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Education nationale : Le SNEP s’insurge contre le projet de redimensionnement des circonscriptions d’Education de base (CEB)

Publié le jeudi 16 avril 2020 à 15h22min

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Education nationale : Le SNEP s’insurge contre le projet de redimensionnement des circonscriptions d’Education de base (CEB)

Par cette correspondance, le Syndicat National des Encadreurs Pédagogiques du Premier Degré (SNEP) voudrait s’insurger contre deux faits majeurs qui touchent les enseignants et les encadreurs pédagogiques du primaire et risquent de porter un coup dur au système éducatif dans son ensemble. Il s’agit du projet de redimensionnement des Circonscriptions d’Éducation de Base (CEB) et du statut particulier du métier éducation, formation et promotion de l’emploi. Pour ce fait, le syndicat a adressé un courrier au Ministre de l’Education nationale de l’Alphabétisation et de la Promotion des Langues nationales.

Monsieur le Ministre,

I. Du projet de réorganisation des CEB

Monsieur le Ministre, sans vouloir verser dans l’histoire, il nous plait de rappeler que la croissance du nombre des CEB qui est passé de quatre (04) circonscriptions en 1961 à 488 circonscriptions d’éducation de base en 2016 est la résultante de :

-  la croissance du nombre d’écoles et donc, du nombre d’enseignants ;
-  la nécessité de rapprocher l’encadreur de l’encadré ;

C’est donc assez étonnant qu’au moment où la tendance était de scinder certaines CEB en deux, voire en trois pour une plus grande efficacité, le MENAPLN se lance dans un projet de redimensionnement, malgré les interpellations, dans l’intention de ramener les 488 CEB à 306.

Monsieur le Ministre, au-delà du problème de gestion des personnels travaillant dans les inspections en instance de suppression, ce projet occasionnera l’éloignement des équipes d’encadrement des écoles. Si l’on sait que les instituteurs principaux vont bientôt quitter les écoles conformément au décret 2020-0245/PRES/PM/MFPTPS/MINEFID du 30 mars 2020 portant statut particulier du métier éducation, formation et promotion de l’emploi les nommant inspecteurs de l’enseignement primaire, il est clair que l’encadrement de proximité prendra un grand coup.

Au-delà de ces aspects techniques, il faut noter que la création de certaines CEB a tenu compte de certaines réalités socioculturelles en lien avec la communalisation intégrale du territoire nationale. Le risque de résurgence de certains conflits intercommunautaires n’est donc pas à écarter.

Monsieur le Ministre, le SNEP ne voit en ce projet, ni plus ni moins qu’une transposition du modèle d’encadrement du post-primaire et du secondaire dont tout le monde connait les limites. En tout état de cause, le SNEP vous prévient qu’après ce redimensionnement qui créera plus de distance à parcourir par les encadreurs pédagogiques pour effectuer les visites de classe et par les directeurs d’école pour acheminer les courriers, il va falloir, comme au secondaire, mettre des véhicules tout terrain à la disposition de chaque CEB pour amener les encadreurs sur le terrain d’encadrement et les ramener et des motos de service pour les directeurs d’école.

Dans le protocole d’accord signé entre le MENA et le SNEP le 22 novembre 2016, il était question de faire l’état des motos existant sur le terrain pour remplacer les défaillantes et combler les manques. À ce jour, rien n’y fit. Les encadreurs pédagogiques du primaire ne vont pas continuer à s’esquinter physiquement, matériellement et économiquement pour servir un système qui ne leur réserve que du mépris.
À défaut de rapprocher davantage l’encadreur de l’encadrer, le SNEP propose de maintenir les 488 CEB existantes.

II. Du statut particulier du métier d’éducation, formation et promotion de l’emploi

Monsieur le Ministre, la rédaction du statut valorisant avait suscité beaucoup d’espoir chez les encadreurs pédagogiques du primaire qui s’attendaient au moins à la correction des injustices qu’ils subissent depuis leur accession au corps des instituteurs principaux. En effet,

-  Pour l’Instituteur Principal (IP) : il doit, après la catégorie B, échelle 1, passer un concours professionnel pour aller subir une seule année de formation dans une école professionnelle, l’École Normale Supérieure de l’Université Norbert Zongo de Koudougou (ENS/UNZ), et être reclassé dans la catégorie A échelle 3 à sa sortie. Conformément au décret 2015-1534/PRES-TRANS/PM/MFPTSS/MEF du 18-12-2015 portant régime de la scolarité des stagiaires des écoles et centres de formation professionnelle de l’État et à la loi 081-2015/CNT du 24 novembre 2015 portant statut général de la fonction publique d’État, aucun corps de l’administration publique ne passe un concours professionnel à partir de la catégorie B, échelle 1 pour aller subir une seule année de formation professionnelle et sortir en A3. En dehors de l’IP, les autres élèves fonctionnaires subissent deux (02) ans de formation professionnelle et sont reclassés directement dans la catégorie A1.

-  Pour le Conseiller Pédagogique Itinérant (CPI) : il est au lancement du concours, soit un Instituteur Principal (catégorie A échelle 3), soit un Instituteur Certifié (IC) (catégorie B, échelle 1) ayant trois années d’enseignement effectif en qualité d’IC et titulaire d’une licence. En cas d’admission, il subit deux (02) ans de formation. Il cumule ainsi trois (03) ans de formation à l’ENS/UNZ s’il passe par IP ou deux ans de formation s’il est Instituteur Certifié (IC) titulaire de licence.

Curieusement, il est reclassé en catégorie A, échelle 2 à sa sortie et non en catégorie A échelle 1 au moins comme les autres fonctionnaires de l’État. Pendant ce temps, les Conseillers d’Administration Scolaire et Universitaire (CASU), les Conseillers d’Intendance Scolaire et Universitaire (CISU), les Conseillers d’Éducation (CE), tous relevant du même MENAPLN, qui sont entrés à l’ENAM ou à l’ENS/UNZ à partir de la même catégorie B échelle 1, et qui subissent aussi deux (02) ans de formation comme le CPI, sont reclassés en catégorie A, échelle 1 à leur sortie (cf : décret 2015-1534/TRANS/PM/MFPTSS/MEF portant régime de la scolarité des stagiaires des écoles et centres de formation professionnelle de l’État et Annexe 2 de la loi 081-2015/CNT du 24 novembre 015 portant statut général de la fonction publique d’État :

-  Pour l’Inspecteur de l’Enseignement du Premier Degré (IEPD) : pendant que les autres agents de la fonction publique de catégorie B1 atteignent la catégorie A1 en un seul concours assorti de deux (02) ans de formation, l’Inspecteur de l’Enseignement du Premier Degré l’atteint en trois concours espacés de trois (03) ans pour un total de cinq (05) ans de formation professionnelle cumulés dans la même école de formation professionnelle. Ainsi, d’une part, la durée de sa formation est plus longue et d’autre part son reclassement lui est défavorable. En effet, les IEPD qui sont de niveau BAC + 7 ans de formation professionnelle cumulée (2 ans sur le terrain pour le CAP et 5 ans à l’ENS/UNZ) sont reclassés en A1 au lieu de la catégorie P échelle C.

Monsieur le Ministre, sur cette question d’injustice, le SNEP vous a adressé plusieurs correspondances dont la dernière en date, celle du 24 mai 2019, dénonçait entre autres :

-  la consécration des injustices ci-dessus relevées en loi dans le projet de statut élaboré ;

-  le blocage éventuel de la carrière des instituteurs certifiés suite à la fusion des trois corps d’encadrement en un seul (IEP) car le système pourrait ne plus avoir besoin de recruter des inspecteurs et ce pour plusieurs années ;

-  le refus d’ouverture d’une passerelle pour les encadreurs pédagogiques du primaire (IP, CPI, IEPD) titulaires de master vers le corps des professeurs agrégés ouvert pourtant aux étudiants titulaires de master. Vous pourrez lire dans les rapports journaliers des travaux de la commission de rédaction du statut que le SNEP a adressé une correspondance portant réserve au président du comité de rédaction le 17 mai 2019 à ce propos.

Des correspondances ont également été adressées au Premier Ministre et au Président du Faso le 17 juin 2019 sur les mêmes récriminations. Comme réponse, le Premier Ministre nous a référés à vous pour un éventuel examen de la question. Au cours d’une audience que vous nous avez accordée le 9 juillet 2019, vous nous informiez que notre requête sera examinée par le gouvernement au moment de l’adoption du statut valorisant.

Grande fut notre surprise de constater que rien n’a changé pour les encadreurs pédagogiques du primaire dans ce nouveau statut. Pire, on demande aux IP et au CPI de passer un concours spécial pour aller subir une ou deux autres années de formation à l’ENS pour accéder enfin à la catégorie A échelle 1 avec tous les préjudices liés aux coupures d’indemnités que cela implique. Quant aux inspecteurs, leur situation est purement et simplement ignorée. On leur dit de faire du surplace.

Monsieur le Ministre, pour avoir participé de bout en bout à l’écriture du projet de statut, le SNEP constate que dans le statut adopté, des dispositions ont été aménagées en faveur de certains personnels après les travaux de la commission de rédaction (cf section 4, article 75 à propos du nouveau corps d’administrateur des lycées et collègues de catégorie PC où les professeurs certifiés des lycées et collèges, exerçant les fonctions de proviseurs de lycées et de directeurs de CEG seront reversés par « concours spéciaux »). Visiblement, un travail de laboratoire a été fait dans le dos de la commission de rédaction ou tout au moins sans le SNEP.

Qui a autorisé ce travail de laboratoire ? Pourquoi ces aménagements n’ont pas été opérés pour permettre aux IC d’accéder au corps de professeur certifié des écoles de catégorie A3 par examens spéciaux ? Il y a donc deux poids, deux mesures dans les faits. Nous n’avons rien contre les heureux bénéficiaires, mais nous disons que si on peut le faire pour « X », on devrait pouvoir le faire pour « Y ».

Si l’équité et la justice n’ont pas deux significations, nous en concluons à une iniquité et une injustice, une conspiration au sommet de l’État contre un pan de votre ministère, contre des agents qui ont servi et servent encore loyalement la nation, parfois au prix de leur santé, de la stabilité de leurs familles et même de leur vie.

En tout état de cause, le SNEP rejette et continuera de rejeter ce nouveau statut qui n’a rien de valorisant pour les enseignants du primaire et en tirera toutes les conséquences.

Sans trop abuser de votre temps, nous vous prions de recevoir, Monsieur le Ministre, l’expression de notre ferme détermination à œuvrer pour l’amélioration des conditions de vie et de travail de nos militants et pour le rayonnement de notre système éducatif.

Pour le bureau national, le Secrétaire Général

Pierre ZANGRE,
Inspecteur de l’Enseignement du Premier Degré

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Vos commentaires

  • Le 16 avril 2020 à 22:11, par aboubacar En réponse à : Education nationale : Le SNEP s’insurge contre le projet de redimensionnement des circonscriptions d’Education de base (CEB)

    Le statut est un statut particulier et nulle part il n’est fait mention de statut valorisant. La valorisation pour moi, c’est ce qui aurait incité les professionnels du métier à se sentir bien dans leur conscience, puis à ceux qui postulent pour les concours de ne pas opter pour l’enseignement en dernier recours.
    Mais là, des responsables syndicaux, mus par leurs appétits, ont concocté un statut leur permettant à partir de concours et examens spéciaux, d’avoir de la promotion par des voies disons-le, tordues.
    Le statut adopté, le procès en sorcellerie commence. Il est clair que ce statut va créer beaucoup de problèmes dans son application sur le terrain, en particulier en ce qui concerne les Inspecteurs du primaire.
    Le SNEP relève un paradoxe qu’il a lui-même entériné en prenant part aux travaux et en acceptant que des IP et CPI passent IEPD par nomination, pendant que les réformes au MENAPLN objectaient réduire le nombre de circonscriptions. Où vont-ils travailler ces nombreux IP/IEPD et conseillers/IEPD ? Entre Conseillers et IEPD, la gestion était déjà difficile, vous y ajoutez des milliers d’IP, autant dire que ce sont des poudrières qui ont été ainsi installées.
    L’emploi d’IP est le fruit d’une compromission du monde enseignant : beaucoup y ont été nommés sans concours. En son temps, c’était une forme de valorisation pour certains syndicalistes jusqu’à ce qu’on se rende compte qu’il allonge le parcours professionnel de l’instituteur.
    Ce que vous n’avez pas obtenu en étant unis, l’obtiendrez-vous lorsque vous irez en rangs dispersés ? Je ne le crois pas.
    Tout en approuvant les incohérences que vous avez relevées, je note quand même qu’un nombre élevé d’encadreurs devrait en principe améliorer la qualité de l’encadrement. Mais la ration va diminuer.
    Je suis d’avis avec vous, qu’il faut permettre aux IEPD titulaires de master de devenir des professeurs agrégés.
    Ce qui aurait été encore mieux à mon avis, c’est de relever le niveau de rémunération (les indices de traitement) pour faire de l’éducation un métier attrayant, prestigieux.
    L’artiste du nord

  • Le 17 avril 2020 à 10:40, par traore sidnoma En réponse à : Education nationale : Le SNEP s’insurge contre le projet de redimensionnement des circonscriptions d’Education de base (CEB)

    c’est un débat qui n ’a pas de sens dans la mesure où vous avez entériner quelque chose avant de se rendre compte que vous avez tiré la balle sur votre propre pied.soyons sérieux, avec un niveau BEPC vous voulez aller là où le diplôme universitaire est exigé . Vous avez aujourd’hui la possibilité de faire des masters pour intégrer l’emploi des professeurs agrégés. revendiquons ce qui est "revendicable" !!!!!!!!!!!!!!!!!!!

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