Il est minuit, ce lundi 16 mars 2020, au Centre médical urbain de Dédougou. Le personnel soignant a déserté les lieux, en signe de protestation contre l’application de l’IUTS aux primes et indemnités des fonctionnaires. Le portail principal est fermé par le gardien de nuit. C’est donc par un petit passage que nous avons eu accès aux locaux. Dans la salle d’hospitalisation, un couple venu du village de Noakuy est assis avec une enfant âgée d’environ trois ans. Les parents sont désemparés. Les infirmiers étant partis, les soins sont arrêtés.

DG du CHR, Monsieur Dabiré Gustavz

Quand nous étions sur le point de quitter les lieux, nous sommes accosté par deux jeunes venus pour un cas d’urgence. Nous les orientons vers le Centre hospitalier régional.

Dans la matinée du 17 mars 2020, nous sommes reparti pour constater le fonctionnement des services publics de la ville de Dédougou. Le Centre hospitalier régional (CHR) de Dédougou nous accueille aux environs de 12h. « Ici, c’est le service minimum qui est assuré à cause de la grève générale », nous confie un technicien biomédical qui a requis l’anonymat. Le directeur général du CHR, Gustave Dabiré, précise que « la grève a démarré effectivement dans la nuit du 16 mars, mais le service minimum existe dans tous les services du CHR. Les urgences sont levées sans difficulté, et tous les médecins sont là. A la date d’aujourd’hui, on n’a pas enregistré un décès du fait de la grève ».

Salle d’hospitalisation du centre médicale urbain au secteur 02 de dedougou

Il ajoute même que le CHR a pris des dispositions pour faire face à un éventuel cas de coronavirus. « On a mis en place un comité et une cellule médicale. On a même identifié une salle en cas d’isolement », annonce Gustave Dabiré.

Pour Mathieu Traoré, secrétaire général du Syndicat national des travailleurs de la santé humaine et animale (SYNSHA), section du Mouhoun, « ce n’est pas de gaieté de cœur que les travailleurs vont en grève. La lutte est progressive et la réaction du gouvernement déterminera la suite à donner à la lutte ».

Monsieur Traoré Mathieu, SG synsha , section du mouhoun

Autre lieu, mêmes réalités

Cap sur la Direction régionale du trésor. Nous sommes reçu par le trésorier régional, Sokieré Hien. « Nous sommes en effectif très réduit. Depuis hier, les agents ont observé le mot d’ordre. On a juste un service minimum ; il y a quelques agents du service de la dépense qui sont là, juste pour traiter les salaires », fait-il constater.

D. LAWALI