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Fuite des étudiants venus du Niger : « Ils ont reçu l’ordre du ministère de partir », confie le réceptionniste d’un hôtel

Publié le jeudi 21 mai 2020 à 02h54min

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Fuite des étudiants venus du Niger : « Ils ont reçu l’ordre du ministère de partir », confie le réceptionniste d’un hôtel

Selon un communiqué du gouvernement en date du mardi 19 mai 2020, vingt des 208 étudiants venus du Niger, et qui étaient confinés à l’hôtel Bangrin annexe et à l’hôtel Iris, à Ouagadougou, ont déserté les lieux sans l’accord des autorités sanitaires, et avant leur prélèvement du jour 14. Au lendemain de l’annonce, notre équipe s’est rendue dans les deux hôtels concernés.

Les deux hôtels ont bel et bien accueilli des étudiants burkinabè de retour du Niger. A l’hôtel Bangrin, situé au quartier Larlé, où nous nous sommes rendus premièrement, le gérant nous fait savoir qu’ils ont trois « hôtels Bangrin » dans la ville de Ouagadougou. Celui qui a été cité par le communiqué du gouvernement est plutôt l’annexe, situé à côté du marché Sankar-Yaaré.



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Toutefois, dans nos échanges, ce gérant, tout en gardant l’anonymat, a indiqué que leur établissement a accueilli, il y a plusieurs jours de cela, dix étudiants qui ont séjourné pendant quatorze jours chez eux. « Tout s’est bien passé. Il y avait un médecin qui a également séjourné ici pour les suivre », a-t-il précisé.
Arrivé à Bangrin annexe, la différence se fait sentir de prime abord. Deux policiers munis de kalachnikovs sont visibles à la réception. Après avoir décliné notre identité et l’objet de notre visite, la réceptionniste décide de joindre sa patronne au téléphone et elle nous la passe.

A l’hôtel Bangrin Annexe, les gérants reconnaissent qu’une partie des étudiants ont fui leur établissement

La dame nous informe qu’effectivement, leur établissement a reçu 20 étudiants venus du Niger, le dimanche 17 mai 2020. Et ce sont les 20 étudiants de chez vous qui ont fui ? A cette question, elle nous répond : « Certains étaient dans cet hôtel », pour préciser que ce ne sont pas tous les étudiants de son hôtel qui ont déserté. Mais ils sont combien à avoir quitté votre hôtel ? « Je ne pourrai pas vous donner toutes ces informations maintenant », a-t-elle répliqué. Toutefois, elle a promis de nous rappeler dès qu’elle aura l’accord de sa hiérarchie.

« Ce matin même, d’autres sont passés nous saluer ici »

A l’hôtel Iris, le communiqué du gouvernement a été accueilli avec beaucoup de stupéfaction. En tout cas, c’est ce que l’un des réceptionnistes nous a confié. Notre interlocuteur, qui a préféré cacher son identité, se rappelle que le 3 mai 2020, ce sont 21 étudiants burkinabè de retour du Niger qui ont été accueillis dans leur hôtel. Ils ont effectué au total trois tests, nous raconte-t-il.

« Hier, aux environs de 16h, des agents du ministère de la Santé sont venus voir les étudiants. (…). Ils ont reçu l’ordre du ministère [de la Santé] de partir », a-t-il confié.
Sur les 21 étudiants que l’hôtel a accueillis, 20 sont partis. Le seul qui est resté réside à Bobo-Dioulasso, donc il a passé la nuit à l’hôtel, nous informe le gérant. « C’est ce matin qu’il est parti », a-t-il ajouté.

Hôtel IRIS donne la version contraire

Visiblement frustré par le communiqué et les commentaires qui ont suivi, le réceptionniste n’a pas manqué de nous partager son point de vue sur cette affaire : « Pour être sincère avec vous, ce qui a été dit et ce qui s’est passé ici là, ça n’a même pas de rapport. Les enfants ont été bien accueillis. Ce matin même, d’autres sont passés nous saluer ici. Si c’était une fuite comme eux ils ont dit là, on n’allait plus les revoir ».

Il nous a également partagé une autre information : « Mon responsable m’a dit qu’ils [les gérants des hôtels] ont une rencontre avec les autorités ». Cette rencontre doit se tenir ce mercredi 20 mai 2020.

« Ça salit l’image de l’hôtel »

Avant le départ de ces étudiants, notre interlocuteur a pu échanger avec certains d’eux durant leur séjour à Iris. Un étudiant a relaté en substance le contexte dans lequel ils ont effectué ce retour au bercail. « Ils ont entamé plus de 100 jours en étant confinés au Niger. A cause de cette histoire de coronavirus, ils ne bénéficiaient plus de leur bourse, alors qu’ils avaient, à chaque fin de mois, 25 000 francs. Avec ce manque, pour manger même, c’était devenu un problème. C’est pourquoi ils ont cherché à rentrer au pays pour venir voir leurs parents », a-t-il relaté.

L’hôtel Bangrin de Larlé

En ce qui concerne le communiqué du gouvernement, le travailleur de l’hôtel Iris s’attend à une meilleure approche. « Ceux qui sont chargés d’informer, je ne sais pas comment ils font leur travail. On doit d’abord s’enquérir des vraies informations avant de publier. D’ici, on entend des nouvelles de dehors qui n’ont rien à voir avec celles de l’hôtel. Ça salit l’image de l’hôtel », a-t-il déploré.

Au regard des affirmations de ce réceptionniste, des interrogations surgissent par rapport à l’alerte donnée par les autorités sanitaires. Parmi les étudiants qui aurait fugué, qui sont ceux qui ont quitté les hôtels Bangrin et Iris ? Ont-ils déserté les lieux sans l’accord des autorités sanitaires le même jour ? Ce sont deux interrogations parmi tant d’autres qui permettront à la population de mieux comprendre cette situation et d’apporter leur contribution au besoin.

Cryspin Masneang Laoundiki
Lefaso.net

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