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Me Bénéwendé Sankara : "Les raisons de mon optimisme"

Publié le jeudi 15 septembre 2005 à 07h40min

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Me Bénéwendé Stanislas Sankara, candidat à la présidentielle du 13 novembre, était à Koudougou le vendredi 09 septembre 2005. Objectif : installer M. Sylvain Kaboré dans sa mission de directeur régional de campagne de l’UNIR/MS pour le Centre-Ouest.

Entretien avec celui qu’un récent sondage du CGD vient de placer en deuxième position dans la capitale, juste après le président sortant, ainsi qu’avec son DR de campagne fraîchement installé.

M. Le président de l’UNIR/MS, à quelque deux mois de la présidentielle de novembre, vous affichez, à vous écouter, un optimisme à toute épreuve. Qu’est-ce qui fonde cet optimisme ?

• Ce qui fonde notre optimisme, c’est d’abord l’évaluation de nos forces. Comme le Coordonnateur régional, M. Sylvain Kaboré l’a dit : "Qui voyage loin ménage sa monture". Si je reprends l’historique de notre parti, je dirais que le 15 octobre 2000, nous avions, à la création de l’Union pour la renaissance/Mouvement sankariste (UNIR/MS) visé un travail à la base. Cela a constitué l’essentiel de toute l’organisation que l’UNIR/MS est aujourd’hui en train de faire. Et en 05 ans nous nous sommes rendu compte que l’implantation du parti est réelle et que nous sommes porteur d’un programme alternatif qui est plus que d’actualité et qui intéresse le peuple burkinabè. Notre optimisme trouve donc sa source dans l’intérêt que le peuple porte à l’UNIR/MS, ses activités et ses leaders.

Mais concrètement, de quels moyens disposez-vous pour battre campagne ?

• Le moyen que nous avons et qui est primordial pour nous, c’est l’homme, le peuple burkinabè. Ce sont les hommes et les femmes qui trouvent dans notre action leur salut, et qui, aujourd’hui, se mobilisent de façon désintéressée pour apporter à l’UNIR/MS un soutien inestimable. Nous n’avons certainement pas les moyens auxquels vous faites allusion et dont dispose le pouvoir, à savoir l’argent et le pétrole. Nous voulons d’abord les hommes, les femmes, la jeunesse et les vieux épris de justice, de paix, de liberté, de dignité, d’intégrité et qui font la fierté du Burkina Faso.

Vos adversaires et plus particulièrement le CDP mesurent leur force de frappe par la mobilisation de leurs militants. Quelle est votre force de frappe ?

• La mobilisation peut être virtuelle et fictive. Nous avons toujours dit que ce ne sont pas tous ceux qui portent le tee-shirt CDP qui voteront pour le CDP. Ce sera une erreur politique de leur part que de le croire parce que le peuple commence à être mature et c’est ça qui fait en partie qu’aujourd’hui le CDP a effectivement peur, car on peut amasser des sous et être surpris le jour des votes.

Cette période de précampagne a été marquée par l’histoire des 30 millions dont le chef de l’Etat a gratifié certains opposants. Est-ce que vous, vous avez eu votre part ?

• C’est vrai que le président du Faso en agissant ainsi encourage la corruption, mais comme à l’UNIR/MS il n’y a pas de corruptibles, il ne s’est pas hasardé à nous approcher. Il est donc clair que nous n’avons pas eu, contrairement au professeur Laurent Bado, à être corrompu. Et d’ailleurs, nous nous érigeons contre la corruption et la combattons sous toutes ses formes. Nous sommes un parti sankariste, et de ce fait la bonne gouvernance est l’un des piliers de notre programme.

Justement, vous avez présenté votre programme alternatif à vos militants, vous l’avez même remis à votre directeur régional de campagne. Comment comptez-vous divulguer ledit programme auprès de la masse quand on sait qu’elle est en majorité analphabète ?

• La question est très pertinente. Nous avons déjà remis ce programme à tous les organes de presse. Nous l’avons aussi divulgué au cours d’une conférence de presse. Maintenant, vulgariser ce programme suppose beaucoup de moyens. Il faut une impression, une traduction... Nous sommes en train de voir la possibilité de le traduire dans nos langues nationales, et à partir de là nous allons mettre le programme à la disposition de nos structures, qui seront le relais avec nos militants et tout le peuple. Nous envisageons aussi de faire des cassettes audio. Nous n’avons pas les moyens de faire de grands tirages, mais nos structures en seront dotées progressivement.

Un mot sur le dernier remaniement ministériel ?

• J’ai suivi les commentaires du gouvernement ainsi que ceux de Soumane Touré et je suis d’avis que c’est un remaniement politique en ce qui concerne les ministres du clan Soumane Touré. Je pense qu’ils auraient dû quitter le gouvernement avant que les choses ne les quittent. Parce que dès lors que Soumane Touré a décidé de se présenter à la présidentielle contre Blaise Compaoré, il devenait illogique de rester encore dans le gouvernement. En ce qui concerne le ministre Mathieu Ouédraogo et les explications qui ont été données je déplore simplement que les ministres qui sont aussi dans son cas soient restés au gouvernement. Je suis un citoyen comme vous et je constate que c’est un léger remaniement, qui n’entame pas le fond de l’action gouvernementale.


M. Sylvain Kaboré, coordonnateur régional de la campagne de l’UNIR/MS du Centre-Ouest : "J’ai été trahi le 15 octobre"

Pour ceux qui ne vous connaissent pas vraiment, quels sont les traits saillants de votre parcours politique ?

• Je m’appelle Sylvain Kaboré, je suis de Thyou (localité située entre Sabou et Tita), je suis conseiller d’éducation permanente au ministère des Sports et Loisirs. Politiquement, je suis un militant engagé de l’UNIR/MS depuis sa création. C’est mon seul et unique parti, car je n’ai jamais milité dans un autre parti.

Depuis le 15 octobre 1987, après que j’eus assumé la permanence du secrétariat général national des CDR avec Hien Kilmité et après la formation du gouvernement et l’installation de Yé Bongnessan comme responsable des structures populaires, j’ai demandé à rejoindre le ministère des Sports, qui est mon ministère d’origine.

Et depuis lors je n’ai plus fait de politique. La raison, je me suis senti trahi. Parce que quand je rentrais de mes études j’avais foi en la révolution. J’avais même volontairement consenti à être formé militairement au niveau du Service national populaire (SNP) alors que j’ai travaillé et que j’avais un certificat de travail.

Par conviction politique, j’ai accepté ce sacrifice d’une année de salaire pour subir une formation politique. Mais ayant été trahi le 15 octobre 1987, j’avais décidé de ne plus faire de politique. Il a fallu l’intervention de certains camarades et anciens condisciples pour que j’accepte de revenir en politique.

Quelles sont vos chances pour cette campagne ?

• Nous avons de réelles chances parce que nous avons avec nous la jeunesse, qui aspire au changement. Cette jeunesse a compris que son avenir est dans l’alternance. Il ne suffit pas de recevoir des cadeaux lors des élections pour être abandonné sitôt après. La jeunesse a compris qu’il lui appartient de se battre dès maintenant.

Propos recueillis par Cyrille Zoma
Observateur Paalga

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