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Fermeture des lieux de réjouissance : « Je refuse de vendre mon corps pour de l’argent », déclare une serveuse

Publié le mercredi 8 avril 2020 à 22h15min

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Fermeture des lieux de réjouissance : « Je refuse de vendre mon corps pour de l’argent », déclare une serveuse

Ces filles viennent du Togo, du Nigéria, du Burkina Faso mais elles ont un point commun. Elles travaillent dans des maquis afin de gagner leur vie. Face à la fermeture des lieux de réjouissance due à la pandémie de la maladie à coronavirus, ces dernières se retrouvent sans boulot. Incapables de joindre les deux bouts, certaines se sont lancées dans la prostitution.

A Ouagadougou, les bars et maquis ne désemplissent guère aussi bien en semaine que le week-end, de jour comme de nuit. L’alcool coule à flots. Les serveuses se rivalisent pour savoir laquelle portera le « maillot jaune ». Les plus courtisées par les clients gagnent un salaire substantiel à la fin du mois.

Mais face à la progression rapide du nombre de personnes infectées par le virus de covid-19 au Burkina Faso, le gouvernement a pris une batterie de mesures dont la fermeture des lieux de réjouissances. Cette restriction n’est pas sans répercussions sur le quotidien de ces filles. Si certaines n’ont pas voulu se prononcer, d’autres par contre n’ont pas hésité à manifester leur mécontentement. « Ils n’ont qu’à ouvrir les maquis, nous on veut travailler. On souffre. On a trop de charges à supporter », martèle Diane Agani employée dans un maquis de renommée nationale de la place.

Samira Boukari abonde dans le même sens. « On vit de notre travail. Dans mon salaire, je dois payer le loyer, les habillements, les vivres et envoyer de l’argent pour mes parents qui sont restés au pays. Maintenant qu’on ne travaille plus, comment faire ? ». Selon l’expression populaire, à quelque chose malheur est bon. « Notre patron, nous a donné 2 sacs de riz de 25 Kg et 20 000 F CFA à chacune. En plus, il assure le loyer de la mini villa que nous occupons. Mais pour combien de temps ? », s’inquiète une jeune togolaise, la vingtaine bien sonnée. Les angoisses ne se limitent pas seulement au loyer.

« Actuellement, le sac de riz est presque fini. Il faut qu’on trouve une solution pour assurer notre pitance quotidienne », poursuit-elle. Sa solution ? Etre payée pour avoir des relations sexuelles. « Je n’ai pas choisi cette vie. C’est la situation qui m’y oblige », se justifie sa camarade Mlle Boukari (Ndlr ; nom d’emprunt). Mais si on lui donnait la possibilité de choisir entre la prostitution ou rentrer dans son pays natal, son option serait le second, à l’écouter. « On veut rentrer chez nous. Auprès des parents, c’est sûr qu’on aura l’essentiel pour survivre », insiste-t-elle.

Une situation inconfortable

Ces propos sont corroborés par ceux de Larissa X (nom d’emprunt) pour qui leur échappatoire serait l’ouverture des frontières. « Si tu demandes à un pointeur de te payer à manger, il exige des relations sexuelles avant. Avec tous les risques et après t’avoir utilisée comme il veut, il te donne un pauvre 1 000 F CFA ou 1 500 F CFA », s’indigne cette nigérienne. Minata Sanou a, quant à elle, quitté Bobo-Dioulasso pour Ouagadougou, il y a deux mois de cela. Enceinte, elle décrit son calvaire depuis la fermeture des maquis.

« Ce n’est pas facile. Il y a des jours où on (Ndlr ; ses co-chambrières) se dispute à cause de la nourriture. Tout cela, pour vous dire que plus rien ne va. En venant à Ouagadougou, je mettais fixé un objectif : travailler quelques temps dans un maquis et après retourner chez moi pour me lancer dans le commerce avec le peu que j’aurais économisé. Aujourd’hui, la situation me pousse à faire des choses malgré moi », avoue-t-elle, la mort dans l’âme.

Si certaines ont choisi le chemin le plus court pour pouvoir survivre, d’autres par contre refusent de monnayer leur corps. Dado fait partie de ce groupe. « Je refuse de vendre mon corps pour de l’argent. Je refuse également d’envoyer de l’argent salle à ma maman », clame cette togolaise qui espère très prochainement l’ouverture des maquis et bars. Une fermeture qui fait d’autres victimes collatérales.

En témoigne, Nadège Bationo affectueusement surnommée « tantie tarogo » que nous avons rencontré à la porte de la villa des filles. Vendeuse d’articles de femmes, ses meilleures clientes se trouvent être les serveuses. Elle est aussi affectée par la situation. « Présentement, mon argent est au dehors. Comment faire pour l’encaisser lorsque mes clientes, elles-mêmes, ont du mal à joindre les deux bouts ? », s’interroge cette maman de trois enfants.

Aïssata Laure G. Sidibé
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 8 avril 2020 à 14:28, par La verite En réponse à : Fermeture des lieux de réjouissance : « Je refuse de vendre mon corps pour de l’argent », déclare une serveuse

    Selon moi, je pense que comme l état ma pas assez de moyen pour soutenir financierement ses citoyens comme les occidentaux. C est mieux d organiser des repas communautaire un peu partout dans tous les quartier pour permettre au plus pauvre d aller prendre pour aller mangé chez eux. Avec cette idée c est sûre que beaucoup de gens de bonne volonté pourrons même aider l état il ne se rest que avec des sacs de riz ou de mil pour les accompagne. Moi en tout je suis près à aider l état dans ce sensé. Parce que selon moi si le vendre est plein on peut tous espère à la fin de cette pandémie.

  • Le 8 avril 2020 à 14:43, par verite no1 En réponse à : Fermeture des lieux de réjouissance : « Je refuse de vendre mon corps pour de l’argent », déclare une serveuse

    Ah ! Je comprends pourquoi ya violence conjugale a Ouaga !!!! Mr ne peut plus manger des brochettes et poulets grilles avec Adjoua, consequence, c’est la colere !!!!!!! Cette histoire arrange les femmes mariees !!!!!!

  • Le 8 avril 2020 à 14:49, par KONOMBA En réponse à : Fermeture des lieux de réjouissance : « Je refuse de vendre mon corps pour de l’argent », déclare une serveuse

    Si seulement, le Gouvernement pour poursuivre les mesures dans ces milieux pourris, car la vie que nos filles et garçons y mènent c est lamentable. et dire que c ’est la recherche de la pitance........
    Que d ’ auberges servant de maisons closes dans les maquis de ce genre...Et le comble, cela se passe dans les maisons d habitations, devant les tous petits......

  • Le 8 avril 2020 à 15:03, par Le sage de tous les temps En réponse à : Fermeture des lieux de réjouissance : « Je refuse de vendre mon corps pour de l’argent », déclare une serveuse

    Que les maquis et Bars restent fermés pour de bon ! Cela faciliterait l’éducation des enfants dans notre pays.

    En faisant une petite comparaison entre l ’apport de ces maquis en termes d’économies et tout ces inconvénients en termes de perversions, moi je choisis la fermeture de ces maquis.

    Je suis d’accords pour les Bons restaurants de repas qui offrent de bon services aux populations en leurs permettant d’économiser en temps et en argent. Pourtant, avec les maquis c’est tout à fait le contraire : du matin au soir les gens sont dans les maquis, ils dépensent tout leur argent ; les foyers se déchirent, les scolarités ne sont pas payés, manque de temps pour éduquer les enfants à la maison à cause de l’alcool et des filles de maquis, etc.

    QUE LES MAQUIS ET BARS RESTENT FERMES POUR DE BON !

  • Le 8 avril 2020 à 15:07, par Zama En réponse à : Fermeture des lieux de réjouissance : « Je refuse de vendre mon corps pour de l’argent », déclare une serveuse

    Je pense que si l’état pouvait profiter de l’aubaine offerte par le covid19 pour museler cette affaire des lieux de réjouissance ,chacun pouvait économiser pour se construire même une petitte maisons. Quel peut être l’avenir d’une jeunesse ivre.Nous sommes malheureusement entrein de devenir le Cameroun de l’Afrique de l’ouest..

  • Le 8 avril 2020 à 15:20, par raogo En réponse à : Fermeture des lieux de réjouissance : « Je refuse de vendre mon corps pour de l’argent », déclare une serveuse

    C’est simple Ouaga manque de bonne. Il faut vous convertir pour 2 ou 3 mois le temps de vous occuper et pouvoir avoir à boire et à manger.

  • Le 8 avril 2020 à 16:31, par Lom-Lom En réponse à : Fermeture des lieux de réjouissance : « Je refuse de vendre mon corps pour de l’argent », déclare une serveuse

    mon cher internaute Raogo, ton idée est lumineuse mais combien d’entre elles accepterons de se transformer en "aides-familiales" ou "bonnes" ? pour combien de francs à la fin du mois et pour quels autres avantages matériels (boire et manger du bon servi par les clients !!). Je ne crois pas que cette solution intéresse la majorité d’entre elles ! D’ailleurs, je ne suis pas sûr aussi que les femmes (maitresses de maisons) leur feront confiance à priori car supposées être un danger pour leurs foyers ! Prions pour que cette maladie passe vite pour ne pas nous fabriquer des lots de mendiants en plus de ceux que nos communautés tentent de gérer quotidiennement !

  • Le 8 avril 2020 à 16:37, par BORDELS FERMES YOUPI En réponse à : Fermeture des lieux de réjouissance : « Je refuse de vendre mon corps pour de l’argent », déclare une serveuse

    IL VA FALLOIR règlementer
    NON DE DIEU AVEC CES MALADIES IL Y A DES GENS QUI ARRIVENT TOUJOURS A AVOIR ENVIE DE FAIRE L AMOUR.
    CHERS AMIS C EST MIEUX DE SÉVIR DANS CES LIEUX HAUTS LIEUX DE PROPAGATION DU COVID-19.
    A CEUX QUI ONT DES COMPORTEMENTS A RISQUE SOYEZ RESPONSABLES AU MOINS UNE FOIS DANS VOTRE VIE ! COMMENT ÉCARTER SES JAMBES SANS SAVOIR SI MON PARTENAIRE A LE COVID-19 LE SIDA ETC MY GOD !!!

  • Le 8 avril 2020 à 17:45, par Integrity En réponse à : Fermeture des lieux de réjouissance : « Je refuse de vendre mon corps pour de l’argent », déclare une serveuse

    Si seulement les autorités pouvaient profiter pour assainir ce milieu, maquis bars auberge.......

  • Le 8 avril 2020 à 17:59, par Raogo et Lom Lom En réponse à : Fermeture des lieux de réjouissance : « Je refuse de vendre mon corps pour de l’argent », déclare une serveuse

    Je me permets de réagir aux 2 derniers internautes. Combien de foyers à Ouaga emploient des jeunes enfants pour s’occuper de la maison et sont souvent payés à un montant très bas ? C’est plus sur ce plan que l’état doit réagir. Beaucoup de ménages ont les moyens de payer au moins le SMIC pour faire ce travail de bonne mais préfèrent exploiter une jeune fille pour un salaire de misère de 10.000 F/Mois. Nous sommes dans un état de droit mais les lois ne sont pas respectés. Combien d’employés (serveuses...) dans les maquis sont déclarés à la CNSS et payés à un juste salaire pour un travail décent ? Bref, c’est l’anarchie dans tous les domaines dans ce pays.

    • Le 9 avril 2020 à 09:49, par la sagesse En réponse à : Fermeture des lieux de réjouissance : « Je refuse de vendre mon corps pour de l’argent », déclare une serveuse

      bonjour ! elles ne sont pas tenues de travailler dans une maison où elles vont y passer la journée ou même dormir. elles peuvent se promener de cours en cours pour laver les habits. si tu lave des habits même à hauteur de 2500 dans trois ou quatre cours la journée ça te fais combien par jour ?c’est de l’argent. de l’argent propre que tu aurais gagné à la sueur de ton front. tu gagnerais plus même à le faire que de rester chez quelqu’un y travailler on vas te payer 10 000, 15 000 par mois. ces filles aiment simplement la facilité. la vie dans les maquis les plaisent parcequ’ elles y trouvent leur compte et cette fermeture temporaire est une bonne leçon pour elles.

  • Le 9 avril 2020 à 16:42, par Le Sage En réponse à : Fermeture des lieux de réjouissance : « Je refuse de vendre mon corps pour de l’argent », déclare une serveuse

    Je lance un appel solennel aux autorités communales de Ouaga (Maire central et surtout maires d’arrondissement). Ces maquis constituent un danger mortel pour l’avenir de notre Nation. Nos jeunes y vont consommer alcool et drogue. Il faudrait surtout saisir cette opportunité pour retirer systématiquement les agréments des tenanciers de ces lieux de dépravation situés dans nos quartiers d’habitation ! C’est pas normal. Allez voir à Koulouba, Dapoya, Ouidi (à 50 mètres même de la mairie d’arrondissement), ces maquis sèment le désordre (musique à hauts décibels, occupation de rues, obstruction de portes d’entrée de concessions, etc.). On ne dirait même pas que Ouaga et ses arrondissements ont des responsables à leurs têtes. Il faut régler définitivement cette situation. C’est pas tolérable ! Ça fait des années qu’on en parle, mais rien. C’est triste et révoltant.

  • Le 10 avril 2020 à 14:43, par Levieux En réponse à : Fermeture des lieux de réjouissance : « Je refuse de vendre mon corps pour de l’argent », déclare une serveuse

    Nombre de ces maquis exerce dans l’illégalité totale avec autant de nuisances sonores, des clients qui se soulage sur les mûrs des voisins, demandez aux promoteurs de ces maquis de vous montrez leurs autorisations d’ouverture, zéro, aucune autorisation, tous ces maquis sont en zone d’habitations, un personnel mal payé, des servantes ou hôtesses qui passe leurs temps à ce prostitués, je dit bien prostitués car elles peuvent sortir avec plusieurs clients dans la semaine, alors pour moi cette fermeture est une occasion pour les gouvernants locaux de mettre de l’ordre dans la maison et ce serait dommage pour beaucoup d’entreprises de débits de boisson de ne pas pouvoir profiter des mesures de relances économiques du Chef de l’État car exerçant dans l’illégalité.

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