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Pour une ONU viable

Publié le lundi 12 septembre 2005 à 07h45min

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Du 14 au 16 septembre prochain, se tiendra au siège des Nations unies, le Sommet mondial 2005, la plus grande rencontre des décideurs politiques que l’ONU ait jamais organisée. Cette rencontre qui coïncide avec le 60e anniversaire de l’Organisation internationale a, à son ordre du jour deux sujets importants : la réforme des Nations unies et les Objectifs du Millénaire pour le développement.

La rencontre de New York se tient dans un contexte difficile pour l’ONU. De plus en plus critiquée pour sa gestion par certains de ses membres dont surtout les Etats-Unis, son principal bailleur de fonds, les Nations unies sont à la croisée des chemins. Au point que d’aucuns s’interrogent sérieusement sinon sur son avenir du moins sur son utilité. Le secrétaire général de l’organisation internationale, M. Kofi Annan qui ne partage pas du tout le pessimisme des détracteurs et des déçus de l’ONU, devrait présenter à l’occasion du Sommet mondial une série de réformes pour une organisation plus efficace, plus viable.

C’est ainsi qu’il est, entre autres, question dans les propositions de Annan, de l’élargissement du Conseil de sécurité à 24 membres qui sera le seul habilité à décider des conditions d’une déclaration de guerre, d’un nouveau conseil pour veiller sur les droits de l’homme, de la définition du terrorisme qui devrait mettre fin au flou qui l’entoure et à partir de laquelle une convention internationale devrait être adoptée. Le secrétaire général n’a pas, loin de là, oublié les problèmes de développement. Comment encourager les pays riches à mieux aider les pays pauvres, notamment ceux du continent africain ? Cette question-là est revenue maintes fois dans les rencontres internationales. Le constat est malheureusement là : la générosité n’est pas actuellement la chose la mieux partagée. Plus sérieusement, des bailleurs de fonds, pour se débiner, évoquent la mauvaise utilisation des aides et plus généralement, la mauvaise gouvernance.

La bonne volonté de Kofi Annan, son souci de faire de l’ONU, un outil de paix, de développement et de solidarité ne sont pas suffisants à venir à bout des intérêts égoïstes, nationalistes, régionalistes et des calculs des uns et des autres. Que ne font pas les Etats-Unis, en particulier, pour contrecarrer les réformes proposées ? Ils font tout pour les vider de leur sens et préconisent à la place, tout ce qui renforcera leur mainmise sur les Nations unies.

On aura beau proposer un équilibre des responsabilités, une équité dans la répartition géographique, une ouverture de l’ONU à la société civile, l’élargissement du Conseil de sécurité sur des bases qui tiennent compte de l’évolution actuelle du monde, rien n’y fait.

Une réforme de l’ONU qui touchera aux intérêts des cinq permanents sera, à coup sûr, rejetée. Pour ne pas arranger les choses, les prétendants au Conseil de sécurité comme membres permanents (Allemagne, Japon, Brésil, Inde) pour ne citer que ces pays, ont créé dans leur entourage bien des jalousies et même des oppositions ouvertes. Même les Africains qui ont le plus grand intérêt dans cette affaire ne parviennent pas, du moins pour le moment, à parler d’une seule voix pour des raisons de leadership, de calculs bassement égoïstes.

Les maux dont souffre l’ONU, il y a longtemps qu’ils ont été diagnostiqués. Les remèdes tels que ceux que Kofi Annan propose sont, aux dires de nombre d’observateurs, bien efficaces pour guérir le malade. Qu’on ne se fasse cependant pas d’illusions : une réforme qui affectera l’ONU dans ses objectifs et dans son organisation actuels est difficile à opérer du fait surtout des intérêts des cinq permanents. Ceux-ci disent tirer leur légitimité de la seconde guerre mondiale dont ils ont été les vainqueurs et de leur poids militaire, politique et financier dans le monde. Dit autrement, c’est une question de rapports de force, de position. Le changement viendra peut-être avec le temps et l’évolution des mentalités.

On sait que les Nations unies, le produit de la volonté des 191 Etats qui le composent, ne reflète pas le monde actuel. On connaît les limites de ce "machin" : il a été incapable d’empêcher le génocide au Rwanda, il ne parvient pas à ramener la paix dans bien d’autres pays en conflit. Les Africains dont les problèmes occupent l’essentiel des discussions à l’ONU ont plutôt intérêt, dans ce jeu, à s’unir pour créer des Nations unies plus viables. Des Nations unies au service de la paix, du développement économique et social. Et cela sans renoncer bien sûr à leur ambition combien légitime de peser fort sur le fonctionnement de l’organisation internationale.

Bessia BABOUE
Sidwaya

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