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Monitoring du Groupe de recherche et d’information sur la paix et la sécurité : Le Burkina sous le poids des attaques terroristes au dernier trimestre de 2019

Publié le mercredi 22 janvier 2020 à 16h03min

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Monitoring du Groupe de recherche et d’information sur la paix et la sécurité : Le Burkina sous le poids des attaques terroristes au dernier trimestre de 2019

Le monitoring de la stabilité régionale dans le bassin sahélien et en Afrique de l’ouest du Groupe de recherche et d’information sur la paix et la sécurité (GRIP) sur le dernier trimestriel de l’année 2019 (octobre à décembre) est disponible. Ce document, rendu public le 16 janvier 2020, est dominé, et pour ce qui concerne le Burkina, par les attaques terroristes.

L’année 2019 a été très douloureuse pour le Burkina Faso avec la recrudescence des attaques terroristes et leurs multiples conséquences. Le répertoire du Groupe de recherche et d’information sur la paix et la sécurité (GRIP) sur le dernier trimestre de l’année 2019 (octobre à décembre) est un concentré de la rude épreuve sécuritaire traversée par le pays.

Les attaques terroristes envers les civils ont été récurrentes. Sous ce triste chapitre, on retient que dans la nuit du 4 octobre, 24 orpailleurs ont été tués dans le village de Madoudji (commune d’Arbinda, région du Sahel) par plusieurs hommes armés. Le 1er octobre, des hommes armés ont sommé les habitants de la commune de Tongomayel (localité proche de la frontière malienne, région du Sahel) de quitter les lieux dans un délai de 72 heures, sous peine de représailles.

Le 2 octobre, l’attaque de deux villages de la commune de Bourzanga (région du Centre-nord) a fait cinq morts. Le 21 octobre, une attaque terroriste, non revendiquée, a fait sept morts (civils) à Rounga, dans le nord du pays. A 25 km de Djibo, dans le Sahel, des habitants ont été enlevés et des boutiques pillées lors d’une attaque dans la nuit du 26 au 27 octobre. Le 3 novembre, le député-maire Oumarou Dicko de la province du Soum et de la commune de Djibo est assassiné avec des compagnons.

Le 6 novembre, une embuscade contre un convoi de civils accompagné d’une escorte militaire, dans la région de l’Est, a fait environ 39 morts et une soixantaine de blessés. Le 11 octobre, une attaque contre une mosquée (au cours de la prière) a fait au moins seize morts et deux blessés à Salmossi, dans la partie nord du pays. Une église protestante est attaquée le 1er décembre lors du service religieux, à Hantoukoura, à l’Est du pays. Les fidèles, dont le pasteur de l’église et des enfants, ont été « froidement exécutés ».

Le 19 octobre, des hommes armés ont attaqué les détachements militaires de Yensé dans la province du Yatenga et le détachement militaire de Banh dans le Lorum (région du nord). Le 24 octobre, six soldats burkinabè ont été tués dans une embuscade au sein de la commune de Barsalogho (Centre-nord du pays). Le 4 novembre, cinq gendarmes et cinq civils ont été tués dans une attaque contre le détachement de gendarmerie d’Oursi, région du Sahel. Le 20 novembre, une quarantaine d’individus armés à moto ont encerclé le camp de la gendarmerie d’Arbinda dans la province du Soum.

Toujours à Arbinda, le 24 décembre, des groupes armés ont attaqué les forces armées burkinabè. 35 civils (dont 31 femmes) et sept militaires ont été tués et plus de 80 terroristes abattus. Dans la nuit du 30 novembre au 1er décembre, le poste de police de Yendéré, à la frontière avec la Côte d’Ivoire, a été attaqué par des hommes armés non identifiés. Deux passagers ont été blessés au cours de l’attaque.

Le rapport ne se limite pas à l’aspect sécuritaire, il embrasse d’autres secteurs de la vie nationale. Ainsi, au plan de la gouvernance et de la vie institutionnelle, le rapport relève, entre autres, que la vie politique a été caractérisée par le discours du président Roch Kaboré le 11 décembre 2019, lors de la commémoration du 59e anniversaire de l’accession à l’indépendance avec pour principal objet, l’appel à l’unité de la nation face à la gravité de la situation sécuritaire du pays. Dans le même message, et subséquemment, le président du Faso a appelé à une trêve sociale, réitérant l’importance de combattre « toute forme de repli identitaire et de discrimination fondée sur le genre, l’ethnie, la religion ou la région » dans un but de restaurer l’Etat.

C’est également dans ce contexte que les petits plats sont en train d’être mis dans les grands, en ce qui concerne le scrutin couplé (présidentiel/législatif) de 2020, principal défi politique de l’année. « Face à la situation sécuritaire et aux inquiétudes de la population, la Commission électorale nationale indépendante (CENI) assure que les élections législatives et présidentielles de 2020 auront bien lieu. Lors d’une table ronde organisée à Ouagadougou, le 21 octobre, les Partenaires techniques et financiers (PTF) du Burkina se sont réunis à propos du financement des élections », rappelle le rapport.

Le monitoring a concerné plusieurs autres pays voisins du Burkina et de la sous-région. Dans cet ordre, on peut retenir que la vie politique en Côte d’Ivoire a été marquée, dans le dernier trimestre de l’année 2019, par une dégradation de l’atmosphère entre le pouvoir Alassane Ouattara et son ex-allié, Henri Konan Bédié d’une part, et d’autre part entre le camp Ouattara et l’ancien président de l’Assemblée nationale, ex-chef de la rébellion, Guillaume Soro, qui a annoncé, le 12 octobre, sa candidature à la présidentielle.

« Le 28 novembre, 17 partis politiques se sont réunis au siège du Parti démocratique de Côte d’Ivoire à Cocody afin de signer un manifeste scellant la nouvelle plateforme de l’opposition, Coalition pour la démocratie, la réconciliation et la paix, (CDRP), regroupant plus de 17 partis politiques de l’opposition et présidée par Henri Konan Bédié (PDCI). L’objectif de cette réunion visait également à aborder les questions de la réforme de la Commission électorale indépendante (CEI), de la gratuité de la carte d’identité et des élections présidentielles. Le FPI de Gbagbo était absent/n’avait pas répondu à l’appel, dirigeant lui-même une autre coalition appelée Ensemble pour la démocratie et la souveraineté  », lit-on dans le rapport.

En Guinée-Conakry, le président Alpha Condé est suspecté de vouloir modifier la Constitution pour se maintenir au pouvoir. Le Front national de défense de la Constitution (FNDC), une coalition de partis d’opposition et d’organisations de la société civile, multiplie depuis un moment, les appels à manifester contre cette intention (supposée ou avérée). Des manifestations qui ont déjà fait des victimes.
La situation au Mali et au Niger a également été suivie par le GRIP qui est revenu notamment sur les actions de lutte contre le terrorisme et la recherche de paix.

Quant au Sénégal, la vie publique en ce dernier trimestre a été teintée par le report des élections locales, la libération de l’ancien maire de Dakar, Khalifa Sall et la désignation de Karim Wade au poste de secrétaire général adjoint du PDS (Parti démocratique sénégalais).

Au plan sous-régional, les actions ont tourné autour des efforts de lutte contre l’insécurité dans l’espace sahélo-saharien.

Pour rappel, le Groupe de recherche et d’information sur la paix et la sécurité (GRIP) est composé de membres permanents et d’un vaste réseau de chercheurs associés, en Belgique et à l’étranger. Il dispose d’une expertise reconnue sur les questions d’armement et de désarmement (production, législation, contrôle des transferts, non-prolifération), la prévention et la gestion des conflits (en particulier sur le continent africain), l’intégration européenne en matière de défense et de sécurité, et les enjeux stratégiques asiatiques. Le GRIP publie, depuis 2011, un monitoring trimestriel qui a pour but de suivre la situation sécuritaire en Afrique de l’Ouest, avec un accent plus particulier sur le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, la Guinée, le Mali, le Niger et le Sénégal.

O.L
Lefaso.net

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