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Human Right Watch : Le dernier rapport épingle les groupes terroristes

Publié le lundi 27 avril 2020 à 22h21min

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Human Right Watch : Le dernier rapport épingle les groupes terroristes

Quelques jours après avoir publié un rapport sur les exécutions sommaires à Djibo imputées aux Forces de défense et de sécurité burkinabè, Human Right Watch, dans un nouveau document, dénonce les massacres commis par des groupes armés terroristes. L’étude se fonde sur l’assassinat de 90 civils en janvier 2020 dans plusieurs villages dont Rofénèga, Nagraogo et Silgadji. Le rapport émet également les incertitudes au lendemain de la création des Volontaires pour la défense de la patrie.

En début d’année 2020, le Burkina Faso a connu une recrudescence d’attaques terroristes. Au moins 90 civils ont été tués lors de trois attaques commises entre le 17 et le 25 janvier 2020 par des groupes terroristes. Ces tueries, perpétrées dans les villages de Rofénèga, Nagraogo et Silgadji, dans le Centre-Nord et le Sahel, coïncident avec l’expansion des groupes armés islamistes affiliés à Al-Qaïda et à l’Etat islamique dans le Grand Sahara (EIGS).

Human Rights Watch a mené, à Ouagadougou et à Kaya, des entretiens avec treize témoins des meurtres de Nagraogo et Rofénèga. Deux témoins des meurtres de Silgadji ont été interrogés par téléphone.

D’après les témoins interrogés, les hommes armés étaient habillés en noir ou en treillis militaires et arboraient des turbans, lorsqu’ils ont attaqué à deux par moto les marchés des villages. Ils semblaient prendre pour cible les hommes adultes sur la base de leur ethnicité.

A Nagraogo, des témoins ont vu des assaillants arborer un drapeau noir, symbole de l’Etat islamique, lit-on dans le rapport. « Le 20 janvier, un groupe d’hommes armés à moto, vêtus de noir, et arborant des drapeaux noirs, a d’abord lancé une attaque contre Alamou puis Nagraogo, deux villages à majorité mossi, situés à moins de sept kilomètres de distance sur l’axe routier reliant Barsalogho à Dablo ».

Une jeune fille âgée de 15 ans, originaire de Rofénèga, a déclaré à Human Rights Watch avoir été témoin du meurtre de son frère de 20 ans, le 17 janvier. « Il était atteint de problèmes de santé mentale », a-t-elle expliqué. « Lorsqu’il a entendu les coups de feu, il a tenté de s’enfuir dans la brousse, mais a été intercepté et tué », a poursuivi le témoin.

Plus récemment, un témoin des meurtres en date du 25 janvier à Silgadji, a déclaré qu’au cours de l’attaque, des islamistes armés ont accusé la communauté de chercher le soutien de l’armée pour former un groupe de volontaires. « L’attaque a manifestement eu lieu en représailles du refus de la communauté locale de se conformer aux règles imposées par un groupe armé islamiste, et devant son intention de former un groupe d’autodéfense. Deux villageois interrogés à distance ont déclaré que des militaires s’étaient brièvement rendus dans le village quelques jours avant l’attaque, promettant de revenir pour entraîner des volontaires ».

Selon les témoins de l’attaque de Silgadji, les assaillants ont ensuite demandé aux villageois pourquoi les femmes ne portaient toujours pas de voile et les hommes continuaient de se raser la barbe. Ils ont ensuite ordonné aux femmes et à ceux qui n’étaient pas du village de quitter le marché.

« Ils ont dit qu’ils n’étaient intéressés que par les habitants de Silgadji-centre, puisque c’étaient eux qui avaient demandé à l’armée de venir les aider à se battre », a expliqué un homme âgé de 37 ans aux enquêteurs de Human Right Watch.
Un autre témoin, un homme âgé de 41 ans, originaire de Silgadji, a déclaré avoir vu quatre membres du groupe armé islamiste exécuter des dizaines d’hommes étendus sur le ventre derrière le marché : « Ils leur ont tiré dans la tête, mais ceux qui ont tenté de s’échapper ont reçu une balle dans la poitrine ».

Volontaires pour la défense de la patrie, une exposition des villageois ?

L’organisation non-gouvernementale de défense des droits de l’homme fait le constat que c’est au lendemain des attaques du 20 janvier contre les villages voisins de Nagraogo et Alamou, qui ont tué au moins 36 personnes, que l’Assemblée nationale a adopté une loi portant sur la création de milices locales, des groupes de « Volontaires pour la défense de la patrie ». Le texte autorise le recrutement de civils, formés et équipés pour veiller sur leurs communautés, et placés sous l’autorité des Forces de défense et de sécurité (FDS) nationales.

Human Rights Watch craint que ce texte vulnérabilise davantage les communautés aux attaques des groupes armés islamistes. « Au cours des derniers mois, des islamistes armés ont en effet pris pour cible, à plusieurs reprises, des civils suspectés de soutien aux forces militaires ou aux milices locales », révèle le rapport.

« Armer des civils sans formation ni contrôle gouvernemental adéquats est le meilleur moyen d’accroître les abus et les conflits intercommunautaires », analyse Jonathan Pedneault, chercheur auprès de la division Crises et conflits de Human Rights Watch, pour qui, « au lieu d’apaiser les tensions intercommunautaires, les autorités du Burkina Faso risquent d’aggraver le problème en créant des milices qui pourraient bien retourner leurs armes contre d’autres civils ».

Le rapport de Human Rights Watch interpelle ainsi le Burkina Faso et ses bailleurs de fonds internationaux – en particulier la France et l’Union européenne – à soutenir les efforts visant à lutter contre les tensions interethniques croissantes dans le pays, y améliorer les efforts pour établir les responsabilités dans les cas de crimes et de violations graves, et protéger les civils en danger et, ce, en toute impartialité.

« Les partenaires internationaux du Burkina Faso devraient exhorter son gouvernement à prendre toutes les mesures nécessaires pour que la force d’autodéfense des Volontaires (…) reçoive la formation nécessaire et soit contrôlée et ses membres tenus pour responsable de leurs actes, s’ils venaient à se livrer à des abus », ajoute le document.

Pour l’ONG de défense des droits de l’homme, « les commandants » burkinabè peuvent être tenus pour responsables de crimes de guerre pour de graves exactions commises par les forces placées sous leur commandement, y compris les Volontaires.

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Vos commentaires

  • Le 27 avril 2020 à 23:22, par Aol En réponse à : Human Right Watch : Le dernier rapport épingle les groupes terroristes

    Dans la limite que les volontaires pour La Défense de la patrie ne font de razzia. Je suis pour qu’on donne les moyens à chaque homme de protéger sa famille, son village, sa communauté. L’armee ne peux être partout. Il est toujours glorieux de mourir les armes à la main que d’être liquidé comme un mouton.

  • Le 28 avril 2020 à 07:07, par Un Burkinabê En réponse à : Human Right Watch : Le dernier rapport épingle les groupes terroristes

    Quatre hommes qui tuent des dizaines d’hommes. Pourquoi ne vous défendez pas en groupe ? De toute façon c’est la même mort. Mieux vaut mourir en combattant (surtout lorsque nous sommes en groupe et en nombre supérieur) que de se mettre volontairement à plat ventre alors que nous étions prévenus que nous seront tués. C’est même être utile de se faire tuer par balles (l’ennemi perd des balles) que de se faire égorger (l’ennemi fait des économies).

  • Le 28 avril 2020 à 07:51, par ZALLE En réponse à : Human Right Watch : Le dernier rapport épingle les groupes terroristes

    Un rapport minimaliste où L’ONG refuse d’affirmer comme elle aime bien le faire dans ses précédents exercices. Un tel homme de tel village à dit, une femme a dit...
    Cette façon de faire alimente les suspicions souvent non fondées à son égard et fini par convaincre les moins complotistes de la partialité de L’ONG. Inéluctablement il est impératif pour tous d’avoir un oeil, un regard extérieur sur ce qui passe au Sahel en terme d’exactions contre les populations, peu importe les coloration ethnico-religieuse, mais un oeil qui s’est se détacher des emotions somme toute humaines mais mauvaises conseillères

    • Le 28 avril 2020 à 13:37, par Le Financier En réponse à : Human Right Watch : Le dernier rapport épingle les groupes terroristes

      Pourquoi demandez vous à ce qu’ils disent le nom de personnes qui ont témoigné. Donner leur identité c’est simplement mettre leur vie en danger. Gardons en mémoire ce pauvre berger au mali qui a été assassiné après un reportage de France 24.
      Votre question est intéressante dans l’autre sens à savoir "pourquoi les témoins du premier rapport n’ont pas requis l’anonymat" . c’est ça la vraie question. Peut être qu’ils savent qu’ils ne seront jamais inquiétés par les terroristes et POURQUOI c’est ça la VRAIE VRAIE VRAIE QUESTION à poser. Il n’y a pas de fumée sans feu et c’est après avoir éteint le feu qu’il faut rechercher les causes profonde de l’incendie. Dieu protège le Burkina Faso

  • Le 28 avril 2020 à 08:58, par TERMINATOR En réponse à : Human Right Watch : Le dernier rapport épingle les groupes terroristes

    Au nord pour en finir avec les terroristes, ce devrait être avec toute la rigueur qui sied dans le contrôle et le désarmement plus tard, j’aurais préféré que ce soit comme au USA " une famille une arme" avec la formation de la personne habilitée.C’est comme recruter un militaire dans chaque famille, tout en le laissant en famille. Et pourquoi pas les intégrer en fin d’opération ? Stratégie délicate et dangereuse, mais bien menée qui peut être salutaire à court terme.

  • Le 28 avril 2020 à 09:17, par ILBOUDO En réponse à : Human Right Watch : Le dernier rapport épingle les groupes terroristes

    Pour notre part, après lecture du contenu de cet article le commentaire suivant peut être fait :
    - le nouveau document ne condamne pas uniquement les actions terroristes des bandits et autres hors la loi, mais s’appesentit sur les forces de défense et de sécurité.
    - Aussi, il faut que HWR sache que des informations réçues de personnes qu’elle joint au téléphone ne sont pas aussi fiables.
    - Dans un contexte de guerre, les organisations des droit de l’homme doivent faire beaucoup attention pour ne pas s’attirer le désavoeux de la population.
    - HWR, doit aussi comprendre qu’il ne s’agit pas ici d’une guerre entre Etats ou les règles conventionnelles de la guerre sont respectées par les partis béligérentes.
    - De plus les organisations terroristes sont de nouvelles situations (phénomènes) qui sont apparues dans un passé rescent dont les législations des pays du monde ne disposent dans leurs législation, des lois appropriées pour juger les actes terroristes ; d’ou la brutalité des actions des FDS dans certaines situations qui se présentent à eux.
    - De plus la souveraineté d’un Etat sur son territoire n’est pas négociable avec une structure de défense des droit de l’homme quand on sait que nos pays ne dispose pas de moyens pour nourrir très convenablement des prisonniers ordinaires à plus forte raison des malfaiteurs sans pitié.
    - HWR doit lâcher les baskets du BURKINA dans ces actions anti-terroristes car les grand pays du monde font pire contre les droits humains mais sans que vous n’osiez ouvrir la bouche pour dire quoi que ce soit, malgré la disposition des cadres juridiques et financiers dont disposent ces grands pays.
    - Vous n’êtes pas la seule orghanisation de droits de l’homme dans notre pays et ça suffit de d’inssinuer que vous êtes partisante (si on lit le contenu ci-dessus c’est de l’acharnement pour défendre vos terroristes).
    - Donnez les moyens aux FDS et à l’Etat burkinabè pour faire des prisonniers terrorites, ils le feront ; à "l’impossible nul n’est tenu". comprennez bien ça !
    - Deux poids deux mesures et c’est pas par le salissement des noms des autorités burkinabè et des FDS que vous arriverez à atteindre vos buts qui du reste vous n’osez venir sur le terrain même avec des véhicules flaqués de "droit de l’homme HWR" pour faire des enquêtes. C’est bien d’être loin du terrain pour jaser dès que des complices et autres terroristes sont tués.
    Coller la paix à ce pays exemplaire en matière de défense de droit humain !

  • Le 28 avril 2020 à 09:28, par julio En réponse à : Human Right Watch : Le dernier rapport épingle les groupes terroristes

    Qui peut encore croire aux ’Human Right Watch’ sur n’importe quel continent ?

  • Le 28 avril 2020 à 09:53, par Yovis En réponse à : Human Right Watch : Le dernier rapport épingle les groupes terroristes

    Si l’on considère la promptitude avec laquelle Human Rights Watch a toujours communiqué lorsqu’il s’agit des FDS, Ce rapport vient vraiment tard. Pour des faits qui remontent en Janvier 2020, cela ressemble à un rattrapage qui consiste à dire quelque chose pour espérer taire les critiques au sujet du deux poids deux mesures. Dans l’ensemble, ces écrits ne sont nullement étayés par des enquêtes fiables et sérieuses. Leur crédibilité en souffre.

  • Le 28 avril 2020 à 09:56, par Le citoyen averti En réponse à : Human Right Watch : Le dernier rapport épingle les groupes terroristes

    Il vaut mieux prendre au sérieux les rapports de ces gens là. Chaque fois qu’ils sortent leur rapport, on assiste à des démentis pour le mois farfelu mais à la dernière minute on se rend compte qu’ils disent la vérité.
    Pourquoi ne pas accepter les nos erreurs et tenter de nous corriger avant qu’il ne soit trop tard ?

  • Le 28 avril 2020 à 09:57, par Lamoussa En réponse à : Human Right Watch : Le dernier rapport épingle les groupes terroristes

    A mon humble avis, HRW devrait épingler les commanditaires des groupes armés dont l’objectif est d’occuper une bonne partie du sahel pour ses ressources. Mais le peut il ? Pourquoi ?
    Comprenne qui pourra !
    En faisant allusion aux crimes de guerre, HRW reconnait implicitement qu’on impose une guerre à notre nation qui défend son droit à son territoire.
    Une leçon : ne plus signer à l’avenir des conventions de siège et autres, qui sont destinées à vous vilipender un jour ! Ainsi par exemple, les USA n’ont pas ratifié la convention relative au TPI : çà veut dire ce que ça veut dire !!!

  • Le 28 avril 2020 à 13:08, par La vérité En réponse à : Human Right Watch : Le dernier rapport épingle les groupes terroristes

    C’est dommage que le RAPPORT SUR LE PRÉSUME MASSACRE DES 30 CIVILS 2020 OPÉRÉ EN AVRIL 2020 SORTE AVANT LE RAPPORT SUR LE MASSACRE DES 90 CIVILS OPÉRÉ DEPUIS JANVIER. DE PLUS, ON CONSTATE QUE L’ENQUÊTE SUR LE MASSACRE DE JANVIER A ÉTÉ BÂCLÉE CAR SEULS CINQ TÉMOINS ONT ÉTÉ INTERROGES ET CERTAINS MÊME PAR TELEPHONE. ET PIRE DES JEUNES FILLES DE 15 ANS ONT ÉTÉ CITÉES COMME TÉMOINS. CEPENDANT, LES ENQUÊTEURS ONT ÉTÉ INCAPABLES DE DÉTERMINER L’APPARTENANCE ETHNIQUE DES 90 VICTIMES CAR CELA LEUR GÊNERAIT BCP. CONTRAIREMENT A LEURS AFFIRMATIONS FORMELLES ET PRÉCISES SUR LE MASSACRE DES 30 CIVILS PEULS. SI VOS JUGEMENTS INIQUES PEUVENT RAMENER LA PAIX ENTRE LES COMMUNAUTES, ALORS CONTINUEZ AINSI MESSIEURS DE POULO’S RIGHT WATCH OU mossi rights blunderer

  • Le 28 avril 2020 à 13:29, par Mogo En réponse à : Human Right Watch : Le dernier rapport épingle les groupes terroristes

    Je crois que HRW cherche des noises pour le Burkina Faso. Ils s’en prennent aux groupes terroristes, mais en veulent aux FDS. Qu’est ce qu’ils veulent au juste ? C’est facile de s’asseoir dans des bureaux et pondre des rapports sur la base des « on a dit ». On va demander qu’ils aillent remettre leur rapport aux groupes terroristes

  • Le 28 avril 2020 à 16:36, par Bernard Luther King ou le Prophete Impie En réponse à : Human Right Watch : Le dernier rapport épingle les groupes terroristes

    C’est quoi ça encore ! HRW se prepare à un examen de BAC ou quoi ? Serait-ce un exercice de dissertation avec plan dialectique ? En effet, on se souvient encore de la thèse de HRW. Les gars se rattrapent maintenant avec ANTI-THESE. On attend CONCLUSION après cela ! Quelle merde à me faire rouler des yeux de merlan frit sous les regards hurluberlus de Charlot, Fernandel, M. Bean et de Kerekekakouka !
    1) Les Volontaires, c’est plutot sur les entrefaites dramatiques de l’attaque de Boungou (Convois SEMAFO) que le PF a lui même lancé l’idée des VDP. Que HRW se le tienne pour dit, notre constitution, selon ce que j’ai compris d’une intervention de la Société Burkinabè du Droit Constitutionnel, permet que les citoyens prennent l’initiative de l’auto-defense là ou l’Etat est en situation d’extrême difficulté.
    2) Que HRW aille taper à la porte du Palais de Mohammed Buhari pour lui declamer ses scrupules droit-de-l’homistes. Maiduguri au Nigeria etait le siège de Boko Haram. Mais grace aux CJTF (equivalent de nos VDP) aux coté de l’Armée Nigerianne , Maiduguri a été liberé entièrement.
    3) Enfin Cette citation du President Robert Mugabe, Hero National : Les Occidentaux] sont partout en Afrique. S’ils ne le sont pas directement, c’est par l’intermédiaire d’ONG, d’espions, des imposteurs qui prétendent venir ici pour nous aider."
    4) HRW, sachez que l’irresponsabilité et la lachété ne saurait s’eriger en prescription pour nos Etats.
    "Nos FDS, right or wrong !"

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