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Coronavirus : Une introspection générale s’impose à l’Humanité

Publié le mercredi 22 avril 2020 à 22h00min

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Coronavirus : Une introspection générale s’impose à l’Humanité

Apparu en décembre 2019 en Chine, le coronavirus a bouleversé toutes les règles préétablies jusqu’à présent. Au regard de ce grand changement imposé à l’humanité, Sidiki Aboubacar Zerbo estime dans cette tribune que l’avènement de cette pandémie impose une introspection générale de l’humanité.

A l’Afrique et le monde, Coronavirus nous instruit sur le caractère superfétatoire de nos priorités, l’impertinence de certaines de nos options d’investissements, la vanité abyssale d’un nombre pléthorique de nos efforts militaires pour des visées hégémoniques, et la canalisation inappropriée de nos énergies. La conception universelle du développement se révèle brutalement erronée, et le paradigme dans lequel s’inscrit toute la logique du présent siècle au sujet de la grandeur des nations et de l’épanouissement de l’Homme s’avère infondée.

Et ce, au regard de l’impuissance collective et généralisée face au Coronavirus. En effet, Coronavirus est venue enseigner aux Hommes de toutes les races et de toutes les couleurs, que la puissance d’un pays ne se mesure pas à son arsenal militaire, à la consistance de son armoire de têtes nucléaires, à l’altitude vertigineuse de ses gratte-ciels, aux charmes de ses villes, à son classement dans la hiérarchisation économique des nations, et à l’arrogance et la fanfaronnade de son dirigeant.

A la lumière des scènes apocalyptiques et des images cataclysmiques que tous nous voyons, toute l’Humanité apprend que, la finalité fondamentale d’un Etat, avant toutes considérations économico-politico-militaro-culturelles, c’est de mettre avant toute autre chose, l’Homme, son bien-être, sa santé et son épanouissement au centre de ses préoccupations.

Toute invention scientifique ou technologique, avant qu’elle ne serve dans le domaine militaire, ou pour la consolidation d’une position stratégique, ou pour le renforcement d’une part de marché, doit d’abord être pensée dans le sens de l’Homme, conçue à la lumière de son utilité pour l’humanité, et confectionnée avec les lunettes de l’humanisme.

D’une part, l’impuissance entre autres des centrales nucléaires et de toutes les technologies spatiales, aéronautiques et militaires face à la diablesse Covid-19 ; et d’autre part, l’importance capitale des respirateurs, des appareils de réanimations et des équipements pharmaceutiques entre autres corroborent les propos susmentionnés. Tous les Etats du monde doivent se doter impérativement d’un système de santé performant et travailler à l’émergence d’un personnel soignant avisé, averti et très bien formé.

Sans aucune velléité de rejet ni de mépris pour les autres domaines tels que l’armée, l’économie, le développement technologique et scientifique, le rédacteur de ces lignes, votre humble serviteur, pense que le centre décisionnel de tous les pays du monde, devrait impérativement mettre l’Homme au centre de toutes ses décisions, dans l’épicentre de toutes ces attentions et au cœur de toutes ses actions.

Quant à notre très chère Afrique noire bien-aimée, l’occasion lui est offerte une fois de plus de redéfinir ses priorités, de reconsidérer sa conception du développement qui ne se limitent pas seulement et uniquement à la construction d’échangeurs, de splendides palais présidentiels et magnifiques quartiers résidentiels, à la possession de luxueux bolides et autres choses vaines issues des caprices de la civilisation humaine.

Il ne sert à rien et c’est ridicule pour nos Etats d’Afrique d’avoir des palais présidentiels paradisiaques, des trains de vie de Pachas, des voitures de fonction somptueuses, si juste à 100 mètres, leurs compatriotes défèquent dans les rues, leurs hôpitaux manquent de toilettes décentes, de respirateurs et de salles équipées de réanimation.

La preuve et la vedette du moment, c’est Cuba, qui malgré un embargo de plusieurs décennies, une économie moribonde et des infrastructures vétustes et désuètes, se permet d’envoyer des médecins au chevet de plusieurs Etats du monde, dont certains paraît-il, sont des puissances.

Bravo Fidel Castro, Hasta Siempre Commandante. « La nécessité étant la mère de l’invention », l’Afrique doit, face à l’imminence d’un péril sanitaire et aux vues des pronostiques macabres à son sujet, penser et surtout, nourrir l’aspiration d’amenuir son degré de dépendance vis-à-vis de l’occident. Le présent malheur lui donne l’aubaine de créer et renforcer ses propres centres de recherches, de revoir son système scolaire et universitaire afin de se doter de filières de formations en parfaite adéquation avec ses réalités, ses contraintes et ses défis.

Recevoir des experts chinois, c’est bien, c’est même très bien, mais l’idéal serait, avant tout appel à l’aide, de promouvoir et valoriser l’expertise locale, et pourquoi pas, qu’un jour, ce sont les autres qui fassent appel à la compétence africaine. L’Afrique noire, notamment le Burkina Faso, dispose d’intellectuels de haut niveau ; de scientifiques, techniciens et technologues de haut vol ; et des experts et spécialistes de calibre supérieur dans toutes les disciplines de la science.

Pour des raisons de neutralité politique, de positionnement idéologique, de simple jalousie et par pure méchanceté, ces « grosses têtes » formées dans les grands temples du savoir de ce monde, se retrouvent mis en quarantaine professionnelle, marginalisés, sans pouvoir de décision et sans capacité aucune de déployer leurs savoir, science et compétences acquis au prix de nuits blanches, de durs labeurs, de sacrifices et à la sueur du pauvre contribuable burkinabé à travers leurs bourses d’études.

Dans le meilleur des cas, certains d’entre eux partent vendre leurs talents sur d’autres continents où la méritocratie est de rigueur et où la volonté de faire progresser la science et propulser le développement sont une réalité et une aspiration profonde. Et dans le pire des cas, ce qui est d’ailleurs le plus fréquent, « ces grosses têtes » finissent dans l’amertume, sombrent dans l’aigreur, se noient dans l’alcool ou meurent dans la solitude. Pourtant, ce n’est pas si sûr que nos experts venus d’ailleurs, aient été sur les bancs, plus percutants et brillants que nos experts nationaux mis volontairement au garage.

Enfin, si votre humble serviteur et petit frère insiste sur le développement de l’expertise locale, c’est parce que beaucoup de gens en ce monde nous prennent, nous africains noirs, pour des bons à rien, des incapables, des nécessiteux et assistés éternels, des rats de laboratoire sur lesquels l’Occident pourrait tester son vaccin. Un autre des leurs, qui dit tout haut ce que beaucoup pensent tout bas, a même lancé à notre égard ce propos devenu célèbre : « les pays de merde d’Afrique ».

En ces temps où la diablesse Covid-19 règne en maître sur terre, l’Afrique a toutes les ressources humaines (scientifiques, guérisseurs, tradipraticiens dotés des savoirs ancestraux…) et surtout naturelles (forêts, savanes, plantes, herbes,…) pour trouver un vaccin ou un remède contre la diablesse Covid-19.

Imaginons si le salut de l’Humanité venait d’Afrique noire, cela voudrait dire que des américains, français, italiens, espagnols et autres ressortissants de grands pays viendraient se soigner en terre africaine. Ils retourneraient à la source, viendraient se soigner dans leur berceau, notre berceau à tous, l’Afrique, le Berceau de l’Humanité. Dès cet instant, l’Afrique gagnerait en respectabilité, en notoriété et le regard d’une multitude changerait à son égard.

Vive l’Humanité.
Vive l’Afrique.
Vive le « Pays des Hommes Intègres ».

Sidiki Aboubacar Wendin ZERBO
wendin.aboubacar.zerbo@gmail.com
Un fier ressortissant du Pays des Hommes Intègres

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