Pour promouvoir une nutrition de qualité et lutter contre la malnutrition au Burkina Faso, le ministère de la Santé mène plusieurs actions comme la supplémentation en vitamine A et le déparasitage chez les enfants, la supplémentation en fer et acide folique chez les femmes enceintes, la prise en charge de la malnutrition aiguë, la surveillance de la croissance de l’enfant, la fortification de l’huile avec la vitamine A, de la farine de blé avec le fer et l’acide folique, ainsi que l’importation du sel iodé.

Le ministère a aussi mis en place depuis 2009, un système de surveillance basé sur des enquêtes sur l’état nutritionnel des enfants de moins de 5 ans. « Mais quand on regarde ces données, on s’est basé seulement sur les données anthropométriques et sur les pratiques d’alimentation du nourrisson et du jeune enfant. Nous n’avons pas de données sur la carence en micronutriments, alors que nous avons beaucoup d’interventions en matière de lutte contre les carences en micronutriments », relève Estelle Bambara, directrice de la nutrition au ministère de la Santé.

A cela s’ajoutent l’absence de système de surveillance mis en place pour la collecte systématique des données d’hémoglobine, l’absence d’indicateurs biologiques du statut en micronutriments et de données sur les autres carences en micronutriments.

C’est pourquoi selon M. Robert Zoma ingénieur-statisticien à Davycas International, un des partenaires du ministère de la Santé, il est urgent que les acteurs et les décideurs disposent d’informations actualisées sur l’état en micronutriments de la population, afin de prendre des décisions éclairées concernant les besoins actuels et futurs des programmes de nutrition au Burkina Faso.

Avec donc l’appui financier de la Fondation Bill et Melinda Gates et l’appui technique du CDC, le ministère de la Santé à travers la Direction de la nutrition réalisera une enquête nationale sur les micronutriments au Burkina Faso. Cette enquête, première du genre au Burkina Faso dont le coût est estimé à 950 millions de F CFA, permettra d’évaluer le statut en micronutriments de certaines populations vulnérables et d’évaluer les causes de l’anémie dans notre pays.

La phase pilote de l’enquête aura lieu du 30 janvier au 1er février 2020. La phase de collecte des données sur le terrain démarrera le 03 février pour s’achever le 05 mars 2020 et concernera les enfants âgés de 6 à 59 mois, les adolescents âgés de 10 à 19 ans (filles et garçons), les femmes en âge de procréer (enceinte et non-enceinte) de 15 -49 ans et les ménages sur toute l’étendue du territoire national. 2250 ménages, 2250 enfants, femmes en âge de procréer et femmes enceintes sont invités à participer à l’enquête, ainsi que 1080 adolescents et adolescentes.

L’enquête consistera à prélever des échantillons de sel, d’huile végétale, de farine de blé dans les ménages ; chez les enfants, les femmes enceintes et femmes en âge de procréer, elle consistera en des mesures anthropométriques, un prélèvement de sang veineux, un prélèvement de sang capillaire et un prélèvement de selles. Pour les adolescents, les enquêteurs prendront des mesures anthropométriques et un prélèvement de sang veineux.

Selon M. Zoma, les échantillons pour le test du paludisme, de l’anémie, de H. Pylori, helminthes transmis par le sol seront analysés sur place sur le terrain et le résultat immédiatement connu. Les enquêtés qui seront déclarés positifs au test de paludisme, ceux ayant un taux d’hémoglobine bas ou un problème de tension recevront un ticket pour se faire prendre en charge dans les centres de santé.

En ce qui concerne les échantillons qui seront acheminés dans les laboratoires, une partie sera analysée dans des laboratoires établis au Burkina Faso après des évaluations du plateau technique de ces derniers et une autre partie sera envoyée vers des laboratoires extérieurs pour des analyses qui ne peuvent pas être réalisées sur place au Burkina Faso.

Il précise également que pour le prélèvement des échantillons d’aliments, un paquet de sel de 500g sera remis aux ménages pour remplacement lorsque des échantillons de sel ont été recueillis et les échantillons d’huile seront remplacés par au moins 50mL d’huile végétale fortifié en vitamine A.
Pour cette enquête nationale sur les micronutriments, les déplacés internes vivant dans les sites d’accueil ne sont pas concernés, seuls ceux vivant dans les ménages d’accueil seront pris en compte.

Justine Bonkoungou
Lefaso.net