Le visage de certains quartiers de la ville de Manga continue de changer, même après la fête de l’indépendance qui a été célébrée le 11 décembre 2019 dans la cité de l’épervier. Les travaux d’aménagement des canaux occupent des centaines d’employés sur différents sites. Le partenaire Suisse qui finance les travaux était sur le terrain pour constater de visu l’état d’avancement des travaux.

« La Suisse est engagée à promouvoir l’économie locale, l’emploi. Ce programme qui permet de réaliser à la fois des pistes rurales, et des ouvrages d’assainissement en ville, permet de contribuer au développement des infrastructures au niveau local, mais aussi de fournir de l’emploi et renforcer l’expertise de la main d’œuvre locale, à travers d’approche haute intensité de main d’œuvre », a expliqué Elisabeh Pitteloud Alansar, directrice du bureau de la coopération Suisse au Burkina. Malgré le retard accusé par le démarrage des études et des appels d’offre, elle s’est satisfaite de la physionomie des travaux.

Elisabeth Pitteloud Alansar directrice du bureau de la coopération Suisse s’est réjouie de l’état d’avancement des travaux à Manga

« Les entreprises sont à des taux d’avancement allant de 27% à 40%, on peut dire que les travaux sont très bien engagés pour des délais qui sont aussi dans une moyenne acceptable », a dit pour sa part Daouda Diabaté, secrétaire permanent du programme sectoriel des transports. Pour lui, l’approche utilisée pour les travaux est originale. La main d’œuvre est prioritairement locale, de même que les matériaux utilisés.

Daouda Diabaté, secrétaire permanent du Programme sectoriel des transports

« Il y a aussi un effort pour qu’au-delà des travaux, la main d’œuvre puisse continuer à profiter. Faire de l’épargne pour pérenniser son revenu », a-t-il poursuivi, tout en précisant que rien que pour la ville de Manga, ce sont 230 millions qui sont injectés. De quoi satisfaire les autorités locales. Pour le secrétaire général de la mairie de Manga, Halidou Boundané, la commune est bénéficiaire doublement. Aussi bien en termes de création d’emploi que d’assainissement. 4km de canaux sont prévus pour être réalisés dans chacune des trois communes bénéficiaires (pour un cout total de 800 millions de FCFA), mais Manga s’en sort avec 4 km 300 de canaux.

Les travaux d’aménagement des canaux dans la cité de l’épervier, font partie du Projet de transport et de développement des infrastructures urbaines. Un projet qui est cofinancé par la Banque mondiale et la coopération Suisse, avec comme maitre d’ouvrage le secrétariat permanent du programme sectoriel des transports.

Manga-Zabré, en attendant aout 2020

Lors de cette sortie, la mission de revue à mi-parcours a mis le cap sur l’axe Manga-Zabré. Un trajet long de 79 km. Lancés le 27 novembre 2017 pour un délai d’exécution de deux ans, la construction de la route n’est toujours pas terminée. Un retard qui s’explique selon Daouda Diabaté, secrétaire permanent du Programme sectoriel des transports. « Les études initiales ont été revues, donc la masse des travaux a été augmentée, il fallait ajouter un délai supplémentaire à l’entreprise, un avenant. L’entreprise est en train d’exécuter cet avenant sur 9 mois », a-t-il dit.

Malgré tout, l’entreprise est en retard. Puisqu’un taux mensuel d’exécution a été fixé à l’entreprise. « Il y a certains postes qui méritent d’être renforcés. Nous encourageons l’entreprise à renforcer ses équipes, redoubler d’efforts pour atteindre ses objectifs. Il y a des délais, et des taux d’avancement qui étaient fixés. Malheureusement ils ne sont pas atteints. Il y a donc un effort à faire pour rattraper le retard », regrette le secrétaire permanent.

Mais, il note qu’il y a des avancées, comparé à ce que les missions de contrôle précédentes avaient constaté. « Nous avons constaté qu’il y a un certain engagement sur le chantier. Il y a une année, nous étions à 20% pour un an et demi de délai consommé ; aujourd’hui nous sommes à près de 58% d’état d’avancement. Il y a donc eu des progrès ».

Selon Issa Nana directeur technique de l’entreprise ATP, c’est à cause de la revue des études initiales que ce retard est constaté sur le chantier

Nana Issa, directeur technique de l’entreprise ATP qui exécute les travaux, se veut rassurant sur le respect des délais. Selon lui, le taux d’exécution est autour de 60%, il y a déjà 52 km de goudron, il reste 27 km. « Il ne reste plus grand chose à faire. C’est surtout le terrassement qui nous reste à faire sur environ 5 km. C’est la tâche qui nous a beaucoup fatigués au début et qui a causé ce retard, parce que sur les études initiales, il était prévu 16000m3, mais avec la revue, on est passé à 300 000 m3 et c’est l’une des tâches les plus pénibles à mettre en œuvre », s’est-il défendu.

Tiga Cheick Sawadogo
Lefaso.net