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La nuit du destin : Une nuit de grâce dans un océan de miséricorde

Publié le jeudi 14 mai 2020 à 19h00min

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La nuit du destin : Une nuit de grâce dans un océan de miséricorde

Les musulmans burkinabè à l’instar d’autres pays ont entamé les derniers jours du mois de jeûne. Pour cerner les bénéfices de ces dix derniers jours et surtout la nuit du destin, nous sommes allés à la rencontre de l’imam Tiégo Tiemtoré de l’Association des élèves et étudiants musulmans du Burkina Faso (AEEMB) et du Cercle d’études et de formation islamiques (CERFI) pour éclairer les fidèles musulmans.

Lefaso.net : Nous entamons bientôt les dix derniers jours du jeûne. Est-ce que vous pouvez revenir sur les bénéfices de ces jours et surtout la nuit du destin ?

Tiégo Tiemtoré : La nuit du destin est très importante.
Tout le mois lui-même est un mois de grâces incommensurables de par ses multiples portes d’accès aux faveurs divines. La dernière décade rapproche davantage le serviteur de son Seigneur.

Ce sont 10 derniers jours hautement bénis du Ramadan, dans lesquelles il y a une nuit particulière : La nuit d’Al-Qadr.

Parmi les innombrables vertus de cette nuit, il y en a une à laquelle le Coran fait allusion : La descente des anges sur terre. Cette présence des anges est encore un signe manifeste de bénédictions divines. Le prophète Mouhamed (prière et salut sur lui) a dit : « Toutes les fautes passées sont pardonnées à celui qui passe la nuit du destin en veillée pieuse avec foi et espoir de récompense ».

Le Coran dit que cette nuit vaut en mérite 1000 mois d’adoration. C’est une manifestation de la grâce divine, car notre espérance de vie n’atteint pas ce seuil. En cette nuit, Allah peut vous accorder la rétribution d’une adoration pieuse de plus de 83 ans et 4 mois !

Il est recommandé de chercher la Nuit du destin parmi les nuits impaires de la dernière décade du mois de Ramadan ». Parmi les actes d’adoration, on peut lire le Coran, faire des prières, faire des invocations, tout acte qui nous rapproche du Seigneur. L’essentiel est que cette nuit te trouve en état d’adoration et non de sommeil. Vous voyez que dans la recherche de cette nuit, une place éminente est accordée à la prière nocturne.

« Dieu descend chaque nuit au ciel le plus proche, vers le dernier tiers de la nuit et dit : Qui m’invoque, pour que je l’exauce ? Qui me demande, pour que je lui donne ? Qui implore mon pardon, pour que je lui pardonne ? ». La nuit, et plus particulièrement son dernier tiers, est donc un moment de rapprochement, un moment d’intimité avec son Créateur.

L’enseignement du prophète Mohammed (saw) nous apprend que « la meilleure prière après celle prescrite, est la prière effectuée au milieu de la nuit ».
Celui qui prie la nuit et celui qui ne prie pas ne sont pas égaux. « Celui qui invoque Dieu au cœur de la nuit, prosterné ou debout, qui redoute le jour dernier et espère la miséricorde de son Seigneur, est-il comparable au commun des mortels ? » questionne le Coran.

Le prophète (saws) a recommandé de répéter cette invocation au cours de la Nuit du destin : « Allahoumma innaka ’afouwwoune touhibboul ’afouwa fa’fou ’anni » qui veut dire « O mon Dieu ! Tu es indulgent, Tu aimes le pardon : fais-moi grâce ».


Cliquez ici pour lire aussi : Jeûne de ramadan : Enseignements et bonnes pratiques à observer durant le mois


Lefaso.net : On parle aussi de la zakat al fitr pour clôturer le mois de Ramadan

T.T : La religion musulmane invite les croyants à donner et à se montrer généreux à l’égard de leurs semblables. Toutefois, ceci n’est pas une raison pour se mettre à mendier pour profiter, tel un parasite dans la société, de ces largesses. La mendicité n’est autorisée qu’en cas de situation critique.

Le mois de Ramadan est un mois de partage, un mois de proximité divine, en ce sens qu’il va inciter le musulman à accomplir beaucoup de bonnes actions qu’auparavant. Parmi ses enseignements spirituels, il y a la dimension du partage. Mais comment partager et être solidaire, si on n’expérimente pas la privation ? La faim et la soif deviennent en ce moment des viatiques que Dieu utilise pour éduquer le musulman et aiguiser son sens de la solidarité.

Celui qui a vécu la faim et la soif, comprend la privation vécue par des hommes et des femmes autour de lui et devient apte à développer des gestes de compassion. C’est le cœur qui donne toujours, avant que les mains n’accompagnent le mouvement. On part d’un jeûne du corps vers celui du cœur : le corps va subir la privation afin d’illuminer le cœur, siège de l’organisme.

On distingue deux types de Zakat, la « Zakât El-Maal » et la « Zakat al Fitr ».
Le premier type (évoqué dans plus de 80 versets coraniques) est considéré comme le troisième pilier de l’Islam. C’est un impôt légal purificateur appliqué sur les possessions et le patrimoine du musulman.

Il purifie les possessions du musulman en lui rappelant que la richesse ne lui appartient pas et qu’elle lui est accordée par Allah, richesse sur laquelle le pauvre possède un droit.

Elle tend aussi à purifier l’âme humaine en l’éloignant autant que possible de l’avarice et de la cupidité.
Le deuxième type de Zakat est lié au mois de Ramadan et est appelé « aumône de la rupture du jeûne ».

Destinée aux plus démunis, elle a une double fonction, celle de purifier le jeûneur de ses péchés commis pendant le mois de ramadan et de permettre à des catégories de personnes de ne pas mendier pour la fête.

Cette Zakât doit être versée par le chef de ménage pour lui et pour ceux qui sont à sa charge obligatoire. Le Prophète Mohamed (PSL) a ordonné que cette aumône soit versée un à deux jours avant la prière et son délai court jusqu’au matin de la fête, avant de se rendre à la prière.

Elle consiste à donner entre 2,5 et 3 kg/personne, de la nourriture la plus généralement en usage dans la région ou l’on réside.
Il n’y a pas d’interdiction à donner plus, si l’on a les moyens.
Certains savants tels que l’imâm Abou Hanifa, Soufyân Ath-thawrî, ainsi que le cinquième Calife Omar Ibn Abdelaziz ont indiqué la possibilité de donner la Zakât al-Fitr en valeur monétaire.


Lire aussi : Ramadan : Quelques enseignements sur le jeûne


Lefaso.net : Quelle est l’importance de la fête de fin de jeûne ?

T.T : Par la fête de la rupture de Ramadan, on remercie Allah, de nous avoir permis le jeune ; on réitère notre engagement à construire notre foi. C’est un peu la consécration du mois au cours duquel tu as donné le meilleur de toi-même et tu espères en la miséricorde de Dieu pour qu’il accepte tes œuvres d’adoration.

Lefaso.net : Il y a d’autres moments de jeûne dans l’année. Que pouvez-vous nous en dire ?

T.T : Le ramadan est le jeûne obligatoire. Ce qui veut dire qu’il y a des jeunes surérogatoires pour se rapprocher davantage de Dieu tout comme à côté des prières obligatoires, vous voyez des prières dites nafilas.

On peut citer le lundi et jeudi ; les 3 jours du milieu du mois lunaire ; le jour d’Arafat, les deux mois précédant le ramadan, Rajab, Chaaban ; les 10 premiers jours du mois du pèlerinage, le jeûne du Prophète David, un jour sur deux ; six jours durant le mois de Chawwal, qui suit Ramadan ; le mois de Mouharram qui est le premier mois du calendrier de l’hégire.

On peut aussi jeuner pour un besoin quelconque licite, en vue de solliciter le secours divin. Il est dit dans un hadith que « chaque fois que quelqu’un jeûne un jour par amour de Dieu, Dieu éloigne son visage du feu de l’enfer d’une distance égale à ce qu’on parcourt en soixante-dix ans de marche ».

Propos recueillis par Issoufou Ouédraogo
Lefaso.net

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