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Lutte contre le coronavirus au Burkina Faso : Les mesures prises par le gouvernement méconnues à Fada

Publié le vendredi 20 mars 2020 à 22h01min

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Lutte contre le coronavirus au Burkina Faso : Les mesures prises par le gouvernement méconnues à Fada

Dans un micro-trottoir que lefaso.net a réalisé ce mardi 17 mars 2020 dans la ville de Fada N’Gourma (région de l’Est), sur les mesures prises par le gouvernement du Burkina Faso dans le cadre de la lutte contre la pandémie du coronavirus (covid19), les avis des Fadalais sont partagés entre insatisfaction, inquiétude, méconnaissance et peur.

Ce mardi 17 mars 2020, le faso.net a recueilli les avis de certains citadins de la ville de Fada N’Gourma (chef lieu de la région de l’Est) sur les mesures prises par le gouvernement pour lutter contre la propagation de la pandémie du covid19 au Burkina Faso. Voici les réactions de certains d’entre eux.

Narcisse Kiéma, mécanicien : « Nous entendons parler de laver les mains chaque fois, mais j’ignore le pourquoi, très sincèrement si cela est une mesure pour lutter contre ce virus, c’est insuffisant. Par exemple, s’il venait à avoir un cas confirmé de ce virus à Fada qu’allons-nous faire ? Car jusqu’à présent, nous n’avons pas d’informations d’aucun plateau technique de prise en charge sur place d’un éventuel cas. Nous n’avons pas connaissance des sensibilisations sur place à part ce qui se dit sur les réseaux sociaux, chose à laquelle nous ne pouvons pas nous fier. Je profite lancer un appel au gouvernement à mettre en place le plus tôt possible des sites dans toutes les 13 régions avec des médecins spécialistes et donner les informations nécessaires aux populations afin d’éviter la psychose qui a commencé à prendre du terrain ».

Kiema Narcisse, mécanicien

Armel Tankoano, technicien d’appui communautaire : « Je salue d’abord les mesures prises par le gouvernement, parce que c’est à la hauteur de leur possibilité pour le moment. Mais la meilleure manière aux toutes premières heures était de recenser les compétences au niveau des médecins ou les spécialistes et les organiser avec un bon recyclage et les doter en matériels requis dans les différentes régions avec un site d’accueil bien diagnostiqué avant de procéder aux fermetures des écoles, etc.Maintenant nous sommes tous confrontés à l’infection du virus, il faut vite fermer nos frontières aériennes et le gouvernement doit revoir sa communication aussi. Pour le cas de la ville de Fada s’il est nécessaire de fermer le marché central, il faut le faire car il y a de l’urgence et l’heure n’est plus aux sentiments ».

Armel Tankoano, technicien d’appuis communautaire.

Henriette Lompo/Natama, institutrice : « C’est vrai que nous avons fermé les classes mais à ma connaissance, il n’y a aucune mesure concrète ni claire ici à Fada N’Gourma à cause de l’épidémie de coronavirus. Actuellement, si tu veux te rendre dans une localité située à 50km, tu ne sais pas comment t’y prendre ni la conduite à tenir. Les mesures du gouvernement sont bonnes mais insuffisantes. Comment peut-on décider de fermer les classes sans prendre les mesures qui vont avec ?Ils y a des élèves avec la fermeture des classes qui doivent effectuer un déplacement avec les compagnies de transport pour rejoindre leurs parents à des centaines de kilomètres de Fada N’Gourma et quelles sont les précautions qui ont été prises au niveau des gares routières ?A ce que je sache, rien pour le moment. Pour conclure, je ne suis pas satisfaite de ces mesures et le gouvernement doit revoir sa façon de communiquer surtout avec les autres couches sociales qui ne savent ni lire, ni écrire qui sont dans des contrées lointaines. Que vont-ils devenir ? ».

Mme LompoNatama Henriette, institutrice.

Issa Adolph Thiombiano, instituteur et entraineur de football : « Je remercie le gouvernement pour la mesure prise malgré les insuffisances et merci également au syndicat qui a décidé de surseoir à la marche qui devrait avoir lieu le mardi 17 mars 2020 pour éviter la propagation de l’épidémie. Depuis hier, j’ai arpenté quelques artères de la ville de Fada N’Gourma, mais j’ai l’impression que les gens n’ont pas pris cette affaire de la pandémie au sérieux et cela peut s’expliquer facilement par un déficit de communication. Pas d’affichage, ni d’interdiction formelle de regroupement, on ne peut pas se limiter à faire des communiqués et penser que cela suffit pour régler un problème de cette envergure. Personnellement j’aurais aimé que parfois, les autorités qui ont pris cette mesure respectent la décision du chef de l’Etat, parce que nous avions tous observé ces derniers jours des rassemblements, des regroupements, ou nous avions vu la présence d’autorités de haut niveau et cela laisse à réfléchir. Pourquoi le chef del’Etat va prendre une telle décision et ses collaborateurs directs vont à l’encontre de sa décision ? ( …) Je pense qu’il devrait être entouré de tous les techniciens du domaine et des observateurs avertis dans ses interventions sur la situation et cela pourrait donner une bonne audience et apporter du crédit à l’endroit des populations. Aux populations de la ville Fada N’Gourma, je demande de respecter déjà les mesures qui sont actuellement en vigueur. Car les gens continuent de se saluer en se serrant les mains sous forme de plaisanterie ».

Issa Adolph Thiombiano instituteur et entraîneur de Football.

Abdou Tani, agent de santé et fondateur d’une école privée de santé : « Pour moi cette épidémie de la covid-19 intervient à une période très difficile dans notre pays, le Burkina Faso. Parce que c’est un phénomène nouveau pour le peuple Burkinabé vu son évolution. Pour cela, il faut d’abord saluer les efforts déjà engagés par le gouvernement avec la mise en place d’un certain nombre de mesures pour éviter la propagation de l’épidémie. Et nous sommes tous interpellés aujourd’hui car le problème n’est pas celui du gouvernement, mais celui de l’ensemble du peuple. Il faudra respecter ces mesures et accepter que la pandémie est une réalité, qu’elle existe dans notre pays et prendre à bras le corps la lutte afin d’éviter toute surprise. J’en appelle également à la fermeté des mesures dans les régions car cela peut arriver d’un moment à l’autre. Des dispositions ont été prises au niveau du CHR de Fada, mais il faut que nous limitions nos mouvements ».

Tani Abdou, agent de santé et fondateur d’une école privée de santé.

Christine Ouédraogo/Tapsoba, Directrice régionale de l’Eau et de l’Assainissement de l’Est : « Déjà, nous apprécions et remercions le gouvernement pour les mesures déjà prises dans la lutte contre le covid-19 afin de protéger les Burkinabè. Pour ce qui concerne la ville de Fada N’Gourma et la région de l’Est tout entière, il faudra que les populations sachent que l’hygiène et l’assainissement sont la base de la santé, donc pour cela, les pratiques recommandées par les mesures ne doivent pas être un simple mot venant de la bouche, il va falloir les respecter strictement afin de limiter la propagation du virus dans le pays entier. Donc je demande aux populations d’insister sur le lavage des mains et les autres consignes données afin de sauver des vies ».

Mme OuedraogoTapsoba Christine, Directrice régionale de l’Eau et de l’Assainissement de l’Est.

Propos recueillie par S.S.
Lefaso.net

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