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Covid-19 au Burkina : Moins de 300 tests par jour, deux mois après

Publié le samedi 9 mai 2020 à 21h40min

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Covid-19 au Burkina : Moins de 300 tests par jour, deux mois après

Au deuxième mois de la crise sanitaire qui secoue le Burkina Faso, le Gouvernement a décidé de desserrer les boulons en levant les restrictions contre la propagation du Coronavirus. Pourtant, après une certaine accalmie, le nombre des cas testés positifs repart de plus belle. Et cela inquiète plus d’un, quand on sait que dans les pays voisins notamment au Ghana, en Côte d’Ivoire et au Niger, les chiffres ne font que grimper. Que retenir de la période du 10 avril au 9 mai 2020.

S’il y a bien un fait qui a secoué le gouvernement burkinabè, c’est bien l’affaire Rose Marie Compaoré, du nom de la 2e Vice-présidente de l’Assemblée nationale, considérée jusqu’à lors comme étant la première victime du Covid-19. Le flou artistique qui entourait son décès et dévoilé par le journaliste d’investigation Ladji Bama a fini par emporter le Pr Martial Ouédraogo, de son poste de coordonnateur national de la réponse à l’épidémie de Coronavirus. Haro sur le baudet !

Des observateurs qui estiment que le gouvernement est toujours long à la détente, voyaient tout de même venir cette révocation. Mais le toilettage tant espéré par ceux qui dénonçaient vertement la gestion de la maladie par les autorités, n’aura pas lieu au ministère de la santé. Idem pour le « pardon officiel du gouvernement à tout le peuple burkinabè, exigé par l’Union pour le progrès et le changement (UPC), principal parti d’opposition. Ils devront attendre les conclusions des investigations en cours pour élucider cette affaire sur le décès de la députée.

Croire ou ne pas croire ? Prudence !

En attendant, les éclaboussures causées par cette affaire ont semé le doute dans l’esprit de bien de Burkinabè. Certains ne croient plus vraiment à l’existence de la maladie. Est-ce ce qui a poussé certains Ouagalais à manifester au siège de la Fédération des associations islamiques du Burkina (FAIB) pour exiger la réouverture des mosquées fermées pour cause de Covid-19 ?

Ce mouvement qui ne fait pas honneur à l’islam, surtout en ce temps de Ramadan, n’était d’ailleurs pas nécessaire car le processus de réouverture de lieux de culte était sur « la bonne voie ». Le gouvernement a-t-il pesé le pour et le contre en autorisant cette réouverture et en allégeant les mesures de restriction ? Difficile d’y répondre. Pour sûr, si la FAIB a rouvert les mosquées, la Communauté islamique Ahmaddiya, elle, a décidé de jouer la carte de la prudence, en maintenant ses mosquées fermées.

L’Histoire est têtue

Notons également que c’est le 4 mai que le président du Faso a signé un décret pour la suspension de la mise en quarantaine des villes ayant au moins un cas de Covid-19, mesure qui était entrée en vigueur le 27 mars, 18 jours après les premiers cas déclarés au Burkina Faso. Cette suspension, rappelons-le, a été précédée par un communiqué du Haut Conseil des transporteurs annonçant la reprise de ses activités de transport de passagers-voyageurs, le 5 mai prochain.

Les marchés également ont rouvert après moult manifestations de commerçants. La vie a repris depuis lors et même si des mesures sont prises pour lutter contre la propagation de la maladie, la vigilance doit être de mise pour ne pas connaitre une seconde vague de contaminations, qui de l’avis des spécialistes, serait plus dévastateur. L’histoire est têtue. Et la peste de Marseille nous l’enseigne.

Des tests toujours timides

C’est certainement pour vite circonscrire la maladie que des burkinabè, personnes morales et physiques de la commune de Ouagadougou, ont introduit, le 2 avril 2020, un recours en procédure de référé devant le président du tribunal administratif pour demander un dépistage massif au Covid-19 pour tous les Ouagalais. Leur demande a été rejetée une semaine plus tard. Cependant, lors d’un point de presse du gouvernement, le 1er mai, le Dr Brice Bicaba a annoncé que le gouvernement envisage un dépistage élargi chez les cas contact.

Ce dépistage, à l’en croire, a commencé depuis le 30 avril. Autres perspectives envisagées par les autorités, c’est le dépistage sur les personnes hémodialysées, l’élargissement des centres et la prise en charge psychologiquement les malades et du personnel soignant.

Mais pour l’instant, en suivant l’évolution des échantillons analysés, l’on remarque que sur la période du 11 avril au 9 mai, le plus grand nombre de tests (256) ont été effectués le 4 mai, avec 16 cas. Le lendemain, sur les 215 échantillons analysés, l’on a enregistré 41 cas.

Ce nombre élevé est dû au fait que les tests ont été réalisés sur plus de 200 Burkinabè en provenance du Niger et de la Turquie, des Burkinabè qui étaient bloqués à l’extérieur pour cause de fermeture des frontières. Du 11 avril au 8 mai 2020, 2 829 échantillons ont été analysés (le nombre d’échantillons analysés le 23 avril n’a pas été communiqué).

De l’effort populaire

Le pays compte à la date du 8 mai, 748 cas confirmés, 569 guérisons et 48 morts. Parmi les morts, on dénombre un religieux, l’abbé Raaga Justin Savadogo, décédé le 16 avril. Hors du pays, la communauté burkinabè aux Etats-Unis a enregistré, le 12 avril, son premier décès. Il s’agit de Issouf Zongo, marié et père d’un enfant. La maladie n’a donc pas de préférence. Elle n’épargne personne. Riche ou pauvre, noirs ou blancs, jeunes ou vieux, homme ou femme.

Elle est donc l’affaire de tous. Et c’est pourquoi, en lançant un fonds populaire et citoyen pour lutter contre le Covid-19, le Coronathon, l’Assemblée nationale et ses partenaires que sont les OSC et les organisations professionnelles de médias, ont invité tous les Burkinabè à adhérer à une initiative de collecte de fonds. Le Coronathon a enregistré à la date du 24 avril, la somme de 377 775 833 francs CFA en termes de dons et promesses.

Notons qu’en plus de cette collecte populaire, des organisation/entreprises burkinabè et étrangères, des associations et particuliers ont répondu à l’appel du chef de l’Etat de participer à l’élan de solidarité. Au 6 mai 2020, la somme collectée était de 1,773 FCFA milliards. Rappelons que pour donner l’exemple, Roch Kaboré a décidé de céder 6 mois de salaire, le Premier ministre 4 mois, les ministres d’Etat 2 mois, et les autres membres du gouvernement, un mois de salaire. Si certains ont salué cet acte, d’autres par contre ont dénoncé le manque d’anticipation du gouvernement qui serait contenté de singer certains gouvernements africains comme au Rwanda.

Ne pas oublier les plus vulnérables

Ces différentes contributions, si elles sont bien gérées, permettront d’améliorer la prise en charge des malades quand on sait que le CHU de Tengandogo a été plusieurs fois décrié dans la gestion des malades. Cela a laissé croire à un moment qu’il fallait faire partie du Gotha politico-économique pour être mieux traité.

Même si l’hôpital a ouvert ses portes aux journalistes, le 16 avril 2020, et au président Roch Kaboré, 48h, plus tard, il reste moins que la qualité de la prise en charge est un sujet qui a certainement contribué à la baisse des appels d’urgence au 3535, passés de 50 000 à 14 000 par jour.

Dans ce défi sanitaire, il n’y a pas que les malades du Covid-19 qui méritent attention. L’Etat doit également veiller sur les populations vulnérables qui risquent d’avoir la faim comme compagnon durant cette traversée du désert. Le gouvernement burkinabè à ce niveau a annoncé (après les mesures prises par les autorités ivoiriennes) que deux millions de personnes bénéficieront d’une assistance alimentaire. Les déplacés internes, au nombre de 850 000, sont pris en compte. En plus de l’assistance alimentaire, le gouvernement a annoncé le transfert de cash à 3 000 ménages de l’ordre de 20 000 F CFA par mois pendant trois mois.

Oter les œillères

Avec ces sous, les populations auront certainement de quoi s’offrir un masque de protection. Son port étant obligatoire sur toute l’étendue du territoire national, depuis le 27 avril dernier. Mais comme la mesure n’est pas vraiment respectée, le gouvernement a décidé à partir du lundi 11 mai, de prendre des mesures de répression à travers des contrôles accentués. Comment les contrevenants seront-ils réprimés ? Quel sera le montant de l’amende ?

En espérant que le gouvernement ne prêche dans le désert, et que cette mesure ne sera pas qu’un feu de paille, mais une mesure « testostéronée », les Burkinabè attendent plus que des décisions prises au compte-gouttes sans suivi. Il est temps pour les autorités d’enlever les œillères sinon les Burkinabè ne sortiront la tête de l’eau de sitôt.

HFB
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Vos commentaires

  • Le 10 mai 2020 à 14:52, par Diongwale En réponse à : Covid-19 au Burkina : Moins de 300 tests par jour, deux mois après

    .
    Globalement d’accord avec votre analyse, et scandalisé qu’aussi peu de tests soient effectués sur le territoire. À quand la possibilité pour tous les laboratoires associés aux CMA de tester les cas suspects ? Mais pour cela il faudrait mettre à leur disposition autant de kits de prélèvement et de réactif que nécessaire !

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