LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Vous n’empêcherez pas les oiseaux de malheur de survoler votre têtе, mаis vοus рοuvеz lеs еmрêсhеz dе niсhеr dаns vοs сhеvеux.” Proverbe chinois

Suspension de la contribution américaine à l’OMS : Quand Trump cherche un bouc-émissaire dans la « mauvaise gestion » du Covid-19

Publié le mercredi 15 avril 2020 à 22h45min

PARTAGER :                          
Suspension de la contribution américaine à l’OMS : Quand Trump cherche un bouc-émissaire dans la « mauvaise gestion » du Covid-19

La menace du président américain qui planait, depuis quelques jours, sur l’Organisation mondiale de la santé (OMS), a finalement été mise en exécution. Ce mardi, 14 avril 2020, Donald Trump a annoncé la suspension de la contribution de son pays à l’OMS, prétextant « une mauvaise gestion » de la pandémie du Covid-19.

« Tout semble très favorable à la Chine, ce n’est pas acceptable. Elle (OMS) reçoit des sommes énormes de la part des Etats-Unis. Elle a critiqué la fermeture des frontières (aux personnes venues de Chine) quand je l’ai annoncée, et elle a eu tort. Elle a eu tort sur beaucoup de choses », a fustigé le président américain, lors du quotidien point de presse mardi, à Washington.

En effet, le locataire de la Maison blanche, jugeant l’OMS trop favorable à Pékin en pleine crise du coronavirus, avait vivement critiqué l’institution, menaçant même de suspendre le financement de son pays. « Nous allons suspendre (le versement) des sommes destinées à l’OMS », avait-il déclaré. Il reviendra sur sa déclaration, peu de temps après, en indiquant qu’il souhaitait seulement étudier cette possibilité. « Je ne dis que pas que je vais le faire, mais nous allons examiner cette possibilité », avait-il signifié.

C’est désormais chose faite. Donald Trump a mis sa menace à exécution, ce 14 avril 2020. « Aujourd’hui, j’ordonne la suspension du financement de l’Organisation mondiale de la santé pendant qu’une étude est menée pour examiner le rôle de l’OMS dans la mauvaise gestion et la dissimulation de la propagation du coronavirus », a déclaré le président américain, évoquant une étude plus approfondie d’environ 60 à 90 jours.

Rappelant que son pays est le premier contributeur de l’OMS, Donald Trump a souligné que les Etats-Unis financent l’OMS à hauteur de 400 à 500 millions de dollars américains par an, contre environ 40 millions, et même moins, pour la Chine. Conséquence, dit-il, son pays avait le « devoir » de réclamer des comptes. « Si l’OMS avait fait son travail et envoyé des experts médicaux en Chine pour étudier objectivement la situation sur le terrain, l’épidémie aurait pu être contenue à sa source avec très peu de morts », a chargé le président républicain.

Et si, pour l’instant, Trump n’a pas précisé les conditions de suspension du financement américain à l’institution onusienne de la santé, l’on soutient que la décision devrait être théoriquement soumise à l’approbation du Congrès. A ce propos, le Wall Street Journal indique que Trump pourrait ordonner aux agences américaines de rediriger ces budgets pour financer des programmes connexes.

Une fuite de responsabilités ?

Pour certains acteurs, le président américain cherche tout simplement un bouc-émissaire dans cette crise. C’est l’opinion du démocrate Patrick Leahy, membre du Senate Appropriations Committee, puissant comité de la Chambre haute du Congrès qui tient les cordons de la bourse fédérale.

Accusant la Maison blanche d’avoir « mal géré la crise depuis le départ, ignoré de nombreux avertissements et gaspillé un temps précieux, méprisant la science médicale », le sénateur affirme, dans un communiqué, qu’avec ses attaques contre l’OMS, Trump cherche à « fuir ses responsabilités, alors que le nombre de morts continue d’augmenter ».

A la date du 15 avril 2020, les Etats-Unis enregistraient plus de 609 000 cas de Covid-19 pour plus de 26 000 morts. « L’OMS aurait pu être plus ferme avec la Chine et déclarer plus tôt l’urgence sanitaire mondiale, mais elle remplit une fonction essentielle et a besoin de notre solide soutien », poursuit Leahy.
Au passage, il rappelle que malgré les restrictions de voyages imposées par la Maison blanche, « Près d’un demi-million de personnes ont pu se rendre aux Etats-Unis depuis la Chine, et le virus venait également d’Europe et d’ailleurs ».

Par ailleurs, Donald Trump oublie qu’il avait, lui-même, à travers un tweet, salué le travail des autorités chinoises, le 27 mars 2020 : « Je viens d’avoir une très bonne conversation avec le président chinois. Nous avons parlé en détails du coronavirus qui ravage de grandes parties de notre planète. La Chine a beaucoup souffert et a une grande connaissance du virus. Nous travaillons étroitement ensemble. Beaucoup de respect ! », avait-il écrit, avant de se contredire la semaine suivante : « Le monde est en train de payer très cher pour ce qu’ils ont fait (...). Ça aurait pu être stoppé exactement là d’où c’est originaire, la Chine ».

Ce n’est pas le moment …

Exprimant sa désapprobation après l’annonce du président américain, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, clame : « Ce n’est pas le moment de réduire le financement des opérations de l’Organisation mondiale de la santé, ou de toute autre institution humanitaire combattant le nouveau coronavirus ». Il poursuit son assertion, en affirmant que : « Une fois que nous aurons finalement tourné la page de cette épidémie, il y aura un temps pour revenir pleinement en arrière pour comprendre comment une telle maladie a pu survenir et répandre sa dévastation aussi rapidement à travers le monde ». Certains pays comme la Chine et l’Allemagne n’ont pas tardé à dénoncer la décision du président américain.

« Cette décision va affaiblir les capacités de l’OMS et miner la coopération internationale contre l’épidémie », a regretté devant la presse, ce mercredi 15 avril 2020, un porte-parole de la diplomatie chinoise, Zhao Lijian.

L’Allemagne s’est inscrite dans la même dynamique, en soulignant que « blâmer n’aide pas » en période de pandémie. « Nous devons travailler en étroite collaboration contre le Covid-19. Un des meilleurs investissements est de renforcer les Nations unies, en particulier l’OMS, qui est sous-financée, par exemple pour le développement et la distribution de tests et de vaccins », a estimé sur Twitter, le ministre allemand des Affaires étrangères, Heiko Maas.

Nicole Ouédraogo
Lefaso.net

PARTAGER :                              

Vos commentaires

  • Le 16 avril 2020 à 08:12, par Ka En réponse à : Suspension de la contribution américaine à l’OMS : Quand Trump cherche un bouc-émissaire dans la « mauvaise gestion » du Covid-19

    J’ai toujours loué l’étroite coopération positive entre mon pays et les Etats Unis. D’ailleurs, je remercie ce pays pour ses aides qui sont pris en compte par le peuple Burkinabé, surtout au moment où le terrorisme avec nos frères déguisés qui nous tuent comme des mouches, et maintenant cet ennemi invisible qui est le virus tueur Covid 19. Malheureusement, je dis que les Etats Unis ne mérite pas son président : Ou bien son égarement d’annuler l’assurance maladie pour toutes et tous, comme la désertion de son pays de l’OMS est dû à des mauvais conseillers autour de lui, comme nous l’avions vu ici au Burkina avec Blaise Compaoré qui lui a coûté très chère ? Si c’est le cas, qu’il balaie tous ces conseillers. Mais si ses décisions ne viennent pas de ses conseillers, je trouve que son comportement a la tête du pays le plus puissant au monde, est un comportement d’un capricieux berner par le pouvoir, et que les Américains doivent se débarrasser a la prochaine élection, et choisir une personne qui a toutes ses facultés qui pense aux conséquences de ses décisions enfantine qui peuvent ruiner un pays que j’aime. Cette conduite de quitter un organisme qui œuvre pour les opprimés du monde entier n’est pas démocratique, mais criminel. Même si cet organisme a commise des fautes, ce n’est pas au moment qu’un ennemi invisible fait trembler le monde qu’on le quitte ! L’OMS est un grand support et une colonne vertébrale pour le malheur qui tourmente le monde de nos jours. Surtout aux Etats ou les morts des opprimés sont très élevées.

  • Le 16 avril 2020 à 08:15, par À qui la faute ? En réponse à : Suspension de la contribution américaine à l’OMS : Quand Trump cherche un bouc-émissaire dans la « mauvaise gestion » du Covid-19

    Il a parfaitement raison car son pays contribue à hauteur de 22% alors que ce même pays n’a pas de système de santé à la française. La moindre des choses était que l’OMS aide les USA mais elle s’est rangée naïvement du côté de la Chine quand elle a essayé de cacher le problème pour ne pas ternir son image. Imaginez la catastrophe actuelle aux USA, qui court tout droit vers les 30 mille morts, 10 millions de chômeurs en moins d’un mois. Il est logique que Trump réaffecte ces fonds à ces citoyens contribuables. On a beau critiquer les occidentaux (parce qu’on a des dirigeants socialistes/ communistes), heureusement qu’ils sont là.
    On comprend aussi pourquoi les dirigeants des organisations onusiennes sont très souvent des marionnettes venant des pays pauvres. Il n’ont aucun pouvoir

  • Le 16 avril 2020 à 10:29, par Vérité indiscutable En réponse à : Suspension de la contribution américaine à l’OMS : Quand Trump cherche un bouc-émissaire dans la « mauvaise gestion » du Covid-19

    J’ai beaucoup de Respects pour TRUMP. Sans négliger l’analyse de notre soeur Nicole, j’estime que l’opinioniste ne peut prétendre avoir plus d’éléments pour infirmer le reproche fait à l’OMS.
    Je crois que si certaines personnes ouvraient ainsi l’Esprit comme TRUMP, on serait déjà sorti de la Crise.

  • Le 16 avril 2020 à 12:17, par savoir ce qui s’est réellement passé En réponse à : Suspension de la contribution américaine à l’OMS : Quand Trump cherche un bouc-émissaire dans la « mauvaise gestion » du Covid-19

    Le 31 décembre, l’organisation mondiale de la sante , basée à Genève, est informée qu’un "mystérieux virus" respiratoire touche la province chinoise du Hubei.
    Le 14 janvier, le bureau de Santé de Wuhan suggère que la transmission entre humains "ne peut être exclue, même si le risque d’une transmission soutenue est faible".
    Le même jour(14/01/2020), l’OMS relaie dans un tweet que "les enquêtes préliminaires conduites en Chine n’ont pour l’instant pas apporté la preuve d’une transmission interhumaine du nouveau coronavirus".
    Ce n’est que lors d’une réunion d’urgence du comité sanitaire sur le coronavirus comprenant 15 experts, le 22 janvier, que l’OMS change de position. "Il existe une transmission interhumaine du virus", reconnaît-elle finalement dans son communiqué de compte rendu.
    Le 30 Janvier 2019, le Directeur général de l’OMS déclare que la flambée de nouveau coronavirus (20019-nCoV) constitue une urgence de santé publique internationale .
    Du 16 au 24 février 2020 une mission conjointe OMS-Chine, qui se composent d’experts venant d’Allemagne, du Canada, des États-Unis d’Amérique (CDC, NIH), du Japon, du Nigéria, de République de Corée, de Russie et de Singapour, séjourne à Beijing et se rend également à Wuhan et dans deux autres villes. Ses membres s’entretiennent avec les autorités sanitaires, les scientifiques et le personnel soignant des établissements de santé.
    Le 3 mars 2020, l’OMS diffuse le Plan stratégique de préparation et de riposte de la communauté internationale pour aider à protéger les États où les systèmes de santé sont fragiles.
    Juste apres que l’OMS ait declaré l’ urgence de santé publique internationale(30/01/2020), les Etats-Unis commencent à fermer leurs frontières aux voyageurs en provenance de Chine(31/01/2020).
    En conclusion :
    C’est sur les réticences de l’OMS à déclarer l’urgence de santé publique de portée internationale (USPPI) que les principales critiques se fondent.
    Alors que le virus se répand dans le monde et que la province du Hubei est placée sous cloche, l’organisation se montre frileuse à l’idée de déclencher cet outil (USPPI) qui lui permet d’alerter les Etats et d’émettre des recommandations internationales. Lors de la réunion du 22 janvier, les experts du comité sanitaire se divisent sur la question et décident de se réunir ultérieurement pour examiner de nouveau la situation.
    L’urgence sanitaire est finalement déclarée le 30 janvier. Ce délai aurait privé les hôpitaux d’un temps précieux pour se préparer à l’afflux de patients, explique le New York Times. "Cela a renforcé la réticence à prendre des mesures fortes et précoces avant que la catastrophe n’ait effectivement touché d’autres pays", estime François Godement, conseiller pour l’Asie à l’Institut Montaigne et spécialiste de la Chine, interrogé par le quotidien américain.
    Le president TRUMP dont le pays est le premier contributeur de l’OMS est certainement en droit de manifester son mécontentement sur la gestion de la crise par L’OMS et je crois que c’est ce qu’il a fait.

  • Le 16 avril 2020 à 12:55, par broo En réponse à : Suspension de la contribution américaine à l’OMS : Quand Trump cherche un bouc-émissaire dans la « mauvaise gestion » du Covid-19

    çà donne l’image d’un avion qui a atteint sa vitesse de croisière, traverse un forte zone de turbulence, un membre de l’équipage, ( le mécanicien en l’occurrence) qui provoque délibérément une fuite de kérosène/ le moment est mal choisi pour cet acte, on peut attendre à l’atterrissage, tout au moins après la traversée de la zone de turbulence, se régler les comptes. il faut craindre pour le sort des pauvres passagers à bord ( qui ne demandent qu’à survivre de ces fortes secousses) , et qui n’ont rien à voir avec cette bagarre des GRANDS. que Dieu ramène ce membre de l’équipage à la raison

  • Le 16 avril 2020 à 16:51, par bonsoir En réponse à : Suspension de la contribution américaine à l’OMS : Quand Trump cherche un bouc-émissaire dans la « mauvaise gestion » du Covid-19

    La tendance mondiale actuelle ou les attentes actuelles que les états ont vis-à-vis des organisations Internationales est l’atteinte par celles-ci de résultats préalablement fixés.
    C’est parce que les États veulent atteindre ces résultats qu’ils s’obligent eux aussi à contribuer financièrement au fonctionnement de ces organisations.
    Malheureusement, en plus de l’obligation de précaution et de prudence que l’OMS a manqué, force est de constater qu’elle a aussi manqué de l’anticipation.
    Des, le 31 décembre 2019, il était évident que la chine mentait pour protéger uniquement ses intérêts en déclarant que le risque d’une transmission soutenue entre humains est faible.
    Peut-être qu’elle(Chine) craiyait que les États ferment leurs frontières avec elle ; ou Peut-être pensait elle gerer cette question toute seule.
    Aujourd’hui, ce mensonge est très évident car l’une des particularités de cette maladie covid-19 est sa rapidité dans sa transmission.
    Même, si la chine a eu raison de mentir pour protéger ses propres intérêts(un état n’a que des intérêts), L"OMS quant à elle devrait avoir l’initiative de la vérification et des investigations.
    C’est ce manque précaution et de prudence qui est éceurant car cette attitude a entrainé des milliers supplémentaires de mort.
    Pire, ce n’est que 3 mars 2020 que l’OMS diffuse le Plan stratégique de préparation et de riposte de la communauté internationale pour aider à protéger les États où les systèmes de santé sont fragiles comme le Burkina Faso.

  • Le 17 avril 2020 à 04:43, par nicanor En réponse à : Suspension de la contribution américaine à l’OMS : Quand Trump cherche un bouc-émissaire dans la « mauvaise gestion » du Covid-19

    La chine doit payer le manque à gagner à l’OMS et le congret americain (les democrates) doit assumer sa responsabilité pour s’être s’opposé au président Trump qui voulait relocaliser leurs entreprise de la Chine vers les US. Conséquence le pays est fortement dependant de la Chine pour leurs produits de base et compris les masques (en manques), combinaisons de protection, etc. fermeture des frontieres obligue et blocages chinois.

    L’allemagne a une bonne performence à cause de leur system sanitaire decentralisé mais aussi leur sources d’approvisionnement diversifié. Ils ont gardé la culture industriel ce qui leur a permis de convertir leurs usines de fabrication d’automobiles en fabricateurs de respirateurs, et j’en passe.

    TRUMP à raison. Il faut rediriger l’argent vers ce qui fera différence.

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique