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Pandémie du COVID-19 : Les mesures d’accompagnement du gouvernement sous le feu des projecteurs de l’Opposition politique

Publié le mardi 7 avril 2020 à 22h20min

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Pandémie du COVID-19 : Les mesures d’accompagnement du gouvernement sous le feu des projecteurs de l’Opposition politique

Au cours de sa sortie hebdomadaire de ce mardi, 7 avril 2020, le Chef de file de l’opposition politique au Burkina Faso (CFOP-BF) a jeté son dévolu sur les mesures d’accompagnement prises par le président du Faso dans la lutte contre le COVID-19. Les co-animateurs de la conférence, le président du PRIT-Lannaya, Mamadou Kabré, et le quatrième vice-président de l’Union pour le progrès et le changement (UPC), Amadou Diemdioda Dicko, ont également posé le regard sur l’actualité sécuritaire et le front social.

Les conférenciers, qui ont d’abord fait le point de la situation sanitaire à cette date, ont partagé la compassion du Chef de file de l’opposition politique au Burkina Faso (CFOP-BF) avec les familles éplorées, souhaitant également un prompt rétablissement à l’ensemble des malades. L’Opposition politique a, dans le même esprit, félicité et encouragé l’ensemble des agents de santé qui, « malgré les conditions difficiles de travail et le manque criard de matériel, font vaillamment face au coronavirus, et permettent que des Burkinabè infectés en guérissent ».

Puis, les deux mandataires se sont attardés sur les mesures prises par le président du Faso dans le cadre de cette pandémie, notamment les mesures d’accompagnement en faveur des entreprises et des couches sociales vulnérables.

Desdites mesures, le CFOP-BF fait ressortir que l’écrasante majorité des Burkinabè (c’est-à-dire les paysans) a été royalement ignorée ; le président a passé sous silence la brûlante question de l’IUTS (Impôt unique sur les Traitements et salaires) sur les primes et indemnités ; rien n’a été dit concernant les salaires suspendus suite à la dernière grève générale de la Fonction publique ; les mesures s’étendent à fin juin, alors que rien ne nous garantit que la lutte ne serait pas plus longue.

Aussi relève-t-il qu’aucune décision d’accompagnement ou d’encouragement n’a été prise concernant les agents de santé qui luttent contre le COVID-19 ; rien n’a été non plus dit sur l’avenir des élèves, des étudiants et des stagiaires, à l’approche des dates habituelles des examens scolaires, idem pour les enseignants et les fondateurs d’établissements d’enseignement privés qui souffrent de cette fermeture anticipée.

« Aucune vision ne se dégage du discours présidentiel, tendant à éviter la crise économique qui se profile à l’horizon, avec son corollaire de chômage et d’instabilité », regrette Mamadou Kabré à travers la déclaration liminaire.
Pour les porte-paroles, de façon globale, les mesures annoncées par le président du Faso vont soulager certaines couches sociales, juste pour trois mois, mais n’éviteront ni à beaucoup d’entreprises de tomber en faillite, ni au Burkina Faso de connaître de graves tensions de trésorerie.

Fort des ingrédients à sa disposition, l’opposition politique demande, d’une part, l’annulation du budget du plan de riposte révisé et d’autre part, l’élaboration d’un budget tenant réellement compte des préoccupations des citoyens.

Ne pas oublier la question sécuritaire et les nombreux déplacés internes

« Le meilleur remède contre le coronavirus à ce jour demeure le confinement. Mais, comment voulons-nous confiner une population qui vit au jour le jour ? Pour nous, il faut commencer par subventionner massivement les denrées de grande consommation : céréales, huiles, sucre, savon, dont le prix a connu d’ailleurs une augmentation significative ces derniers jours. En ce qui concerne l’hôtellerie qui est en souffrance actuellement, l’Opposition demande qu’un véritable plan Marshall soit mis en place pour sauver l’ensemble des établissements hôteliers, y compris ceux dont les propriétaires ne font pas la politique, ou ne sont pas proches du pouvoir en place . (…). Pourquoi mettre des gens dans des hôtels ? Que gagne-t-on dans un hôtel, si après quatorze jours, le malade repart…et les formations sanitaires n’ont pas d’infrastructures ? Ça coûte quoi de prendre cet argent pour construire des centres de santé ? Si on ne peut pas le faire avec célérité comme en Chine, on peut tout de même mettre en place un dispositif pour trouver des lieux pour héberger les malades et en même temps veiller à avoir des lits d’hospitalisation », titillent les responsables du CFOP-BF, qui appellent à une large concertation des Burkinabè (syndicats, religieux, politiques, coutumiers, agents de la santé) pour un véritable plan de riposte.

L’Opposition politique lance donc un appel aux Burkinabè, à l’ASCE (Autorité supérieure de contrôle d’Etat et de lutte contre la corruption, ASCE-LC), et aux OSC (organisations de la société civile) de lutte contre la corruption, de se mobiliser pour empêcher que le régime du MPP ne se serve du coronavirus pour piller encore les maigres ressources qui restent au pays. « Il y va de la survie du Burina Faso, et de ce que nous souhaitons laisser à nos enfants comme héritage. Pour sa part, en plus des dénonciations et de la sensibilisation citoyenne, l’Opposition politique a collecté une somme d’argent qui servira à faire un don très bientôt pour contribuer à la lutte contre le coronavirus dans notre pays », exposent les animateurs de la conférence.

Mamadou Kabré (au micro) et Amadou Diemdioda Dicko

Outre l’actualité coronavirus, les conférenciers ont posé un regard sur la situation sécuritaire. « Alors que le Burkina Faso est concentré sur la lutte contre la maladie à coronavirus, nous craignons que les terroristes n’en profitent pour causer plus de dégâts. Les nouvelles du front font état de ce que nos braves FDS infligent de lourdes pertes à l’ennemi. Mais, nous apprenons aussi, hélas, que des FDS (Forces de défense et de sécurité), des volontaires de sécurité et des civils tombent », s’inquiète l’opposition, qui précise qu’à la date du 25 mars 2020, le Conseil national de secours d’urgence et de réhabilitation (CONASUR) dénombrait plus de 838 000 déplacés internes (déplacés connus). Ceux qui fuient leur village ne sont pas non plus à l’abri du coronavirus, il faut que le plan de riposte tienne donc compte d’eux, suggèrent les conférenciers. D’où un risque élevé de famine, d’épidémies et d’autres drames.

L’opposition interpelle l’ensemble des forces-vives du pays sur la nécessité de consacrer également une bonne partie des énergies à la lutte contre l’insécurité, et à la défense de l’intégrité territoriale nationale.
« En outre, l’élan de solidarité à l’endroit de nos frères et sœurs déplacés ne doit pas faiblir, malgré les nouvelles épreuves qui émergent », réactive l’opposition.

Pour ce qui est de la suspension de salaires de fonctionnaires et l’actualité qui gravite autour de celle-ci (suspension de salaire de 675 agents), le CFOP-BF condamne l’« attitude jusqu’au-boutiste » du gouvernement car, de son avis, pendant que le coronavirus et l’insécurité secouent le pays, l’équipe dirigeante devrait plutôt œuvrer à aplanir les divergences, à obtenir l’union sacrée des Burkinabè.

Trouver une solution définitive à la situation de Djibo

Depuis quelques jours, et parlant de l’actualité sécuritaire, des informations font état de ce que la ville de Djibo, province du Soum, dans la région du sahel, vit une forme de quarantaine forcée imposée par des individus armés non identifiés. Ces derniers interdiraient les véhicules de transport en commun et les camions de transport de marchandises d’accéder à la ville, soumise également à une pénurie d’eau. En réaction à une question, les conférenciers ont montré un brin de soulagement des nouvelles reçues de cette localité qui accueille de nombreux déplacés internes.

« Nous apprenons, depuis hier, que la situation au niveau de Djibo, en ce qui concerne le problème d’eau, a trouvé donc sa solution. D’aucuns nous disent même que l’eau a coulé dans le robinet, d’autres disent également qu’il y a des citernes qui ont été mises à la disposition des populations pour les ravitailler », a expliqué Amadou Diemdioda Dicko, s’interrogeant néanmoins sur la durée d’une telle initiative.

C’est pourquoi suggère-t-il qu’une solution définitive soit trouvée à cette situation de Djibo. « Le problème est que Djibo n’avait pas de carburant pour faire marcher ses machines. C’est toujours lier à la question sécuritaire », ajoute-t-il, plaidant également pour que des dispositions soient prises pour que la maladie n’y arrive pas dans un tel contexte.

O.L
Lefaso.net

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