Mise en quarantaine : « Si le gouvernement ne revoit pas sa décision, nous allons manifester », prévient un chauffeur
Le coronavirus inquiète le gouvernement burkinabè à tel enseigne qu’il a mis en quarantaine plusieurs villes touchées par la maladie, parmi lesquelles Ouagadougou. Avec cette mise en quarantaine, la règle « personne ne rentre à Ouagadougou, personne ne sort de Ouagadougou », met en péril le « gagne-pain » de beaucoup de personnes qui ne savent plus à quel saint se vouer.
Mamadi Ouédraogo, chauffeur-mécanicien :
« La quarantaine c’est bien. Mais nous les plus pauvres nous sommes pénalisés. Actuellement, on ne peut pas sortir, on ne peut pas rentrer. Toutes nos activités sont bloquées alors qu’on vit au jour le jour. Actuellement, je suis coincé côté financier. La faim risque de nous tuer si rien ne change. A ce propos, j’invite le gouvernement à revoir sa copie. S’il persiste dans sa décision, d’ici deux semaines, ça peut mal tourner pour les corps habillés. Parce qu’on va manifester notre mécontentement. Comme les membres du gouvernement sont rassasiés, ils font semblant d’ignorer nos problèmes. On souffre. C’est un cri de cœur que je lance ».
Souleymane Ouédraogo, chauffeur-mécanicien :
« Ce qu’on vit depuis la quarantaine c’est la souffrance. Je ne suis même pas capable d’avoir 100 ou 300 F CFA dans ma poche. Pourtant, j’ai une femme et un enfant qui comptent sur moi. Je sais qu’au cours de cette semaine, les choses ne vont pas bien se passer. On ne va pas se laisser faire. Pour freiner la propagation du covid-19 on décide de fermer les frontières, les marchés et yaars et de mettre Ouagadougou en quarantaine. Pendant ce temps, nous on fait comment pour survivre ? La Côte d’Ivoire, par exemple, a opté pour des mesures sanitaires sans fermer quoi que ce soit. Pourquoi ne pas emboiter leur pas qui a des avantages sur le plan économique ? »
Moussa Salgo, entrepreneur :
« Le fait de placer Ouagadougou en quarantaine nous a beaucoup touchés. Personnellement, j’avais des chantiers hors de la ville de Ouagadougou malheureusement les contrats sont suspendus. Du coup, mon personnel et moi se retrouvent au chômage. Comme c’est une mesure sanitaire, on essaie de comprendre mais ce n’est pas simple. Si vraiment, il y a des mesures d’accompagnement que l’Etat peut faire pour nous, ça va beaucoup nous soulager ».
Poké Inès Nina, conseiller clientèle :
« Le premier week-end s’est bien déroulé parce qu’on s’y était préparé. On avait fait nos provisions ; réaménager notre programme en fonction. En famille, on s’est inventé des activités avec les enfants. Avec mes jumelles de 5 ans, on a des jeux du genre fait quelque chose pour que maman soit fière de toi. Elles aident à ranger et aussi à nettoyer. Du coup, j’ai de l’aide au prix de bonbons bien mérités. Ce n’est pas si mauvais de rester à la maison et profiter de sa famille, surtout quand on sait qu’en restant chez soi on se protège et protège d’autres personnes. La quarantaine ne me pèse pas beaucoup. Je m’inquiète pour les jours à venir. Jusqu’à quand on pourra tenir ? Je pense aussi à ceux qui vivent au jour le jour. Qu’adviendra-t-il de ces gens si ça se prolonge ? L’incertitude nous fait peur. Vivement la fin de ce cauchemar ».
Youma Kouryamba, attaché de santé en santé et sécurité au travail :
« On vit depuis comme on peut. C’est vrai que nous sommes dans un pays où les gens vivent au jour le jour, mais la nécessité pour endiguer le coronavirus nous oblige à respecter les mesures édictées par le gouvernement. Parce que sans ses mesures, on ne va pas couper la chaîne de transmission du virus covid-19. Cependant, mettre en quarantaine la plupart des burkinabè sans mesures d’accompagnement ça va être compliqué à gérer. L’effet pervers risque de se produire si réellement on ne prend pas des mesures d’accompagnement. Sinon la quarantaine est nécessaire au risque d’évoluer vers un confinement total qui n’arrange personne ».
Sibiri Kabré, professeur des lycées et collèges :
« La quarantaine impacte la vie de chaque jour. L’objectif visé risque de ne pas être atteint. Parce que Ouagadougou ne se limite pas seulement au poste de péage. Il y a beaucoup de gens qui quittent hors des péages pour venir chercher leur gagne-pain à Ouagadougou. Ces gens seront obligés de contourner pour rentrer à Ouagadougou à moins de construire un mur. Le gouvernement gagnerait à faire des tests massifs pour connaitre ceux qui sont malades et qui sont ceux qui ont été en contact avec des personnes infectées, au lieu de faire la quarantaine ou l’objectif ne sera pas atteint ».
Mohamed Ouédraogo, ingénieur :
« La décision du gouvernement n’a rien changé à ma routine. C’est d’ailleurs une initiative de bonne guerre surtout à court terme parce qu’il faut éviter la contamination du coronavirus mais qui présente des limites dans le contexte et les réalités du Burkina, où la majorité survie au jour le jour. Du reste, j’apprécie positivement également la décision de fermer les points de réjouissances, de rencontre publique et permettre juste le fonctionnement de ce qui est nécessaire. En termes de doléance, j’invite le gouvernement à prendre des mesures d’accompagnement pour la reprise de la vie économique. On peut, par exemple, règlementer l’accès des marchés et suivre sa mise en œuvre ».
Adeguerou Waliou, agent des Editions Sidwaya :
« Parler de quarantaine suppose que l’on connait le pourquoi de cette décision du gouvernement. C’est la lutte et la protection contre le covid-19 qui a engendré cela. Et de ce fait, nous disons que la première semaine s’est bien passée car nous ne sommes pas en manque d’aliments. Nous voulons, comme les autres pays qui sont arrivés à bout de la pandémie, une décision de confinement totale et de désinfection de la capitale. Ce qui demande que l’autorité veille à l’alimentation des familles qui seront en difficulté. Nous devons travailler à sortir vite de ces contaminations car l’économie nationale en souffre. Ce qui ne contredit pas la légitimité de la quarantaine et ne nous a pas dérangé pour la première semaine qu’on a traversé ».
Propos recueillis par Aïssata Laure G. Sidibé
Lefaso.net
Vos commentaires
1. Le 30 mars 2020 à 23:18, par lefaso va mieux En réponse à : Mise en quarantaine : « Si le gouvernement ne revoit pas sa décision, nous allons manifester », prévient un chauffeur
Vraiment je ne sais pas au finish ce qui arrange le burkinabè. Je suis sûr et certain que si la mesure n’était pas prise aujourd’hui Roch était traité de tous les noms d’oiseaux. Il y a des gens qui parlent par méchanceté. Même des pays très développés sont actuellement coincés par le coronavirus aujourd’hui. J’ai cité la France, l’Italie les USA etc. Je suis d’avis que les gens demandent des mesures d’accompagnement pour faire face. Mais menacer de sortir ce n’est pas normal.
2. Le 31 mars 2020 à 00:08, par Bouba En réponse à : Mise en quarantaine : « Si le gouvernement ne revoit pas sa décision, nous allons manifester », prévient un chauffeur
Il faut que les commerçants et autres sachent qu’ils vivent avant tout grâce aux clients. Et le client vient acheter parce qu’il est en vie et en bonne santé. donc réfléchissez bien.
Ils doivent savoir que le gouvernement a une grande responsabilité si leurs vies et celles de leurs clients sont en danger.
Le gouvernement peut et doit faire quelque chose pour ceux qui ont un problème alimentaire. Pas plus. Mais difficile de savoir qui est vraiment dans la nécessité, car dans ce milieu il est difficile d’identifier qui est dans la nécessité. On a parfois vu des yarcé gérer des petites boutiques mais qui brassent des millions lol !
Je pense également qu’il y a des commerçants milliardaires qui peuvent gérer le cas de ces petits commerçants qui vivent au jour le jour en leur distribuant des sacs de riz ou de céréales comme le faisant Kanazoé. Ce serait la contribution de ces milliardaires à la lutte contre le coronavirus qui n’épargne personne. La preuve il y a un mililardaire camerounais equi en est mort.
Le 31 mars 2020 à 13:44, par Abdoul Aziz yameogo En réponse à : Mise en quarantaine : « Si le gouvernement ne revoit pas sa décision, nous allons manifester », prévient un chauffeur
Moi je ne suis pas du tout d’accord avec vous...dite moi une chose, es que le Niger es mieux que notre Burkina ??? Mais vous avez vu les mesures qui le gouvernement a prit pour accompagner la population non ?
Actuellement les grands commerçant dont vous parlez se sont eux donne les millions au gouvernement, quel argent ils vont utiliser pour aider les autres...
L’heure est grave, la pandémie existe réellement donc il temps de sacrifié l’économie pour souffler la population que de sacrifié la population pour souffler l’économie.....
Votez un budget , prenez exemple de autre pays..... Merci C’est mon point de vue
3. Le 31 mars 2020 à 01:38, par Liberte En réponse à : Mise en quarantaine : « Si le gouvernement ne revoit pas sa décision, nous allons manifester », prévient un chauffeur
Des mesures aussi restrictives sans aucune mesure d’accompagnement social, je qualifie cela de suicide. L’Etat burkinabe a peut etre oublié que la population est à presque 80% rurale ; une population qui majoritairement, vit au jour le jour. Même parmi les salariés, nombreux sont ceux dont le salaire ne peut boucler le cycle mensuel. C’est d’ailleurs pourquoi leurs meilleurs amis sont les boutiquiers et les ladjis (question de prendre des choses à credit et rembourser à la fin du mois)
Avez vous imaginé les consequences de ces mesures sur la malnutrition parmi les enfants ?
Que feront toutes ces femmes qui refusent le sommeil à leurs yeux et le repos à leur corps afin de trouver de quoi nourrir leur progeniture ?
Et ces jeunes gens qui parcourent les arteries des villes depuis l’aube jusqu’au coucher du Soleil parce qu’ils ne veulent ceder ni à la mendicite, ni à la delinquance ?
Alors COVID 19 c’est vrai, mais il ne faut pas aggraver la crise alimentaire et economique que connait la population.
OUI au confinement, MAIS aussi mille fois OUI aux mesures d’accompagnement Sinon...
Rappellez vous : un homme qui a faim n’est pas un homme libre donc pret à se battre par tous les moyens pour se liberer.
4. Le 31 mars 2020 à 09:08, par arsène bamogo En réponse à : Mise en quarantaine : « Si le gouvernement ne revoit pas sa décision, nous allons manifester », prévient un chauffeur
Salut chers tous ! Comme on le dit, il faut du tout pour faire un monde. Et aucune mesure familiale, a fortiori nationale, ne peut faire l’unanimité. Pourvu qu’elle contribue à sauver les vies ! Alors, croisons les doigts pour que la pandémie se relâche !
5. Le 31 mars 2020 à 09:20, par Supplique En réponse à : Mise en quarantaine : « Si le gouvernement ne revoit pas sa décision, nous allons manifester », prévient un chauffeur
Je comprends la difficulté de nos frères qui vivent au jour le jour mais le gouvernement n’y est pour rien. Ce sont des conditionnements de ce virus qui nous meurtrit. Nous pouvons demander au gouvernement et aux bonnes volontés des mesures d’accompagnement des frères en difficultés economiques. Mais quand ils parlent de manitester,pour moi c’est insoutenable et ce ne serait pas patriotique ni responsable.
6. Le 31 mars 2020 à 09:23, par A qui la faute ? En réponse à : Mise en quarantaine : « Si le gouvernement ne revoit pas sa décision, nous allons manifester », prévient un chauffeur
Vous remarquerez que ce ne sont pas les mêmes plaintes en fonction du niveau d’instruction et de revenu. Les gens qui se plaignent ici sont ceux qui peuvent littéralement mourir de faim car ils n’existent dans aucun fichier.
Vous remarquerez aussi que les pays qui ont tout de suite actionné le confinement sont soit des pays militaires (les asiatiques où la discipline c’est une question de vie ou de mort), soit des pays qui ont un bon système social , bien rodé (France par exemple où TOUS les salariés sont conservés et l’état paye 84% du salaire en cas d’incapacité de télétravail, il y aura même des primes dans plusieurs domaines). Quant aux pays riches mais précaires (USA, Angleterre) ils ont longtemps tergiversé car il n’ont pas de système social mutualisé. C’est chacun pour soit. Donald Trump voulait même arrêter le confinement la semaine de Pâques en pleine crise malgré le l’augmentation quotidienne des contaminations ; il est dans la tourmente car la vente d’armes à feu a explosé en prévision des violences post-crise sanitaire.
Au Burkina il sera difficile de maintenir confinée la population qui ne compte pas dans les distributions sans la force. Ils ne vont certainement pas choisir de regarder leurs enfants affamés et choisiront d’affronter le risque sanitaire. Le président en personne doit faire de la pédagogie et un effort exceptionnel pour distribuer des vivres à tous les nécessiteux, ou alors se remettre aux dieux comme souvent
7. Le 31 mars 2020 à 10:14, par sansan En réponse à : Mise en quarantaine : « Si le gouvernement ne revoit pas sa décision, nous allons manifester », prévient un chauffeur
Je crois des mesures sociales peuvent etre prises pour les groupes vulnerables. L’action sociale peut proceder a un recesencement au niveau des Communes et arrondissements afin que l’Etat puisse assister ceux ci en vivres.
Il faut un sacrifice de toutes les parties prenantes en attendant de sortir le pays de cette zone de turbulence.
Merci et Que Dieu nous assiste.
8. Le 31 mars 2020 à 10:38, par Lom-Lom En réponse à : Mise en quarantaine : « Si le gouvernement ne revoit pas sa décision, nous allons manifester », prévient un chauffeur
La lecture de certains passages me laisse pantois. Je dirai à ceux qui pensent que la mise en quarantaine relève de la pure méchanceté du gouvernement qu’ils sont libres dès aujourd’hui de marcher et de manifester comme ils veulent.! Ces discours guerriers n’impressionnent personne ! On est vraiment dans un Burkina où tout le monde est devenu spécialiste dans les tous domaines de la vie ! Pauvre de nous !
9. Le 31 mars 2020 à 11:03, par PAYSAN NOIR En réponse à : Mise en quarantaine : « Si le gouvernement ne revoit pas sa décision, nous allons manifester », prévient un chauffeur
bonjour les gens confondent quarantaine et confinement. je ne voie pas pourquoi un mécanicien se plaint de quarantaine ? et le jour qu’il serra confiné avec tout son garage il va comprendre.
10. Le 31 mars 2020 à 11:24, par Sidpassata Veritas En réponse à : Mise en quarantaine : « Si le gouvernement ne revoit pas sa décision, nous allons manifester », prévient un chauffeur
11. Le 31 mars 2020 à 11:29, par caca En réponse à : Mise en quarantaine : « Si le gouvernement ne revoit pas sa décision, nous allons manifester », prévient un chauffeur
Une bonne chose qui doit profiter à notre cher gouvernement, c’est la réhabilitation de son autorité vis à vis de la population. Le pouvoir se renforce dans cette période de crise à coronavirus. L’État est désormais sollicité tant mieux que mal dans ces prises de décision. Sans être un RSP tigre sur papier, les FDS par leur théorie de bastonnade ou de chicote ont bien imposé l’autorité juste afin de faire respecter la loi de confinement. La mise en quarantaine est une bonne chose et en éthique protestant le moindre mal est toujours préférable et qu’une position radicale. Entre le laxisme et le bastonnade thérapeutique, j’ai choisi pour moi. Mieux vaut de bastonner pour épargner les vies du coronavirus que de laisser le peuple soi-disant qu’ils sont pauvres. Ils doivent se débrouiller pour vivre chez eux. Le couvre feu est de 19h à 5h, et dans la journée les activités professionnelles sont toujours autorisées.
12. Le 31 mars 2020 à 13:49, par F7 En réponse à : Mise en quarantaine : « Si le gouvernement ne revoit pas sa décision, nous allons manifester », prévient un chauffeur
En fait, c’est vrai qu’il y’a des gens qui vivent au jour le jour. Mais franchement, il y’a aussi trop de malhonnêtes dans ce pays. De toute façon, tout le monde doit tirer de véritables leçons, si DIEU permet qu’on reste en vie après covid-19.
13. Le 31 mars 2020 à 14:56, par kayalais En réponse à : Mise en quarantaine : « Si le gouvernement ne revoit pas sa décision, nous allons manifester », prévient un chauffeur
Menacer de sortir ce n’est pas normal, tu sort faire quoi si ya personne dehors.