LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

Projet apprendre pour changer (APC) : L’autonomisation économique des femmes, en marche dans les provinces du Ziro et de la Sissili

Publié le mardi 4 février 2020 à 07h15min

PARTAGER :                          
Projet apprendre pour changer (APC) : L’autonomisation économique des femmes, en marche dans les provinces du Ziro et de la Sissili

Dans le cadre du suivi des activités du projet « Apprendre pour changer » conçu par Aide et Action avec le soutien financier de la fondation l’OCCITANE, une délégation dudit projet a effectué, du 22 au 24 janvier 2020, une sortie de terrain, dans les communes de Sapouy, Gao, Cassou et Léo. Il s’agissait d’apprécier de visu l’état d’avancement des activités dans les différentes communes du projet. Reportage.

Encourager le développement local dans les communes de Sapouy, Gao Cassou et Léo à travers un modèle d’autonomisation des centres d’alphabétisation via le développement d’activités collectives génératrices de revenus. C’est l’ambition du projet « Apprendre pour changer » pour faire de l’autonomisation économique et le leadership féminin une réalité. Pour y arriver, le projet APC porté par Aide et Action avec l’appui financier de la Fondation l’Occitane a initié dans ses différentes communes des activités génératrices de revenus pour soutenir le fonctionnement permanent des centres d’alphabétisation afin d’impulser une réelle dynamique de développement local.

Le projet APC a attaqué le mal à la racine, en se fixant comme priorités l’alphabétisation fonctionnelle des femmes et la promotion des activités génératrices de revenus. Cette vision partagée a permis de construire et d’équiper d’une part les centres d’alphabétisation et d’autre part, d’accompagner le fonctionnement des centres à travers la prise en charge du personnel d’encadrement dans toutes les communes d’intervention du projet.

Un des 04 centres de formation du projet APC

Cette clairvoyance du projet APC a produit des résultats concrets et satisfaisants sur le terrain. Pour Kapebie Banao « elle était dans l’obscurité totale parce que je ne savais pas lire, écrire et compter pour mener une activité génératrice de revenus mais grâce à cette formation j’ai percé les mystères de l’ignorance. Je sais désormais lire, écrire et compter ». Et pour elle, « avant la manipulation du portable était difficile. Il fallait attendre le retour des enfants pour se faire aider à contacter un parent mais avec cette formation, nous n’avons plus besoin d’attendre cette assistance ».

Pour ce qui concerne le volet alphabétisation, le projet a construit dans les différentes communes, quatre centres d’alphabétisation et équipés en matériels de fonctionnement. Cette formation a, par ailleurs, contribué à renforcer les compétences instrumentales des femmes en témoignent les résultats des évaluations des apprenantes effectuées par les directions provinciales de l’Education préscolaire, primaire et du non-formel de la Sissili et du Ziro qui oscillent entre 97% et 100% de taux de réussite.

Toutes les femmes des cinq groupements du projet à savoir Némaroyoan de Gao, Bandjankoin de Oupon, Zems-Taaba de Gallo, Teel-Taaba de Sapouy et Nong-Taaba de Lan savent aujourd’hui lire, écrire et compter en mooré et en nuni. Toute chose qui concourt, selon le chef de projet, Khaled Yattara à leur autonomisation économique. Le projet a impacté la vie des femmes à travers le renforcement de leur capacité personnelle principalement sur l’importance de l’école des enfants, le suivi des enfants à l’école, la protection de l’environnement, les règles d’hygiène et de salubrité, etc.

« Si le projet APC n’existait pas il fallait le créer car avec ce projet, nous avons appris des choses qui ont permis de changer nos comportements à plusieurs niveaux : l’hygiène autour de nous, l’importance de l’école des enfants. Et surtout les échanges que nous arrivons à faire avec nos maris, constituent vraiment un grand pas de franchi », a souligné Pascaline Ouédraogo du groupement Teel-taaba de Sapouy.

Une femme en démonstration

Pour favoriser le fonctionnement permanent des centres d’alphabétisation qui ont été construits dans le cadre du projet, l’idée de la mise en œuvre des activités génératrices de revenus a émergé. En ce sens, tous les comités de gestion des différents groupements des femmes par des formations ont été dynamisés. Dans chaque commune d’intervention du projet, chaque groupement de femmes mène une activité génératrice de revenus.
Le groupement de femmes Zems-Taaba de Gallo et Bandjankoin de Oupon après avoir reçu des formations pratiques en apiculture ont, par ailleurs, reçu une dotation en matériel apicole (ruches, ruchettes, extracteur, bottes, combinaisons, enfumoirs, pots de conditionnement……) et bénéficié d’un encadrement par des spécialistes du domaine.

Quant au groupement de femmes Némaroyoan de Gao, c’est l’élevage de porcs et de petits ruminants qui ont été retenus comme activités principales. Une activité rendue possible grâce à l’appui du projet à travers la formation des femmes en technique d’élevage, d’embouche et de vente. Elles ont reçu des animaux pour le démarrage de leurs activités et disposent de deux porcheries et d’une bergerie. Par ailleurs, outre les traitements thérapeutiques qui ont été administrés aux animaux, le service vétérinaire de la localité assure un suivi régulier des activités menées par le groupement.

Le chef du projet APC à Aide et Action, Khaled Yattara

Pour la présidente de la fédération NUNUNA Diaharatou Diasso, faîtière des cinq groupements accompagnés par le projet APC, cette action de Aide et Action et de la fondation l’OCCITANE est une véritable opportunité qui permet aux femmes desdits groupements de savoir lire, écrire et compter. Aussi, selon elle la pratique d’une activité génératrice de revenus est source, d’autonomisation économique progressive. Toujours dans le cadre du projet APC, elle reconnaît qu’avec cet appui, elles ont eu sur le terrain, des résultats appréciables qui ont contribué à l’amélioration des conditions de vie des femmes. Cependant des difficultés demeurent toujours.

« C’est pour cela que nous demandons aux partenaires de ne pas enterrer le cadavre en laissant ses pieds dehors ». Une manière de dire aux partenaires d’apporter toujours, ce soutien nécessaire pour leur permettre de bouter hors de leurs localités l’ignorance au niveau des femmes car la femme est la base du développement. Pour le groupement Teel-Taaba de Sapouy, l’activité principale est double : la production et la vente de dolo (bière locale) et l’élevage de volailles et de petits ruminants. Pour celles qui produisent le dolo, un cabaret semi-moderne a été construit pour faciliter l’activité.

La présidente de la fédération NUNUNA Diaharatou Diasso

En plus, un hangar de production et une aire de séchage du mil germé seront réalisés dans les prochains jours. Pour celles qui sont dans l’élevage de volailles et de petits ruminants, elles ont reçu des animaux, une formation en technique d’embouche et un suivi régulier assuré par le service vétérinaire.

Le groupement Nong-Taaba de Lan mène comme activité génératrice de revenus, l’étuvage de riz. Le projet APC a mis à leur disposition après la formation en technique d’étuvage de riz, en comptabilité simplifiée et marketing, une décortiqueuse pour l’égrainage et une boutique de vente du riz étuvé. Des séances de mise en relation avec les boutiques et grandes surfaces ont également été organisées à leur profit pour faciliter l’écoulement même si quelques difficultés relatives à l’écoulement sont à noter.

En ce qui concerne l’embouche, les prix connaissent des variations sur le marché ce qui ne favorise pas la vente des animaux.

Malgré les difficultés rencontrées sur le faible engagement personnel de certaines femmes par quiproquo, incompréhension, malentendu, des progrès ont été enregistrées aussi bien sur le plan organisationnel que sur la participation des femmes. « L’engouement des femmes, la réalisation des activités prévues et la tenue régulière des rencontres avec les autorités administratives et politiques nous laissent dire que ce projet est une réussite.

Mais le laurier des résultats ne doit pas toutefois cacher la forêt des défis. Il faudra poursuivre encore et toujours des activités de sensibilisation, d’information et de formation à l’endroit des femmes pour la pérennité des acquis », a souhaité le chef du projet APC à Aide et Action, Khaled Yattara.

Issoufou Ouédraogo
Lefaso.net

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Gaoua : L’ONG MERCY CORPS dresse le bilan de son projet PILAND