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Hadja Fatimata Ouattara, ministre en charge du numérique : « L’épidémie du COVID-19 devrait amener tous les pays à consolider les acquis de la transformation numérique »

Publié le mardi 24 mars 2020 à 22h30min

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Hadja Fatimata Ouattara, ministre en charge du numérique : « L’épidémie du COVID-19 devrait amener tous les pays à consolider les acquis de la transformation numérique »

La distanciation sociale est l’une des mesures qu’impose la lutte contre la pandémie du COVID 19. Dans ce contexte, comment le Burkina peut mettre à profit les opportunités des TIC ? La ministre du développement de l’économie numérique et des postes (MDENP) explique ici les actions du gouvernement burkinabè, tout en reconnaissant que la marge de progression du pays est encore énorme, en dépit des avancées réalisées ces dernières années.

Lefaso.net : Pour la ministre en charge du développement des TIC que vous êtes, quelles réflexions vous inspire le climat actuel instauré par la pandémie du Coronavirus avec notamment obligation de se tenir à distance les uns des autres ?

Avant tout propos, je voudrais saluer la mémoire de toutes les victimes du COVID-19 de par le monde et particulièrement nos frères et sœurs burkinabè qui ont déjà été emportés par cette pandémie. J’ai une pensée pour leurs proches à qui je présente mes condoléances et leur souhaite beaucoup de courage dans cette épreuve. Je souhaite également un prompt rétablissement à tous ceux qui sont infectés par cette maladie.

C’est une situation qui impacte profondément notre vie quotidienne qui se trouve bouleversée. Nous sommes amenés à revoir nos habitudes et comportements sociaux. L’impact socio-économique de cette crise est énorme et notre souhait est qu’on puisse en sortir le plus rapidement possible. C’est pourquoi je profite de l’occasion que vous m’offrez pour inviter tout un chacun à respecter les mesures prises par le gouvernement et à observer strictement les consignes de protections diffusées.

Le climat actuel instauré par la pandémie du Coronavirus, avec notamment l’obligation de se tenir à distance les uns des autres, révèle toute l’importance de se protéger et de lutter contre la propagation de cette maladie. Il met à mal notre mode de vie basé sur les relations de proximité, empreintes de convivialité.

D’une manière générale, au niveau mondial, les populations sont de plus en plus terrifiées par cette situation. Plus que jamais, le numérique dans ces circonstances, vole au secours du monde pour, non seulement maintenir les liens sociaux et assurer la diffusion, aussi bien des messages de sensibilisation que des connaissances scientifiques entre les chercheurs et les spécialistes mobilisés sur toute notre planète mais également réduire la récession économique.

Il convient d’ailleurs de noter que dans le contexte actuel, les sociétés humaines les plus résilientes sont celles des Etats qui sont les plus ancrés dans le numérique. Même pour nos pays qui accusent un retard dans leur développement numérique, imaginez un peu la situation actuelle sans les technologies de l’information et de communication (TIC) et il vous sera plus aisé de mesurer leur apport incommensurable dans notre capacité actuelle de résilience. L’usage approprié des TIC constitue donc un geste-barrière à cette pandémie qu’est le COVID-19.

Lefaso.net : La mode ou la force est au confinement dans beaucoup de pays avec comme solutions le recours au télétravail et à l’enseignement à distance ; comment appréciez-vous cela ?

Effectivement, le confinement permet de faciliter la prise en charge et de limiter la propagation de la maladie. L’enseignement à distance et de façon plus générale, le travail à distance (ou télétravail) dans les secteurs où cela est objectivement possible, constitue sans doute la meilleure option pour poursuivre les activités humaines dans le contexte actuel.

La courte expérience déjà vécue montre que les pays qui ont mis en œuvre des mesures strictes de confinement sont parvenus à réduire considérablement la propagation du COVID-19. De ce point de vue, l’épidémie du COVID-19 devrait amener tous les pays et les différentes organisations, selon leur niveau de maturité numérique, soit à consolider les acquis de la transformation numérique de leurs sociétés, soit à s’engager résolument et de toute urgence dans les approches de télétravail et d’enseignement à distance.

La réflexion pour adapter les cadres législatifs et règlementaires à ces nouvelles réalités doit également être engagée. Cela impose comme préalable, un investissement massif dans la réalisation des infrastructures de communications électroniques et des centres d’hébergement numérique. L’accès au numérique devrait donc être vulgarisé et considéré comme un droit vital pour chaque citoyen.

Il ne serait pas utopique d’envisager dans un avenir proche, l’instauration de jours de télétravail et d’enseignement à distance obligatoire qui viendrait comme des répétitions générales périodiques pour garantir la résilience aux cas extrêmes comme la pandémie actuelle du coronavirus.

Pour en revenir à nos réalités au Burkina Faso, vous pouvez aisément constater que le déroulement de plusieurs activités au sein de notre administration s’est adapté naturellement à la situation. Ainsi, plusieurs réunions se déroulent à présent, soit en conférence téléphonique (ou « call conference »), soit en vidéoconférence (appelée aussi visioconférence) à cause du COVID-19. De même, un certain nombre de services publics déjà accessibles en ligne se prêtent bien à la situation actuelle. Ils sont accessibles notamment à travers les plateformes suivantes, pour n’en citer que quelques-unes :
-  le système intégré de taxation en ligne (eSINTAX) qui permet aux contribuables de déclarer et payer leurs impôts et taxes en ligne (www.esintax.bf) et dont la popularité et l’utilisation sont en constante progression, ce qui constitue réellement un motif de satisfaction ;
-  les concours de la fonction publique en ligne (www.econcours.gov.bf) que la plupart des candidats connaissent et utilisent déjà ;
-  le guichet virtuel de l’administration publique (www.servicepublic.gov.bf) qui est un portail unique électronique de l’administration dans lequel on trouve de plus en plus de services offerts en ligne aux citoyens et aux entreprises ;
-  le système d’Accès en Ligne aux Informations Administratives et Salariales (ALIAS) des agents publics de l’Etat (www.alias.gov.bf) qui permet également d’accéder aux Dossiers Individuels des Archives Numérisés (DIAN) des agents publics de l’Etat (ou directement via www.dian.gov.bf ) ;
-  le Système d’Accès aux Dossiers Individuels Numérisés des Agents publics de l’Etat (SADINA : www.sadina.gov.bf) qui est une version améliorée de DIAN ;
-  le système de plaintes et de suggestions qui permet aux usagers d’interagir avec l’administration publique (www.plainte.gov.bf) pour lui permettre de s’améliorer.

Il faut mentionner que le débit sans cesse croissant des communications électroniques d’une part, et l’accessibilité à des outils (disponibles et gratuits sur la toile) de plus en plus facile à déployer d’autre part, sont des facteurs favorisant l’émergence de ce type de solutions de contournement des difficultés comme celles que nous vivons aujourd’hui à cause du COVID-19.

Pour ce qui concerne l’accès au haut débit et la baisse des tarifs, il convient de rappeler ici la partition jouée par le Gouvernement dans la mise en place du point d’échange Internet (IXP) et du point d’atterrissement virtuel (PAV) de Ouagadougou que l’on pourrait, à titre illustratif, comparer à un port sec pour les infrastructures de communications électroniques. En effet, cette infrastructure relie notre pays par fibre optique aux câbles sous-marins intercontinentaux en passant par les pays côtiers limitrophes. Ce PAV a été inauguré en juillet 2018 et est opérationnel depuis lors. Les opérateurs de téléphonie et les fournisseurs d’accès Internet l’exploitent pour le bénéfice de leurs clients ; l’administration publique en tire également son accès Internet haut débit pour son réseau. Des travaux sont actuellement en cours et même assez avancés, non seulement pour renforcer les capacités du PAV de Ouaga, mais également pour installer un autre PAV à Bobo, afin de démultiplier et diversifier l’accès de notre pays à la bande passante internationale à haut débit et à moindre coût.

Dans le cadre des avancées importantes réalisées par notre pays pour favoriser un développement harmonieux et cohérent des infrastructures du numérique, je m’en voudrais de passer sous silence l’adoption par le Conseil des ministres du Schéma directeur d’aménagement numérique (SDAN) par Décret n° 2019-837/PRES/PM/ MDENP/MINEFID du 07 août 2019. Les textes d’applications sont en cours d’élaboration, de manière participative avec tous les acteurs concernés. Le SDAN offre, non seulement une planification et un référentiel général pour le déploiement des infrastructures de télécommunications en fibre optique mais également, un cadre cohérent pour le partage et la mutualisation de ces infrastructures.

En appui à toutes les initiatives déjà en cours pour favoriser un impact encore plus significatif du numérique au niveau de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique et pour permettre à tous les acteurs d’en tirer le meilleur parti, il est envisagé courant 2020, en collaboration étroite avec mon collègue en charge de ce département, l’élaboration d’un schéma de développement du numérique dans les instituts d’enseignement supérieur et de la recherche de notre pays. Les ressources pour financer cette étude et même sa mise en œuvre sont aujourd’hui disponibles et les termes de référence sont en cours d’élaboration. Ce schéma servira de boussole tant, pour les infrastructures nécessaires pour interconnecter et mettre en réseau toutes les structures concernées, que pour les contenus et usages et en particulier, pour le télétravail des enseignants-chercheurs et pour l’enseignement à distance.

Le recours actuellement à diverses formes de télétravail par différentes structures en raison du COVID-19, conforte l’ambition de mon département de promouvoir cette transformation numérique de notre administration publique pour contribuer à réduire le train de vie de l’Etat en agissant sur les charges inhérentes aux déplacements professionnels, tant en intra-urbain pour les réunions locales qu’en interurbain pour les missions à l’intérieur du territoire national, sans oublier le niveau international pour les missions à l’extérieur. On réalise ainsi une économie de temps, de frais financiers, de moyens logistiques, de risques liés aux déplacements et in fine, tout cela converge en une économie de ressources financières au niveau du fonctionnement courant de l’Etat avec la possibilité de reporter ces économies au niveau des investissements, là où c’est plus utile et plus valorisant.

C’est là toute la pertinence de la Stratégie nationale de développement de l’économie numérique (SN@DEN) 2018-2027 (adoptée par Décret n° 2018-450/PRES/PM/ MDENP/MINEFID du 06 juin 2018) et son plan d’actions 2018-2020 (adopté par Décret n° 2018-498/PRES/PM/ MDENP/MINEFID du 19 juin 2018), notamment le programme 3 de cette stratégie, intitulé « transformation numérique de l’administration publique, des secteurs économiques et de la société burkinabè ». J’ai la ferme conviction qu’au sortir de l’épisode COVD-19 actuel, nous accorderons une plus grande priorité au financement de la SN@DEN parce que le numérique est le socle de la résilience dans une telle situation.

Lefaso.net : Depuis plusieurs années, on parle au Burkina de e-Conseil des ministres, de G-Cloud, etc. : où en est-on avec leur mise en œuvre ?

Il convient de rappeler que le projet e-Conseil des ministres vise l’utilisation des TIC dans la gestion du processus de préparation du Conseil des ministres et du Conseil de cabinet ; la création d’un réseau virtuel entre les membres du Gouvernement et l’organisation du travail gouvernemental en ligne.

De 2012 à 2014, le réseau et la plateforme collaborative ont été mis en place, tous les tests ont été réalisés et tous les utilisateurs avaient été formés. L’on était au stade du test « grandeur nature » lorsque survient l’insurrection populaire d’octobre 2014. Le projet n’a pas connu d’évolution sous la transition.

Le monde des TIC est par essence très évolutif. Ce qui fait qu’après plus de 5 années, les technologies utilisées à l’époque pour réaliser la plateforme du e-Conseil des ministres s’avèrent obsolètes aujourd’hui. Il nous est apparu nécessaire de la rénover avec des outils plus contemporains. C’est à cela que mon département et le Secrétariat général du gouvernement et du conseil des ministres (SGGCM) ont, courant 2018, mis en exploitation une plateforme plus légère permettant de tenir le conseil des ministres sans papier. Les acteurs majeurs tels les directeurs de cabinet ont été formés et les directeurs des services informatiques (DSI) des différents ministères ont été mis à contribution. A ce jour, il est possible d’aller en conseil sans papier quand bien même cette possibilité reste très peu exploitée par les acteurs. Malheureusement, vous avez remarqué que des documents de l’administration, parfois même en cours de traitement, se retrouvent sur les réseaux sociaux. Indépendamment du mode de travail gouvernemental (manuel ou dématérialisé), cela pose d’autres problèmes, notamment de discipline administrative. Actuellement, des mesures supplémentaires sont en train d’être prises dans le cadre d’une nouvelle dynamique soutenue par les plus hautes autorités ; ensuite suivra un temps d’appropriation et de renforcement de la maturité digitale des acteurs pour une utilisation judicieuse et sécurisée des TIC par le gouvernement.

Quant au projet G-Cloud, il consiste à la mise en place d’une infrastructure au profit de l’administration publique, des entreprises et des citoyens, afin d’optimiser et réduire les coûts technologiques par la mutualisation inter-administrations, de développer et mettre en place des solutions et plateformes e-services au profit de l’administration publique, des entreprises et des citoyens.

En ce qui concerne les acquis du G-Cloud, l’infrastructure est déjà opérationnelle. Il s’agit entre autres de 1 070 km de fibre optique déployés dont 650 km en interurbain et 420 km au niveau métropolitain (soit 120 km à Ouaga, 80 km à Bobo et environ 20 km pour chacun des autres chefs-lieux de régions), 3 datacenters avec 8 nœuds cloud, 403 bâtiments publics de l’administration raccordés au réseau informatique par fibre optique sur l’ensemble du territoire ainsi que 2 pôles de croissance (Bagré et Samendéni), un centre de contrôle du réseau et 35 e-services déployés. Et je suis heureuse de vous citer quelques plateformes dans la panoplie des e-services déjà déployés et opérationnels sur cette infrastructure ; il s’agit notamment :
-  d’une plateforme e-learning pour les apprenants ;
-  des plateformes d’enseignement à distance de l’Université virtuelle du Burkina Faso ;
-  de certaines applications et bases de données du Ministère de la santé ;
-  du guichet virtuel unique de l’administration publique ;
-  du dispositif de gestion des plaintes et suggestions à l’administration ;
-  des applications réalisées dans le cadre du projet e-Burkina et qui vont avoir un impact réel sur la transformation digitale de notre administration publique, parmi lesquelles il y a :
 la messagerie électronique de l’administration publique « .gov.bf » ;
 la plateforme de téléphonie sur IP qui est une sorte d’interphone géant à l’échelle de l’administration publique, aussi bien au niveau central que déconcentré ;
 la quasi-totalité des sites web des ministères et institutions ;
 le système intégré de gestion électronique des documents (SIGED) qui est l’application métier qui dématérialise le traitement du courrier administratif pour toute l’administration publique et met tous les acteurs en réseau ; ce système est en exploitation dans quelques ministères pilotes et les formations se poursuivent actuellement et progressivement pour y intégrer tous les autres ministères et institutions ;
 le circuit intégré des missions (CIM) pour mieux suivre les missions des agents publics ; son impact sur la réduction des dépenses est évident ; il est également en cours de déploiement ;
 le système intégré de gestion des établissements publics de l’Etat (SIGEPE) qui dote les EPE d’un outil intégré de gestion ;
 le système intégré des référentiels de développement (SIRD) qui est un outil de suivi des réalisations physiques et financières faites par les investissements de l’Etat et de ses partenaires techniques et financiers ; c’est un véritable outil de reddition des comptes publics.

Lefaso.net : Comment ces solutions technologiques peuvent servir dans la situation actuelle ?

Comme mentionné plus haut les Etats qui ont instauré le confinement préconisent le téléenseignement et le télétravail. C’est dire que les solutions numériques permettent d’atténuer les effets économiques et sociaux néfastes de la crise du coronavirus. Ainsi les entreprises et les administrations peuvent continuer de « tourner » et des emplois sont préservés et la « vie ne s’arrête pas ».

Aussi grâce aux TIC, le confinement n’est pas synonyme d’isolement. Les personnes confinées ayant la possibilité d’échanger avec des amis et connaissances à travers les réseaux de communications électroniques, se voient atténuer les effets de la restriction de la liberté d’aller et de venir.

Dans la situation actuelle, les solutions technologiques permettent aux agents publics de rester en contact via la messagerie et la téléphonie sur IP. De même, plusieurs rencontres actuellement tenues sous forme de conférences téléphoniques ou de vidéoconférences sont basées sur les services hébergés dans le G-Cloud et sur l’accès Internet via le réseau informatique national de l’administration publique (RESINA) auquel le G-Cloud contribue grandement.

Les applications telles que les e-services, le mobile money ou le mobile banking qui sont des réalités bien connues au Burkina Faso, sont des instruments efficaces pour effectuer actuellement un certain nombre d’activités et de transactions financières comme la déclaration et le paiement des impôts en ligne, le transfert d’argent, le commerce en ligne, le paiement des factures en ligne, etc.

Certaines opportunités disponibles sont moins exploitées. Il s’agit par exemple de la télévision numérique de terre (TNT) comme un complément du e-learning et un excellent canal de sensibilisation car couvrant presque tout le territoire Burkinabé. Dans ce registre, il convient de saluer l’initiative d’une télévision de la place sur laquelle les élèves ont, dans la situation actuelle de COVID-19, la possibilité de suivre les cours dans certaines disciplines. Ce genre d’initiative doit véritablement être encouragé et démultiplié.

Le gouvernement, à travers le Service d’information du gouvernement (SIG) communique quotidiennement sur la pandémie à travers les médias traditionnels et sur les réseaux sociaux. Un numéro vert (3535) est disponible. Le gouvernement est à pied d’œuvre pour intensifier ces méthodes de sensibilisation avec les outils numériques.

Lefaso.net : Quelles leçons pouvons-nous déjà tirer de cet épisode du Coronavirus, notamment dans nos méthodes de travail ?

Cette crise sanitaire est venue nous rappeler l’importance et la nécessité de respecter les règles d’hygiène minimales dans notre vie quotidienne. A mon avis il est important que les mesures d’hygiène conseillées soient respectées au-delà de la période de la pandémie que je souhaite la plus courte possible.

Nous devons maintenir la sensibilisation de sorte que les populations comprennent que respecter les règles d’hygiène nous permet d’éviter beaucoup de maladies à l’instar de celle du COVID19. La promotion de l’hygiène personnelle et la propreté de l’environnement immédiat doit, à mon avis, être intensifiée.

L’épisode du Coronavirus nous amène à tirer beaucoup de leçons en lien avec nos méthodes habituelles de travail. Le numérique permet aux hommes de poursuivre aujourd’hui plusieurs de leurs activités habituelles dans tous les secteurs. Dès lors, il paraît impératif de changer de paradigme dans nos façons de travailler et de collaborer. Nous devons nous tourner résolument vers l’essentiel qui est le résultat, tout en opérant des réformes de fond sur la façon d’atteindre ces résultats.

Il est urgent de mettre en place un environnement propice au télétravail pour certains postes où cela est pertinent. Il faut poursuivre les efforts dans la transformation digitale des services notamment le mobile money, l’enseignement à distance, la fourniture des services administratifs en ligne et aussi l’organisation en ligne de certaines réunions.

En somme, il est plus que jamais important d’investir dans les infrastructures de communications électroniques, de poursuivre le développement des plateformes, de mettre à niveau le cadre juridique pour renforcer l’environnement de la confiance numérique et enfin, promouvoir les usages parce que les technologies de l’information et de la communication sont une solution sérieuse aux problèmes actuels de l’humanité. Voici autant de chantiers que de défis où la marge de progression du Burkina Faso est encore énorme, en dépit des avancées réalisées ces dernières années. C’est vrai, nos concitoyens voudraient tout et tout de suite ! Et cela est tout à fait compréhensible au regard du retard accusé par notre pays dans certains domaines. Mais chaque problème, aussi crucial soit-il à l’instar du COVID-19, pouvant être transformé en opportunité si l’on sait s’y prendre, il me semble qu’une meilleure synergie d’actions des différents acteurs devrait permettre à notre pays de tirer davantage profit du potentiel des TIC, non seulement dans la situation actuelle de riposte contre le COVID-19, mais également pour réaliser des avancées significatives dans un proche futur. Mon département est déjà pleinement dans cette dynamique et va s’y employer davantage dans les semaines et mois à venir, avec l’accompagnement des autres acteurs.

Entretien réalisé en ligne par Cyriaque Paré
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