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Sarkozy-de Villepin : Duel au chevet d’un malade

Publié le vendredi 9 septembre 2005 à 08h19min

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Le Président Chirac a eu un malaise et son hospitalisation suscite bien des questions. La situation semble maîtrisée au plan médical, mais l’incident vient rappeler que l’héritier de de Gaulle n’est plus un jeunot. A 72 ans bien sonnés, le temps est en train de prendre le dessus sur ce président qui a marqué l’esprit des Français par son énergie débordante. Cela fait déjà 10 ans qu’il gère l’Etat français.

Les bulletins médicaux font état d’une récupération dans une semaine, même si le doute s’est installé à un moment sur leur crédibilité. Sa participation ou non à l’Assemblée générale de l’ONU sera un indicateur important sur l’impact de la maladie sur sa personne. La santé d’un chef d’Etat n’est-elle pas une affaire d’Etat ? Ce n’est pas Pius Njawé, ce journaliste camerounais emprisonné pour avoir écrit que le président Biya avait eu un malaise, qui dira le contraire. Manu militari, il a été conduit en prison. La France, terre des droits de l’homme, communique sur l’état de santé de son président. Le fait est qu’il est malade et l’on sait de quoi il souffre et au nom du droit à l’information, le peuple en est informé.

Ce petit bobo médical relance le débat sur la succession d’un Chirac coincé entre Dominique de Villepin, son Premier ministre et Nicolas Sarkozy, son ministre de l’Intérieur, prétendant sérieux au poste de candidat à la magistrature suprême.

Le premier qui est un proche du président est sous les feux de la rampe parce qu’en charge de la gestion des affaires courantes. Toute chose qui joue positivement sur son image d’homme politique auprès de l’opinion. On lui colle déjà la qualité de rassembleur de la droite et les sondages le mettent presqu’à égalité avec Sarkozy comme éventuel candidat de la droite en 2007.

Du coup, cela fait oublier son bilan mitigé des 100 premiers jours de gestion du gouvernement. Son projet de relance de l’emploi est mis à mal par les syndicats. Par la magie des médias, le Premier ministre a presqu’éclipsé son rival qui tenait les universités d’été du parti, occasion solennelle pour annoncer son projet de relance de la France. N’empêche que De Villepin est le premier à tirer parti de l’absence momentanée du chef de l’Etat. Il en a profité "pour revendiquer l’héritage chiraquien". Et cela n’est pas étranger à la colère de Sarkozy qui ne digère pas d’avoir été la dernière personne à être informée de cette "vacance de pouvoir".

Cet opposant au sein de la majorité qui prône une politique de rupture, a obligé le président Chirac à se dédire au lendemain du référendum sur l’Europe en le nommant ministre de l’Intérieur alors que ce dernier venait de prendre la tête de l’UMP. Il avait pourtant affirmé qu’une fois élu chef de parti, Sarkozy ne saurait être ministre de la République.

C’est tout le charme de la politique française. Sous nos tropiques, cette situation est inimaginable . On lui aurait tout simplement inventé un dossier sale ou une tentative de déstabilisation du pouvoir pour le mettre sous l’éteignoir. Sarkozy veut être le candidat de la majorité en 2007, c’est son souhait confirmé par les militants du parti. Mais 2007, c’est loin et il peut se passer beaucoup de choses d’ici là. Pendant que le Premier ministre se débat avec un programme de relance de l’emploi, lui, annonce d’autres choix économiques et fiscaux pour la France. Il faut craindre cependant que cette rivalité ne dégénère et bloque le fonctionnement du gouvernement.

Pendant que De Villepin se met dans la peau d’un présidentiable, Sarkozy, égal à lui-même, dit ne pas craindre la rivalité de ce dernier, ni même l’éventualité d’une candidature de Chirac. En effet, rien n’empêche constitutionnellement le président actuel de se présenter à nouveau. Il est vrai que le pouvoir use l’homme, mais pas plus que le temps. Et la guéguerre entre ses dauphins potentiels peut lui être profitable en définitive.

Le Pays

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