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Production au Burkina Faso : Les femmes assurent 70%

Publié le samedi 17 septembre 2005 à 10h59min

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L’ambassade de France a organisé une réunion-débat intitulée : "Le rôle des femmes dans la société productive burkinabè", le 12 septembre au petit Méliès. Cette rencontre a attiré au Centre culturel français, des personnalités politiques, chefs d’entreprises, chefs coutumiers, femmes actives de tous les secteurs d’activités et des représentants des couches sociales.

C’est par un documentaire réalisé par Canal 3 et composé d’une série d’interviews de femmes et d’hommes du secteur informel et de chefs d’entreprise que le débat a commencé. Ledit documentaire a montré un tableau résumant la situation des femmes du secteur informel, qui, dans l’ombre assurent les dépenses quotidiennes de la famille. Ces femmes se retrouvent dans les secteurs tels que l’agriculture, la maraîchéculture, l’élevage, la production alimentaire, artisanale, etc.

"Sur 52% de femmes que compte le Burkina Faso, près de 90% résident en milieu rural et vivent la pauvreté criarde", a expliqué Mme Bernadette Ouattara, représentant le Fonds d’appui aux activités rénumératrices des femmes (FAARF).

85% des femmes sur les 52% sont analphabètes mais contribuent énormément à l’économie nationale. "Malheureusement, ces femmes n’ont généralement pas accès à la terre", a souligné la députée Fatoumata Diendéré. Celle-ci a pris l’exemple des femmes du Passoré, regroupées en groupements et associations, mais contraintes de dépenser toute leur énergie dans le champ du mari.

Si rarement, elles se voient attribuer des terres, c’est généralement un terrain de football. rouge, désert où rien ne pousse. En revanche, dès qu’elles arrivent à valoriser et à fertiliser le terrain, les hommes le récupèrent. A l’issue de ces révélations, Mme Fatoumata Diendéré a interpellé les chefs coutumiers sur la question.

Elle a par ailleurs, fait cas de la discrimination filles-garçons qui commence dans les familles où la fille fait les travaux ménagers tandis que le garçon joue au ballon alors que les deux devraient s’entraider.

Une importante contribution mais négligée

Selon Mme Simone Zoundi, chef d’entreprise, à une certaine époque lorsqu’une fille cherchait du travail, on lui demandait si elle était mariée. Si la réponse est positive, on lui refusait le poste compte tenu des maternités en perspective. Pour Mme Zoundi, les hommes doivent œuvrer à ce que les femmes puissent occuper des postes de responsabilité car elles sont aussi compétentes que les hommes. Quant aux congés de maternité et autres, c’est une question d’organisation. "C’est pour cette raison que je me suis engagée à lutter aux côtés des femmes", a-t-elle confié.

Des difficultés majeures

Tout au long des débats, il a été aussi question du FAARF qui, selon les femmes, ne veut pas leur octroyer des prêts. Mais l’occasion leur a été donné, de savoir que ce blocage est dû au fait que le FAARF a perdu le repère de la majorité de ses clientes suite à l’incendie de Rood Woko et au Projet ZACA.

Ce qui fait que le remboursement est difficile. Autant d’obstacles qui entravent la productivité des femmes du secteur informel. Et pourtant, ces femmes ont opté pour un métier où il est difficile de retrouver une issue de sortie ou de pouvoir faire autre chose, vu l’analphabétisme dont elles sont victimes. Ainsi, du point de vue de la coordinatrice du Centre international pour l’éducation des filles et des femmes en Afrique (CIEFFA), Mme Aminata Elisabeth Ouédraogo,"si l’éducation est la clé du développement, elle ne saurait ouvrir des portes, tant la majorité (les 52% de femmes) sera dans l’ignorance". Mme Ouédraogo estime qu’il faut combattre l’analphabétisme des femmes par tous les moyens, dans la mesure où elles assurent 70% de la production au Burkina Faso. "Quand une femme est instruite, elle éduque, alimente, soigne mieux ses enfants et son mari", a-t-elle conclu.

Aimée Florentine KABORE (kaborette@yahoo.fr)
Aoua COULIBALY (Stagiaire)

Sidwaya

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