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Université Joseph Ki Zerbo : Abdoulaye Sawadogo analyse les rapports Homme-Nature-Culture dans la gestion de la forêt classée de Dindéresso

Publié le lundi 16 mars 2020 à 12h10min

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Université Joseph Ki Zerbo : Abdoulaye Sawadogo analyse les rapports Homme-Nature-Culture dans la gestion de la forêt classée de Dindéresso

« Analyse du triptyque Homme-Nature-Culture dans la gestion de la forêt classée de Dindéresso dans les Hauts-Bassins (Burkina Faso) ». C’est le thème de thèse qui a occupé Abdoulaye Sawadogo durant trois années et qu’il a enfin présentée et défendue ce samedi 14 mars 2020, à l’Université Joseph Ki-Zerbo de Ouagadougou. Le travail du désormais docteur en sociologie a été sanctionné par la mention « Très honorable ».

« Nous sommes partis de nos études de recherches en maîtrise où nous avions abordé l’étalement de la ville de Bobo en lien avec la pratique culturelle du Do. Il est ressorti que le Do dans son expression matérielle a besoin d’espace. La question d’espaces s’étant posée notamment avec le village de Sakaby qui a été phagocyté, de nouveaux sites se sont créés dans la forêt classée de Dindéresso en vue de poursuivre les rites sacrificiels. Dans le présent sujet, nous avons voulu approfondir la problématique en mettant en rapport l’homme, la nature et la culture », a avancé Abdoulaye Sawadogo.

Comment les populations se représentent -elles la forêt classée de Dindéresso par rapport à leur terroir villageois ? Quelle place occupe la forêt classée de Dindéresso dans la construction de l’identité culturelle dans les localités environnantes ? Comment les acteurs locaux s’approprient la règlementation formelle qui régit la gestion de la forêt classée de Dindéresso ? Telles sont les questions qui ont guidé les travaux de recherche de Abdoulaye Sawadogo, sous la direction du Pr Augustin Palé (Maître de conférences) de l’Université Joseph Ki-Zerbo.

Abdoulaye Sawadogo

Dans un document de 367 pages, le chercheur s’est attelé à analyser les logiques sociales construites autour des ressources naturelles en rapport avec les modes de gestion des différentes entités que sont la forêt classée de Dindéresso et le terroir villageois ou la brousse. Cela, à travers une démarche qualitative. Ainsi, suite à des entretiens et des observations menés dans l’ensemble des villages environnants de la forêt de Dindéresso, Abdoulaye Sawadogo soutient que les préoccupations environnementales actuelles dans la zone d’étude ont des origines qui remontent aux politiques coloniales et post-coloniales.

« La crise actuelle autour de cette réserve forestière a un lien avec l’historique de la forêt classé de Dindéresso. En effet, les populations se sentent déposséder de leurs terres qui, à la longue, ont été érigées en forêt classée et ce, sans accompagnement nécessaire au regard de l’étalement de la ville de Bobo Dioulasso qui réduit les terres cultivables » commente-t-il. Et d’ajouter que d’autres facteurs, notamment les nouveaux types de rapports entre l’homme et cette aire protégée, favorisent la dégradation des ressources naturelles. A ce sujet, Il cite entre autres, la marchandisation du foncier, la profanation de la brousse et des cours d’eau (la création de la baignade en 2003 comme un affront aux esprits selon la conscience collective), le passage du symbolique au folklore (la démystification des interdits sociaux qui régulent les rapports de l’homme à la nature), le dysfonctionnement dans le mode d’organisation de l’administration.

Néanmoins, poursuit Abdoulaye Sawadogo, la forêt classée de Dindéresso constitue un bouclier spatial, un facteur de stabilité et un site sacrificiel pour la ville de Bobo Dioulasso et l’ensemble des villages environnants. « Si nous prenons le cas du village de Sakaby qui a été phagocyté par la ville, la forêt de Dindéresso constitue comme une barrière spéciale pour d’autres villages environnants. La forêt protège ces villages environnants qui veulent garder leur identité culturelle » a-t-il noté, soulignant la nécessité de restaurer cet espace et partant, sauvegarder les croyances des différentes communautés.

Le jury composé du Pr Kamba André-Marie Soubeiga (Président) de l’Université Joseph Ki-Zerbo, du Pr Aly Tandian (rapporteur) de l’Université Gaston Berger de Saint -Louis du Sénégal et du Pr Ali Sangaré de l’INSS /CNRST de Ouagadougou (Burkina Faso) ainsi que du directeur de Thèse, Pr Augustin Palé, après avoir échangé avec le chercheur durant trois heures de temps, a jugé la thèse assez bien écrite, aussi bien dans le fond que dans la forme.

Témoignant sa gratitude au jury, le désormais docteur en sociologie se dit apte à faire valoir ses connaissances aussi bien dans une université, un centre de recherches ou dans d’autres domaines.

Nicole Ouédraogo
Lefaso.net

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