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Gestion du coronavirus : « Il faut préférer perdre aujourd’hui et gagner demain, plutôt que de vouloir gagner aujourd’hui et perdre pour de bon », conseille Dr Zoungrana de l’UPC

Publié le mardi 17 mars 2020 à 23h50min

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Gestion du coronavirus : « Il faut préférer perdre aujourd’hui et gagner demain, plutôt que de vouloir gagner aujourd’hui et perdre pour de bon », conseille Dr Zoungrana de l’UPC

Face à l’actualité de la pandémie à coronavirus, l’Union pour le progrès et le Changement (UPC, première force politique de l’opposition) a donné sa lecture de la situation, assortie de recommandations au gouvernement. C’était à travers une conférence de presse initiée dans l’après-midi de ce mardi, 17 mars 2020 au siège national du parti, sis au quartier Gounghin, Ouagadougou.

Selon les informations officielles, à la date du 16 mars 2020, le Burkina enregistrait 20 cas confirmés. Ce qui le place au rang de troisième pays africain le plus touché, après l’Egypte et l’Afrique du Sud, affirment les conférenciers.

« Si l’on jette un regard critique sur cette pandémie, on se rend compte que sa rapidité de propagation est effrayante et ses conséquences sociales, culturelles et économiques sont immenses, surtout pour des pays comme les nôtres déjà à l’épreuve de la paupérisation croissante de sa population, des effets dévastateurs des attaques terroristes avec leurs lots de déplacés internes. (…). L’UPC a toujours prôné la prévention pour faire face aux problèmes de santé. Il est connu en santé publique que la prévention coûte moins chère que les soins et donne de meilleurs résultats. Malheureusement, sans nier les efforts qui ont été déployés par le ministère de la santé jusqu’à présent pour apporter des réponses à la crise, force est de constater qu’elles étaient parfois incomplètes, sans concertation préalables et mal coordonnées », a campé le secrétaire national chargé de la santé du parti, Dr Steve Léonce Zoungrana, principal intervenant à cette sortie.

« Notre système de santé n’est pas résilient du fait du manque de prospective et de réactivité »

De l’avis des responsables en charge des questions de santé de ce parti, la réponse à la pandémie devait privilégier l’approche participative, dès les premières heures de l’apparition du premier cas. En clair, poursuivent-ils, les partis politiques, les organisations de la société civile, les syndicats, les coutumiers et religieux devraient être associés dès le début aux concertations afin d’en sortir avec des mesures consensuelles sous l’égide et l’éclairage du ministère de la santé. Les problèmes prioritaires de santé doivent être définis en associant les communautés ; une démarche qui aurait pu faciliter, selon eux, l’adhésion aux mesures pour lesquelles elles sont parties-prenantes.

« Nous faisons le constat amer que les populations sont laissées à elles-mêmes face à l’acquisition des moyens de lutte contre la propagation de la pandémie comme les gels hydro-alcooliques dont les prix ont connu une flambée déconcertante. Des ruptures de stocks sont également constatées. Nous constatons aussi un manque de coordination et de suivi des mesures prises par le gouvernement. Les dispositifs de riposte à la pandémie au niveau déconcentré ont commencé à se mettre en place tardivement (mi-mars 2020). Par ailleurs, nous n’avons constaté aucune action visant à contrôler l’effectivité des mesures de prévention préconisées sur le terrain, aussi bien en ville qu’en milieu rural  », diagnostiquent les conférenciers.

Un défaut de démarche participative du gouvernement

« Toute mesure qui vient d’en haut et qui est appliquée aux populations ne marche jamais. En matière de développement, tout le monde sait que c’est l’approche participative qui est efficace ; si vous n’approchez pas les gens dès le départ, dans la définition même des priorités et les actions à mener, tout ce que vous allez proposer ne passera pas. N’oubliez pas que certaines mesures se heurtent à notre culture. Consultez les rapports d’études anthropologiques qui ont été faites dans le cadre de la maladie à virus Ebola, il ressort clairement que lorsque les mesures se heurtent à la culture, c’est la culture qui prend toujours le dessus (en sachant que cela peut ainsi contribuer à la propagation de la maladie). Donc, ce sont des acteurs (leaders communautaires) qu’il faut associer très tôt afin que les mesures prises puissent passer par les propositions qu’eux-mêmes vont faire pour surmonter ces considérations culturelles », révèle le secrétaire national chargé de la santé de l’UPC, Dr Steve Léonce Zoungrana.

Dr Zoungrana (micro) avec à sa droite, Moussa Bila et Dr Sebgo Sidibé et Alexis Kaboré (vêtu en jaune)

A l’issue de ce regard-critique, les conférenciers ont formulé des recommandations au gouvernement. A ce titre ont-ils requis la fermeture totale des frontières ou, à défaut, la suspension immédiate pour une période de 15 jours renouvelables de l’entrée dans notre territoire des voyageurs étrangers en provenance des pays ayant plus de 50 cas confirmés (les ressortissants burkinabè et les résidents permanents non Burkinabè à soumettre à une quarantaine obligatoire de quatorze jours dès leur entrée sur le territoire national) ; l’extension immédiate de la mesure d’interdiction des regroupements à tous les milieux sans restriction, pouvant présenter de forts potentiels de dissémination de la maladie ; la mise à la disposition des services de santé d’infrastructures adéquates pour les mises en quarantaine (il faudra d’ores déjà identifier les infrastructures à réquisitionner pour la circonstance, prévoir des tentes et des unités d’intervention mobiles).

Toujours au titre des propositions, l’UPC invite à la dotation des agents de santé en équipements de protection individuel (EPI) de qualité et en quantité pour faire face à la crise sanitaire et le renforcement des capacités techniques des services de santé ; la disponibilisation des gels hydro-alcooliques à prix subventionnés au profit de la population ; la mise en application effective des recommandations de l’OMS (organisation mondiale de la santé) sur la planification de la communication lors des flambées de maladies.

« En effet, son objectif global est de maintenir et instaurer la confiance du public envers les autorités de santé publique avant, pendant et après une flambée. La coordination de la communication devrait jouer ici un rôle central. Ainsi, un plan de communication de crise devrait être établi, associant d’autres disciplines comme l’Anthropologie et la psychologie pour tenir compte des peurs suscitées. Les messages à disséminer devraient sensibiliser sans exacerber les peurs déjà existantes, ce qui pourrait être contre -productif et dissuader certaines personnes contacts à se déclarer », soutient Dr Zoungrana.

On peut belle et bien fermer les frontières !

Les porte-paroles du parti sur ce sujet, recommandent, en outre, que dans le plan de riposte, soit consacré un volet particulier au renforcement de la prévention auprès des groupes vulnérables que sont les personnes âgées, les femmes enceintes et celles souffrant de multiples maladies chroniques qui paient le plus lourd tribut de cette pandémie ; la mise en place des comités à tous les niveaux (marchés, administration etc.) pour assurer la veille sanitaire et la mise en application effective des mesures préconisées. Ces comités doivent être reliés au centre de gestion de la crise et, enfin, la prise de mesures visant à promouvoir une bonne nutrition afin de renforcer le système immunitaire et atténuer les effets de la maladie en termes de mortalité.

« La solution peut venir de la médecine traditionnelle, mais comme nous sommes face à des virus émergents, on n’a pas suffisamment de recul pour voir comment le système immunitaire se comporte lui-même et comment les médicam

Réagissant à une préoccupation relative à la fermeture des frontières, Dr Zoungrana situe : « Le Burkina a souscrit à ce qu’on appelle le règlement sanitaire international, qui a été initié par l’OMS et qui oblige les pays à évaluer leurs capacités techniques à faire face à n’importe quelle maladie épidémique, surtout les épidémiques émergentes que nous connaissons ces dernières années. Ce règlement disait dans ces deux derniers points qu’il ne fallait pas que les mesures prises puissent perturber le commerce international ou la circulation des hommes. Ce règlement a été mis en œuvre en 2007 ».

Le spécialiste précise qu’avec les effets de la maladie à virus Ebola, cette disposition sus-référée a sauté et l’OMS permet de prendre des mesures extrêmes, même si ça va perturber l’économie des pays. Il en veut pour preuves que dans cette crise coronavirus, des pays ont fermé leurs frontières.

Pour Dr Zoungrana, il faut préférer perdre aujourd’hui et gagner demain plutôt que de vouloir gagner aujourd’hui et perdre pour de bon. Occasion pour les conférenciers d’exhorter les populations au respect des mesures prises par le gouvernement et à proscrire tous comportements qui peuvent affaiblir le corps humain, tels l’alcoolisme chronique, la consommation de tabac, etc.

Oumar L. Ouédraogo
Lefaso.net

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