Elections 2020 au Burkina : La CENI propose deux scénarii pour le vote des personnes déplacées
La Commission électorale nationale indépendante (CENI) a tenu, le lundi 27 janvier 2020, un atelier de restitution de l’étude sur le vote des personnes déplacées internes, commandée par la classe politique burkinabè. L’atelier qui propose deux scénarii aux participants, a été présidé par le président de la CENI, Newton Ahmed Barry.
Le président de la CENI, Newton Ahmed Barry, a déclaré qu’à l’issue du dialogue politique le 27 juillet 2019, le Président du Faso et président du dialogue a adressé une lettre à la CENI, récapitulant les conclusions de ce dialogue politique. Il a dans ladite lettre instruit la CENI de conduire une étude pour voir les conditions à remplir pour que les personnes déplacées puissent participer au vote en 2020. La CENI, à la suite de cela, a rencontré les partenaires techniques et financiers dont le chef de file est le PNUD qui, en plus du financement, a apporté une expertise. Cette étude ouverte en septembre 2019, a été conduite en deux phases dont la restitution de la première, fait l’objet du présent atelier.
- Adama Keré, vice-président de la CENI et responsable de la commission d’étude
Selon le responsable de la commission d’étude, Adama Keré, vice-président de la CENI, l’objectif principal de l’étude est d’élaborer à partir des données statistiques, démographiques et sociologiques, les stratégies de prise en compte des personnes déplacées dans le processus électoral à venir, dans une approche flexible tenant compte de la volatilité de la situation. Il s’est agi concrètement, selon lui, de faire une étude cartographique précise des villages désertés et des nouveaux lieux de résidence des déplacés. Ensuite, faire une estimation du nombre d’électeurs déjà inscrits sur le fichier électoral ainsi que les électeurs potentiels déplacés. Et, enfin, élaborer des stratégies et des dispositifs opérationnels, pour l’enrôlement de ces personnes.
L’étude a concernés 85 communes de cinq régions, la Boucle du Mouhoun, le Centre-nord, l’Est, le Nord et le Sahel, qui sont les régions les plus touchées. Selon le groupe d’étude, des 159 communes des régions qui sont concernées, il y a 102 qui connaissent des mouvement de populationss. Les 101 communes ont été partiellement désertées et la 102e, qui est celle de Koutougou, est complétement désertée.
Au niveau villageois, les informations données par les maires font état de 383 villages de départ dont 206 sont totalement vidés de leurs populations. Les personnes sont accueillies sur plusieurs sites dont la majeure partie n’est pas reconnue officiellement. Et parmi ceux-ci, il est estimé aux 2/3 des personnes déplacées accueillies dans des familles. La tendance des mouvements est intra provinciale, plutôt qu’interprovinciale.
Pour le vote de ces personnes déplacées internes, le groupe d’étude propose deux scénarii, selon que l’on rattache l’électeur à sa localité de départ ou à sa localité d’accueil. C’est-à-dire, enrôler l’électeur au compte de sa commune de départ ou dans le second cas, au compte de la commune ou du village d’accueil. En d’autres termes, pour le premier scénario, si l’électeur d’un village A, se retrouve dans un village B, il sera enrôlé dans le village B pour le compte du village A, explique Adama Keré. Dans ce scénario, les personnes enrôlées pourront voter, même si elles venaient à retourner dans leur localité de départ.
Adama Keré explique que le premier scénario tout comme le second, ne présentent aucune valeur ajoutée pour l’élection présidentielle qui a une circonscription nationale. Aussi, ils n’impacteront pas significativement la répartition du nombre de sièges aux législatives, étant entendu que les déplacements sont à l’intérieur de la même province (intra-provinciaux). Par contre, prévient-il, pour les élections communales, le premier scénario est celui qui convient le mieux, en permettant de doter les collectivités et les villages d’exécutifs locaux.
Le second scénario a le désavantage de priver certains villages ou communes de conseillers ou d’autorités communales, étant donné que les personnes déplacées son enrôlées au compte de la localité d’accueil. Les villages qui auraient perdu toute leur population, ne seront pas représentés aux conseils municipaux, ce qui serait contraire aux dispositions du code électoral. Ce dernier scénario en revanche a l’avantage d’être facilement réalisable techniquement, et assurera un enrôlement optimal des potentiels électeurs.
Il peut par contre créer des tensions sociales. Une préoccupation du groupe d’étude est que plusieurs personnes déplacées internes ne disposent pas de documents d’identité ou de passeport en court de validité, exigés par le code électoral et que malheureusement les tribunaux sont incapables de leur fournir du fait de la situation. Le dispositif classique du code électoral ne tient pas non plus compte de la situation des personnes déplacées internes.
- Newton Ahmed Barry, président de la CENI
Tout compte fait, quel que soit le scénario choisi, l’enrôlement de l’électeur se fera dans la localité d’accueil, précise Adama Keré. L’objectif de cette restitution, selon lui, est de recueillir l’avis de personnes ressources que sont les partenaires techniques et financiers, dont le PNUD et l’Union européenne, des organisations de la société civile et des représentants des partis politiques, en vue d’améliorer le contenu de l’étude à soumettre à la classe politique pour adoption.
Le gouvernement, le 25 juillet 2019, a fixé l’enrôlement des Burkinabè de l’extérieur par décret, du 1er janvier au 31 mars. Le 3 février 2020 est la date prévue pour le démarrage de l’enrôlement en interne. La Commission sécurité travaille aussi à faire le point de la situation sur le terrain afin d’apporter des solutions convenables à la situation.
Etienne Lankoandé
Lefaso.net
Vos commentaires
1. Le 28 janvier 2020 à 01:30, par Hamon En réponse à : Elections 2020 au Burkina : La CENI propose deux scénarii pour le vote des personnes déplacées
Eyéé, NAB, tu nous déranges parce que toi tu manges dans ça, laisses nous tranquille avec tes élections là. Tiens toi tranquille, attendant que le peuple en finisse avec le terrorisme, qu’on libère la totalité de notre patrie et que tous les déplacés retournent chez eux et après on parlera d’élections. Compris, tiens toi tranquille, toi et tes PTF qui nous pompent l’air avec vos démocraties de façade. Est-ce qu’on mange démocratie bourgeoise nous ? Le premier problème de notre peuple actuellement c’est récupérer notre patrie et nos terres pour recommencer à travailler pour avoir à manger. Il ne faut pas nous distraire avec tes élections, pour qu’on cesse de regarder la face hideuse de l’état de notre nation actuellement, morcelée et en piteux état. De la frontière du Mali jusqu’à Barsalogo juste à côté, c’est un no man land, aucune vie humaine, laissé à la jacquerie des terroristes.
2. Le 28 janvier 2020 à 06:32, par Pathe Diallo En réponse à : Elections 2020 au Burkina : La CENI propose deux scénarii pour le vote des personnes déplacées
Comment voulez vous que des personnes deplaceees qui ont tout perdu y compris des membres de leurs familles, qui sont actuellement totalement demunies puissent accepter l’idee meme d’aller voter. Les populations votent pour des personnes esperant que leurs conditions de vies seront ameliorees alors que maintenant le constat d’echec du regime actuel est net et clair. De milliers de burkinabe ont etet tues, violentes, chasses de chez eux, leurs bien pilles et l’Etat a ete incapable de les defendre. Pourquoi voulez vous que ces meme personnes votent encore.
3. Le 28 janvier 2020 à 15:06, par TOERE En réponse à : Elections 2020 au Burkina : La CENI propose deux scénarii pour le vote des personnes déplacées
Vraiment c’est dégoutant ,révoltant et révulsant le comportement de certaines autorités de ce pays . Voilà des populations qui souffrent atrocement dans leur âme et dans leur chair et qui ne savent même pas quel est leur avenir d’existence . Au lieu que les autorités s’engagent à leur garantir les élections dans leurs villages où ils n’aspirent qu’à retourner pour reprendre une vie normale ,c’est plutôt les laisser souffrir dans les lieux d’exil pour aller les emmerder encore avec cette histoire d’élections . Et naturellement vu leur vulnérabilité ,ces pauvres populations ne peuvent que vendre leurs voix au parti qui leur distribuera le plus d’argent , de sacs de riz et cartons de savons . Que c’est cynique tout ça .Donc en termes clairs ,le gouvernement ne se foulera donc pas la rate pour que ces pauvres populations puissent retourner chez eux d’autant qu’on entend de plus en plus des hauts responsables du MPP clamer que même si une partie du territoire national est empêchée de voter ,ce n’est pas grave car d’autres pays souffrant de terrorisme ont organisé des élections avec la participation de seulement une partie du peuple . Comment peut-on se justifier par les mauvais exemples au lieu de dire qu’au BURKINA FASO ,jamais les terroristes ne pourront empêcher un seul burkinabè de ne pouvoir voter dans son lieu d’habitation et de vie . C’est cela le vrai défi que le BURKINA FASO doit relever pour justement montrer sa différence avec le MALI où l’Etat n’existe que de nom ,l’AFGANISTHAN et autres . Vraiment ça fait honte d’entendre des débilités pareilles . Et tout cela se fait avec la complicité de l’opposition politique et des OSC qui ne disent rien à ce sujet .Tous pareils ,tous pourris, tous irresponsables.
4. Le 28 janvier 2020 à 18:07, par Vérité indiscutable En réponse à : Elections 2020 au Burkina : La CENI propose deux scénarii pour le vote des personnes déplacées
On gaspille de l’argent pour des stratégies irréalistes ou bien on le fait a dessein. Cette question ne nécessite même pas tant d’énergies et de sous. Vous aussi CENI !
Un étudiant de Dori peut s’enroler et voter à Bobo ; le fonctionnaire de Gaoua s’enrôle et vote à Ouaga sans problème et je peux continuer la liste. Les déplacés peuvent voter simplement chacun là où il est et pour qui il veut s’il a été dûment enrôlé.
Quant aux communales, il faut surseoir simplement le vôte des déplacés. Au bon moment, ils le feront en différé. Le Burkina n’est quand-même pas si incapable !
Le 29 janvier 2020 à 22:08, par Sidpawalemdé Sebgo En réponse à : Elections 2020 au Burkina : La CENI propose deux scénarii pour le vote des personnes déplacées
Ah bon...
Donc, en résumé, parce qu’ils sont dans le malheur, ces gens ne doivent pas être représentés dans les conseils municipaux de leur département les cinq prochaines années ? Y compris même s’ils peuvent retourner chez eux plus tard ?
Et vous pensez qu’il doit voter "simplement" à Ouaga pour désigner un député du Centre parce qu’il y est réfugié, pendant que d’autres décident qui sera député de sa province du Bam et que cela est juste et "capable" ???
Dieu nous sauve des "savants" des réseaux sociaux !!!
5. Le 28 janvier 2020 à 19:24, par Mafoi En réponse à : Elections 2020 au Burkina : La CENI propose deux scénarii pour le vote des personnes déplacées
Dégoûtant,écœurant que des organes comme la CENI,le PNUD,la classe politique etc....arrivent à se concerter pour parler de ces choses malsaines qui heurtent la conscience humaine.Comment est-il possible que des personnes déplacées qui ont tout perdu sur tous les plans et qui sont maintenant très très traumatisées peuvent penser à votre machin de vote pour permettre à 300 personnes de manger à satiété au détriment d’une population de 16 millions d’âmes ?Soyons sérieux,dignes,respectueux de l’être humain et pour cela,il faut arrêter cette mascarade,tout comme d’ailleurs cette mascarade du vote de la diaspora car ce que la majorité des Burkiinabè aspirent,c’est autre chose que des élections tronquées,bidon.En somme,une comédie tragique à plus de 70 milliards de FCFA
Le 29 janvier 2020 à 22:08, par Sidpawalemdé Sebgo En réponse à : Elections 2020 au Burkina : La CENI propose deux scénarii pour le vote des personnes déplacées
OK. Donc, comme la démocratie coûte (trop) cher, autant essayer la dictature alors ? Et qui choisit (comment ?) le dictateur qui va rester au pouvoir sans vote ?
Surtout qu’après la sécurité, on pourra parler de l’alimentation, de l’éducation, de la santé, etc pour dire qu’il y a des urgences et qu’il faut les résoudre avant de penser à des "choses malsaines" comme le droit de choisir qui va vous diriger ???
On n’est pas sortis de l’auberge...