Arts martiaux japonais : Un art de vivre, au-delà du combat
Crédit photo : Nippon Budokan
Au Japon, les arts martiaux (Budo en japonais), notamment le Judo, le Karaté et l’Aïkido, sont un mode de vie aux dimensions physique, morale et spirituelle. Ils véhiculent des valeurs tels l’honneur, la loyauté, le courage, l’harmonie, etc. En l’espace d’un siècle, le Judo et le Karaté sont devenus des sports olympiques.
Le Budo est une forme de culture physique japonaise qui trouve ses origines dans la tradition du Bushido, littéralement "la voie du guerrier". Les praticiens du Budo développent des compétences martiales techniques tout en s’efforçant d’unir l’esprit, la technique et le corps ; développer leur caractère ; renforcer leur sens de la morale ; et cultiver un comportement respectueux et courtois (Source : Nippon Budokan).
Au Japon, les arts martiaux se sont développés au sein de l’École ancienne de Samouraï à travers les siècles jusqu’en 1868. Samouraïs, ces guerriers héroïques vivaient par le code du Bushido, fondé sur la loyauté, la justice et l’honneur envers les ennemies pendant la période de guerre. Mais, les samouraïs disparaitront officiellement au début de l’époque de Meiji (1868-1912) lorsqu’ils perdent l’ensemble de leurs privilèges, dont le port du sabre ainsi que leurs revenus.
Après, le mode de transmission a été modifié, changement qui explique la séparation en deux catégories : arts martiaux de l’école anciennes et ceux modernes. Jigoro Kanô a utilisé la valeur de Bushido come mode d’enseignement pour les jeunes. Bushido est désormais appelé Budo. Référence en matière de philosophie morale et martiale, c’est le livre "Bushido, l’âme du Japon" de l’intellectuel nippon Nitobé Inazo (1862-1933), qui donnera au Bushido sa dimension à la fois spirituelle et flamboyante.
Sept grandes vertus du Bushido ont été décrites par Nitobé Inazo, dans son livre. Il s’agit de la Droiture, du Courage, de la Bienveillance, de la Politesse, de la Sincérité, de l’Honneur et de la Loyauté. De nos jours, on retrouve des traces du Bushido dans l’esprit et la hiérarchie de certaines grandes entreprises japonaises et dans la pratique des arts martiaux comme sport.
En 1882, le judo est créé en tant que pédagogie physique, mentale et morale par Jigoro Kanô. Sa caractéristique la plus proéminente est son élément compétitif dont l’objectif est soit de projeter, soit d’amener l’adversaire au sol, et de l’immobiliser, ou de l’obliger à abandonner à l’aide de clés articulaires et d’étranglements. Le souhait de Jigoro Kanô était de populariser une méthode visant à l’"utilisation maximale efficace de l’esprit et du corps".
Le principe fondamental du judo, c’est-à-dire détruire la posture ou l’équilibre de son adversaire et "se tenir prêt" pour faciliter l’attaque. La technique (waza) est composée de 68 techniques de jet et 32 techniques d’immobilisation. Jigoro Kanô enseigne aux jeunes, « Ne vous vantez pas de gagner, ne vous pliez pas à perdre ». Quant au Karaté, ou "art de la main vide", il est né sur l’île d’Okinawa, situées au sud-ouest du Japon. Okinawa a dû développé le Karaté comme une forme de self-défense afin de contourner l’interdiction du port d’armes.
Les 20 préceptes du karaté voudraient qu’il n’existe pas d’attaque pure et dure de la part d’un karatéka : le combattant répond par une défense (ou une anticipation qui permet d’attaquer avant que l’attaque de l’adversaire ne soit portée). Des nuances de contenus techniques et philosophiques sont relativement marquées en fonction du style (Shōrin-Ryu, Shōtōkan, etc.). L’aïkido a été fondé par Morihei Uéshiba au milieu des années 1920. Il se compose de techniques avec armes et à mains nues utilisant la force de l’adversaire, ou plutôt son agressivité et sa volonté de nuire.
Ces techniques visent non pas à vaincre l’adversaire, mais à réduire sa tentative d’agression à néant. Le mouvement en cercle utilisant la force centrifuge et la technique articulaire sont des formules typiques d’Aïkido. L’aïkido peut être considéré comme la concrétisation du concept de légitime défense. Morihei Uéshiba exprime que le véritable Budo est une protection aimante de tous les êtres dans l’esprit de réconciliation pour accomplir sa propre mission. Dans ce sens, l’aïkido est l’art martial de l’harmonie.
Ces arts martiaux sont actuellement répandus dans beaucoup de pays du monde. En 1964, le judo a fait partie des disciplines olympiques lors des olympiades organisées à Tokyo. À la suite d’une décision du Comité international olympique en août 2016 à Rio, le karaté, lui aussi sera présent aux Jeux olympiques de Tokyo 2020.
Au Burkina Faso, les arts martiaux japonais, dont le Judo, et le Karaté ont été introduits dans les années 70-80. L’Aïkido est, quant à lui, apparu en 2004. Au-delà du combat, les arts martiaux japonais, comme l’a relevé le président de la fédération burkinabè de Judo, Tembi Nikièma, véhiculent des valeurs de solidarité, d’intégrité, et de probité, utiles à l’éducation de la jeunesse.
W. Aubin NANA