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Jeûne de ramadan : Enseignements et bonnes pratiques à observer durant le mois

Publié le samedi 25 avril 2020 à 22h55min

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Jeûne de ramadan : Enseignements et bonnes pratiques à observer durant le mois

Depuis ce 24 avril 2020, les musulmans burkinabè à l’instar d’autres pays ont entamé les 30 jours de jeûne. Pour le jeûne de cette année, le Burkina Faso est confronté à une pandémie rendant un peu difficiles les pratiques enseignées par la religion. Pour cerner les enseignements et les bonnes pratiques à observer durant ce mois, Lefaso.net est allé à la rencontre de l’imam Tiégo Tiémtoré de l’Association des élèves et étudiants musulmans au Burkina Faso (AEEMB) et du cercle d’études, de recherche et de formation islamiques (CERFI).

Lefaso.net : Les musulmans burkinabè à l’instar d’autres pays ont débuté, ce mois de jeûne dans une situation particulière à cause de cette pandémie du Covid-19. Quels sont vos conseils ?

Imam  : Depuis quelques mois, le monde entier vit le drame du COVID 19. En cette période difficile pour nos familles et nos pays, il importe de fédérer les énergies pour surmonter la pandémie et mobiliser toutes les ressources humaines, matérielles et financières pour y faire face, avec efficacité. Avoir une pensée pour toutes les familles qui ont perdu des proches.

Féliciter et encourager toutes personnes en public et dans l’anonymat, qui se battent, jour et nuit, souvent au prix de leur vie, pour soigner et protéger leurs semblables. La maladie n’est malheureusement pas encore derrière nous. C’est la raison pour laquelle nous devons redoubler d’efforts afin de stopper la chaine de contamination. Le Coran nous exhorte à préserver la vie humaine et ne point nous jeter dans ce qui pourrait conduire à la mort et aux souffrances.

Le COVID ne fait pas de différence, car tout le monde peut être contaminé. Il faut continuer dans le sens du respect des recommandations sanitaires, en l’occurrence la distanciation sociale, le port du masque ou cache-nez, le confinement si nécessaire, cela nous rappelle que la vie est faite d’épreuves douces et dures, individuelles et collectives.

Dans tous les cas, pour le musulman, rien ne doit le détourner de Dieu. Quand ça va, on est avec Dieu, et quand ça ne va pas, on est toujours avec Dieu. Devant cette épreuve, il faut se réfugier dans la prière et l’invocation, car au-delà des efforts humains, seul Dieu peut tout.

Le virus qui est invisible et donne la mort, nous rappelle l’extrême fragilité de l’espèce humaine : seul Dieu est vraiment grand et peut tout. Tout le reste est relatif. Un enseignement d’humilité et de remise en cause.

C’est quoi le jeûne pour le musulman, quelles sont ses implications et qui sont ceux qui doivent faire le jeûne ?

Le verset instituant le jeûne du mois de ramadan dit, « O vous les croyants, le jeune vous a été prescrit comme il l’a été à ceux d’avant vous, pour que vous atteigniez la piété » et un hadith du prophète Mohamed (saw) enseigne que dans ce mois, les jours sont les meilleurs parmi les jours, ses heures les meilleures parmi les heures ». On voit ici que l’objectif du jeune, est la piété, qui veut dire une qualité de relation avec Dieu et avec les créatures de Dieu. Tout comme les autres piliers de l’islam, le Jeûne du Ramadan est un appel vers des valeurs.

L’éducation des sens qu’il promeut incite le croyant, au-delà du mois de Ramadan, à contrôler ses yeux, sa langue, son cœur, son esprit, ses oreilles ; en un mot, à apprendre à se maîtriser pour vivre dans la présence divine permanente. Le jeune est prescrit pour tout musulman pubère et qui jouit de la santé physique et mentale.

Il y a deux dimensions qu’on peut avoir dans la définition du jeûne du mois de Ramadan. Il y a une définition première du jeune qui consiste à ne pas manger, ne pas boire, ne pas avoir de rapports sexuels de l’aube jusqu’au coucher du soleil. Dans une deuxième dimension, on évite de commettre tout ce qui est considéré comme étant susceptible de rompre le jeûne, en actes, attitudes et paroles.

On s’aperçoit donc à ce niveau que la finalité première du jeune, est d’engager nos sens dans la quête de la satisfaction divine. Nos yeux, nos oreilles, le cœur, l’esprit, les membres, la langue, s’efforcent d’accomplir plus de bien. On s’éduque à travers cette recherche du bien et de la qualité, à devenir pieux, comme le verset instituant le jeune l’indique dans sa finalité. On part d’un jeune du corps à un jeune du cœur. Ne pas boire, ni manger n’a aucun sens, si ces actes ne permettent pas de se rapprocher davantage de Dieu.

Quels sont les principes et les interdits à respecter pour le jeûneur ?

Pour bénéficier de tous les bienfaits de l’acte de jeuner, il faudrait que le jeuneur respecte des conditionnalités, sinon vous aurez comme récompense « la faim et la soif » comme le dit le Prophète Mouhamad (saw). Si on observe les éléments de nullité du jeûne, le manger, le boire et les rapports intimes pendant le temps du jeune (de l’aube au coucher du soleil) invalident le jeune. Généralement, on s’arrête à la rupture physique, car les gens ne boivent pas, ne mangent pas et n’ont pas de rapports intimes.

Mais que faisons-nous de ce qui peut entraîner la rupture spirituelle, telle que la calomnie, la jalousie, les injures, insultes, etc. ? Le ramadan, c’est un entrainement à maitriser ses sens et ses émotions, pour être en phase avec Dieu.
C’est une école de la vie, car on s’éduque à accomplir le bien et éviter le mal. Et cela, en réalité devrait continuer même après le Ramadan.

L’imam Tiégo Tiémtoré

Quels les sont les recommandations à respecter ?

L’une des meilleures façons de profiter du ramadan est de faire plus que ce qu’on accomplissait, en matière d’actes d’adoration. Il faut être plus généreux car selon le prophète Mohamed (saw), « la meilleure aumône est celle faite pendant le mois de ramadan ». Il faut augmenter le nombre de prières surérogatoires et exceller dans la lecture du Coran, car le livre a été révélé dans ce mois. Un verset dans la Sourate 7 dit que « quand le coran est récité faîtes silence, Dieu vous accordera sa miséricorde ».
Si l’écoute de la lecture des versets faite par quelqu’un d’autre peut vous ouvrir les portes de la grâce divine ; et votre lecture personnelle alors ?

Quel est l’esprit qu’incarne ce mois ?

Le Coran parle de purification de nos sens, car ils peuvent se salir. La pratique des rites cultuels possède ainsi une dimension pédagogique : nous purifier et nous rapprocher de Dieu. L’Islam est une voie, qui suppose un cheminement, une gradation et des efforts sans cesse de rapprochement. La croyance, la pratique et la morale ont sans cesse besoin d’être renforcées pour croître.

Il faut toujours avoir à l’esprit que le véritable jeûne est celui du voyage du corps vers le cœur : pour te reformer, pour te ramener à l’intérieur, à la première des lumières : la proximité d’avec la source première, sans laquelle on n’a point de repère. C’est d’améliorer sa relation avec Dieu. Aujourd’hui, malgré tous les progrès technologiques et autres, nos cœurs, nos âmes et nos esprits ont soif et faim de Dieu.

Il nous faut retrouver, pour beaucoup d’entre nous les humains, le sens de « l’humanité » et de la bienfaisance. La religion ne nous demande pas de devenir des anges, mais de nous reformer moralement, pour mériter d’être des hommes. C’est la raison pour laquelle, les piliers que nous accomplissons, (prière, jeune, zakat, hajj) ont tous un potentiel pédagogique. Plus qu’au corps, la pratique cultuelle parle au cœur et a l’âme.

Dans la spiritualité, nous sommes des cœurs avant d’être des corps. La quête de la proximité divine doit être chez un musulman, son défi quotidien. On nourrit le cœur de présence divine pour qu’il commande le bien aux autres organes.

Quand ton cœur refuse, ton corps refuse. En tant qu’école, le Ramadan doit contribuer à forger une certaine humilité mêlée de reconnaissance, car rien ne peut appeler à la compassion envers les pauvres et les affamés du monde que le partage de leur expérience de faim et de soif. C’est en éprouvant ce que l’affamé éprouve dans sa quête de nourriture, ce que le pauvre éprouve en travaillant sans la quantité requise de nourriture, que le musulman peut répondre volontiers à l’appel du prochain, de l’affamé et du pauvre.

Est-ce que le jeûne doit être signe de régression en matière de rendement ?

Non, le jeune n’est pas un prétexte pour bâcler son travail ou être mois compétitif. La présence divine permanente doit renforcer notre foi et nous conduire à mieux agir, dans tous les cas. Mieux, l’Islam considère le travail comme une adoration et s’il est mal accompli, c’est une faute.

Qu’est-ce qu’il faut éviter quand on est dans cette disposition ?

Il faut se concentrer sur l’essentiel : comment mieux se rapprocher de Dieu ? C’est pour cela qu’il faut éviter les discussions futiles, les paroles blessantes et mieux contrôler ses pensées, car tous les sens jeunent.

Qu’est-ce qui fait la particularité de ce mois des autres mois de l’année ?

En nous exerçant à l‘éthique de l’action et la quête de l’excellence dans notre rapport vertical avec Dieu et horizontal avec ses créatures, le mois de Ramadan nous incite à vivre un Islam de compétitivité, de performance et des finalités ; qui fait sortir ‘’des ténèbres vers la lumière’’, comme le Coran le proclame dans la sourate 14.

Les leçons spirituelles et sociales du mois de Ramadan, montrent toute la profondeur de l’Islam, qui n’est pas que culte pur, mais aussi, une spiritualité, un message, un code de vie. Elles nous édifient sur la sagesse divine qui éduque les sens, les gestes et les attitudes, pour faire de chaque musulman, un dépositaire de miséricorde et de grâce : « Nous t’avons seulement envoyé comme une miséricorde aux mondes ». Et cette miséricorde doit toucher toute créature.

Eduquer le cœur, enseigner la solidarité, éveiller des sentiments telles que la compassion ou la solidarité envers les autres, ou encore de s’armer de patience et apprendre à mieux se contrôler ; on voit là, que la véritable finalité du jeune est d’éduquer tous les sens pour qu’ils fassent plus de bien que de mal et pacifient les relations avec les autres. Assurément, c’est l’une des meilleures et des plus belles écoles de la vie

Quels sont vos conseils pour réussir ce mois béni ?

On peut lire et méditer sur le Coran, accomplir abondamment le zikr sous toutes ses formes, faire beaucoup d’invocations pour soi, ses proches, son pays et l’humanité et accomplir beaucoup de prières surérogatoires, dans le but de se rapprocher d’Allah.
Dans ce dernier registre, la prière nocturne est très recommandée car elle nous rapproche davantage du Seigneur.

Propos recueillis par Issoufou Ouédraogo
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 27 avril 2020 à 07:48, par kiriki En réponse à : Jeûne de ramadan : Enseignements et bonnes pratiques à observer durant le mois

    Merci infiniment . Le rappel profite au croyant. Et quoi de plus éprouvant que de vivre notre ramadan dans ces conditions assez particulières. Mais Allah est au dessus de tout et il sait tout. Bon ramadan aux croyants.

  • Le 27 avril 2020 à 12:32, par Diallo du CGUNB En réponse à : Jeûne de ramadan : Enseignements et bonnes pratiques à observer durant le mois

    Merci à son éminence et ses structures de rattachement (A.E.E.M.B./CERFI)qu’Allah lui l’honore...
    Félicitations a Fasonet pour l’initiative...
    Ces lumières viennent a point nommé sur des précisions de la conduite de Ramadan mubarak.
    Qu’Allah nous comble des mérites du Mois, nous pardonne et nous accorde son secours en cette période de pandémie.

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