Couvre-feu : « Malheureusement, les gens ne respectent toujours pas la mesure », regrette le commandant Hervé Yé, directeur de la communication de la gendarmerie nationale
Depuis le 21 mars 2020, Ouagadougou et plusieurs localités du pays vivent le couvre-feu certainement le plus long que le pays ait connu. De 19h à 5h, la mesure a par la suite été allégée depuis le 20 avril, passant de de 21h à 4h. C’est donc une nouvelle façon de vivre qu’il faut adopter. Pour certains corps de métier, il est difficile de rentrer avant les heures d’entrée en vigueur de la mesure. Un document est donc nécessaire pour avoir le droit de rester dehors : le laissez-passer. Qui peut en disposer, et comment s’en procurer ? Plus d’un mois après l’instauration du couvre-feu, les citoyens respectent-ils la mesure ? Ce sont quelques questions que le commandant Hervé Yé, directeur de la communication et des relations publiques de la gendarmerie nationale, a répondu, à distance.
Lefaso.net : Qui a droit au laissez-passer ?
Commandant Hervé Yé : Le laissez-passer, c’est d’abord et avant tout pour le personnel soignant pour lui permettre de se déplacer pendant les heures du couvre-feu. Ensuite, nous délivrons aussi des laissez-passer aux journalistes, compte tenu du fait qu’ils travaillent souvent tard pour permettre aux populations d’avoir des informations le matin. Certaines radios et télévisions fonctionnent toute la nuit.
Le communiqué de la gendarmerie fait cas de ce que certaines professions peuvent également avoir besoin de laissez-passer pour travailler la nuit, au risque d’être complètement perturbés. Donc au cas par cas, nous analysons les situations.
Comment et où s’en procurer ?
Pour s’en procurer, il suffit d’aller à la gendarmerie. A Ouagadougou, c’est l’Etat-major de la gendarmerie ou les brigades de ville de gendarmerie, pour ce qui est de la gendarmerie. En ce qui concerne les autres localités du Burkina, c’est généralement au niveau des postes de commandement des compagnies de gendarmerie ou les brigades territoriales de gendarmerie. Mais il faut préciser que la police nationale aussi établit des laissez-passer, au même titre que la gendarmerie nationale.
Quels sont les documents à fournir pour se faire établir le précieux sésame ?
Pour les documents à fournir, en ce qui concerne la gendarmerie nationale, on demande que la structure qui sollicite le laissez-passer fasse une demande à laquelle elle adjoint les photocopies des pièces d’identité des demandeurs.
Dans le cas des journalistes et hommes de médias, le document permet-il de faire des reportages aux heures du couvre-feu ?
Les journalistes ne sont pas autorisés à faire des reportages pendant les heures du couvre-feu avec le laissez-passer. Sinon, chacun pourrait continuer à travailler aux heures du couvre-feu.
Les laissez-passer des journalistes, c’est pour leur permettre de travailler dans les rédactions, de ne pas fermer boutique pendant les heures du couvre-feu, de continuer à animer leurs émissions, mais pas de sortir pendant les heures du couvre-feu pour faire des reportages. Cela permet aussi aux gens de finir leurs émissions et de rentrer chez eux sans embrouilles.
Pour les cas de reportages pendant les heures du couvre-feu, les journalistes ont besoin forcément d’être assistés par les unités de police ou de gendarmerie. Il faudra donc au préalable faire la demande au niveau de la gendarmerie nationale ou de la police nationale. J’insiste là-dessus. Aucun journaliste n’est autorisé à faire des reportages pendant les heures du couvre-feu parce qu’il a un laissez-passer. S’il le fait, on pourrait lui retirer le laissez-passer pace que ce n’est pas cela le but.
Est-ce que les laissez-passer permettent de quitter Ouagadougou ou les villes dans lesquelles ils sont délivrés ?
Non. Les laissez-passer sont juste utilisés à l’intérieur des villes où ils sont délivrés pendant les heures du couvre-feu et pour des raisons bien précises. Ils ne permettent donc pas à leurs détenteurs de traverser une ville.
Qu’en est-il des malades qui doivent se rendre urgemment dans un centre de santé pendant les heures du couvre-feu ?
Ce sont des imprévus et nous le comprenons. Le besoin de se rendre dans un centre de santé ou à l’hôpital et d’y être accompagné ne prévient pas. Si vous êtes malade ou devez accompagner un malade faites-le. Il vous suffira de la signaler à nos équipes qui pourraient même vous faciliter votre déplacement. Par exemple une femme que ses proches évacuaient pour un accouchement a bénéficié de l’assistance des gendarmes en patrouille.
Un dernier mot à l’endroit des citoyens en ces moments de restriction des libertés (couvre-feu) ?
Nous constatons, après plusieurs semaines d’application du couvre-feu, que malheureusement les gens ne respectent toujours pas la mesure. Il y en a qui pensent que c’est fait pour les déranger. Cette semaine encore, la gendarmerie est à 1 000 000 de F CFA d’amendes forfaitaires pour les contrevenants à la mesure du couvre-feu. Si les contrevenants diminuent, cela signifierait que les gens ont commencé à respecter les heures du couvre-feu.
Malheureusement, on ne peut pas être partout, patrouiller partout au même moment… Et les gens profitent de cela. Il faut que les gens comprennent que c’est une mesure prise pour leur santé, pour la santé publique, et il faut qu’on tienne compte de ce fait. Si cela est bien compris, on n’aura même pas besoin de jouer les gendarmes, d’être derrière tout le monde pour faire respecter la mesure. Il faut la collaboration de chacun.
Entretien réalisé par Tiga Cheick Sawadogo
Lefaso.net
Vos commentaires
1. Le 29 avril 2020 à 07:38, par raogo En réponse à : Couvre-feu : « Malheureusement, les gens ne respectent toujours pas la mesure », regrette le commandant Hervé Yé, directeur de la communication de la gendarmerie nationale
Le problème du burkinabè c’est son indiscipline qu’il considère comme de la bravoure. Si le burkinabè ne change pas, il sera pour nous difficile d’avoir un développement comme d’autres pays comme la chine…Cette indiscipline se retrouve à tous les niveaux de notre société. C’est dommage.
2. Le 29 avril 2020 à 08:08, par Nongasidapguiligdi En réponse à : Couvre-feu : « Malheureusement, les gens ne respectent toujours pas la mesure », regrette le commandant Hervé Yé, directeur de la communication de la gendarmerie nationale
"Nous constatons, après plusieurs semaines d’application du couvre-feu, que malheureusement les gens ne respectent toujours pas la mesure. Il y en a qui pensent que c’est fait pour les déranger. Cette semaine encore, la gendarmerie est à 1 000 000 de F CFA d’amendes forfaitaires pour les contrevenants à la mesure du couvre-feu. Si les contrevenants diminuent, cela signifierait que les gens ont commencé à respecter les heures du couvre-feu.
Malheureusement, on ne peut pas être partout, patrouiller partout au même moment… Et les gens profitent de cela. Il faut que les gens comprennent que c’est une mesure prise pour leur santé, pour la santé publique, et il faut qu’on tienne compte de ce fait. Si cela est bien compris, on n’aura même pas besoin de jouer les gendarmes, d’être derrière tout le monde pour faire respecter la mesure. Il faut la collaboration de chacun". Bien dit Commandant YE. Chaque Burkinabé doit contribuer à sa manière pour que le pays sorte de ce problème de santé qui peut nous toucher tous.
3. Le 29 avril 2020 à 08:44, par Le Pacifiste En réponse à : Couvre-feu : « Malheureusement, les gens ne respectent toujours pas la mesure », regrette le commandant Hervé Yé, directeur de la communication de la gendarmerie nationale
Bien dit Commandant Yé et félicitations pour votre grade. merci aussi Lefaso.net qui a éclairé la lanterne des populations et de leurs confrères de la presse qui ne savent pas où avoir ce doucement. Nous savons maintenant où avoir le laissez-passer et les documents à fournir pour l’avoir. Bien dit également parce que les forces de l’ordre n’ont aucun intérêt à empêcher les gens de sortir. c’est uniquement dans leur propre intérêt, surtout a cause de cette maladie. Du courage à nos FDS, elles qui laissent femmes et enfants à la maison pour veuillez à la quiétude des populations. ces gens-là il faut les aimer, il faut les encourager.
4. Le 29 avril 2020 à 09:26, par arsène bamogo En réponse à : Couvre-feu : « Malheureusement, les gens ne respectent toujours pas la mesure », regrette le commandant Hervé Yé, directeur de la communication de la gendarmerie nationale
Merci mon commandant pour ces éclairages ! Mais on remarque aussi que sous le couvre-feu les voleurs continuent de sévir, cassant boutiques et autres magasins, ce qui met leurs propriétaires dans le désarroi. Que faire ?
5. Le 29 avril 2020 à 09:37, par Juste En réponse à : Couvre-feu : « Malheureusement, les gens ne respectent toujours pas la mesure », regrette le commandant Hervé Yé, directeur de la communication de la gendarmerie nationale
Je suis désolé mais ce couvre feu n’est en rien le plus long que le pays ait connu ; seulement on laisse faire les récalcitrants, quelqu’un ne peut pas pour ses intérêts personnels parfois dérisoires mettre en péril toute une nation et on laisse faire sous prétexte que l’on recherche l’apaisement ou qu’on ne veut pas frustrer une corporation. Plus on ne va pas respecter les mesures, plus le temps de quarantaine et du couvre feu va durer ; si tous, nous appliquons rigoureusement les mesures, on sera libéré d’ici peu . C’est ce message que tout le monde doit soutenir et surtout nos politiciens qui pensent qu’il faut monter la population contre le pouvoir pour des restrictions de liberté. Le pays a connu ici des couvre-feu qui ont duré des mois et mois mais personne n’a bronché ; on me dira que les temps ont changé c’est vrai mais je le dis et redis,c’est la mauvaise éducation et la perte des valeurs qui expliquent ces comportements d’indiscipline. Ce n’est pas de la nostalgie ou un refus d’avancer mais les VOLTAIQUES avaient de la hauteur pour l’intérêt général et le respect de la chose publique.
Le 29 avril 2020 à 18:50, par Étonné En réponse à : Couvre-feu : « Malheureusement, les gens ne respectent toujours pas la mesure », regrette le commandant Hervé Yé, directeur de la communication de la gendarmerie nationale
À l’internaute Juste :
Pouvez-vous nous donner des précisions sur ces périodes où "des couvre-feu qui ont duré des mois et mois" ?
6. Le 29 avril 2020 à 11:36, par KORO En réponse à : Couvre-feu : « Malheureusement, les gens ne respectent toujours pas la mesure », regrette le commandant Hervé Yé, directeur de la communication de la gendarmerie nationale
Oui mon commandant,
Merci pour votre éclairage,
mais sachez que tout juste dans les alentours de la gendarmerie Nationale, des attroupements autour des maquis,
autour de maisons closes à environ 500 mètres de l’ État Major de la Gendarmerie, mains nous n ’ avons pas vu les actions fortes de l’ institution.
7. Le 29 avril 2020 à 13:05, par Neeya ibrahime En réponse à : Couvre-feu : « Malheureusement, les gens ne respectent toujours pas la mesure », regrette le commandant Hervé Yé, directeur de la communication de la gendarmerie nationale
Des questions carressantea interessentes mais pas celles qui piquent ? Pourquoi ne posez pas de questions sur les bastonnades sauvages et les casses noctrunes de boutiques.Le journaliste se doit d equilibrer son entretien.Evitez de laisser les gens sur leur soif. On s attendais a mieux que ca
8. Le 29 avril 2020 à 13:19, par kenichi En réponse à : Couvre-feu : « Malheureusement, les gens ne respectent toujours pas la mesure », regrette le commandant Hervé Yé, directeur de la communication de la gendarmerie nationale
internaute juste.. meme si nous prolongeons le couvre feu toute leternite ca ne nous permettra pas de venir a bout du virus.. ce que les gens narrivent pas a faire les nuits , il le font dans la journee. il fallait juste interdire les rassemblement , insister sur les mesures barrieres et laisser la vie suivre son cours.. le palu et la dengue tue plus que ce virus
9. Le 29 avril 2020 à 13:42, par KONOMBA En réponse à : Couvre-feu : « Malheureusement, les gens ne respectent toujours pas la mesure », regrette le commandant Hervé Yé, directeur de la communication de la gendarmerie nationale
Internaute 7, vous pouvez toujours poser vos questions non caressantes, ou plutôt piquantes au Commandant, il vous répondra, il est suffisamment bien connecté, s il a pu se prêter à un journal en ligne, c est qu il restera à l écoute des autres points à éclaircir....