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Reprises des cours : Le sujet divise les syndicats de l’éducation

Publié le mardi 28 avril 2020 à 23h17min

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Reprises des cours : Le sujet divise les syndicats de l’éducation

Fermés depuis le 16 mars 2020, les établissements d’enseignements primaire, secondaire et universitaire rouvriront progressivement à partir du 11 mai (la reprise administrative étant fixée pour le lundi 4 mai) avec les élèves en classe d’examen. Ainsi en a décidé le gouvernement qui a annoncé le calendrier de la reprise des activités dans un communiqué en date du 27 avril. Au niveau des syndicats de l’éducation, la question divise. Si certains saluent cette décision d’autres estiment que les préalables à une réouverture n’ont pas été résolus et qualifient cette reprise d’aventuriste. Lisez !

Zongo Anatole, secrétaire général du Syndicat national des enseignants du secondaire et du supérieur (SNESS) :

C’est un calendrier que le gouvernement nous propose. Nous avions déjà dit que nous étions partants pour la reprise des cours mais à condition que nos préalables, les mesures d’accompagnement soient résolus. Je crois que le gouvernement est dans cette dynamique. Nous allons avoir l’occasion de voir si les mesures que nous avons demandées de mettre en œuvre sont effectives. Nous avons dit qu’il faut que les salaires suspendus soient rétablis.

A ce niveau, notons que le processus de rétablissement des salaires a commencé, même s’il y a des cas résiduels. Certains salaires qui ont été coupés au mois de mars ont été rétablis et nous pensons que ce sera le cas pour les autres. Nous avons également dit qu’il faut que les élèves aient des masques et qu’il y ait des lave-mains dans les écoles pour éviter une expansion du Covid-19. Nous avons enfin dit qu’il faut une rentrée progressive en commençant par les classes d’examens.

Le SNESS appartient à un groupe de quatorze syndicats dont deux du domaine de la santé. Nous avons tendu une perche au gouvernement en suspendant notre mot d’ordre en disant qu’après le Covid-19, nous allons revenir sur l’Impôt unique sur les traitements des salaires (IUTS). Cette question, nous ne l’abandonnons pas. Le fait de commencer par les classes d’examens va nous permettre de faire une évaluation et de voir si tout va bien. Et s’il y a des corrections à faire, il faudra absolument le faire. Je précise que nous ne posons pas comme préalable la résolution de la question de l’IUTS avant la reprise, mais cette question devra être résolue tôt ou tard.

Souleymane Badiel, secrétaire général de la Fédération nationale des syndicats des travailleurs de l’éducation et de la recherche (F-SYNTER).

Nous trouvons que c’est une décision inappropriée. Inappropriée du fait que nous ayons posé un préalable à la reprise normale des activités pédagogiques auprès du gouvernement et ce, depuis le 13 mars dernier. Et nous constatons que le gouvernement est loin de satisfaire ce préalable-là comme il se doit, d’autant plus qu’à la fin de ce mois d’avril, des collègues ont vu de nouveau leurs salaires suspendus.

Le deuxième aspect est que le plan présenté ne permettra pas d’achever une année scolaire comme il se doit. C’est un plan que nous trouvons peu sérieux et qui manque d’assez de réalisme. Voilà autant de raisons qui nous amènent à qualifier cette reprise d’aventuriste. Ce n’est pas la réponse actuelle à la situation de l’éducation.

Nous attendons que le préalable que nous avons posé soit levé. Si cela est fait et que le gouvernement veut bien nous inviter à faire des propositions dans le sens de bien achever l’année scolaire, nous serons prêts. Et ce ne serait pas une première. Il y a eu des années où nos militants, nos structures ont fait des propositions et ont même consentis des sacrifices pour sauver ou rattraper tel aspect dans le sens d’une bonne année scolaire ou académique.

Du reste, le ministre Stanislas Ouaro qui s’inscrit plus dans une logique de répression que de gestion responsable des problèmes qui se posent au MENAPLN, connait la F-SYNTER et sa capacité à faire des propositions pour peu que justement en face il y ait une volonté d’écoute et de prise en charge des préoccupations des travailleurs.

On parle d’activités pédagogiques parce qu’il y a des personnels qui sont dans un minimum de conditions de vie et de travail. Vous imaginez un enseignant qui n’a pas de salaire, même si vous le forcez à le mettre dans une classe, il n’y aura pas de productivité et de résultat. Et ce n’est pas ce que nous devons rechercher.

Sia Zoubiré Patrice, secrétaire général du Syndicat national des travailleurs de l’éducation non formelle (SYNATRENF)

Nous apprécions positivement à sa juste valeur cette décision du gouvernement de rouvrir les classes pour sauver l’année. Notre structure fait partie des 14 syndicats qui avaient écrit au président du Faso pour que le gouvernement rétablisse les salaires qui avaient été suspendus. Nous avions fait des propositions au gouvernement et au regard de ce que nous avions demandé, je peux dire que nos doléances ont été prises en compte. Nous sommes tous des citoyens et une année perdue va beaucoup jouer sur le Burkina Faso.

Nous sommes prêts à accompagner le gouvernement dans cette dynamique. Il faut qu’on mette néanmoins les masques de protection à la disposition des élèves et des maitres, des auditeurs des centres d’éducation de base non formelle. Par exemple pour le non formel, quand l’hivernage va commencer, nous ne pourrons plus rattraper le temps perdu. Je dois dire que nous avions examiné la question. Nous aurions pu commencer depuis longtemps parce que nos effectifs varient entre 25 et 30 personnes dans les

Kaboré Guingri, Secrétaire général du syndicat national des encadreurs pédagogiques de l’enseignement secondaire

Par principe, on ne s’oppose pas à la réouverture des classes mais nous pensons que les tâches en amont qui devraient être réalisées pour faciliter cette rentrée ne l’ont pas été. Et les mesures sanitaires qui ont été annoncées sont tellement dérisoires par rapport à l’ampleur de la menace.

Pour une meilleure réouverture des classes, il faut une forte implication des partenaires sociaux, il faut une meilleure sensibilisation des parents parce qu’aujourd’hui, l’opinion qui est couramment partagée par les uns et les autres, c’est que ceux qui ne sont pas suffisamment instruits pensent que la maladie est une affaire de blancs et ne nous concerne pas. Donc ces individus ne sont pas très qualifiés pour sensibiliser les enfants et c’est pourquoi nous pensons qu’il faut mettre l’accent sur le travail en amont pour mettre à contribution tous les acteurs du système pour une rentrée mieux réussie.

Traoré Siaka, secrétaire général du syndicat national des enseignants africains du Burkina (SNEAB)

En ce qui concerne la réouverture des classes, notre position est connue depuis le 13 avril 2020 à travers une lettre dans laquelle nous avons posé des préalables. Et ces préalables, c’étaient le rétablissement des salaires suspendus des camarades et la disponibilité des mesures d’accompagnement édictées par le gouvernement à savoir les lave-mains, les cache-nez. Nous avons dit qu’il fallait également procéder à une réouverture progressive des classes en commençant par les classes d’examen si l’objectif est de valider l’année. Pour ce qui concerne le rétablissement des salaires, nous avons constaté en fin avril le rétablissement des salaires de nos camarades avec rappel. Il n’est dans l’intérêt de personne d’invalider l’année scolaire. Nous devons voir comment sauver l’essentiel. J’invite tous les camarades à rester mobilisés pour les luttes futures et à se préparer pour cette reprise.

Propos recueillis par Herman Frédéric Bassolé
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 29 avril 2020 à 05:37, par Yirmegna En réponse à : Reprises des cours : Le sujet divise les syndicats de l’éducation

    Vraiment nous les africains ont s’est laissé avoir par les occidentaux. Ils ont seme la phsycose en nous et naïvement nous nous enfonçons. L’Afrique souffre de bien d’autres maux et ça devrait être une occasion de dire non et continuer à travailler pour notre développement en commençant par l’éducation.

    • Le 29 avril 2020 à 07:06, par Koma En réponse à : Reprises des cours : Le sujet divise les syndicats de l’éducation

      Il aurait fallu que le gouvernement applanisse l’essentiel des différends avec les syndicats durant la suspension des cours au lieu de se retrouver encore dos au mur. Pourquoi ne pas suspendre l’uits et finir avec l’année scolaire ? Le moment est très mal tombé pour que le gouvernement puisse jouer avec le feu. Il faut savoir être réaliste : les élèves n’ont pas encore leur deuxième note du deuxième trimestre, on fait comment à la reprise ? Enfin, reprendre suppose qu’il y a des transporteurs pour que les acteurs puissent rejoindre leur différent poste ! Or, on n’en parle pas. On ne dirait même pas qu’il y a de sérieux conseillers dans ce gouvernement ! On ne tire aucune leçon de la gestion des différentes crises sociales. C’est vraiment dommage !!!

  • Le 29 avril 2020 à 07:58, par Manuel En réponse à : Reprises des cours : Le sujet divise les syndicats de l’éducation

    Bonjour
    La f-synter est dans la logique de la CGTB et du PCRv , allons dans le chaos et on va profiter faire notre révolution !
    Trop tard pour cette façon de faire, tout le monde reconnaît que le pr Ouaro n’est pas un homme à réprimer les gens, maintenant vous voulez aller en grève et continuer à toucher vos salaires !
    C’est simple, Bassolma devient le candidat du PCRv en novembre 2020 et la question est réglée : plus d’IUTS, plus de covid 19, le litre d’essence à 37 francs ,la brakina à 76francs et le peuple est content !

  • Le 29 avril 2020 à 08:16, par KOLO Idrissa En réponse à : Reprises des cours : Le sujet divise les syndicats de l’éducation

    j’ai souvent du mal à comprendre les syndicats. C’est le gouvernement qui a suspendu les cours et non les syndicats. Il propose la reprise et les syndicats disent non. Je pense qu’ils peuvent bien reprendre les cours et continuer leur lutte légitime.

  • Le 29 avril 2020 à 08:28, par bwaza En réponse à : Reprises des cours : Le sujet divise les syndicats de l’éducation

    Nous saluons les positions de certains syndicats qui sont favorables à le réouverture des classes suivant les orientations du gouvernement.Car il faut tout mettre en œuvre pour sauver l’année scolaire 2019-2020.
    Quant aux syndicats radicaux, nous leur demandons de jouer balle à terre,car à vouloir trop tirer sur la corde, la solution maximaliste , risque de produire l’effet de boomer round. Malheureusement, nous sommes dans un pays où les refuges sont limités et moindre cataclysme , très peu de personnes s’en sortiront. Mêmes seuls qui pensent que les autorités actuelles sont la cause de tous les maux de notre pays ne seront pas épargnés, Alors chers syndicats radicaux , mettez un peu de vin dans votre vin pour le bonheur de toute la nation entière.
    Nous pensons qu’il est plus urgent de prioriser l’intérêt général de la nation en acceptant la reprise des cours comme prévu par le gouvernement.

  • Le 29 avril 2020 à 09:04, par Zanwa En réponse à : Reprises des cours : Le sujet divise les syndicats de l’éducation

    C’est bien triste que vous les enseignants au lieu de discuter des mesures barrières et protection sanitaire des enseignant dans les écoles et dans un contexte de COVID-19 c’est nos pécules.Tchrrrr

  • Le 29 avril 2020 à 09:30, par Ed En réponse à : Reprises des cours : Le sujet divise les syndicats de l’éducation

    Les cours doivent être rétablis là où il n’y a aucun risque. Ce n’est pas acceptable de supprimer les apprentissages. Il n’y a aucun risque pour de nombreux enfants à la campagne. Il faut s’adapter à la réalité.

  • Le 29 avril 2020 à 11:14, par Lopes En réponse à : Reprises des cours : Le sujet divise les syndicats de l’éducation

    La courageuse décision du gouvernement est à saluer car une année blanche serait une catastrophe.
    Ceci dit, les fronts sociaux doivent connaitre d’énormes concessions pour ne pas compromttre l’avenir de nos enfants.
    Faisons de telle sorte que l’histoire ne nous condanne pas.
    C’est en travaillant que naissent les droits du travailleur qui s’imposent l’employeur.
    Nul n’est sans connaitre que tout développement humain durable est tributaire d’une éducation adéquate, véritable creuset du développement d’un capital humain de qualité.
    Ensemble( gouvernement, syndicats), n’hypothéquons pas l’avenir de notre pays.

  • Le 29 avril 2020 à 13:46, par HUG En réponse à : Reprises des cours : Le sujet divise les syndicats de l’éducation

    Courage au F synter car il faut refuser le silence coupable. Soyez fort vous allez triompher.

  • Le 29 avril 2020 à 21:18, par Bila En réponse à : Reprises des cours : Le sujet divise les syndicats de l’éducation

    Evitons ce que l’on peut éviter
    Nous sommes déjà dans une situation difficile pourquoi ne pas suspendre la question de l’iuts le temps de terminer l’année scolaire avant de reprendre les discussions ? Non non on s’obstine dans un bras de fer perdu d’avance .
    Déjà les enseignants menacent de ne pas reprendre les cours , qu’en sera t’il s’ils décident de prendre en hotage les examens ? Gouverner c’est prévoir, on n’attend pas d’être devant une situation avant de chercher les solutions.

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