gisements. Ils sont à nos portes notamment au Niger.

Et les entretiens que nous avons eus laissent présager qu’ils sont intéressés à venir visiter et mener des activités dans notre pays. En terme donc de premier bilan, je peux dire que le champ couvert par nos activités est très vaste. Mais aussi quelque chose qui nous a permis de voir qu’il y a un grand potentiel de coopération économique, mais surtout de coopération immédiate entre la Malaisie et notre pays. Il nous appartient, des deux côtés, de pouvoir agir et ne pas laisser choir l’ensemble de ces espoirs qui sont nés.

Q. : Les investisseurs malaisiens se préoccupent de comment sécuriser leurs capitaux, comment investir en toute sécurité, la rapidité dans le montage des dossiers. Le Burkina est-il vraiment fin prêt pour accueillir les investisseurs malaisiens par ailleurs reconnus pour leur pragmatisme ?

P. E. Y. : Par bonheur, nous pouvons au Burkina dire que nous sommes fin prêts. C’est vrai les Malaisiens ont insisté sur la sécurité de leurs investissements et notamment la possibilité de pouvoir rapatrier les bénéfices. Si vous regardez la structure organisationnelle de l’environnement des affaires aujourd’hui dans notre pays, les différentes réformes entreprises ces dernières années, montrent que nous avons créé les conditions de sécurisation des investissements, qu’ils soient nationaux ou étrangers. Nous avons par exemple réformé l’ensemble des institutions d’appui au secteur privé.

Mieux, nous avons mis en place de nouvelles institutions comme la Maison de l’entreprise qui doit nous permettre de combler les différents handicaps que nous connaissions au plan, non seulement juridique et économique des affaires, mais aussi pour donner assez de capacités à nos entrepreneurs et à l’ensemble des acteurs du secteur privé.

Notre programme dans ce sens est tellement crédible, que la Banque mondiale qui est notre partenaire économique nous a appuyé avec un projet d’une vingtaine de milliards. De la même façon, vous savez que notre pays compte au sein de l’Organisation pour l’harmonisation des droits des affaires en Afrique (OHADA).

Une organisation qui regroupe 16 pays africains francophones qui ont balisé un certain nombre de secteurs qui comprennent l’environnement des investissements, les relations commerciales et la possibilité de garantir et de sécuriser les mouvements des capitaux. Au Burkina, ces conditions sont respectées et mises en application. Le Burkina donne des garanties de la stabilité politique.

A Kuala Lumpur tous ceux que nous avons rencontrés ont été unanimes à reconnaître que la révolution économique malaisienne tient aussi à sa stabilité politique. Je dois dire qu’aujourd’hui notre pays offre une garantie pour les investissements que ce soit malaisiens ou étrangers. Nous sommes en mesure d’offrir des exonérations fiscales ou douanières. C’est-à-dire donner des suppléments d’incitations à l’ensemble des investisseurs.

Propos recueillis par J. P. T
Sidwaya

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