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Crise ivoirienne : Le bogue du 30 octobre aura-t-il lieu ?

Publié le mercredi 14 septembre 2005 à 08h22min

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On savait que le contexte ne s’y prêtait pas et que tout ce qui se disait depuis un certain temps n’était donc que du vent. La preuve, on est maintenant convaincu que la date du 30 octobre 2005 pour tenir l’élection présidentielle en Côte d’Ivoire est un non-sens. Et comme en politique, il faut avoir l’imagination fertile, depuis quelques semaines, l’opposition ivoirienne a enrichi son vocabulaire d’une nouvelle terminologie : la transition.

Comme on le sait, c’est dans un mois que prendra fin le mandat du président Gbagbo, l’homme qui aimait former des deux doigts le « V » symbole de la victoire et qui prônait la refondation de la Côte d’Ivoire lorsqu’il empêchait Houphouët et même Bédié de dormir sur leurs deux oreilles. Avec le report des élections, les difficultés ne font que croître et embellir.

Pendant que l’opposition réclame haut et fort une transition sans Gbagbo, le FPI, dont il a été le président du temps du Bélier de Yamoussoukro, n’entend pas la chose de cette oreille. Pour le parti au pouvoir, la constitution ne parle pas de transition ni à plus forte raison d’une quelconque démission de l’actuel chef de l’Etat. Le clan Gbagbo entend donc rester aux affaires en attendant une nouvelle élection. Mais du côté du G7, dont font partie deux poids lourds du microcosme politique ivoirien à savoir le PDCI et le RDR, il n’est pas question que l’enfant terrible de Mama, ancien député d’Ouragahio, continue de diriger la Côte d’Ivoire.

Au-delà des arguments des différentes parties, seul Salomon pourrait trouver une solution à l’imbroglio ivoirien. Par ailleurs, l’ONU a plaidé pour le report des élections, les leaders politiques et des partis n’ayant pas coopéré pour faire aboutir à temps le processus électoral qui devait permettre la sortie de crise.

De même, précisera la Maison de verre, la commission électorale n’a pas été constituée. Avant lui, Antonio Monteiro, le haut représentant de l’ONU chargé des élections dans ce pays, avait estimé pour sa part que le problème, ce n’était pas le respect de la date qui est important, mais plutôt l’organisation d’une élection valable. L’ONU avait même laissé entendre que tôt ou tard, le conseil de sécurité serait obligé de mettre en œuvre les sanctions cataloguées dans la résolution 1572 du 15 novembre 2004.

Mais, en attendant, au bord de la lagune Ebrié, il y a des dissensions entre les politiciens de tous poils sur cette fameuse transition. Pour l’instant, le report des élections fait semble faire l’affaire de Gbagbo, qui reste imperturbable face aux jérémiades de ses adversaires. Selon lui, c’est justement par des élections que la Côte d’Ivoire sortira de la crise et non pas par des faux-fuyants. Depuis que le médiateur sud-africain, Thabo Mbeki, a déclaré qu’il a tenu ses engagements, il respire à pleins poumons. Une médiation que les Forces Nouvelles de Soro Guillaume ont trouvée suspecte puisqu’ils accusent le successeur de Mandela de prendre parti.

Malheureusement, on se rend compte que les rebelles tergiversent et font souvent dans la surenchère. Si fait qu’on a l’impression actuellement que beaucoup d’entre eux voient d’un mauvais œil le retour de la paix en Côte d’Ivoire.

Aujourd’hui, l’auteur du livre « Pourquoi je suis devenu rebelle » se tourne vers le président en exercice de l’Union africaine, le Nigerian Olusegun Obasanjo, pour qu’il prenne toutes ses responsabilités en vue de faire aboutir le processus de paix en Côte d’Ivoire.

On tourne toujours en rond et ça commence à devenir désagréable. Si demain, Obasanjo, au vu de ce qui se passe sur le terrain, agissait dans le même sens que Thabo Mbeki, on crierait peut-être au scandale à Bouaké, le fief de la rébellion. La surenchère semble gagner les Forces Nouvelles, qui préfèrent sans aucun doute le blocage puisque cette guerre qu’ils ont commencée, arrangerait certains gourous de la rébellion qui se sont embourgeoisés et ont des pieds-à-terre à Ouaga, Bobo, Bamako, où ils roulent carrosse.

Bourgeoisie, quand tu nous tiens ! C’est de bonne guerre qu’il y ait donc des gens qui ne souhaitent pas que la paix revienne. Mais à Abidjan, des partis veulent qu’on en finisse rapidement avec cette situation, arguant qu’ils peuvent chasser Gbagbo du pouvoir. Le PDCI, par exemple, ne cache pas sa force de frappe depuis que son champion, Henri Konan Bédié, est rentré au pays.

Il pense que le moment de reconquérir son fauteuil, perdu en 99 suite au coup d’Etat de Robert Guei, est venu. A peine a-t-il regagné la capitale ivoirienne qu’il a donné le ton en faisant remarquer que la constitution dit que le mandat présidentiel est de 5 ans « un point un trait ». En clair, il demande à Gbagbo de démissionner au terme de son mandat.

A-t-il peut-être oublié qu’il a été pour beaucoup dans ce pétrin avec sa fumeuse notion d’ivoirité ? Pour le retour de la paix après le 30 octobre, il propose l’actuel premier ministre, Elimane Seydou Diarra, pour assurer la transition. Attendons donc de voir si cela aboutira puisque Bédié compte sur ses alliés du G7 pour un changement total. Aujourd’hui, Bédié est parmi les siens. Certainement que les partisans d’Ado attendent aussi son retour.

Pour beaucoup, il devrait le faire au plus vite au lieu de se la couler douce dans le pays de Chirac pendant que ses militants battent le pavé quand la situation l’exige. En attendant, les différents partis tirent à hue et à dia, et force est de reconnaître que le 30 octobre reste toujours une date lourde de suspense à l’image de ce bogue (1) de la veille de l’an 2000.

Justin Daboné
L’Observateur

(1) Avant l’année 2000, suspense entretenu par les informaticiens et qui était lié aux conséquences du changement de date dans le système informatique mondial. On redoutait entres autres des perturbations dans les transports aériens, les prévisions météos, les systèmes bancaires, etc. Heureusement qu’il y a eu plus de peur que de mal, le passage du millénaire ayant pu se faire sans accroc.

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Vos commentaires

  • Le 14 septembre 2005 à 18:24, par Jacques Digbeu-Lohourou Badlor En réponse à : > Crise ivoirienne : Le bogue du 30 octobre aura-t-il lieu ?

    On peut se tromper, mais on sent poindre un souci d’ equilibre dans cet article.

    Auriez-vous enfin decide de faire du journalisme ?

    On vous le repete : cette crise qui dure finira par vous rendre tous sages.

    Votre devoir n’ etait pas d’ encenser Gbagbo, mais de dire les faits.

    Le plus dur commence pour vous, car il faudra tenir cette ligne !!!

    Jacques Digbeu-lohourou Badlor, USA

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