« Tout ce que vous faites pour moi sans moi, vous le faites contre moi », disait Mahmat Gandhi. Eh bien, dans la lutte contre le VIH/SIDA, les « communautés Populations Clés », acteurs de premier rang semblent faire de cette pensée, leur leitmotiv. Afin d’assurer leur meilleure participation à la définition des priorités à inclure dans les demandes de financement et le suivi de la mise en œuvre des programmes financés, l’ONG REVS PLUS en collaboration avec l’instance de coordination nationale des subventions du Fonds mondial (CCM), organisent le forum national annuel de ces communautés.

Philippe Somé, représentant la présidente du Conseil d’administration de REVS PLUS (Au milieu, en chemise)

Selon Philippe Somé, représentant la présidente du Conseil d’administration de REVS PLUS, le forum permettra aux participants de comprendre ce qu’est le « dialogue pays », de renforcer leur compréhension sur les différentes étapes du processus de financement du Fonds Mondial et d’élaborer un ordre des interventions prioritaires à haut impact pour les « Populations Clés » à reverser dans le « dialogue Pays ».

Après avoir salué le leadership de la société civile qui a permis de lutter contre le VIH/SIDA et de gagner plusieurs batailles contre cette maladie, Adama Dayo, chef du département en charge des ONG, des OBC et de la chefferie coutumière et religieuse au Secrétariat permanent du Conseil national de lutte contre le SIDA et les IST, a laissé entendre que ce forum est d’une importance capitale, car il aide à porter la voix de « ceux qui semblent être des sans voix ».

Adama Dayo, représentant du Secrétariat permanent du Conseil national de lutte contre le SIDA et les IST

« On ne peut pas vaincre une maladie en stigmatisant ou en ne prenant pas en compte la spécificité des acteurs touchés par cette maladie. Il y a une double stigmatisation de certaines populations qui ne favorise pas la lutte contre le VIH dans notre pays », a-t-il laissé entendre.

Même si la perception et le regard des Africains ont beaucoup évolué sur les personnes atteintes du VIH/SIDA, Jacques Bernatas a déploré l’existence de poches de concentration de stigmatisation et d’intolérance. Pour lui, renforcer la voix des Populations clés permettra certainement de changer la donne. « Sans vous, sans votre voix, personne n’y arrivera. Vous vivez de l’intérieur la stigmatisation et le poids de la maladie », a déclaré M. Bernatas.

Jacques Bernatas, conseiller régional en santé mondial au ministère de l’Europe des Affaires étrangères pour le Burkina, le Mali et le Niger (2)

Il a rappelé aux participants que les efforts fournis à travers le monde pour poursuivre la lutte. Ainsi la sixième Conférence de reconstitution des ressources du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, qui s’est tenue à Lyon, en octobre 2019, a permis de lever 14,02 milliards de dollars US pour les trois prochaines années. Ces ressources visent à sauver 16 millions de vies. « Même si l’actualité est marquée par la propagation du coronavirus, cela ne doit pas nous faire oublier la lutte indispensable à mener contre le VIH/SIDA », soutient Jean Jacques Bernatas.

Job Sagbohan, Directeur pays de l’ONUSIDA au Burkina Faso

Les conclusions du forum sont attendues par les différentes parties prenantes qui espèrent ainsi rehausser le niveau des plaidoyers et adapter la riposte aux réalités pour l’atteinte des objectifs d’élimination du VIH/SIDA à l’horizon 2030.

Rappelons que le Forum entre dans le cadre du projet RIPOSTE. Coordonné par REVS PLUS, le projet financé par Initiative 5% et bénéficie de l’appui technique de l’Alliance globale des Communautés pour la Santé et les Droits (AGCS PLUS), réseau thématique de Coalition PLUS pour la défense des droits des minorités sexuelles.

Herman Frédéric Bassolé
Lefaso.net