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Crise nationale : Anselme Sanon en parle à travers un conte !

Publié le mercredi 13 mai 2020 à 12h32min

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Crise nationale : Anselme Sanon en parle à travers un conte !

L’auteur, Anselme SANON, psychologue au service d’hygiène de la commune de Bobo-Dioulasso a l’habitude de faire une lecture artistique des évènements défrayant la chronique au niveau nationale. Il nous revient une fois de plus avec ce conte sur les mouvements d’humeurs des travailleurs du Burkina Faso. S’il donne une fin heureuse à ce conte, pour le moment, le bras de fer entre gouvernants et travailleurs continue.

Il était une fois une famille nombreuse. Cette famille avait un champ sur lequel elle faisait l’agriculture et l’élevage. La vente des céréales, de la viande et du lait rapportait des cauris. Le père de la famille utilisait une partie des cauris provenant des produits du champ pour les dépenses familiales, l’autre partie était partagée entre les enfants pour leur travail abattu.

Les enfants n’étaient pas satisfaits de leurs conditions de vie et de travail. Ils ne bénéficiaient pas suffisamment des retombés de leur travail selon eux alors que le père vivait bien. Les enfants décidèrent de se soulever pour amener leur père à partager les cauris. Alors, ils revendiquèrent des cauris et encore des cauris. Le père perdit toute son autorité. Dépassé, il réunit les enfants dans l’espoir d’exalter chez eux le sens de la famille. Il leur dit ceci :

« Nous avons un champ, un troupeau, un étale au marché. Mais hélas ! Tout le travail que nous faisons ne peut pas d’abord nous assurer une vie satisfaisante. Quand nous aurons suffisamment de cauris, nous aurons la vie de nos rêves ».

Ses fils agriculteurs lui répondirent :
« Nous demandons plus de cauris ! Nous allons tous les jours au champ. Si nous ne cultivions pas, cette famille ne gagnerait pas les céréales ! Mais notre travail ne nous donne pas une vie satisfaisante ! Tous nos frères des autres familles sont mieux traités que nous ! Tant que nous n’aurons pas davantage de cauris nous ne partirons plus au champs » !

Aussitôt dit, aussitôt fait ! Ils arrêtèrent de partir au champ. La mère demanda au père de ne pas céder ! Comme il n’était pas tranquille il se rendit au champ pour évaluer les conséquences de l’arrêt de travail. Les herbes envahissaient le champ ; les animaux détruisaient les récoltes ; les céréales et le bois n’étaient plus apportés à la maison. Les enfants-agriculteurs étaient heureux car si les récoltes de l’année étaient compromises le père allait finir par céder. En effet, celui-ci céda :
« Vous aurez davantage de cauris »
Il ouvrit son sac et donna des cauris, plus de cauris.

Le fils ainé fit des éloges à ceux qui s’étaient soulevés contre le père et exalta ceux qui ne l’avaient pas encore fait à suivre l’exemple de leurs frères pour demander leurs cauris. S’il n’avait pas assez de cauris, pourquoi en aurait-il donné aux autres ? ? Disait-il !

Les fils- éleveurs qui faisaient paître les bœufs se levèrent à leur tour. Ils dirent au père :

« Nous voulons plus de cauris ! Nous allons tous les jours faire paitre le troupeau. Si nous n’allions pas faire paître le troupeau, cette famille n’aurait ni viande ni lait ! Mais notre travail ne nous donne pas une vie satisfaisante. Tous nos frères sont mieux que nous ! Tant que nous n’aurons pas davantage de cauris nous ne partirons plus dans les pâturages » ! Décidèrent-ils.

Aussitôt dit aussitôt fait ! Ils arrêtèrent de conduire le troupeau dans le pâturage. Les bêtes maigrissaient, mourraient d’inanition. La mère demanda encore au père de ne pas céder ! Comme il n’était pas tranquille, il se rendit au champ pour évaluer les conséquences de cet arrêt de travail. Le père voyant tout son troupeau qui dépérissait était sidéré. Les fils étaient heureux parce que le père allait finir par céder. En effet, celui-ci céda :
« Vous aurez davantage de cauris »
Il ouvrit son sac et donna des cauris, plus de cauris.

Le fils ainé fit l’éloge de ceux qui s’étaient soulevés et exalta ceux qui ne l’avaient pas encore fait à suivre l’exemple de leurs frères pour demander leurs cauris. S’il n’avait pas assez de cauris, pourquoi en aurait-il donné aux autres ? A-t-il dit.
Ceux qui vendaient les produits au marché décidèrent aussi de se soulever :
« Nous allons tous les jours au marché avec du céréale, du bois, de la viande et du lait. Si nous ne vendions pas au marché cette famille n’aurait pas de cauris mais notre travail ne nous donne pas une vie satisfaisante. Tous nos frères sont mieux que nous ! Tant que nous n’aurons pas davantage de cauris, nous n’irons plus vendre ».

Aussitôt dit, aussitôt fait. Les portes closes, les grains, la viande et le lait pourrissaient. Les enfants étaient heureux de voir que tous les produits se gâtaient et que cela allait pousser le père à céder. Comme le père ne cédait pas, ils décidèrent de partager le restant des produits aux clients. Ces derniers ont accouru pour prendre leur part de grains gratuit. Très vite les sacs ont étés vidés, puis les greniers. La mère demanda au père encore de ne pas céder ! Mais il était inquiet. Il se rendit au marché pour évaluer les conséquences de cet arrêt. Il finit par céder :
« Vous aurez davantage de cauris »

Il ouvrit son sac et donna des cauris, plus de cauris.
Le fils ainé leur fit des éloges et les exalta tous à poursuivre la lutte pour l’amélioration de leurs conditions de vie.

Tous les enfants avaient eu des cauris, et malgré tout, ils continuaient leurs arrêts de travail. Finalement, le champ ne produisait plus.

Les herboristes de la famille n’avaient rien eu. Ils soignaient toute la communauté. Ils ont décidé d’observer un arrêt de travail. Les malades souffraient ; ils mourraient. Les familles étaient tristes de voir les siens mourir sans soins.

La famille était malade menacée d’expulsion. Le père menaça de chasser ceux qui ne voulaient pas travailler. Le père a refusé de céder cette fois-ci ! Il a privé les herboristes de nourriture. Ils ont crié à l’injustice mais ils ont accepté reprendre le travail parcequ’ une infâme petite créature frappait mortellement les populations. Alors, la mère amena le père et ses fils à se retrouver et à se parler.

Le père a accepté de réduire son train de vie et de donner un nombre de cauris juste et équitable à tous ses enfants pour qu’ils puissent vivre dignement de leur travail ; les enfants aussi ont accepté que leur travail soit pour le moment plus que les cauris qu’ils gagnaient et à respecter le travail des uns des autres et que c’est tous ensemble qu’on peut construire une grande famille riche et puissante. Depuis, tous fils se sont remis au travail. Ils créaient à nouveau des richesses, les revenus ont augmenté ! L’entente est revenue et depuis, cette famille a une vie heureuse.

Anselme SANON.

Psychologue au service
d’hygiène de Bobo.

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Vos commentaires

  • Le 13 mai 2020 à 14:51, par KOUDOUGOU Yilké Augustin En réponse à : Crise nationale : Anselme Sanon en parle à travers un conte !

    Une très belle métaphore de la réalité burkinabè. Mais combien liront ce conte et pourraient le méditer ? Vivement que la fin de ce conte nous inspire et nous conduise vers de lendemains meilleurs. Qui pourrait faire lire ce conte par monsieur le Président, monsieur le Premier Ministre, monsieur Basolma BAZIE et sa suite ?

  • Le 13 mai 2020 à 15:04, par ASPIRINE En réponse à : Crise nationale : Anselme Sanon en parle à travers un conte !

    Salut Mr SANON pour ce bel conte riche en enseignement mais malheureusement le" Burkinabete"qui est bête a refusé d’écouter avec ses oreilles mais le fait avec ses pieds. Il ne tirera rien de ce conte et se mettra à aboyer.

  • Le 13 mai 2020 à 22:02, par Zot En réponse à : Crise nationale : Anselme Sanon en parle à travers un conte !

    Monsieur Sanon, je sais que vous n’allez pas le confirmer mais je crois que le fils aîné là c’est notre général Bassolma Bazié.

  • Le 14 mai 2020 à 14:07, par jeunedame seret En réponse à : Crise nationale : Anselme Sanon en parle à travers un conte !

    « Il était une fois une famille nombreuse ». Sur quelle planète ? Mars, Jupiter ? Sûrement vers BOBO. Car c’est là-bas qu’il faut toujours alterner bonheur par malheur de façon permanente pour retenir les goûts. Au moment où papa et maman et enfants s’attroupaient pour se parler, M. SANON fallait oser quelques qualificatifs pour traduire une prise de conscience ou confession ou correction, promesse ou autres résolutions de ne plus oser pareille bêtise. Sinon … ! Tu as peut-être aussi manqué de magnifier la contribution féminine aux qualités de courage fermeté, et autres vigueurs de gestion familiale. Maman et astuces ont conduit papa toujours inquiet égaré. N’importe quel psychologue conteur féodal ou phallocrate peut bien le remarquer. N’est-ce pas ?

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