LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

Situation en Côte d’Ivoire : Magnez-vous, DOUE arrive !

Publié le lundi 5 septembre 2005 à 08h01min

PARTAGER :                          

Le processus de retour à la paix et à la réunification en Côte d’Ivoire piétine alors qu’on approche inexorablement de l’échéance du 30 octobre, date à laquelle devrait avoir lieu la prochaine élection présidentielle. Le médiateur Sud Africain Thabo M’BEKI qui ne file pas le parfait amour avec toutes les deux parties en conflit (loyalistes et rebelles) se démène comme il peut et présentera bientôt un rapport au Conseil de sécurité de l’ONU sur cette situation ivoirienne.

C’est dans une atmosphère d’attente au goût mi-figue mi-raisin, pourrait-on dire, que les Ivoiriens seront plongés dans une torpeur par un ultimatum lancé par le Général Mathias DOUE, ancien Chef d’Etat-major des FANCI entré en clandestiné et qui promet revenir débarrasser le pays de GBAGBO et son clan. La tension est don remontée au bord de la lagune Ebrié.

Depuis sa sortie médiatique fracassante mais intrigante pour l’observateur averti, le Général DOUE fait frémir à Abidjan et toute l’Eburnie atteinte d’une forte fièvre, bruit de toutes les supputations possibles. Le Général MANGOU, celui-là même qui a remplacé DOUE à la tête des FANCI est monté à la charge pour menacer des journaux de fermeture au seul prétexte qu’ils font leur travail alors qu’en sous-main, ses hommes et lui alimentent les organes à eux acquis d’informations fallacieuses pour conditionner une opinion que les roueries itératives semblent avoir affranchi de tout contrôle des tenants du pouvoir.

Il faut dire que pour les journaux qui ne chantent pas les louanges de GBAGBO et ne s’inscrivent pas dans sa logique guerrière, la vie est dure en Abidjan, vus qu’ils sont comme la 5e colonne, voix de ceux qui veulent décagnotter le « Christ » de Mama. Pour simpliste qu’est l’analyse des Ouailles de GBAGBO, tous les Ivoiriens doivent participer à leur effort de guerre. Remarquez que quand le pouvoir FPI n’est pas sûr de ses arrières, le clan « nationalise » tout le monde et présente son combat pour sa survie comme celui de la Nation !

Le « Boulanger » manquerait-il aujourd’hui de farine pour enfariner ses concitoyens et tous ceux qui l’écoutent ? En tout cas, ce qui lui en reste ne prend plus car à force d’en abuser, il a fini par préparer ses vis-à-vis et même ses proches à parer ses turpitudes. Ce qui vaut aujourd’hui la vie sauve aux deux officiers généraux de son armée qui ont su à temps opportun mettre, entre eux et lui, le « maquis ».

Quand on sait que le Général Mathias DOUE et le Colonel Jules YAO YAO sont pour une grande part dans le maintien à ce jour de son régime et que l’on voit comment ils ont été récompensés, on ne peut que se demander ce qui habite le Président GBAGBO. L’homme est-il véritablement maître de lui-même ? Sait-il ce qu’il veut réellement pour son pays la Côte d’Ivoire ?

Toujours est-il que ses nuits ne peuvent qu’être cauchemardesques puisque son armée, devenue un conglomérat de soldats qui se cherchent car ne sachant pas à quelle sauce ils seront mangés par leur chef suprême, ne peut plus être le socle sur lequel il peut pleinement compter. D’ailleurs, le Colonel YAO YAO n’a-il pas mis en garde le présent Chef d’Etat-major des FANCI, le Général Philippe MANGOU qu’il voit sur la liste des prochaines victimes de la disgrâce présidentielle ?

Et que dire de ce groupe d’officiers qui, dans un échange épistolaire paru dans la presse, se désolidarise des « revanchards » du FPI et de ce « chef injuste, sans parole, cynique, incapable de gouverner, destructeur patenté au plus mauvais qui soit dans l’histoire politique de leur (notre) pays » et qui plus est, appelle les « frères d’armes » à se mobiliser « dans l’action pour que les choses changent » ?

C’est dire que la sérénité ne peut pas être dans le « clan » et la fièvre ne fera que monter au bord de la lagune Ebrié. Ne dit-on pas que le serpent blessé mord à tout va ? Les jours prochains s’annoncent donc incertains pour tous ceux qui vivent sur le sol ivoirien sous contrôle du « clan ».

Les milices et les escadrons de la mort ne feront pas dans la dentelle avec les étrangers dont les pays sont déjà indexés pour leur supposée connivence avec les nouveaux ennemis (DOUE et YAO YAO) qui, semble-t-il, auraient rejoint les éternels ennemis que sont les Forces nouvelles dans le nord du pays, de même qu’ils mangeront du soldat loyaliste jugé trop proche de ces deux officiers « en rupture de bon avec les FANCI » et qui menacent de revenir « prendre les choses en main ». Ce qui n’est ni plus ni moins que « faire partir par tous les moyens le président GBAGBO ».

Et voilà que GBAGBO et son clan voient partout des ennemis et la famille de cette « race » croît de jour en jour. Les Burkinabés ne s’étonnent plus de l’appréciation qu’ils font d’eux, Gabonais, Tchadiens, Centrafricains, Libériens les rejoignent et la liste n’est pas close. C’est dire que tous les Africains sont contre le « clan », le vilain petit canard en somme dans la grande famille ! Même les forces françaises de la Licorne, qui ont sauvé le régime, sont accusées d’être de mêche avec la nouvelle coalition anti-GBAGBO.
Si toutes ces accusations qui fusent du côté de la lagune Ebrié sont avérées, nul doute que les jours du régime GBAGBO sont comptés et ce sera tant mieux pour la Côte d’Ivoire et la sous-région qui n’ont que trop souffert d’une situation qu’il a créée par une politique basée sur la xénophobie et la vengeance sur quarante années de frustrations de ses mentors sous les pouvoirs passés. Toutes les tentatives pour ramener les choses à la normale butent sur une fin de non recevoir de leur part.

Ainsi, le DDR (le processus de Désarmement, Démobilisation et Réinsertion des troupes combattantes) est loin de se faire, l’élection présidentielle du 30 octobre n’est qu’une vue de l’esprit car les conditions de sa tenue ne sont pas réunies, GBAGBO demeurera président de la République jusqu’à nouvelle ordre puisque selon ses ouailles c’est lui qui doit céder le bâton de commandement à son successeur qui ne peut qu’être lui-même. Et pourtant il est le nœud gordien du problème ivoirien.

Autrement dit, on est dans un cercle vicieux. Alors tant qu’à faire, si pour le salut de la Côte d’Ivoire, Fanfan la Tulipe, pardon, la « Tulipe rouge » de DOUE peut être source d’espoir, pourquoi ne pas lui souhaiter bon vent ?

Par Fatogoma DOUSSE
L’Opinion

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique