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Coronavirus : A Pazaani, les déplacés internes appliquent l’hygiène

Publié le mardi 7 avril 2020 à 22h15min

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Coronavirus : A Pazaani, les déplacés internes appliquent  l’hygiène

Se laver les mains, utiliser les solutions hydro alcooliques, éviter les contacts et les salutations, sont entre autres, les consignes d’hygiène contre la propagation du Covid-19. A Pazaani, dans l’arrondissement n°9, de Ouagadougou , les déplacés internes ont compris la leçon. Lefaso.net était à leur rencontre, lundi 6 avril 2020, dans des familles d’accueil.

Le quartier Pazaani, dans la l’arrondissement n°9 s’est fait connaitre du public, à travers les médias en début 2019. A cause du flux massif de déplacés internes venus du Sahel, du fait des attaques terroristes. Un an après le premier contact avec Lefaso.net, le 6 mars 2019, les déplacés sont toujours là (Lire aussi l’article : Déplacés de Sirgadji : Raouf l’enfant de 4 ans qui a fui les terroristes).

Ces déplacés internes sont désormais logés dans des familles d’accueils, en location ou chez des amis. Ils vivent aux dépens de ces familles, de dons de bonnes volontés et de petits boulots. Ali Tapsoba, responsable du site explique que les petits boulots sont : « le ramassage et la vente de sable, des cailloux et des travaux ménagers ».

Une situation qui bien que précaire leur aura permis de tenir jusqu’à l’apparition du coronavirus. « Les bonnes volontés venaient avec du riz, des spaghettis, des nattes, du savon et un réconfort moral », explique Ali Tapsoba. Mais depuis l’annonce du virus, du couvre-feu, des mesures de qurantaine et d’hygiène contre la propagation du covid-19, la situation a changé. Ali Tapsoba regrette : « Les étrangers ne nous visitent plus et on vit seulement ».

Ali Tapsoba, responsable des déplacés de pazaani

A Pazaani, l’urgence sanitaire est venue s’ajouter à l’urgence humanitaire pour les déplacés. Ces déplacés le regrettent fort à cause de leur situation déjà précaire. Depuis notre arrivée, explique Mariam Ouedraogo, responsable des femmes, « on se débrouillait, on rendait visite aux gens ; et les gens nous rendaient visite ; il y avait des cadeaux. Mais, ces derniers temps, à cause du virus, les bonnes âmes ne viennent plus ».

De l’absence des visites du fait du coronavirus, Mariam regrette l’absence des dons, qui étaient un soutien pour eux. Pour Mariam et ses camarades de l’Association des femmes déplacées de Pazaani : « c’est la formation qu’on a reçue qui nous sauve aujourd’hui ». « Nous savons fabriquer des savons », explique Mariam Ouédraogo. C’est ainsi que depuis l’apparition du Covid-19, renchérit Gourma Tapsoba nous utilisons ce savon liquide pour nos besoins.

C’est avec ce savon qu’elles-mêmes fabriquent, qu’elles utilisent pour l’hygiène et pour laver leurs mains. Mais à cause du manque de moyen pour acheter les réactifs, elles ne peuvent pas fabriquer en grande quantité, jusqu’à vendre. Mariam explique d’ailleurs qu’il arrive que les savons liquides produits viennent à en manquer. En ce moment, elles achètent dans les boutiques.

mariam Ouedraogo, responsable des femmes déplacées de pazaani

Contre le coronavirus, plusieurs des déplacés de Pazaani expliquent qu’ils lavent régulièrement leurs mains et celles de leurs enfants. Aussi, ils ont bénéficié d’une formation en port de masque par de bonnes volontés. A cette occasion, chacun a pu obtenir un masque. Mais depuis plusieurs semaines, elles utilisent les mêmes masques pour se protéger. Entre autres, Mariam explique que depuis leur arrivée, ils achetaient un bidon de 25 litres à 10 F CFA. Mais l’eau est devenue gratuite à la pompe à cause des décisions prises par le gouvernement du fait de coronavirus. C’est un soulagement pour ces déplacés : « on se lave à tout moment et c’est soulageant » soupire Mariam.

Malgré quelques sceptiques qui doutent de la dangerosité du covid-19, l’ensemble des déplacés rencontrés ont conscience de la situation. Une situation qui a changé leur mode de vie. Autrefois, habitués à manger en groupe, à se rendre visite mutuellement, à se saluer des mains et à s’asseoir en groupe, ces déplacés s’adaptent de jour en jour. Une adaptation qui ne se fait pas sans conséquences sur le vivre ensemble.

Edouard Kamboissoa Samboé (samboeedouard@gmail.comà
Lefaso.net

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