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Défis sécuritaires en Afrique : « La force ne peut pas être une solution définitive à une situation de crise », convainc Dr Salifou Sangaré

Publié le jeudi 5 mars 2020 à 20h00min

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Défis sécuritaires en Afrique : « La force ne peut pas être une solution définitive à une situation de crise », convainc Dr Salifou Sangaré

Pour sa conférence publique inaugurale, le Cercle d’Études Afriques-Mondes (CEDAM), organisation de la société civile à but scientifique crée en décembre 2019 a choisi de mener la réflexion sur « Diplomaties et crises sécuritaires en Afrique de l’Ouest ». C’était ce jeudi, 5 mars 2020 à Ouagadougou.

Cette activité s’est déclinée sous forme de panel articulé en trois communications. La première communication a été livrée par l’expert et consultant des questions d’extrémisme violent, Mahamoudou Savadogo, sur le sous-thème : « Les crises sécuritaires en Afrique de l’ouest : état des lieux et perspectives ».

Elle a été suivie par le sous-thème sur « Géo-politique du monde : questionnements sur le (s) positionnement (s) stratégique (s) de la CEDEAO » développé par Dr Daniel Kéré, directeur exécutif du CEDAM. La dernière intervention a été l’affaire de Dr Salifou Sangaré, enseignant et vice-président du Haut conseil du dialogue social (HCDS) sur « Diplomaties et résolution des crises sécuritaires en Afrique de l’Ouest ».

Ainsi, pour le premier communicateur, l’ancien gendarme, Mahamoudou Savadogo, l’Afrique de l’ouest est à la fois un espace politique et géo-politique. « Géo-politique, parce qu’il n’y a pas mal d’intérêts qui se jouent dans cette partie de l’Afrique », explique-t-il, soutenant ici que le sous-sol de l‘espace concerné renferme des ressources stratégiques pour les puissances. Des richesses qui ne profitent cependant pas aux populations vivant dans ces zones regorgeant des richesses. Ce qui est source de tensions sociales.

Aujourd’hui, les défis auxquels les Etats ouest-africains font face sont le terrorisme, l’extrémisme violent, les conflits locaux, le grand banditisme et la criminalité transnationale, la gouvernance sécuritaire, etc. Deux grands groupes (essentiellement) minent la sous-région : l’Etat islamique au grand Sahara et le groupe de soutien à l’islam et aux musulmans.

L’expert-consultant, Mahamoudou Savadogo

Ces organisations terroristes utilisent des groupes locaux tels que les braconniers, les orpailleurs… qui maîtrisent le terrain. Ces groupes terroristes surfent sur les failles laissées par l’Etat et qui rendent vulnérables les populations. Leurs stratégies, poursuit-il, c’est de faire donc le recrutement en exploitant la mauvaise gouvernance, les tensions locales et communautaires, les dérives commises par les Forces de défense et de sécurité (le pouvoir central ayant délaissé les périphéries, les populations sont frustrées).

L’expert-consultant est revenu sur les stratégies mises en place par l’Etat dans le cadre de la lutte contre le phénomène d’insécurité auquel fait face le pays ces dernières années. Il s’agit entre autres de la loi de programmation militaire, la révision du code pénal, le programme d’urgence du sahel, l’état d’urgence décrété dans certaines zones. Malgré tout, la situation ne fait que se désagréger. A titre illustratif, en 2017, le nombre d’attaques terroristes était d’environ 37, en 2018 il est passé à environ 310 et en 2019, à plus de 1000 attaques.

Selon Mahamoudou Savadogo, la lutte doit être globale, elle ne doit pas concerner seulement un pays. Parlant de perspectives, qu’il pose sous forme de questionnements, M. Savadogo se demande entre autres si la lutte n’est pas en déphasage avec la réalité (réponse militaire à un phénomène largement politique ; politique au sens de justice sociale, de gouvernance, etc.).

Dr Daniel Kéré, directeur exécutif du CEDAM

Décor ainsi campé, Dr Daniel Kéré a, dans le développement de son thème « Géo-politique du monde : questionnements sur le (s) positionnement (s) stratégique (s) de la CEDEAO », remis au goût du jour, les missions et la vision de la CEDAO ainsi que les défis endogènes qui se posent à elle.

Pour Dr Kéré, la problématique de positionnement de la CEDEAO par rapport aux grands enjeux mondiaux se pose face aux grands ensembles du monde (Union européenne, Russie, etc.)

Aussi, ajoute-t-il, les rivalités internes paralysent-elles déjà l’organisation communautaire. L’idéal serait donc que la CEDEAO évolue pour s’approprier ces enjeux importants, « parce que nous sommes dans un monde où il est difficile d’évoluer seul et de résoudre les défis de l’heure ».

Dr Salifou Sangaré a, lui, relevé que dans toutes les crises au monde, même si la première action a été militaire, la suite est diplomatique. « La force ne peut pas être une solution définitive à une situation de crise », convainc l’enseignant.

Dans sa démarche, Dr Sangaré a situé les causes du terrorisme dans la sous-région avant de dresser des perspectives susceptibles de constituer des axes par lesquels, la stratégie diplomatique va s’engager.

Dr Salifou Sangaré est allé dans des détails sur des clichés qui caractérisé certaines zones du pays

L’ensemble de ces communications ont suscité de nombreuses réactions du public qui a attentivement suivi leur déroulement. Selon le directeur exécutif du CEDAM, Dr Daniel Kéré, les communications feront l’objet d’une édition qui sera mise à la disposition des décideurs et autres utilisateurs.

Association non partisane, le CEDAM se présente comme une structure de la société civile qui se propose de s’intéresser aux questions stratégiques, notamment celles relatives aux enjeux politiques, diplomatiques, économiques et sécuritaires des relations entre États, entre États et Institutions Internationales, entre États et Entreprises multinationales et entre plusieurs des structures citées.

O.L
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 6 mars 2020 à 09:00, par kwiliga En réponse à : Défis sécuritaires en Afrique : « La force ne peut pas être une solution définitive à une situation de crise », convainc Dr Salifou Sangaré

    « La force ne peut pas être une solution définitive à une situation de crise »
    Bien évidemment, c’est tout à fait pertinent.
    Néanmoins, dans la présente situation d’urgence que vit le pays, on aimerait quand même en avoir un peu, de la force.

  • Le 8 mars 2020 à 23:19, par Dibi En réponse à : Défis sécuritaires en Afrique : « La force ne peut pas être une solution définitive à une situation de crise », convainc Dr Salifou Sangaré

    Oui, si la « La force ne peut pas être une solution définitive à une situation de crise », on ne gagne pas non plus la paix par des dialogues et des parlottes avec des Islamo-fascistes terroristes ; et pour qui l’Islam est d’abord et avant tout un drapeau à planter sur le pays, avant d’être une réligion.
    C’est un drapeau à planter et jouissant d’immenses moyens financiers qu’octroyent généreusement les monarchies obscurantistes du Golf, d’Arabie et la Turquie.
    Enfin, soyons sérieux ! Faudrait déjà qu’on nous dise qui sont-ils ? Et que veulent-ils au plan des révencations politiques, sociales ou territoriales ?
    Quel serait le contenu de ce dialogue-remède à la crise que de pseudo-politistes et sociologues nous vendent sans autres précisions sur les attendus juriques et politiques de ce dialogue ?
    Au Mali, ils en sont réduits parce que les forces proxy de l’Azawade à Kidal au service des intérêts français, en imposent à la réaction néocoloniale aux affaires à Bamako ! Mais chez nous au Burkina-faso, les acteurs de l’agenda et leurs révendications dans cette affaire ne sont jamais identifiés. Dans ce cas, on s’assoit avec qui et pour quoi autour de la table ?
    On se doit d’être sérieux quand on se dit politologue, sociologue ou juriste ?
    Na an lara, an sara !
    La patrie ou la mort !

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