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Burkina Faso : L’Office national d’identification fait le maillage du territoire au profit des populations

Publié le dimanche 9 février 2020 à 21h56min

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Burkina Faso : L’Office national d’identification fait le maillage du territoire au profit des populations

L’institution de sécurisation des identités, l’Office national d’identification (ONI), fait le point de la situation de la production et de la délivrance des documents d’identification au cours de l’année 2019 et annonce des perspectives pour l’année 2020 avec, en sus, l’ouverture de centres secondaires de production à Fada N’Gourma, Kaya, Ouahigouya, Dédougou et Gaoua. Cette présentation a été faite via une conférence de presse animée samedi 8 février 2020, à Fada N’Gourma, par les responsables de l’institution.

En tenant cette première sortie de l’année 2020 à Fada N’Gourma (chef-lieu de la région de l’Est), les responsables de l’ONI font un clin d’œil aux zones touchées par l’insécurité. Pour le directeur général de l’ONI, en quittant la capitale pour l’intérieur du pays pour un tel exercice, il s’agit de marquer la solidarité avec l’ensemble des hommes et femmes qui, en ces lieux, se sacrifient pour incarner au quotidien les missions régaliennes et partager l’esprit de résilience avec l’ensemble des populations de ces zones.

C’est, du reste, dans ce tempo que l’ONI et ses démembrements s’inscrivent au quotidien pour répondre à travers le territoire national au besoin de délivrance des documents d’Identification, notamment la Carte nationale d’identité burkinabè (CNIB). Ces dernières années où la vie du pays est rythmée également par l’insécurité, la demande de documents d’identification s’est accrue.

L’année 2019 a donc vu l’ONI se déployer sur plusieurs chantiers. En effet, explique son directeur général, Aristide Béré, l’ONI s’est attelé à l’organisation d’opérations massives de délivrance de CNIB et de passeports ordinaires au profit des Burkinabè de l’intérieur que de l’extérieur, à l’amélioration de son dispositif technique et organisationnel et à la production de documents spécifiques, à l’organisation de rencontres de plaidoyer auprès des acteurs des organisations de la société civile, religieuses et coutumières et à la réalisation d’activités socio-culturelles et sportives, etc.

Les statistiques font ressortir qu’en 2019, 1 352 407 CNIB. « Dans ces statistiques enregistrées en 2019, il faut relever que 556 728 CNIB ont été délivrées au profit des femmes, ce qui représente 41,16% du total, et 770 387 au profit des hommes, soit un taux de 56,96 %. Aussi, faut-il le souligner, 1 222 945 des personnes enrôlées sont âgées de plus de 18 ans, soit 90,42%, et 104 170 sont âgées de moins de 18 ans, soit 7,70 % », détaille le directeur général Aristide Béré, précisant qu’à la date du 5 février 2020, la base de données de l’ONI présentait une situation globale de 11 270 211 de CNIB, dont 8 879 233 personnes sont détentrices de cartes actives (soit un écart de 2 390 978 personnes).

« Cette situation globale désagrégée se présente comme suit : 4 947 676 hommes sont détenteurs de cartes actives et 3 931 557 femmes sont détentrices de cartes actives, soit respectivement des taux de 55,72 % et de 44,28%. Dans ces statistiques globales, 8 727 035 personnes sont âgées de plus de 18 ans, soit 98,29 %, et 152 198 de moins de 18 ans, soit 1,71 %. Par ailleurs, le déploiement des équipes mobiles pour les missions consulaires de délivrance de CNIB dans 22 pays, en accord avec le ministère de l’Intégration africaine et des Burkinabè de l’extérieur, a permis d’enrôler 21 095 personnes. Notons que la dernière mission consulaire, qui a eu lieu du 8 au 24 janvier 2020 en Côte d’Ivoire, a permis d’enrôler, à elle seule, 10 520 personnes. En termes de production de passeports, il y a la production de 73 979 passeports ordinaires sur une prévision de 75 000 passeports ordinaires à produire, soit un taux de 98,63 % », explique M. Béré.

A cela s’ajoutent 8 694 documents spécifiques, composés de cartes professionnelles émises au profit des institutions publiques et privées, de projets de récépissé d’association, de cartes de réfugiés.

Occasion pour les conférenciers de féliciter l’ensemble des acteurs qui, malgré la situation, se battent pour satisfaire à la délivrance de la CNIB.

En termes de taux de réalisation, l’ONI présente un taux de réalisation physique de 82,55 % et un taux d’exécution financière de 78,45 %.

En dépit des difficultés…

Outre le contexte national marqué par l’insécurité dans certaines localités, le coût de la CNIB reste un obstacle pour certains citoyens. « Mais de façon simple, en réalité, quand vous comparez le coût de la CNIB au coût de la production, le prix est relativement soutenable pour assurer la continuité du service. La même carte, avec les mêmes caractéristiques, produite dans des pays voisins avec le même opérateur technique, coûte 5 000 francs », relativise le premier responsable de l’ONI, précisant que l’institution s’auto-finance pour mener ses activités. Sur ce point, il rappelle également que la révision du coût est du ressort du gouvernement et non de l’ONI.

Aristide Béré traduit ses reconnaissances au ministre de la Sécurité, à la hiérarchie de la police nationale dont l’appui a permis d’atteindre ces résultats satisfaisants

Une autre source de difficulté est liée aux actes de naissance. « Le problème, c’est la question des doublons. Ce qui crée de la lenteur dans la production de la CNIB. Il y a eu des opérations de délivrance massive d’actes de naissance. Le citoyen se présente et prend encore un autre acte de naissance, le système d’état civil n’étant pas informatisé. La direction de la production a plus de 8 000 personnes qui sont bloquées du fait de doublons d’actes de naissance (des gens qui ont pris des actes de naissance de leur petit-frère, des gens qui en ont refait pour contourner… », dévoile le principal animateur de la conférence, Aristide Béré. C’est pourquoi, il suggère une informatisation du système d’état civil et la centralisation des données (par exemple aux niveaux communal, régional, national…).

« Les personnes qui voient la délivrance de leur CNIB s’éterniser, c’est dû à 95% à un problème d’acte de naissance, problème de doublon ; mais elles ne peuvent pas le dire. Les services d’investigation les entendent pour voir à quel niveau se trouve l’erreur. (…). Quand on les convoque, elles se rendent compte, elles ne reviennent plus, mais passent par les réseaux sociaux, les émissions interactives pour dire qu’elles n’ont pas leur CNIB. Pourtant, dans ce cas (doublon), il faut répartir à la justice qui va délivrer un certificat pour permettre à la CENI de lever le verrou », expose le directeur général de l’ONI.

Les déplacés internes constituent un autre pan de défi et à ce niveau, les responsables de l’institution ont relevé la nécessité de concertation entre tous les acteurs/institutions concernés (ministères de la Sécurité, de la défense, de l’Action sociale ; les services d’état civil, etc.) pour une gestion efficace de la situation (dans certaines circonscriptions, la mairie ne fonctionne plus ; les archives et autres services d’état civil ont été brûlés). « Même si nous partons vers les populations déplacées pour délivrer des CNIB, elles n’ont pas d’acte de naissance pour présenter », soulève M. Béré.

Curseur sur 2020

En perspectives, en 2020, l’ONI entend poursuivre un triple objectif. Il s’agit, dans un premier temps, de procéder au renouvellement des cartes d’identité et l’établissement de nouvelles cartes pour toutes les personnes qui en expriment le besoin. Cette opération de délivrance entamée en 2019 va se poursuivre avec efficacité et diligence. Un plan de déploiement est en place et sera exécuté sur toute l’étendue du territoire national. Ce plan de déploiement des équipes est couplé avec un plan de collecte et de distribution expresse assurées par une navette permanente entre les centres de collecte et les centres de production.

Dans un second temps, l’effort de développement institutionnel et stratégique, notamment par l’ouverture de cinq centres secondaires de production à Fada N’Gourma, Kaya (région du Centre-Nord), Ouahigouya (Nord), Dédougou (Boucle du Mouhoun) et Gaoua (Sud-Ouest) aux fins de rendre la CNIB facile d’accès, réduisant également le délai de délivrance.

« Le problème n’est pas celui de production, c’est un problème de délai de transmission. Une enveloppe, pour être fermée, a besoin de 25 formulaires au moins. Cela veut concrètement dire que le citoyen qui s’enrôle aujourd’hui doit attendre le 25e citoyen pour que l’enveloppe dans laquelle il se trouve puisse être fermée et envoyée à la Poste Burkina qui, à son tour, l’envoie à l’ONI. Donc, il peut facilement s’écouler un mois entre la date d’enrôlement effectif de l’individu et la date de transmission des données au centre de production. C’est pourquoi, nous avons voulu approcher ces centres (de production) des populations pour minimiser le temps mis pour transmettre les données au centre de production », annonce-t-on du côté de l’institution.

Le critère de la distance et du potentiel d’enrôlement seront donc les critères pour la création des centres de production.

Dans le même registre des perspectives, la réflexion est en cours, pour opérationnnaliser la carte d’identité CEDEAO ainsi que la carte d’identité pour mineurs dans les deux années à venir. Pour cette année 2020, le dernier grand objectif est de développer un partenariat soutenu avec le secteur privé et les services parapublics pour assurer une exploitation au service du bien public, les différentes bases de données.

Pour mémoire, l’Office national d’Identification est un établissement public de l’Etat à caractère administratif, créé en 2004. Il est placé sous la tutelle administrative du ministère de la Sécurité et celle financière du ministère de l’Economie, des Finances et du Développement. Depuis sa création, l’ONI a, au fil du temps, vu ses missions dépasser le champ classique de l’identification des personnes physiques pour devenir une institution incontournable dans la sécurité intérieure et le processus électoral.

O.L.O.

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Vos commentaires

  • Le 10 février 2020 à 08:53, par le citoyen En réponse à : Burkina Faso : L’Office national d’identification fait le maillage du territoire au profit des populations

    "En tenant cette première sortie de l’année 2020 à Fada N’Gourma (chef-lieu de la région de l’Est), les responsables de l’ONI font un clin d’œil aux zones touchées par l’insécurité. Pour le directeur général de l’ONI, en quittant la capitale pour l’intérieur du pays pour un tel exercice, il s’agit de marquer la solidarité avec l’ensemble des hommes et femmes qui, en ces lieux, se sacrifient pour incarner au quotidien les missions régaliennes et partager l’esprit de résilience avec l’ensemble des populations de ces zones.
    C’est, du reste, dans ce tempo que l’ONI et ses démembrements s’inscrivent au quotidien pour répondre à travers le territoire national au besoin de délivrance des documents d’Identification, notamment la Carte nationale d’identité burkinabè (CNIB)"
    . J’ai bien aimé cette partie des propos du DG, c’est très bien réfléchi et c’est de la grandeur. Merci Aristide BERE ;

    • Le 10 février 2020 à 09:46, par Maria de Ziniaré En réponse à : Burkina Faso : L’Office national d’identification fait le maillage du territoire au profit des populations

      Je me demande pourquoi RMCK refuse d’exécuter au plan national les chantiers d’intégration de la CDEAO notamment faire des Burkinabè des citoyens de la CDEAO en les dotant de carte d’identité biométrique CDEAO (adoptée en 2014 par la CDEAO) et à laquelle ils ont droit et continue à leur délivrer (au prix de nouveaus investissements à l’ONI ) des CNIB juridiquement obsolètes au plan sous regional. Salif DIALLO en visionnaire à it fait voté diligemment la loi relative à cette carte à l’assemblée il était président de l’institution. Tous les Sénégalais ont leur carte d’identité biométrique CDEAO qui leur sert également de carte d’électeur pourquoi le Burkina refuse d’avancer ?

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