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Association les amis de Kantchari : « Nous avons l’intention de rester dans la commune tant que les différents contextes le permettront »

Publié le vendredi 7 février 2020 à 09h00min

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Association les amis de Kantchari : « Nous avons l’intention de rester dans la commune tant que les différents contextes le permettront »

« L’éducation est l’arme la plus puissante qu’on puisse utiliser pour changer le monde » dixit Nelson Mandela. Eux ils l’auront compris, puisque de toutes les priorités qui existent dans cette localité de l’Est du Burkina, c’est cette arme qu’ils ont choisie pour cette commune de Kantchari. Les membres de l’Association « les amis de Kantchari » œuvrent depuis 1994 au rayonnement du monde éducatif dans la commune de Kantchari. Ils sont de la France mais aussi de l’Autriche qui composent cette association dénommée l’Association de solidarité pour le développement de l’éducation et de la culture dans la commune rurale de Kantchari au Burkina Faso. Josiane Berruyer, présidente de l’association, raconte dans une interview, en date du 1er février 2020, les débuts de ce partenariat, son évolution et ses perspectives. S’il y a une chose à retenir, l’association compte rester tant que le contexte n’a pas changé. Lisez plutôt.

Lefaso.net : Pouvez-vous vous présenter ?

Représentant de l’Association : Je m’appelle Josiane Berruyer, J’ai 71 ans, je suis de nationalité française, retraitée de l’Éducation Nationale. Je suis présidente de l’association depuis 2016.

Présentez-nous votre association « Les Amis de Kantchari » et dites-nous comment elle est née.

Les Amis de Kantchari est une association loi de 1901. Depuis 2005, elle agit pour le développement de l’éducation et de la culture dans la commune rurale de Kantchari, dans la région de l’Est au Burkina Faso. Elle poursuit et prolonge les actions conduites pendant une dizaine d’années par la Fédération des œuvres laïques de la Drôme.

Classe de seconde

De 1994 à 2004, la Fédération des œuvres laïques de la Drôme a construit dans le cadre de chantiers de jeunes, un collège composé de deux bâtiments de quatre classes chacun et une bibliothèque. En 2005 nous avons créé l’association pour poursuivre et développer cette action. En 2019, elle compte plus de 650 adhérents et donateurs et de nombreux partenaires en France et à l’étranger.

Comment fonctionne-t-elle ?

L’association est dirigée par un bureau de 10 à 12 membres qui agissent tous bénévolement. Elle est partenaire de la commune rurale de Kantchari et du Ministère de l’éducation, de l’alphabétisation et de la promotion des langues nationales du Burkina Faso.

De 2005 à 2015, le nombre d’adhérents de l’association est passé de moins de 100 à plus de 600. Qui sont ces adhérents ? D’où viennent-ils ?

Nous avons augmenté le nombre d’adhérents de l’association grâce à un travail de lobbying réalisé par tous les membres de l’association et en particulier par l’un des vice-présidents plus particulièrement chargé des recherches de financement. Nos membres viennent de France en majorité mais aussi de pays européens et notamment d’Autriche.

Pourquoi le choix d’intervenir spécifiquement dans les domaines de l’éducation et de la culture ?

Au départ le projet est né au sein de la Ligue de l’Enseignement dont l’un des objectifs est le développement de l’éducation en France et à l’international. Parmi les membres fondateurs la majorité étaient des enseignants à la retraite, ce qui n’est plus le cas actuellement.

Quelles ont été les réalisations faites dans la commune par l’association depuis 2005 ?

Des réalisations à Kantchari on retient :

• Un lycée départemental d’enseignement général de 23 classes et plus de 1200 élèves avec salle informatique, laboratoire, terrain omnisports et jardin pédagogique

• 2 logements pour la direction

• Une bibliothèque municipale de 3000 ouvrages

Dans les villages et les hameaux de la commune :

• 18 écoles primaires de trois classes construites ou rénovées

• 3 bâtiments administratifs de collèges et une salle de classe

• 23 logements pour les enseignants

• 10 jardins scolaires

A ces constructions s’ajoutent chaque année la fourniture de matériels sportif et pédagogiques, de manuels scolaires, et d’ouvrages de littérature pour la bibliothèque.

Comment l’association finance-t-elle ses activités ?

Elle organise chaque année une campagne d’adhésions et de dons de septembre à fin décembre pour recueillir des fonds pour financer ses projets. Elle est également soutenue financièrement par la ville de Valence, des fondations en France et en Autriche, des organismes et des associations partenaires.

Comment vivez-vous cette question d’insécurité que connaît la région et particulièrement la commune de Kantchari où vous intervenez ?

La question de l’insécurité perturbe depuis plusieurs années nos relations avec nos partenaires burkinabè. Nous devons continuellement « inventer des stratégies » pour poursuivre nos actions. Actuellement nous n’avons plus de contact direct avec les villages et la population, c’est une dimension humaine du projet qui disparaît totalement.

Qu’en disent vos adhérents en France ?

En France, nos adhérents nous font confiance mais nous devons leur apporter suffisamment d’informations et de garanties pour maintenir cette confiance. Ils sont également inquiets pour les populations et la suite des projets.

Avez-vous pensé à vous retirer de la commune au regard de ce contexte ?

Pour l’instant non car nous sommes allés de nombreuses années à Kantchari, nous connaissons bien nos partenaires et ils nous connaissent bien. Nous pouvons toujours travailler dans la confiance. Le maire de Kantchari peut se déplacer en France et nous pouvons travailler ensemble à la construction des projets, il assure le suivi sur le terrain et auprès des administrations. Nous avons des échanges réguliers par mails, téléphones, photos avec l’ensemble de nos partenaires.

Depuis janvier 2020, le Ministère de l’administration territoriale, de la décentralisation et de la cohésion sociale, nous a délivré une autorisation d’exercer notre activité au Burkina et nous avons officiellement nommé un représentant (Pierre Michaillard) et un représentant adjoint, tous deux de nationalité burkinabé, qui peuvent veiller aux intérêts de l’association en son absence et assurer les relations avec l’administration et faire le suivi des projets.

Comment est-ce que ce contexte d’insécurité joue sur vos activités dans la commune ?

Pour la première fois cette année nous avons décidé de ne réaliser des chantiers de construction que dans le bourg centre de Kantchari et de ne rien entreprendre dans les villages où la sécurité est plus difficile à assurer. Nous ne voulons pas mettre en danger les personnes qui travaillent sur les chantiers. Toujours pour des raisons de sécurité, nous n’avons pas organisé de séjour à Ouagadougou en ce début d’année.

Est-ce que vous avez des retours des bénéficiaires, des personnes qui s’épanouissent aujourd’hui grâce à vos soutiens ?

Oui par le passé nous avons eu des retours directs des bénéficiaires quand nous pouvions séjourner à Kantchari même. Nous avons par exemple connu des enseignants du lycée qui avaient fait leurs études à Kantchari grâce aux actions de l’association et qui revenaient enseigner au lycée. Maintenant nous avons des retours par l’intermédiaire du Maire, de l’inspecteur primaire ou du proviseur.

Quelles autres difficultés rencontrez-vous dans l’accomplissement de vos activités en faveur de la commune ?

L’impossibilité de se rendre sur place pour monter les projets et pour voir les réalisations est une difficulté majeure qui ne peut perdurer longtemps. Les difficultés de connexions internet ou téléphonique fréquentes à Kantchari sontt aussi une difficulté pour nos partenaires comme pour nous.

Plan de masse du futur collège/lycée d’enseignement technique et professionnel

Quelles sont les chantiers futurs que l’association compte entamer au profit de la commune ?

A partir de 2020 nous attaquons un gros projet de construction d’un collège/lycée d’enseignement technique et professionnel dans le bourg de Kantchari.

Etes-vous dans d’autres communes du Burkina en dehors de Kantchari ? Est-ce que vous envisagez cela ?

Non, nous ne sommes pas dans d’autres communes et ne l’envisageons pas pour l’instant car il reste encore beaucoup à faire dans la commune de Kantchari dans le domaine de l’éducation.

Que gagnent vos adhérents dans ce partenariat avec une localité du Burkina ?

Nos adhérents ont la satisfaction de participer à une action de solidarité internationale « à taille humaine » avec l’assurance que tout l’argent donné arrive aux bénéficiaires. Ceux qui sont imposables bénéficient d’une réduction d’impôt proportionnelle à leur don car nous sommes reconnus « association d’intérêt général » en France.

Quelles sont les perspectives pour la relation entre vous et la commune ? Jusqu’à quand resterez-vous dans cette commune pour l’appuyer ?

Pour l’instant nous avons l’intention de rester dans la commune tant que les différents contextes le permettront. Par ailleurs nous débutons cette année un projet à long terme (entre 7 et 10 ans) de construction d’un collège/lycée d’enseignement général et nous resterons dans la commune au moins jusqu’à la fin de ce chantier.

Etienne Lankoandé
Lefaso.net

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