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Réformes de l’ONU : Les craquèlements de la Maison de verre

Publié le jeudi 15 septembre 2005 à 07h12min

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Ainsi donc, les réformes du Conseil de sécurité, tant espérées par des Etats émergents en Asie et en Afrique, ont été rejetées aux calendes onusiennes. Principal organe de l’ONU, le Conseil de sécurité compte quinze membres, dont cinq permanents, dotés du droit de veto : il s’agit de la Chine, des Etats-Unis, de la France, de la Grande-Bretagne et de la Russie.

Après des mois de discussions tumultueuses et parfois confuses, les membres de l’Union africaine (UA) ont refusé d’abandonner leur demande de deux sièges permanents avec droit de veto. Ce faisant, ils ont rendu impossible tout rapprochement avec le projet concurrent du G4, composé du Brésil, de l’Allemagne, de l’Inde et du Japon, qui proposait six nouveaux sièges permanents sans droit de veto, dont deux à l’Afrique.

Malgré une mise en garde du président nigérian, qui conseillait de se rallier à ce groupe, pour au moins avoir deux Etats africains membres du Conseil, même s’ils n’ont pas de droit de veto, un groupe de pays menés par l’Algérie a considéré que le continent devrait s’en tenir à ses revendications initiales et n’avait rien à gagner à s’associer à une initiative qu’il jugeait condamnée d’avance.

Cette attitude pose du même coup le problème du consensus africain tant recherché, mais toujours difficile à obtenir en de pareilles situations. Par ce fait, beaucoup ont estimé que les Etats africains, à cause de leurs dissensions, ont manqué de pragmatisme et ont laissé passer une chance d’obtenir deux sièges au Conseil de sécurité, ce qui leur aurait donné voix au chapitre dans les différentes instances internationales.

Ces pays ont plutôt passé leur temps à épiloguer sur qui est plus africain, plus panafricain ou plus noir que l’autre. Et voilà où on en est arrivé. Par contre, il y en a qui ont pensé que c’est un mérite que d’avoir tenu mordicus à leur revendication initiale et que ce n’est qu’une question de temps, car il faut savoir afficher ses revendications. Pour eux, l’Afrique ne doit donc pas chercher à être la tête du rat plutôt que la queue du lion : « Nous voulons notre place à la table.

Peu importe le temps que cela prendra, c’est une exigence morale, de la même façon que nous avons exigé l’indépendance ou la fin de l’apartheid », dira le secrétaire général du ministère ougandais des Affaires étrangères. Comme quoi chacun y va de sa petite analyse politique, d’autant plus que l’on affirme que le projet de réforme n’est pas mort. On parle même d’un échec temporaire, mais tous ces raisonnements sont assurément un lot de consolation.

Toutefois, aujourd’hui, les problèmes que rencontre cette institution dont le siège est à New York ne se limitent pas à l’élargissement des membres du Conseil de sécurité. L’Organisation des Nation unies, créée en 1945, a 60 ans d’existence, mais ses balbutiements font souvent penser qu’elle vient juste de naître. Surtout sous les coups de boutoir du géant américain qui fait régulièrement trembler cette maison de verre, l’Oncle Sam faisant fi des décisions du Conseil de sécurité.

La guerre engagée contre le régime de Saddam Hussein est là pour l’attester. Conséquence : au siège de ladite organisation, les discours du représentant américain sont plus suivis que le discours fleuve d’un obscur représentant d’un Etat, également membre du Conseil de sécurité soit-il. L’ascendance des Etats-Unis sur l’organisation n’est pas sans raison : la part de cotisation des Etats-Unis au budget de l’institution est de 22% et sa participation financière aux différentes opérations de maintien de la paix, de 30%.

Alors on n’a pas besoin d’un dessin pour estimer l’influence que les Américains ont sur les décisions qui y sont prises. On en vient donc à se demander le rôle de cette organisation, taxée de budgétivore, qui ressemble plus à une caisse d’enregistrement, un béni-oui-oui qu’à un centre de décisions collégiales pour la paix dans le monde.

Cependant, à bien regarder les choses, tout ne doit pas être peint en noir. Quand on observe avec un esprit froid les différentes activités faites depuis la Société Des Nations (son ancienne appellation), on ne peut partager l’ironie du général De Gaulle, qui avait traité l’ONU de « machin ». En dehors de l’ONU politico-diplomatique, il y a des structures qui en dépendent qui ont fait et continuent de faire beaucoup dans les pays qui sont dans le besoin.

Sans être exhaustif, on citera l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le Programme alimentaire mondial (PAM), le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) et le Haut-commissariat aux réfugiés (HCR). Pour les Etats qui en bénéficient, si le « gros machin » n’existait pas, il aurait fallu le créer.

Issa K. Barry

L’Observateur

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