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Philippe Ouédraogo à l’Obs : "Si j’étais élu..."

Publié le jeudi 8 septembre 2005 à 08h20min

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Un candidat à la présidentielle, Philippe Ouédraogo, nous a rendu hier 7 août 2005 une visite de courtoisie au cours de laquelle l’équipe de rédaction a échangé avec lui à bâtons rompus. Entre autres sujets abordés : la vie de son parti, la présidentielle du 13 novembre prochain et la politique extérieure de notre gouvernement.

Ce candidat au scrutin présidentiel du 13 novembre prochain, premier polytechnicien de notre pays, était des nôtres hier mercredi 7 août. Après une visite guidée des locaux de l’Observateur paalga, Philippe Ouédraogo s’est prêté aux questions des journalistes de l’organe. Comment le présidentiable Philippe Ouédraogo aborde-t-il la présidentielle avec cette pléthore de candidats ? C’est par cette question que l’équipe du journal a introduit les échanges avec l’enfant de Korsimoro.

Pour Philippe Ouédraogo, le fait qu’il y ait une pléthore de candidats, a priori, ne pose pas de problèmes. A son avis, cela montre peut-être l’importance que revêt cette élection pour beaucoup d’acteurs de la vie politique de notre pays. Et par conséquent cette ruée vers la présidence présage une campagne présidentielle très animée. Il pense que certains prétendants sont de simples figurants, qui ne pourront donc pas troubler le jeu politique.

Là où l’on devrait s’interroger, estime-t-il, c’est de savoir si la multiplicité des candidats de l’opposition ne va pas brouiller le message en leur sein. C’est là une réalité à laquelle ils seront confrontés et avec laquelle ils feront. Mais n’est-ce pas, pour Philippe Ouédraogo, une campagne dans la campagne, surtout quand on sait qu’en plus de Blaise Compaoré qu’il aura à affronter, il a aussi à se défendre contre un frère ennemi, en l’occurrence Soumane Touré ?

De tous les candidats, répond-il, le vrai adversaire, c’est Blaise Compaoré. C’est vrai, reconnaît-il, qu’il y a toujours la bataille pour la légitimité du PAI. Mais depuis que la querelle s’est établie, les instances du parti ont chaque fois porté leur choix, non pas sur son adversaire, mais sur lui pour la direction du parti. Le fait donc que Soumane Touré soit aussi candidat ne le gêne pas du tout, a-t-il lancé, avant d’ajouter qu’ils n’ont d’ailleurs pas le même électorat.

Ce que son adversaire appelle PAI aujourd’hui, eux ils le dénomment le "Groupe de Touré Soumane (GTS)". Il dit ne pas être inquiet, car toutes les fédérations du PAI qui existaient seraient restées avec lui, sauf dans la Comoé, fief électoral de Soumane Touré, où les militants sont divisés. Ce qui les préoccupait plutôt, c’est son alliance avec le pouvoir et le soutien dont il bénéficiait des autorités dans la bataille qui les oppose.

Et il s’en souciera tant que le gouvernement ne cessera pas son ingérence dans la vie interne du PAI. Quant à la sortie du GTS du gouvernement, cela n’a aucun sens pour son parti qui y voit le signe d’un désaccord entre le GTS et la majorité. C’est peut-être aussi enfin, se dit-il, un retour politique à la raison et ce serait tant mieux. Son souhait est que cela change la donne, quant à la légitimité de leur parti, qui attend la décision de la justice suite à l’appel interjeté par le GTS.

"Je me vois mal prendre de l’argent du pouvoir"

Quelle est l’impression de Philippe Ouédraogo sur l’option de l’ADF/RDA de soutenir la candidature de Blaise Compaoré ? C’est simplement dommage, voire inédit qu’un parti leader de l’opposition bascule dans le camp du pouvoir. Que dit-il de l’histoire des 30 millions de l’OBU, dont il est ressorti que nombre de partis de l’opposition sont passés à la table du pouvoir ? Philippe Ouédraogo, après avoir lancé énergiquement un "Non !", ajoute qu’il n’est pas de cette espèce d’hommes politiques. Qu’il se voit mal, se réclamant de l’opposition, aller prendre de l’argent avec la majorité. De l’Etat oui, mais pas avec le pouvoir.

Philippe Ouédraogo, "député PAI élu sous la bannière du PDS", s’est aussi prononcé sur la politique extérieure actuelle de notre pays. Selon lui, elle paraît irréaliste, quand on considère notre "acharnement à nous aligner derrière Taïwan en ignorant la Chine populaire". Il en est de même avec le Maroc au détriment du peuple sahraoui.

C’est aussi dangereux notre ingérence dans la situation politique de certains pays voisins. Ce n’est bon ni pour le Burkina ni pour la sous-région ni pour l’Afrique. Notre pays est un peu partout accusé d’ingérence par certains pays, et ce n’est pas gratuit, de l’avis de Philippe Ouédraogo, pour qui il n’y a pas de fumée sans feu. Il y en a qui soutiennent aujourd’hui que nous n’avons pas rompu totalement d’avec ceux qui ont créé des troubles, notamment au Liberia ou en Sierra-Leone. Et d’autres voient même la main de notre pays en Guinée.

C’est peut-être parfois exagéré, reconnaît-il, mais il n’y a de fumée sans feu. "Si j’étais élu", nous a dit Philippe Ouédraogo, ce qui lui paraîtrait essentiel, ce serait de rétablir un climat de confiance avec tous les pays africains et particulièrement les voisins. Il faut se présenter plutôt, poursuit-il, comme partisan de bonne médiation pour mériter la confiance des parties en conflit. C’est ça qui nous ferait plus grandir que de nous mettre dans une position qui nous vaut des accusations infamantes par nos voisins.

Et si l’ONU s’en était même mêlée pour dire que le Burkina était devenu le centre de trafic de diamant et d’or, c’est que le Burkina n’est pas totalement propre. Il faut, conclut-il, changer nécessairement de politique extérieure. Mais que pense-t-il de ceux qui disent que si la France envoie 20 000 soldats en Côte d’Ivoire pour la défense de ses ressortissants, le Burkina peut faire plus ? Ce dont on accuse le Burkina, ce n’est pas, du point de vue de Philippe Ouédraogo, de prendre la défense de ses ressortissants.

Il est de la responsabilité de l’Etat de protéger les ressortissants burkinabè en toute occasion et partout. La bonne méthode n’est pas de fomenter des troubles chez les voisins, mais d’avoir une bonne diplomatie qui fasse en sorte qu’il n’y ait pas de préjugés négatifs vis-à-vis de nos ressortissants. C’est encourager aussi nos ressortissants à se comporter loyalement hors du pays, en tant qu’étrangers. C’est une obligation pour l’Etat burkinabè, martela-t-il, de faire sortir les ressortissants burkinabè en situation de péril, en collaboration avec le pays d’accueil et la communauté internationale.

Hamidou Ouédraogo

Observateur Paalga

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