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Riposte contre le Covid-19 : Que deviennent ces enfants vivant dans la rue ?

Publié le mardi 24 mars 2020 à 23h30min

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Riposte contre le Covid-19 : Que deviennent ces enfants vivant dans la rue ?

Au moment où la maladie à coronavirus est en train de se propager au Burkina, conduisant le gouvernement à adopter des mesures drastiques pour endiguer la propagation de l’épidémie, il convient de s’interroger sur le cas des enfants en situation de rue.

Fermeture des salles de classe, suspension des manifestations publiques et des rassemblements religieux, instauration d’un couvre-feu, suspension des activités de transport et fermeture des marchés et yaars. Depuis l’enregistrement des premiers cas du coronavirus le 9 mars 2020, le Burkina ne cesse de multiplier les mesures, allant des plus simples au plus strictes, pour réduire les risques de contamination de la maladie. Cependant, au moment où les salles de classe sont fermées, les enfants ne se font pas rares dans les rues de la capitale.

Agé de 15 ans, Abdoul-Aziz Zongo, que nous avons rencontré au quartier Ouidi, travaille dans un ancien local du service des impôts, transformé en dépotoir d’ordures et de lieu de recyclage de déchets solides. « La nuit, je dors souvent ici ou devant les salles de vidéo », confie celui qui a quitté la cour familiale il y a deux ans de cela. Placé courant 2018 dans un centre pour enfants, dans le cadre de l’opération de retrait des enfants et des femmes en situation de rue, portée par le département en charge de l’Action sociale, le jeune Abdoul-Aziz n’a pas voulu y rester.

Difficile pourtant de lui arracher quelques mots, quand on lui demande les raisons de son départ du centre ou de la cour familiale. « Il n’y a rien, c’est moi qui voulais seulement partir », répond-il, indiquant qu’il ne souhaite plus retourner à la maison, ni dans le centre pour jeunes. Et quand on lui parle de l’épidémie à coronavirus, Abdoul-Aziz dit en avoir entendu vaguement parler.

« Il paraît que c’est contagieux », lance-t-il, avec un sourire. Des mesures de prévention aux complications de la maladie, Abdoul-Aziz n’en sait rien. Le pire, c’est qu’il est déjà exposé à des maladies en s’attelant chaque jour, sans aucune mesure de protection, à récupérer des déchets en plastique ou en fer, moyennant une rémunération.

Et que dire du cas du jeune Massawoudou ? Originaire de Tenkodogo, cet enfant de 10 ans et ses camarades, Bouba et Ali, âgés respectivement de 10 et 8 ans, venus tous deux de Fada, errent dans les rues de Ouagadougou, en quête de leur pitance quotidienne. Confiés à un maître coranique, ces « talibés » disent avoir reçu quelques conseils pour éviter de contracter une maladie. De quelle maladie s’agit-il ? Quelles sont les précautions à prendre ? Massawoudou et ses camarades se contentent de sourire. Pourtant, racontent-il, « nous sommes logés chez le maître coranique. Nous sommes une dizaine à dormir dans la même salle ».

Dans un contexte où l’épidémie du Covid-19 continue sa progression, il y a nécessité de se pencher sur cette couche vulnérable de la population, pour éviter une contamination communautaire.

Nicole Ouédraogo
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 25 mars 2020 à 05:40, par Lom-Lom En réponse à : Riposte contre le Covid-19 : Que deviennent ces enfants vivant dans la rue ?

    Nous confions à Dieu ces pauvres bambins qui sont certainement plus exposés que tout le monde aux maladies et particulièrement au Covid-19. Nous prions pour que les maîtres coraniques aient un peu de sensibilité pour protéger ces pauvres êtres ! Dieu nous vienne en aide !

  • Le 25 mars 2020 à 08:50, par Kôrô Yamyélé En réponse à : Riposte contre le Covid-19 : Que deviennent ces enfants vivant dans la rue ?

    - Je vous assure qu’il y a de l’exagération dans le cas de ces enfants dits de la rue !

    Au nom de Dieu la ministre de l’action sociale fait de la surenchère autour de ces enfants !

    Disons-nous la vérité : Ces enfants ont des parents et ce sont leurs parents qui les envoient mendier dans la rue pour leur apporter quelque chose (argent, biens divers) !!

    Je vous jure que je sais de quoi je parle ! J’ai connu une famille de mendiants dans un quartier de Ouaga chez vous là-bas ! Le matin, c’est le père qui sort d’abord avec une bouilloire en main, une natte et une peau de prière sous l’aisselle pour aller s’installer aux environs de la Mosquée, ensuite c’est la mère qui sort avec une assiette moyenne sur la tête et va se balader et mendier, puis les enfants sortent avec des boîtes de tomate accrochées aux coudes, ferment la porte avec une vieille feuille de tôle et se dispersent dans la ville. Tenez-vous bien ! Le soir au retour de tous, la famille se regroupe autour du père pour le bilan de la journée et chacun fait son compte. Je jure que j’ai vu et même suivi pendant au moins deux jours le manège de cette famille qui habite en face de mon ami auquel je rendais visite. D’ailleurs quand je lui ai demandé, il m’a répondu banalement : ‘’Ayi ! C’est une famille de mendiants ! Ils sont comme ça et tous les jours ils se dispersent pour mendier et le soir ils se regroupent pour faire les comptes !’’.

    Solution : Sans hypocrisie ni tapage politique exagéré comme aime à le faire Madame la Ministre de l’action sociale, il faut simplement arrêter ces enfants, les amener dans un Commissariat (ils ont peur de la tenue) et demander où sont leurs parents, puis arrêter ces parents et les amender fort pour exploitation des enfants !

    Il faut arrêter l’injustice ! On ne peut pas demander aux cultivateurs de coton au Burkina, de cacao en C.I. et aux exploitants d’orpaillage de mettre fin à l’exploitation des enfants, et au même moment laisser des parents exploiter exagérément leurs enfants qui deviennent plus tard des délinquants et des terroristes qui emmerdent tout le monde !!!! L’État doit arrêter l’injustice envers ceux qui produisent (cultivateurs de coton, cacao, orpailleurs) et corriger ceux qui exploitent les enfants (parents exploiteurs et fainéants) !!

    Par Kôrô Yamyélé

    • Le 25 mars 2020 à 11:28, par Tao-Tao En réponse à : Riposte contre le Covid-19 : Que deviennent ces enfants vivant dans la rue ?

      Ce que vous dites est totalement vrai. En ce moment les deplacés internes semblent s’ajouter a ce groupe de mendiants professionnels.
      Mais je pense que ce sont nous les fautifs, NE LEUR DONNER PAS D4ARGENT. DITES LEUR DE RENTRER CHEZ EUX ET JOUER COMME DES AVANT NORMAUX. et aux parents valides, ou handicapés qui ont tout leur mental, de simplement arrêter de salir notre ville.
      Si vous voulez faire un sacrifice, aller donner a la mosquée, ou dans les orphelinats, ou maisons pour les jeunes filles mamans.
      En ce qui concerne cette maladie, que la mairie annonce interdiction de les voir dans les rues, d’ailleurs quand y ’ aura confinement total ils seront obligés de ne pas sortir. Les parents qui malgré tout laisse leur charges aux maitres coraniques, n’auront que leur yeux pour pleurer.
      Moi personnellement j’ai arrêté de donner aux mendiants, je donne a un pauvre de mon quartier qui fait l’effort de travailler toujours, comme le veut nos livres saints.

      PRENONS LA MALADIE DE COVID 19 AU SERIEUX, ELLE NE CONNAIT PAS FRONTIERE, NI CLASSE SOCIALE !

  • Le 25 mars 2020 à 09:15, par EDWIGE En réponse à : Riposte contre le Covid-19 : Que deviennent ces enfants vivant dans la rue ?

    MERCI Mm OUEDRAOGO Nicole merci pour la pensée énormes envers ces enfants.

  • Le 25 mars 2020 à 09:32, par ollo En réponse à : Riposte contre le Covid-19 : Que deviennent ces enfants vivant dans la rue ?

    Je félicite Nicole d’avoir abordé le problème des talibés. Je constate qu’il n’y a pratiquement pas de commentaires alors qu’il s’agit d’un problème de société très très sérieux. En effet, que recherchent vraiment les maitres coraniques en exposant ainsi la vie d’enfants parfois très fragiles ? Où se situent vraiment leur responsabilité lorsque ces jeunes déambulent les artères de la ville à des heures parfois tardives de la nuit ? Il n’est pas rare de voir des jeunes de 15 à 18 ans accoster les passants en cette période d’insécurité. Beaucoup prennent plaisir à harceler surtout les dames ou à passer dans les ménages au moment où les maîtres de maison sont absents. Et pourquoi, ces jeunes talibés sont-t-ils pratiquement de la même ethnie ? J’admire le sens élevé du CERFI et sa contribution à beaucoup de débats de haut niveau. J’invite par conséquent ses membres à s’investir sur cette question et à interpeller qui de droit avant que des choses ne se gâtent.

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