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Coronavirus : Dans l’univers des boulangeries en cette première nuit de couvre-feu

Publié le dimanche 22 mars 2020 à 23h43min

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Coronavirus : Dans l’univers des boulangeries en cette première nuit de couvre-feu

La pandémie à coronavirus a imposé un couvre-feu au Burkina. Aux quartiers Katr-yaar et Sin-yiri, dans les arrondissements N°11 et N°5, cette première nuit (samedi 21 au dimanche 22 mars) a été marquée par une « forte » demande de pain auprès de certaines boulangeries.

Le pain est dans les habitudes alimentaires de nombreuses familles citadines. En cette soirée de couvre-feu, des boulangeries ont livré plus de quantité de pains qu’habituellement. C’est ce qui ressort des propos de travailleurs des quelques boulangeries dans la zone du SIAO (arrondissements N°5 et N°11) que nous avons sillonnées.

Il était 19 h 10 mn, lorsque nous arrivons à une première boulangerie non loin du marché Katr-yaar. Les ‘’retardataires’’ du couvre-feu, pressés de prendre des miches de pain pour continuer leur route, se voient lancés de loin : « il n’y a plus de pain, c’est fini ». Certains qui n’y croient pas, franchissent la porte pour s’arrêter au comptoir vide. Le constat donne effectivement des rayons vides.

« C’est l’heure du couvre-feu, nous avons libéré les travailleurs et l’autre équipe est montée pour produire le pain afin de le rendre disponible à partir de 5 heure. Ici, nous fonctionnons maintenant en service continu afin de permettre aux populations d’avoir leur ration de pain, le matin comme le soir. Habituellement, nous fonctionnions avec trois équipes, mais avec le couvre-feu, nous avons réaménagé pour former maintenant deux équipes. Les heures de service ont aussi augmenté. De 7 heures de travail, nous sommes passé à 13 heures », nous accueille le contrôleur des lieux, soulignant que son entreprise s’est pliée au respect des mesures prises par les autorités.

« Nous n’avons pas libéré de travailleurs, nous avons pris une équipe que nous avons partagée entre les autres deux autres. Ça fait une charge pour l’entreprise ; parce qu’il faut payer maintenant les heures supplémentaires (étant donné qu’avec ces deux équipes, au lieu de 7h de travail, on passe à 13h). C’est une décision que nous avons prise pour que les populations puissent avoir accès au pain, surtout les matins et soirs. Vous savez que le pain est beaucoup utilisé dans les familles et en ces temps-ci, la demande est encore forte », explique l’interlocuteur.

A en croire ce dernier, et sans plus de détails, la quantité de pains sortie en cette première soirée de couvre-feu dépasse celles des jours ordinaires. « Sincèrement, aujourd’hui, il y a eu beaucoup de pains vendus par apport aux jours précédents. Ce qui n’implique pas qu’il faut augmenter la production. Nous n’espérons même pas que ça dure (le couvre-feu, ndlr), parce que là, il va falloir recruter du personnel encore et ça augmente les charges. Déjà qu’à ce stade, ça fait des charges », révèle le responsable.

Non loin de ce premier endroit, une autre boulangerie offre un autre visage. Ici, se trouvent assis au comptoir, environ six jeunes, concentrés sur un film qui passe sur une chaîne de télé. A l’arrivée de chaque client, l’un d’eux se retire pour le servir. Il est 19 h 40 à notre passage, mais l’allure n’est pas à une fermeture des lieux.

N’êtes-vous pas informé du couvre-feu ? « Couvre-feu ? Si, on sait qu’il y a couvre-feu, mais les gens sollicitent toujours le pain », lance-t-on au comptoir, laconiquement. Ce qui n’est pas à déplaire aux derniers clients qui hâtent les pas pour se faire des miches. Contrairement au premier endroit également, ici, les rayons contiennent encore une quantité importante de pain « godio » (entendez par-là, du vieux pain). On nous confie également que la quantité sortie dépasse celle des jours habituels.

Plus en profondeur dans le quartier Karpala, une autre boulangerie continue d’offrir ses services. Il était autour de 20 h 05 mn, lorsque nous nous présentions en client au comptoir. A la question de savoir si le couvre-feu n’a pas changé les habitudes, l’on nous lâche le sourire aux lèvres : « quand on va nous menacer, on va fermer » avant de se raviser : « nous voulons vendre les derniers pains avant de rentrer, depuis un moment, on ne produit plus ; on va reprendre demain à 6 h ».

Dans l’ensemble, et pour une première nuit, la quasi-totalité des commerces, surtout aux abords des grandes voies que nous avons empruntées entre 19 h et 21 h, étaient fermés ; seuls de rares gargotes et « kiosques par terre » continuaient de servir quelques clients. Pour qui connaît la zone à ces heures, l’on peut dire que les rues étaient désertes.

O.L
Lefaso.net

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